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te au plûtoft. Quand il n'y en auroit point à Rome, & que l'on feroit dans le temps où le froid retient le Marchand dans fa maison, & où la neige qui eft fur les toits, l'avertit de ne pas mettre fon vaiffeau en mer. Il n'importe. Il faut chercher avec empreffement des vafes de Myrrhe, des vaiffeaux de Cristal, ou les plus beaux diamants, celuy de Berenice, qui eft d'un plus grand prix, ayant efté porté par cette Reine, & Agrippa l'ayant donnée afa belle-fœur en ce pays, où l'on dit que les Roys, par un refpect religieux, celebrent leurs feftes nuds pieds, & où le peuple obeïffant à une ancienne loy, ne mange jamais de porc.

Eh bien, dans ce grand nombre, apperçois tu quelque chofe digne de tes defirs? tu demandes que ta femme foit belle, de bonne. grace, riche, feconde, d'une naiffance illuftre, qu'elle pare l'entrée de fa maison d'une longue fuite d'images de fes ayeuls, & qu'elle foit plus honnefte que ces anciennes Sabines, qui ayans les cheveux épars, au milieu de deux armées, arrefterent autresfois la fureur de leurs freres & de leurs marys. C'est une chofe bien rare, & qui ne fe trouvera que lors que l'on verra des cygnes noirs. Mais quand cette merveille feroit poffible, qui pourroit fouffrir l'orgueil de celle qui auroit droit de fe vanter de tous ces avantages? Pour moy, j'ai,

Quodque domi non eft, & habet vicinus, e

matur.

Menfe quidem bruma, quo jam mercator Iafon

Claufus, & armatis obftat casa candida nautis, Grandia tolluntur crystallina, maxima rurfus Myrrhina, deinde adamas notissimus, & Bere

nices

In digito factus pretiofior. hunc dedit olim
Barbarns incefta, dedit hunc Agrippa forori,
Obfervant ubi fefta mero pede fabbata Reges,
Et vetus indulget fenibus clementia porcis.
Nullane de tantis gregibus tibi digna videtur▾
Sit formofa, decens, dives, fœcunda; vetuftos
Porticibus difponat avos, ixtaɛtior omni

Crinibus effufis bellum dirimente Sabina ;
Rara avis in terris, nigroque fimillima corvo!

Quis feret uxorem, cui conftant omnia? malos

Malo Venufinam, quam te Cornelia mater

Gracchorum, fi cum magnis virtutibus affers

Grande fupercilium, & numeras in dote triumphos.

Tolle tuum precor Hannibalem, vi&tumque
Syphacem

In caftris, & cum tota Carthagine migra,
Parce precor, Paan & tu depone fagittas.
Nil pueri faciunt, ipfam configite matrem,
Amphion clamat: fed Pean contrahit arcum.
Extulit ergo gregem natorum, ipfumque pa-

rentem,

Dum fibi nobilior Latona gente videtur,

Atque eadem fcrofa Niobe fœcundior alba. Que tanti gravitas? qua forma, ut fe tibi semper:

Imputet hujus enim rari, fummique v oluptas Nulla boni, quoties animo corrupta fuperbo

{

me mieux une Bourgeoife que vous mesme Cornelie mere des Gracches, fi avec tant de vertus, qui font dans voftre famille. Vous avés de la fierté, que vous me regardiés avec mépris, & fi pour voftre dot, vous me parlés inceffamment des triomphes de vos ayeuls. Reprenés, je vous prie, vos victoires domeftiques, allés où il vous plaira, avec vôtre Hannibal, vostre Syphax, vaincu dans fon camp, & voftre Carthage.

Il me fouvient d'Amphion, qui s'écrie en vain. Divin Apollon, quittés vos fléches. Epargnés mes enfans. Ils ne vous ont point offenfé. C'est leur mere qui eft coupable. Mais Apollon bande fon arc. Il en frappa tous les enfans d'Amphion, qui perit luy-mefme, confumé de regret & de douleur. L'orgueil de la fiere Niobé, fut la cause de tous ces malheurs, s'eftant preferée à Apollon & à Diane, & s'étant vantée de fa fecondité.

D'ailleurs, quelle vertu, quelle beauté merite qu'une femme prenne toûjours quelque avantage fur toy?

La jouiffance du plus grand & du plus extraordinaire de tous les biens peut-elle eftre agreable, lors que le dédain, & le mépris d'un efprit fier, y mêle plus d'amertume qu'il n'y a de douceur. Je dis bien davantage. Le plus paffionné des amants, qui éleve juf qu'au Ciel celle qu'il ayme, en eft bien-toft

dégoûté, & de douze heures du jour,en paffera fept à n'avoir pour elle que de l'indifference, pour ne pas dire de l'averfion & de la haine.

Il y a d'autres fujets de dégoûts, qui ne paroiffent pas grands, mais qui ne laissent pas d'eftre infupportables à des marys. Car, y a-t-il rien de plus incommode, que de voir qu'elles n'eftiment point eftre affés belles, fi elles n'ont toutes les modes étrangeres, & fi eftant d'Italie, elles ne paffent pour eftre Atheniennes elles ne s'expliquent qu'en Grec, bien qu'il foit beaucoup plus honteux de parler mal fa langue. Mais c'eft en Grec qu'elles craignent. C'est en Athenien pur, qu'elles querellent, qu'elles rient, qu'elles difent tous leurs fecrets. En un mot, c'eft à la Greque qu'elles s'abandonnent à l'amour.

Peut-eftre que ces affectations trouvent quelque forte d'excufe en la jeuneffe. Mais toy, vieille, qui as vû couler le nombre de quatre vingt années, tu flattes encore tes Amants; il ne fied gueres à une femme, qui a les cheveux blancs, de les appeller ta vie, & ton ame, fans honte, & en public, comme si tu eftois encore seule avec eux. Car, qui estce qui refifte aux charmes d'un langage flateur? Il a autant de force, que les careffes les plus touchantes, & il empefche le cœur d'être infenfible.

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