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La troisiesme condition est l'humble obeyssance à la parolle ouye; car ceux qui oyent, et pour cela ne s'amendent pas, font voir qu'ils n'ont pas des aureilles pour entendre: Non habent aures audiendi. Ce qui procede de plusieurs causes, l'une qu'ils ne reçoivent pas la parolle de Dieu comme telle, ains comme la parolle des predicateurs; et toutesfois Nostre Seigneur a dit une fois pour toutes: Qui vos audit me audit, qui vos spernit me spernit; Čeux qui vous escoutent, m'escoutent, et ceux qui vous mesprisent, me mesprisent. Et ailleurs : Non estis vos qui loquimini, sed Spiritus Patris vestri, etc. (Matth. 10); Ce n'est pas vous qui parlez, mais c'est l'Esprit de vostre Pere qui parle en vous. De quoy se plaignant Nostre Seigneur, il dit à Ezechiel: Nolunt audire te, quia nolunt audire me (Ezech. 3); Ils refusent de vous ouyr, parce qu'ils ne me veulent pas ouyr. Et S. Paul s'en vante : An experimentum quæritis ejus qui in me loquitur Christus (11. Cor. 13)? Ne sçavez-vous pas que c'est Jesus-Christ qui parle par moy? De là vient qu'ils se mocquent du pauvre predicateur, et prennent garde s'il luy eschappe une parolle impropre. L'autre cause, c'est qu'ils rejettent tousjours sur autruy ce qui est dit par le predicateur. Quand on est invité au banquet, on prend pour soy, mais ici on est extresmement courtois, car on ne cesse de donner aux autres. Vistes-vous jamais un plus prompt jugement que celuy que fit David, lorsque Nathan luy parla de sa faute en la personne d'un tiers? peut-estre n'eust-il pas esté si facile, s'il eust parlé directement à luy-mesme. La troisiesme cause d'où ce mal vient, c'est que la parolle de Dieu chasse le peché de l'ame, et l'homme, qui se plaist au peché, la treuve amere lorsqu'elle le sollicite: Ad tempus credunt, et in tempore tentationis recedunt (Luc. 8); Ils croyent pour un peu de tems, mais lorsque la tentation se presente, ils ne s'en ressouviennent plus. Ils la treuvent bonne de premier abord, mais par apres, quand il faut venir à l'œuvre, ils là treuvent amere. Aperui os meum, et cibavit me volumine illo, et factum est sicut mel dulce in ore meo (Ezech. 3); J'ai ouvert ma bouche, et il m'a repeu de ce volume, qui m'a semblé doux comme le miel. In ore, mais non pas in stomacho. Quand il est question de faire operation, etc. La parolle de Dieu est une medecine, une manne: Beati qui audiunt verbum Dei, et custodiunt illud (Luc. 11), en digerant, etc.

C'est pourquoy on void si peu de fruict des predications, et on rebat tant de fois une chose, manda, remanda, etc.

Les uns oyent par coustume ou curiosité: Et volucres cœli comedunt illud (Luc. 8); Les oyseaux du ciel l'emportent et la mangent: apres qu'ils ont dit leur opinion du predicateur, c'est tout. Les autres avec si peu d'attention, que la parolle de Dieu ne va pas jusques au cœur Et natum aruit, quia non habebat humorem; Ayant prins nayssance, elle s'est incontinent seichée, parce qu'elle n'avoit point d'humeur. Les autres avec tant de vices et mauvaises inclinations, si peu d'humilité et tant de superbe, que ceste divine parolle demeure suffoquée: Et simul exoriæ spine suffocaverunt illud. Si bien qu'elle ne vient pas à son effect.

O que Nostre Seigneur pourroit bien fayre les plaintes de Job:

Quis mihi tribuat auditorem (Job. 31)? Qui me donnera un auditeur de ceux que je desire? qui, entendant la parolle de Dieu de bon cœur, et avec une bonne intention, en rapporte le fruict en patience Qui in corde bono et optimo audiens verbum retineat, et fructum afferat in patentia (Luc. 8). Qui habet aures audiendi, audiat, etc.

