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honte du vice, ou qu'il fait peu de cas de noftre vertu. Mais il n'y a point d'apparence de croire que les Romains euffent joint toutes ces idées acceffoires aux termes, qu'ils employoient pour exprimer les defordres contraires à l'honnefteté. Car pouvons-nous juger qu'un Poëte Satyrique, qui n'épargnoit perfonne, qui eftoit le fevere Cenfeur de tous les defordres, & qui eftoit plus Philofophe, que les Philofophes mefmes, fuft tombé dans un deffaut auffi groffier que celuy de falir fes excellentes exhortations à la vertu par des termes infames, qui auroient marqué la corruption de fon cœur, & le mépris qu'il auroit fait de fes Lecteurs.

Ainfi on peut bien fe tromper, fi on ne fait pas la difference, qui eft entre les Langues : & bien que je ne l'aye remarquée ici, que pour juftifier Juvenal fur ce qu'on luy a reproché d'eftre trop libre dans fes expreffions, il fera toûjours utile de s'en fervir, pour bien juger du vray merite des

Traductions, qui confifte bien moins à fuivre mot à mot un Auteur, qu'à bien representer fa penfee. Mais fuppofé que la Langue Latine ayt permis à Juvenal de parler fi librement, aujourd'huy que la noftre eft fort éloi gnée de cét ufage, qu'elle eft chaste, qu'elle eft honnefte, qu'elle ne fe permet aucune liberté, on me dira que j'ay mal traduit tous les endroits trop libres, ou que fije les ay traduits fidelement, on doit s'abftenir de lire cette Traduction.

En répondant à cette difficulté, je puis rendre compte en mefme temps de la maniere, dont j'ay traduit touLes ces Satyres. J'ay eu de fi grands exemples, qui m'ont convaincu que la fidelité d'une Traduction ne confiftoit point dans une fervitude literale, dont quelques-uns fe font impofé le joug, que j'ay crû n'exprimer jamais mieux l'efprit & la penfee de mon Auteur qu'en évitant avec foin cette baffe imitation de leurs paroles, & l'obfcure exactitude de ces froides, & de ces

languiffantes Traductions, que l'on ne peut entendre que par leur original, & dont on accable le monde, qui a droit de fe repentir deles avoir estimées.

Ainfi bien qu'il y ayt beaucoup de chofes affés difficiles dans le texte de ces Satyres, on en trouvera nean moins la Traduction fi ayfée, & fi éclaircie avec fort peu de changement, que l'on auroit tort de trouver à redire que je l'aye mise en eftat d'eftre leuë, fans qu'il foit neceffaire d'avoir recours aux Commentaires Pour ce qui eft des endroits trop libres, qui ont donné l'occafion de parler de ma methode, je ne crains point que la plus fcrupuleufe honnefteté en foit offenfée. L'ay neanmoins exprimé toute la penfée du Poëte, je n'en ay point caché le fens, & puis que nulle mauvaise maniere n'eftoit attachée aux expreffions Latines, je n'ay rien fait contre la fidelité de la Tradution, en ne les exprimant pas.

Aprés tout, j'aurois toûjours prefe

ré de faire perdre quelque chofe aux traits de l'Original, plûtoft que d'expofer en veuë quelque chofe, qui ne fuft pas digne de l'honnefteté de noftre fiecle.

Mais quelque foin que j'aye eu de démêler dans la fuite de ma Traduction les chofes les plus embarraffées, il eft vray neanmoins qu'il y a des Coûtumes fiéloignées des noftres, des allufions à des Histoires fi anciennes, des fens fi obfcurs, que j'ay crû devoir adjoûter des Remarques fur chaque Satyre, que l'on trouvera à la fin du second Volume, où j'éclaircis toutes ces chofes, & où je donne avis de quelques fautes, qui fe font gliffées dans l'Impreffion, qui a efté faite avec trop de negligence.

EXTRAIT DV PRIVILEGE du Roy.

P

AR Grace & Privilege du Roy, donné à Paris le 16. Janvier 1681. Signé par le Roy en fon Confeil, LE PETIT; & fcellé. Il eft permis à CLAUDE BARBIN Imprimeur & Libraire à Paris, d'imprimer ou faire imprimer, vendre & debiter en tous les lieux de l'obeïffance de fa Majefté, un Livre intitulé Traduction nouvelle des Satyres de Juvenal & de Perfe, par le Sieur DE LA VALTER I E, durant le temps & espace de fix années consecutives; Avec deffenfes à toutes perfonnes de quelque qualité & condition qu'elles foient, de l'imprimer, ou faire imprimer, vendre ni debiter fous quelque pretexte que ce puiffe eftre, & cependant le temps defdites fix an

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