JUVENALI S. SATYRA NON A. De Vita, & Moribus Cinadorum. Cire velim, quare toties mihi Navole, triftis SC Occurras fronte obducta, ceu Marsya victus. Quidtibi cum vultu, qualem deprenfus habebat Ravola, dum Rhodopes unda terit inguinabarba? Nos colaphum incutimus labenti crustula fer vo. Non erat hac facie miferabilior Crepereius cetus, NEUVIE'ME SATYRE DE JUVENAL. De la vie, & des Mœurs E voudrois bien fçavoir ce qui te rend fi trifte: Pourquoy tu as le vifage auffi ridé que celuy de Marfy as, aprés qu'il eur perdu le prix contre Apollon; d'où vient que tu parois auffi confus que Ravole, lors qu'il fut furpris avec Rhodope, & qu'il fut traité, comme lorfque nous trouvons nos Efclaves qui léchent nos confitures. Pollion n'avoit pas une mine plus abbatuë que latienne, lors qu'il vit bien qu'il ne trouveroit iamais un homme affés fol, pour luy prefter de l'argent, quoy qu'il offrit d'en payer de grands interefts. Quelle chofe t'a donc fait venir tant de rides en un instant? Quoy content de ta fortune, tu faifois le Chevalier Romain, turaillois agreablement dans les feftins, tu difois de bons mots, & avec une delicateffe que Fon n'a point au tre-part, que dans la ville. Maintenant tu n'és plus connoiffable; ton vifage eft abatu; ta perruque mal peignée reffemble à une foreft; & au lieu que tu eftois propre, que tu avois le teint vif, la bouche vermeille, la peau bien luifante; tu és maintenant tout négligé ; l'on te voit les bras heriffés de poil. Que veut dire cette maigreur, & cet air languiffant d'un malade, qui loge chés luy depuis long-temps la fiévre quarte. On découvre fur le vifage les inquietudes fecretes d'un cœur agité; on y découvre la joye. Il prend l'air des paffions, que l'on fent. Il me paroift donc que tu as abandonné les plaifirs, où tu paffois la vie, & que tu en mene une toute contraire. Car, s'il m'en fouvient bien, tu eftois tous les jours aux rendez vous amoureux, au Temple d'Ifis, à l'Autel de Ganimede, de la Paix, de la Mere des Dieux, & de Ceres. Car, quels Temples ne font point prophanés aujourd'huy? Tu y cftois plus connu que le Fameux Aufidius. Tu eftois bien auprés de toutes les femmes, & ce que tu crois fort fecret, tu n'eftois pas mal auprés de leurs maris. Il y en a, répondit Nevole, qui ont fait leur fortune par ce moyen. Mais je te jure que certe vie m'a efté bien peu avantageufe. J'ay eu quelquefois quelque habit d'une eftoffe groffiere & mal teinte, dont la laine avoit esté appreftée par quelque mal- adroit Artifan Et Et falibus vehemens intra pomœria natis. Pacis & ad vecta fecreta palatia matris, Et Cererem (nam quo non prostat fœmina templo) A a Accipimus, tenue argentum, venæque fecunda. Fata regunt homines: fatum eft in patribus illis, Quas finus abfcondit. nam fi tibi fidera ceffant, Nil faciet longi menfura incognita nervi. Quamvis te nudum spumanti Virro labello Viderit; & blanda affidua, denfaque tabella Sollicitent. Quod tamen ulterius monftrum, quam mollis avarus? Hac tribui, deinde illa dedi, mox plura tulifti.. Computat, & cevet. ponatur calculus, adfint Cum tabula pueri. numera feftertia quinque Omnibus in rebus: numerentur deinde labores. An facile, & pronum eft agere intra viscera ? penem Legitimum, atque illic hefterna occurrere cœne Servus erit minus ille mifer, qui foderit agrum, Quam dominum. fed tu fane tener, & puerum te Et pulchrum, & dignum cyatho,cœloque puta bus.. |