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Eftes-vous fans reproche, aymés vous la Ju ftice, toutes vos paroles, toutes vos actions font-elles d'un homme de bien, Je vous reconnois pour Noble. Oüy; vous eftes Getulicus, vous eftes Silanus; enfin, choififfés de quel Illuftre Nom vous voulés defcendre: Je le veux bien. Je vous applaudiray, avec autant de cris de joye, que l'on en entend à la Fête d'Ofiris.

Car, enfin, peut-on dire, que celuy qui dément fon Origine, & qui n'a pour toute gloire que celle du Nom de fes Ayeux, ayt aucune veritable Nobleffe?.

C'est le rire de la petiteffe d'un Nain, que de le nommer un Atlas, de dire qu'un More eft blanc comme un cygne, qu'une fille qui eft laide, & boiteufe, eft belle comme Europe; de donner le nom de leopard, de tygre, de Lion, ou de quelque antre chofe plus terrible, s'il y en a, à des chiens, pelés de vieilleffe, & qui ne font plus propres qu'à lécher les bords d'une lampe.

Ne craignés-vous pas que ce ne foit de cette forte, que l'on vous nomme, Scipion, ou Camerin ?

Mais, à qui est-ce que je parle ? C'est à toy, Rubellius. Le Sang de Drufus t'enfle d'orgueil, comme fi tu avois contribué quelchose à la Gloire de ta Naiffance, & que ce fuft un effet de ton merite d'eftre né d'uns

que

Juftitiaque tenax factis, dictifque mereris, Agnofco procerem: falve Getulice, feu tu Silanus, quocunque alio de fanguine rarus Civis, & egregius patria contingis ovanti. Exclamare libet, populus ques clamat Ofiri Invento. quis enim generofum dixerit hunc, qui' Indignus genere, & præclaro nomine tantum Infignis? nanum cujufdam, Atlanta vocamus: Æthiopem, cygnum: parvam extortamque puel

lam,

Europen: canibus pigris, fcabieque vetusta Lavibus,& ficca lambentibus ora lucerna, Nomen erit pardus, tigris, leo, fi quid adhue eft,

Quod fremit in terris violentius. ergo cavebis, Et metues, ne fic tu Creticus, aut Camerinus. His ego quem monui? tecum eft mihi fermo, Ru

belli

Blande tumes alto Druforum fanguine, tan quam

Feceris ipfe aliquid, propter quod nobilis effes

Ut te conciperet, qua fanguine fulget fuli
Non qua ventoso conducta fub aggere texit.
Vos humiles, inquis, vulgi pars ultima noftri,
Quorum nemo queat patria monftrare parentis :
Aft ego, Cecropides. vivas, & originis hujus
Gaudia longa feras :tamen ima plebe Quiritema
Facundum invenies: folet hic defendere caufas
Nobilis indocti, veniet de plebe togata
Qui juris nodos, & legum anigmaia solvari

Cuftodes aquilas, armis induftrius: at tu

Hic petit Euphraten juvenis, domitique Batavi
Cuftodes aquilas, armis induftrius: at ́tu
Nil nifi Cecropides, truncoq; fimillimus Herma
Nullo quippe alio vincis difcrimine, quam quod
Illi marmoreum caput eft, tua vivit image.

Dic mihi Teucrorum proles animalia muta

Quis generola putet

nifi fortia? nempe volu

crem

Mere du Sang des Cefars, plûtoft que de quelqu'une de ces miferables,qui gagnent leur vie à filer estant exposées au vent & à la pluye; Vous eftes nés baffement,dis-tu; Vous eftes des miferables, qui ne connoiffés pas mefmes voftre patrie, Mais moy je fuis de la race des Dieux. A la bonne heure, mon cher Rubellius, vante bien la Nobleffe de ton Origine. Mais apprens, que parmy les inconnus on rencontre des Orateurs dont les plus Nobles implorent fouveut le fecours, pour la defenfe de leur bien, & de leur vie; & que de ces fources obfcures fortent des efprits éclairés, qui fçavent découvrir la lumiere au travers de l'ombre des Loix, & qui peuvent réfoudre les doutes les plus difficiles. Il y en a d'autres qui dés les premieres années de leur jeuneffe vont chercher la gloire milieu des combats, jufques fur les bords de l'Eufrate, ou qui füivent genereufement les aigles Romaines, jufques aux extremités du Rhin.' Mais, toy, tu n'és rien; enfin, tu ne peux dite rien de toy, finon qu'un Romain auffi ancien que Cecrops, eft un de tes Anceftres.

O vaine Statue, qui n'as rien qu'un nom qu'un peu d'air, qui te fait refpirer, m'empefche de dire, que tu n'és pas une Idole.

Peux-tu me dire, noble refte des Troyens, pourquoy nous cftimons un animal plus qu'un

autre. Eft ce la bonté, que nous y confide rons, ou la race dont il eft? Tu vois, que l'on fait eftat de la vîteffe d'un cheval, qui remporte la victoire, qui fait paroiftre en cou rant le plus de vigueur, qui fe couvre le premier de pouffiere, avançant plûtoft que les autres dans une longue carriere. De quelque lieu qu'il foit, c'eft luy, qui eft le plus efti mé; mais la pofterité de Corythe, & de Hirpin, fi ce n'eft qu'une roffe, qui n'a prefque jamais vaincu à la course, eft venduë prefque pour rien, & va tirer la charuë, ou tourner la meule, fans avoir de refpect, ou d'égard pour les ombres de fes Nobles Ayeux. Si tu veux donc meriter mon eftime, ne fais point une vaine monftre d'une gloire qui n'eft point a toy; donne-moy quelque chofe, qui t'appartienne, & que je ne puiffe imputer à ceux qui ont effé avant toy.

C'eft affés parler à ce jeune homme fi fier, & fi vain, car il n'y a gueres de raifon dans ceux que la fortune éleve au deffus des autres.

Je reviens à vous, Pontique, pour vous dire que voftre gloire ne doit point dépendre feulement de celle de vos Ayeux; mais que vous devés en acquerir par voftre propre merite. Car, qu'eft ce, enfin, que de s'appuyer fur la reputa tion d'autruy, & que devient-on,fi on vous ofte cet appuy. En vain, la vigne s'eftoit élevée. jufques aux branches d'un arbre: auffi- toft

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