Ceux qui ne font profict de la parolle, sont semblables à Urie, portant des lettres à Joab sans sçavoir ce qu'elles contiennent. Estote factores verbi, et non auditores tantum: qui enim verbi auditor est, et non factor, hic comparabitur viro consideranti vultum nativitatis suæ in speculo; consideravit enim se, et abiit, et statim oblitus est qualis fuerit (Jac. 1); Ne vous contentez pas d'entendre seulement la parolle, mais mettez-la en prattique car celuy qui l'escoute et ne la prattique pas, est semblable à un homme, lequel, apres s'estre consideré dans un miroir, s'en va, et oublie incontinent ce qu'il a veu. Mes Frères, soyez donc fervents à ouyr ceste divine parolle; car: Evangelium Dei virtus est in salutem omni credenti (Rom. 1); La parolle de Dieu est vertu pour le salut à ceux qui croyent. Escoutez-la avec humilité : Statue servo tuo eloquium tuum, in timore tuo (Psal. 118). Les murailles de vostre Jericho tomberont devant la parolle: Emittet verbum suum et liquefaciet ea (Psal. 147). Nostre Josué entrera dedans avec tous ses dons, et y tuëra toutes nos mauvaises habitudes, mortifiant toute nostre ame. Il n'y aura que Rahab de sauvée : Rahab, nostre foy, laquelle ne faysoit point d'oeuvres que bastardes. Ainsi regnera en nous Nostre Seigneur. Ainsi soit-il.

DIEU SOIT BENY.

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SERMON SUR LE MESME SUBJET.

Semen est verbum Dei.

La semence, c'est la parolle de Dieu.

(Luc. 8.)

RARE et admirable semence! semence tirée du ciel, jettée en terre, montant au ciel : semence, laquelle d'elle-mesme produit le fruict éternel; mais semence delicate, laquelle, si elle n'est receuë en une bonne terre, ne fructifie en aucune façon; mais d'autant plus abominable est le terroir, qu'elle est admirable et precieuse : Semen est verbum Dei. Comme le mesme soleil fait voir au printems la beauté des jardins, des champs, des prez, des bocages, et des riantes campagnes, et descouvre la laideur des esgousts et cloaques ainsi la mesme semence qui met en prix la fertilité d'un bon champ, fait cognoistre la sterilité de l'autre, et le met en mespris. Combien donc est-il important que la terre soit bien disposée à recevoir ceste saincte semence? La semence est la parolle de Dieu le fruict c'est la foy, l'esperance, la charité et le salut : la terre c'est nostre cœur. Or, comment est-ce que se disposeroit ce cœur et ceste terre, s'il consideroit qui est celuy qui seme? il verroit que c'est Nostre Seigneur. Exiit qui seminat seminare semen suum.

S'il consideroit à quelle intention, il verroit que c'est afin que nous en profittions, fructum afferamus. S'il consideroit qui est celuy qui reçoit ceste semence, il verroit que c'est un cœur qui n'est que terre, poudre et cendre, terra, pulvis, cinis: car le semeur le mettroit en attention, la terre en humilité, l'intention du semeur en action. Je m'efforcéray de traitter de cecy, mais il faut que ce soit Dieu qui m'assiste pour le faire utilement, parce que c'est semen suum, etc., sa semence, etc.

Semen est verbum Dei. Tout ainsi que la terre ne va pas prendre la semence en la grange ou maitayerie, mais le laboureur la porte au champ, et de sa main l'espand à certaine proportion et mesure: ainsi vous diray-je que la parolle de Dieu, selon sa nature, doit estre preschée, semée, et annoncée; que si elle est escrite, ce n'a pas esté pour abolir la predication, mais plutost pour l'accommoder et enrichir, contre ceste sotte façon de parler de plusieurs qui disent, qu'il ne faut rien croire qui ne soit escrit, et que l'Escriture suffit sans autre parolle de Dieu; que chacun la peut entendre, et y doit chercher la resolution de sa foy: car si cela estoit, semen non esset verbum Dei, la parolle de Dieu ne seroit pas une semence, puisque, quand Nostre Seigneur disoit ceste parolle, l'Evangile n'estoit pas encore escrit, et neantmoins le semeur estoit desja sorty pour semer sa semence. Ce n'estoit donc pas l'Escriture de laquelle il disoit : Semen est verbum Dei; si doncques ce n'estoit pas de l'Escriture, et qu'il n'y ayt point d'autre parolle de Dieu que l'Escriture, semen non esset verbum Dei.

