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funebres, Rufus plus mefchant encore que ce dernier qui par fes rapports étoit caufe de mille affaffinats,qui fe confervoit pour eftre un jour la proie des vautours, & qui faifoit de grands deffeins de guerre, fur les marbres de fa maison: le fage Vejenton avec le pernicieux Catulle,qui brufloit d'amour, quoy qu'il fuft aveugle.

Il meritoit bien mieux le flateur& le cruel qu'il eftoit, d'estre sur un des ponts, ou dans le fauxbourg d'Aricie, à demander l'aumône aux palfants, par toutes les vaines flateries, aux quelles il eft fi accoutumé.

Il n'y eut perfonne, qui paruft plus cftonné que luy de la grandeur de ce poiffon. Il en difoit des merveilles, quoy qu'il fuft tourné du cofté, où il n'eftoit pas. C'eft ainfi qu'il loüoit l'adreffe & la valeur des gladiateurs de Cilicie, & que dans les representations publicques il admiroit les machines, qui enlevoient des enfans jusques à la toile qui couvroit le Thea

tre.

Vejenton ne voulut pas paroistre moins complaifant, car comme s'il euft efté furpris de la fureur des Preftres de Minerve, il s'écria com me pour prononcer un oracle: Mon Prince voicy le prefage d'une grande victoire ; vous triompherez de quelques Rois. C'est un prefage affeuré de la cheutte du Thrône d'Arvirague Roy de la Bretagne. Confiderés ce poiffon merveilleux. Il eft eftranger, regardés les poin

tes de fes nageoires,ne diroit-on pas que ce font autant de picques qu'il porte fur le dos?

Il ne reftoit plus à ce flateur que de dire en quelle contrée il eftoit né, le nombre de fes années, & en compofer une Hiftoire. Mais, Seigneur, dit-il, voulez vous qu'il foit coupé par morceaux ?

A cette parole, Montan l'interrompant répondit:ah! Seigneur ne foufrez pas un tel outrage, commandés plûtoft que l'on faffe promptement un baffin grand & profond environné de bords élevés comme des murailles, & qui puiffe con tenir cette merveille toute entiere. Mais il faut l'induftrie d'un autre Promethée. Allez donc, appreftez en diligence de l'argille & des rouës. Mais ordonnez Seigneur, qu'à l'avenir des Potiers habiles foient à la fuitte de la Cour.

Cette opinion fut fuivie tout d'une voix. Gar on connoiffoit le merite de celuy qui l'avoit propofée. En effet Montan fçavoit tout le luxe de l'ancienne cour. Il avoit efté compagnon de Neron. Il avoit apris à fe faire renaiftre une nouvelle faim, aprés avoir bien beu. C'eftoit le meilleur juge de fon temps du gouft des viandes. Il connoiffoit d'abord le pays des huitres, & fi elles avoient efté pefchées fous les Rochers de la Montagne de Circé, où fur les bords du Lac de Lucrine, ou bien au Cap de Rutupin; & à la feule veuë, il connoiffoit de quel rivage l'on apportoit les Heriffons de mer.

Dedecus hoc, Montanus ait; tefta alta paretur, Qua tenui muro fpatiofum colligat orbem:

Debetur magnus patina, Subitufque Prometheus,

Argillam, atque rotam citius properate: fed

ex hoc

Tempore iam, Cafar! figuli tua caftra fequantur.

Vicit digna viro fententia, noverat ille

Luxuriam Imperii veterem, notéfque Neronis

Jam medias, aliamque famem, cum pulmo Fa

Lerno

Arderet. nulli maior fuit ufus edendi

Tempeftate mea. Circeis nata forent, an
Lucrinum ad faxum, Rutupinove edita funde

Oftrea, callebat primo deprendere morfus
Et femel afpecti litus dicebat echini.

Surgitur, & miffo proceres exire iubentur

Concilio, quos

attonitos, & feftinare coaltoss

Tanquam de Cattis aliquid, torvifque Sicabris
Dicturus: tanquam diverfis partibus orbis
Anxia pracipiti veniffet epiftola pinna.
Atque utinam his potius nugis tota illa dedisset
Tempora favitia, claras quibus abftulit urbi
Illuftrefque animas impune, & vindice nullo.
Sed periit, poftquam cerdonibus effe simendus
Coperat: hoc nocuit Lamiarum cade madenti.

Finis quarte Satyra.

Aprés cet avis l'on finît l'affemblée, & l'Empereur renvoia ces grands hommes qu'il avoit appellés au Confeil en la Citadelle d'Albe avec autant d'empreffement & de crainte que s'il euft voulu les confulter fur les affaires de la Guerre d'Allemagne ou des farouches Sicambriens, ou leur communiquer des dépesches importantes, apportées de diverfes Provinces fur des evenemens dangereux.

Pleuft au Ciel qu'il eut emploié les années de fon Empire en de femblables bagatelles, plûtôt qu'en ces cruautés deteftables, où il répandoit tous les jours fans vengeance, le fang des plus grands hommes. Mais enfin il n'a peu efchapper le châtiment de tant de crimes, lorfqu'il a commencé de faire fentir fa rage aux Artifans mefmes, & c'eft cette forte de cruauté, qui a donné la mort à ce Tyran arrofé tant de fois du fang de la premiere nobleffe.

Fin de la quatriéme Satyre.

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