que d'être fubjet à fouffrir les mépris,&les raillerics. Cette place n'eft pas pour vous, dit-on à un homme mal-veftu. Ne pretendés pas d'être affis parmy les Chevaliers, puifque vous n'avez pas les biens preferits par la loy, pour tenir ce rang. Ces places font pour les enfans des affranchis, pour des gens qui n'ont aucune naiffance pour des joueurs & Trompettes, des Gladiateurs. Il a pleu a Othon de l'ordonner par la Loy qui a establi l'honneur dans les richeffes. UnPere dans le choix d'un gendre, prefere t’il la vertu à la fortune, & ne refufe-t-il pas celuy qui n'a pas tant de bien, que fa fille? Quel exemple avons-nous qu'un pauvre ait esté inftitué heritier par Teftament, quel juge s'eft jamais fervy de fon confeil, Peuples qui effayâtes autrefois de vous affranchir de la tyrannie des Riches, vous deviés deflors vous en Leparer pour jamais. Celuy dont la vertu eft captive fous les rigueurs de la neceffité, ne peut prefque s'elever. Mais dans Rome principalement il faut qu'il faffe de grands efforts, car un miferable logement, le fervice mal-a droit de quelque efclave affamé, un repas fort maigre, ne laiffent pas de leur couter beaucoup, & de les epuifer bientoft, on ne peut plus fans honte fe fervir de vafes de terre Quiconque neanmoins fçait fe retirer de Rome, & vivre à la Campagne, ou il fe contente d'une table Nil habet infelix paupertas durius in se, Quam quod ridiculos homines facit. Exent, inquit, Si pudor eft, & de pulvino furgat equeftri, Res angufta domi. fed Roma durior illis Tranflatus fubito ad Marfos, menfamque Sabellam, Contentufque illic Veneto,duroque cucullo. Pars magna Italia est, si verū admittimus, in qua Ut te refpiciat claufo Vejente labello? Ille metit barbam, crinem hic deponit amati : Plena domus libis venalibus, accipe, & illud Fermentum tibi habe, prastare tributa clientes que frugale, & d'un habit groffier, ne croit point la gloire confifte à manger dans des plats d'argent, ny à estre bien vestu. Il faut mesme advouer qu'en la plus grande partie d'Italie l'on ne void perfonne paré, finon quand on le porte fur le bucher. Dans les petites villes aux jours des feftes fi on veut donner au Peuple le divertiffement de quelque Comedie déja re prefentée mille fois où les Acteurs couvers de Mafques pales & hideux donnent de la crainte aux enfans qui fe cachent dans le fein de leurs meres, on eleve un Theatre de gazons couvert de rameaux & là les habits font femblables & les places communes à tous indifferement, les Ediles mefmes, ne font couverts que de robbes de lin, comme les autres fpectateurs, icy tout au contraire il faut de la magnificence, dont le prix excede noftre pouvoir, & pour fatisfaire à la vanité, il faut emprunter de toutes parts. Nous fommes fiers dans noftre pauvreté, & fans mefurer ce que l'on peut, on entreprend au delà de les forces. Que veux-tu que j'adjoufte?Tout fe vent à Rome; n'efpere point l'entrée chez Coffus, qu'en payant. Que donneras-tu, pour eftre regardé de Vejenton, fans qu'il defferre feulement les levres pour te parler? Lorfque nos Maiftres offrent leur poil, ou les cheveux de leurs favoris fur quelque Autel, il faut que nous rempliffions leurs maifons de gasteaux qu'ils revendent, & dont ils leur donnent le prix. Le fejour de la Campagne eft exempt de toutes ces incommoditez.Lequel des Cytoiens de Preneste toujours fraiche par l'abondance des eaux, qui l'arrofent: de Vulfinie affife fur les Montagnes de l'Etrurie couvertes de fi belles forefts, de Tivoli, bafty fur le penchant d'une agreable colline, qui apprehende la cheutte de fa maifon, au lieu que dans Rome nous n'en occupons que d'incommodes, & qui n'ont que de foibles pilliers qui les empefchent de tomber. Car ce n'eft qu'en reparant les ouvertures qui font de tous coftez, que l'on differe leur ruine, & que l'on nous dit que nous pouvons y dormir en feureté, Cherchons plû. toft à paffer noftre vie en des lieux escartés, où la crainte du feu & des autres accidens ne puiffent troubler noftre fommeil pendant la nuit. Il me femble que dans cette confufion de Rome j'entends toujours un voifin qui crie au feu, au fecours, & à l'eau, il fauve les meubles, il m'appelle & s'efcrie: amis,le feu gaigne le tro fieme eftage, & tu ne t'en apperçois pas, ne vois tu point qu'il fera bien toft à toy, car s'eftant pris aux logemens d'en bas, il ne tardera guere à porter fes flammes jufqu'aux greniers, que la couverture feule defend des injures de l'air,& qui eft le logement ordinaire de nous autres, & des Pigeons. Codrus |