Oultre ce, ne confesseront-ils pas que le semeur en ceste parabolle est Nostre Seigneur? mais où treuveront-ils que Nostre Seigneur ayt jamais escrit l'Evangile? quand donc il dit: Semen est verbum Dei, il entend de la parolle non escrite, mais preschée.

Que si vous youlez voir plus clairement, voyez premierement en quelle façon se reçoit ceste semence: Hi sunt, dit-il, qui in corde bono audientes, verbum retinent; Ce sont ceux qui ayant ouy la parolle de bon cœur, la retiennent. Si ceux sur lesquels on seme, sont ceux qui escoutent, audientes, ceux qui sement, sont loquentes, ceux qui parlent. L'ouye ne reçoit sinon la parolle dite, et l'œil l'escrite. Aussi verrez-vous en S. Paul, aux Romains 10: Fides ex auditu, auditus autem per verbum Dei. 1 ad Cor. 1: Prædicamus Christum crucifixum. 1 ad Thess. 2: Verbum auditus Dei. 1. ad Tim. 2: Unus Deus et unus mediator Dei et hominum, homo Christus Jesus, qui dedit redemptionem semetipsum pro omnibus, etc. In quo positus sum ego Prædicator et Apostolus, etc. 2 ad Tim. 4 Prædica verbum, insta opportune, etc. Marc. 16: Prædicate Evangelium omni creaturæ.

S. Philippe s'en va par l'inspiration de l'ange sur le chemin qui descendoit de Jericho en Gasa: Et ecce vir Ethiops potens, etc. Dixit autem Philippo : Accede, et adjunge te ad currum istum, etc. (Act. 8). Et de fait, pourquoy auroit laissé Nostre Seigneur en son Eglise, les uns Pasteurs, et les autres Docteurs, alios Pastores et Doctores (Ephes. 4), si nous n'avions besoin que sa parolle fust annoncée par ceux qui parlent de sa part, et en son esprit?

Attention, etc. Que si on ne peut entendre sans ouyr, que cest

ouyr soit necessaire au salut, avec combien d'attention faut-il escouter la parolle, qui n'est pas parolle humaine, mais parolle de Dieu ? car celuy qui parle aux hommes pecheurs, leur dit: Non estis vos qui loquimini, sed Spiritus Patris vestri qui loquitur in vobis (Matth. 10). Qui vos audit me audit, qui vos spernit me spernit (Luc. 10). Sic nos existimet homo, ut ministros Christi, et dispensatores mysteriorum Dei (1. Cor. 4).

Et partant Nostre Seigneur, apres la similitude', clamabat: Qui habet aures audiendi, audiat (Luc. 8).

Je treuve dans l'Evangile que Nostre Seigneur a crié six fois : 1o Clamabat in templo, dicens: Et me scitis, et unde sim scitis (Joan. 7). Il a crié dans le Temple: Vous me cognoissez, et sçavez d'où je suis. 2° Si quis sitit, veniat ad me, et bibat (Ibid.); Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moy, et qu'il boive. 3° Lazare, veni foras (Joan. 11); Lazare, sors dehors. 4° Qui credit in me, non credit in me, sed in eum qui misit me (Joan. 12); Celuy qui croit en moy, il ne croit pas en moy, mais en celuy qui m'a envoyé. 5o Eli, Eli, lamazabathani? Deus meus, etc. (Matth. 27)? Mon Dieu, mon Dieu, pourquoy m'avez-vous delaissé? 6o Clamans voce magna, emisit spiritum (Ibid.); Et criant à haute voix, il rendit son esprit. Et maintenant pour la septiesme fois : Clamabat, dicens: Qui habet aures audiendi, audiat (Luc. 8); Il dit en criant: Qui a des aureilles pour ouyr, qu'il entende; pour rendre ses auditeurs attentifs à la comparayson qu'il fait de la parolle de Dieu à la semence : Semen est verbum Dei. Et comme la semence entre en la terre, et ne demeure pas sur la terre, ainsi faut-il que la parolle de Dieu entre dans le cœur, etc. : Audiam quid loquatur in me Dominus Deus (Psal. 84).

Ori tuo facito ostia, et seras auribus tuis (Eccli. 28).

Heli ad Samuelem: Loquere, Domine, quia audit servus tuus (1. Reg. 3). Telle doit estre l'attention et la reverence.

