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Mais encore qu'elles ayent cette curiofité, elles ne fuiront pas les peines de l'accouchement, & elles s'affujettiront à toutes les fatigues des nourrices; mais à peine void on une accouchée dans des lits riches & magnifiques, tant les femmes riches ont de bons fecrets, pour le faire fteriles, & pour tuer dans leur ventre les enfans qu'elles commençoient à concevoir. N'en fois pas fasché, mal - heureux Mary! Donnés- luy tous les breuvages qu'elle voudra; car fielle vouloit eftre groffe, & fouffrir l'incommodité de porter des enfans dans fon ventre, tu ferois peut-eftre le pere de quelque Æthiopien. Un heritier d'un autre couleur, que toy, & que tu n'oferois regarder le matin, auroit part à ton testa

ment.

Je ne parle point des enfans, qu'elles fup pofent fouvent, la fauffe joye qu'elles don' nent par de feintes groffeffes, l'attente de leurs Maris, qu'elles trompent, en prenant fur le Lac de Velabre ceux que l'on y expofe, & dont elles font semblant d'accoucher. C'eft de là que viennent fouvent les Preftres Saliens & les Scaures, & les plus nobles de Rome.

La fortune foûrit à ces enfans: elle les careffe; elle les embraffe ; elle les fait entrer dans les Premieres Maifons. Elle les aime, & éleve ainfi par fes faveurs ceux, qui font verita

blement fes enfans, fe moquant cependant de ce qui fe paffe, & s'en donnant la Comedie. L'un leur vend des charmes, & des enchantements; l'autre leur donne des philtres les plus forts de Theffalie, pour fe rendre Maistreffes de leurs Maris, & les traiter comme des Efclaves. C'est peut-eftre ce qui vous renverse l'efprit. C'eft de ce là que vous tõbés dans un oubli de ce que vous venés de faire. Ce qui n'est pas le plus grand mal; mais ce qu'il y a de plus à craindre, eft de devenir furieux comme Caligula cet Oncle de Neron, à qui Cæfonia fit avaler toute la chair du front d'un Poulain encore tremblant; quelle femme ne feroit pas gloire de fuivre un fi grand exemple: Tout eftoit en feu, en defordre, & fur le penchant d'une ruine entiere, comme fi Junon avoit rendu fon mari furieux. Le Moufferon d'Agrippine ne produit pas de fi funeftes effets; il n'ofta la vie qu'à un foible Vieillard, le faifant aller au Ciel, dans un temps où il ne pouvoit prefque plus porter fa tefte, & où un deluge de pituite inondoit toûjours fur fes levres; mais le Breuvage de Cafonia mit le fer & les flammes en la main de ce furieux; il éleva des gibers & des rouës, & par des carnages confus il arrofa les corps déchirés des Senateurs, du fang des Chevaliers égorgés. Que de malheurs caufa dans Rome ce funefte morceau; combien une feule femme répan

Secretumque fibi mimum parat. hos amat, his fe
Ingerit, atque fuos ridens producit alumnos.

▾ Hic Magicos adfert cantus,hic Thessala vendit,
Philtra, quibus valeant mentem vexare mariti
Et folea pulfare nates. quod defipis, inde eft,
Inde animi caligo, & magna oblivio rerum,
Quas modo geffifti.tamen hoc tolerabile, fi non
Et furere incipias, ut avunculus ille Neronis,
Cui totam tremuli frontem Cafonia pulli
Infudit. que non faciet, quod principis uxor ? 57.
Ardebant cuncta, & fracta compage ruebant:
Non aliter, quàm fi feciffet Iuno maritum
Infanum. minus ergo nocens erit Agrippina
Boletus: fiquidem unius pracordia preßit
Ille fenis. tremulumque caput defcendere jußit.
In Cœlum, & longa manantia labra fuliva.

Hac poßit ferrum atque ignes, hac portio tor

·quet,

Hac lacerat miftos equitum cum fanguine paa

tres.

Tanti partus equa quanti una venefica conftat.

Oderunt natos de pellice: nemo repugnet,

Nemo veterjam-jam privignum occidere fas eft.

Vos ego pupilli, moneo, quibus amplior eft res,

Cuftodite animas, & nulli credite menfa, Livida materno fervent adipata veneno. Mordeat ante aliquis, quicquid porrexerit illa ¶ Qua peperit, timidus pragnftet pocula Pappas. Fingimus hac altum Satyra fumente cothurnum, Scilicet, & finem egreffi, legem que priorum,

Grande Sophocleo carmen bacchamur hiatu.

Mentibus ignotum Rutulis, cœloque Latino.

Nos utinam vani! fed clamat Pontia, Feci,

Confiteor, puerifque meis aconita paravi,

Que deprenfa patent: facinus tamen ipfa pe

regi,

Tune duos una faviffima vipera cena?

dit-elle de fang par ce funefte poifon?

Ajoûte encore que quelques-unes ont des haines mortelles contre les baftards de leurs Maris. Si on n'y prend pas garde, fi on ne s'y oppose, la vie des legitimes, nés d`un autre mariage n'eft plus en feureté.

Chers Pupilles! fi vous avés un peu de bien, ayés foin de vous conferver. Je vous advertis de vous deffier de tous les mets que l'on vous fert. Ce qu'il ya de plus délicat eft plein du poison, que vostre Belle mere vous a preparé. Que quelqu'un en goûte devant vous. Lors qu'elle vous prefente quelque chofe, que vôtre Gouverneur en faffe l'effay.

Peut- eftre que quelqu'un me dira, que par un esprit de Satyre, je feins ces chofes, pour les combattre, que paffant au-de-là des Loix que les premiers Poëtes fe font prefcrites, Je donne à mon Style une trop entiere liberté, Et enfin, qu'à l'exemple de Sophocle, je me laiffe emporter contre des actions inconnues aux Romains, & dont nous qui refpirons l'air du Pays Latin, n'avons jamais eu d'exemples.

Je voudrois bien m'eftre trompé. Mais j'entens crier Pontia. Oüy, dit-elle. Je l'ay fait. Je le confeffe. J'ay preparé du poifon à mes enfans. On l'a découvert. J'ay achevé neanmoins mon crime. O cruelle vipere, tu en as Lué deux en un feul repas! Quoy, deux ? El

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