Aplustre & fummo triftis captivus in arcu, Expende Annibalem : ( quot libras in Duce Invenies? hic eft) quem non capit Africa Mauro Perfufa Oceano, Niloque admota tepenti, Rurfus ad Ethiopum populos, altofque elephan tos, Additur imperiis Hispania: Pyrenaum Tranfilit, oppofuit natura Alpemque, nivemqu Diduxir fcopulos, montem rumpit aceto. Dd Jam tenet Italiam, tamen ultrà pergere tendit. Exitus ergo quis eft? ô gloria! vincitur idem Nempe, & in exilium praceps fugit, atque ibi magnus Mirandufque cliens fedes ad pratoria Regis, phant au milieu des Campagnes d'Italie; mais il n'eft pas encore au bout de fes entreprises: mes victoires font imparfaites, dit il, fi aprés tant de combats, je ne voy cette fuperbe Ville en ma puiffance, & fi je ne plante mes drapeaux triomphans dans le milieu deRome: Que fon vifage eftoit fier. Que l'on eût bien fait de le peindre monté fur un élephant; que le portrait en auroit efté beau, bien qu'il n'euft plus qu'un œil. Mais qu'arrive-t-il? O gloire d'Annibal, qu'eftes vous enfin devenue. Il est contraint de chercher fa feureté dans une fuitte precipitée & pendant son exil, ce Grand, & admirable Capitaine eft reduit à faire la Courà un Prince Barbare, & d'attendre fon réveil. La fin de cette vie illuftre, qui avoit rempli tout l'Univers d'admiration & de crainte, n'arrive point dans une bataille. Ce n'eft point le beau fort des armes, qui la termine. C'eft un anneau, qui vange tant de fang répandu, tant de carnage des Romains. Que te fert il d'avoir couru toutes les Alpes; va paffer les Pyrenées. Enfin toutes ces victoires que deviendront-elles? Le fujet d'un Livre, ou d'une harangue, que l'on donnera à faire à ceux qui étudient l'éloquence. Un feul monde ne fuffit pas aux vaftes defirs du jeune Alexandre. Son ambition ne peut eftre bornée par les limites de l'Univers; il fe donne de l'inquietude, comme s'il eftoit arrefté fur les éccüils de Gyare, ou dans la petite Ile de Seriphe. Mais quand il aura adjoûté à ces Conqueftes la Ville de Semiramis; il ne faudra qu'un cerceuil pour l'enfermer, tant il eft vray que la mort feule nous apprend que tout ce que nous fommes eft chofe. peu de Si nous donnons creance aux fables que les Grecs meflent hardiment à l'Histoire, on dit que Xerxes ayant fait couper une partie du Mont Athos, y fit paffer la mer, qu'il la couvrit de dix mille vaiffeaux, qu'il y fit un port merveilleux, qu'il mettoit les rivieres à fec, & qu'il n'y en avoit point de fi grandes, qui ne fuffent taries ne fuffent taries par un feul campe ment. ar Softrate adjoûte beaucoup d'autres merveilles, quand il a un peu arrosé les levres. Mais quand il fe retira de Salamine, à fon mée, que devint-il luy qui commandoit aux vents & aux orages, & qui les menaçoit du fouet avec plus d'autorité, qu'Æole n'en a iamais eu fur eux, luy qui avoit enchaîné la mer; luy, qui auroit fait porter à Neptune les marques des Efclaves, s'il n'avoit cu de la douceur. (Eft il poffible qu'aucun des Dieux cût pû luy eftre favorable.) Mais enfin que devint-il? Il est réduit à s'enfuir, n'aïant plus qu'un vaiffeau, voïant la mer teinte du fang Ut Gyara claufus fcopulis, parvaque Seripho. 159 Cum tamen à figulis munitam intraverit urbem, Sarcophago contentus erit. Mors fola fatetur Quantula fint hominum corpufcula. creditur olim Velificatus Athos, & quicquid Gracia mendax Audet in hiftoria. cum ftratum claffibus iifdem Suppofitumque retis folidum mare. credimus alto Defeciffe amnes, epotaque flumina Medo Prandente,& madidis cantat qua Softratus alis Ille tamen qualis rediit Salamine relicta In Corum, atque Eurum folitus favire flagellis Barbarus, Æolio nunquam hoc in carcere paffos, Ipfum compedibus, qui vinxerat Ennofigaum? Mitius id fane, quod no & ftigmate dignum Credidit. buic quifquam vellet fervire Deorum? Sed qualis rediit ? nempe una nave cruentis Fluctibus, ac tarda per densa cadavera prora. |