Humilité, etc. Humilité et reverence, laquelle croistra infiniment, quand nous considererons à qui ceste parolle s'addresse, et que c'est a l'homme : Quid est homo, quia reputas eum? etc. (Psal. 143). Et cum hominibus conversatus est (Baruch. 3). Multifariam multisque modis olim Deus loquens Patribus in Prophetis, novissime diebus istis loquutus est nobis hominibus peccatoribus in Filio (Hebr. 1).

Maria etiam, sedens secus pedes Domini, audiebat verbum illius (Luc. 10). Parce que semen est verbum Dei; la semence fructifie plus és vallées, qu'és montagnes : ainsi est-elle comparée à la pluye, laquelle se ramasse et descend és vallées. Moyse (Deut. 32), en ce dernier Cantique: Audite, cœli, quæ loquor, audiat terra verba oris mei. Concrescat ut pluvia doctrina mea, fluat ut ros eloquium meum, etc.

Fons sapientiæ verbum Dei (Eccli. 1). At, qui de fonte vult haurire, inclinet se necesse est, etc.

DIEU SOIT BENY.

'La parabole.

SERMON POUR LE DIMANCHE DE LA QUINQUAGESIME.

DE L'HONNEUR DEU AU SIGNE DE LA SAINCTE CROIX.

Q'

Ecce ascendimus Hierosolymam, et consummabuntur omnia quæ dict sunt per Prophetas de Filio hominis: tradetur enim gentibus, et illudetur, et flagellabitur, et conspuetur; et postquam flagellaverint, occident eum, et tertia die resurget.

Voicy que nous montons en Hierusalem, et toutes les choses qui ont este predites par les Prophetes du Fils de l'homme seront accomplies; car il sera livré, baffoué, flagellé et mesprisé, et enfin mis à mort, et le troisiesme jour il ressuscitera. (Luc. 18.)

UAND un prince tient la prinse de quelque ville ou quelque notable victoire asseurée, vous le voyez à tous propos parler de la bataille, et nous ne cessons jamais de parler de ce que nous attendons et desirons. Ce que sçauroient bien dire les voyageurs, qui desirant leur arrivée en quelque ville, ne treuvent personne à qui ils ne demandent combien le chemin est long. Ainsi Nostre Seigneur, desirant extresmement de parachever l'œuvre de nostre redemption, s'approchant le tems de sa passion, il en fait des discours et predictions à ses Apostres en plusieurs lieux, et particulierement en la portion evangelique que l'Eglise, nostre saincte mere, nous propose aujourd'huy pour l'entretien de nos ames, où Nostre Seigneur, comme grand capitaine, traitte avec ses Apostres de la victoire qu'il devoit remporter sur le peché et ses complices; mais auparavant il discourt de la rude bataille de sa passion, ce que les Apostres ne comprirent pas pour l'heure. Afin donc que nous le puissions entendre, invoquons l'assistance du Sainct-Esprit, etc. Ave, Maria.

L'ESPOUSE celeste, au_Cantique, chap. I, parlant de son bienaymé Sauveur, disoit : Fasciculus myrrhæ dilectus meus mihi, inter ubera mea commorabitur ; Mon bien-aymé m'est un faisceau de myrrhe, il demeurera entre mes mammelles. Ceste Espouse, ames chrestiennes, ou c'est l'Eglise, ou c'est l'ame devote qui est en l'Eglise, et comme' que ce soit, par ces parolles qu'elle dit par le sage Salomon, elle monstre que Nostre Seigneur, vray Espoux et de l'ame et de l'Eglise, luy estoit perpetuellement en memoire, comme le plus aymé de tous les aymez, et plus aymable de tous les aymables. Vous sçavez que l'amitié est ennemye mortelle de l'oubly; dont les anciens, quand ils la peignoient, luy mettoient pour devise sur ses habicts: Estas et hyems, procul et prope, mors et vita : l'esté et l'hyver, pres et loin, la vie et la mort, comme voulant dire qu'elle n'oublyoit ny en prosperité ny en adversité, ny pres ny loin, ny en la vie ny en la mort.

Mais ceste espouse ne dit pas seulement, qu'elle l'aura tousjours en sa memoire, entre ses mammelles, en son sein, en son cœur; 2 D'où.

Quoi que ce soit.

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