une chose aysée, d'arrefter le mouvement de leurs mains, & de remarquer tellement celuy de leurs yeux, que l'on découvre leurs defor dres les plus fecrets. Il faut eftre exact, dites vous, à toutes ces choses. Ayés-en foin. Je vous le recommande. Et que recevra de vous un Maistre à la fin de l'année ? Je ne fcay quel argent, que vous ferés condamné de luy payer, aprés qu'il aura obtenu la Victoire fur vous, & le gain du Procés, qu'il aura efté contraint de vous faire. HUICTIESME SATYRE Q DE JUVENAL De la Nobleffe. Ue vous fervent tous ces degrés de Nobleffe? Quel avantage avés-vous, C Pontique, de remonter bien haut, en comptant tous vos Ayeux, & d'avoir à l'entrée de voftre Palais leurs Statuës, de monftrer les anciens Triomphes des Emiliens, les Curius, dont il ne refte plus que la moitié, Corvin, qui n'a plus d'épaule, & Galba, qui n'a plus ny oreilles, ny nés. Que fert-il de remonter par une longue fuite jufques à Corvin, & de diftinguer toutes les differentes branches des Dictateurs, & des Generaux de la Cavalerie, qui en font fortis, fi en leur prefence vous menés une vie indigne de Ces grands Noms? Pourquoy me mon trer les Statues de tant de Guerriers, fi vous paffés les nuits au jeu, devant SciPons au temps que ces Grands Capitai JUVENALI S SATYRA OCTAVA ST De Nobilitate. Temmata quid faciunt? quid prodeft Pontice Sanguine cenferi, pictofque oftendere vultus Luciferi, quo figna Duces, & caftra movebant≥ Cur Allobrogicis & magna gaudeat ara Natus in Herculeo Fabius Lare,fi cupidus,fi Vanus, & Euganea quantumvis mollior agna. Si tenerum attritus Catinenfi pumice lumbum, Squallentes traducit avos, emptorque veneni Frangenda miferam funeftat imagine gentem? Tota licet veteres exornent undique cera Atria: Nobilitas fola eft, atque unica virtus. Paulus, vel Coffus, vel Drufus moribus efto, Hos ante effigies majorum pone tuorum. Pracedant ipfas illi, to Confule, virgas, Prima mihi debes animi bona fanctus haberi, nes commençoient à décamper, fi aux premiers moments du jour, où ils donnoient leurs ordres avec une vigilance infatigable," vous ne commencés qu'à dormir, pour vous délaffer de la peine, que vous ont donnée les plaifirs. Je tombe d'accord que vous estes du Sang de Fabius, de la Famille d'Hercule, que fon Autel eft à vous, vous, enfin que c'eft un de vos Anceftres, quia vaincu les Gaulois. Mais avez vous quelque fujet de vanter l'éclat de voftre Naiffance, fi vous eftes un em→ porté, un lâche, un homme enfin, qui vous endormés dans une molle oyfiveté; fi vous Alétriffés par une honteufe délicateffe la gloi re de tous ces Noms anciens; enfin, fi vous eftes un Perfide, un Scelerat, un Empoisonneur, dont la Statuë, qui des honore celles de tant de Grands - Hommes, merite d'eftre abbatuë. Tout ce vain amas de cire, dont vous ornés voftre maifon, n'eft qu'une chymere. Il n'y a que la Vertu qui foit la verita ble Nobleffe. C'eft par les mœurs, qu'il faut eftre ou Paul Emile, ou Coffus, ou Drufus. C'eft l'honnefteté, que vous devés préférer, au faux éclat du Nom de vos Anceftres. Ce n'eft pas par les Faifceaux que vous devés diftinguer voftre Confulat; mais par la gloire de vos actions. Ce font les biens de l'efprit, ce font les vertus, que nous attendons de vous. |