Arcanum, quam fubrepti potare Falerni, Præcipuè cauffis, ut linguas mancipiorum Contemnas: nam lingua mali pars peffima fervi. Deterior tamen hic, qui liber non erit, illis Quorum animas & farre fuo cuftodit, & are. N. Idcirco ut poffim linguam contemnere fervi, Utile confilium modo, fed commune dedifti: Nunc mihi quid fuades poft damnum temporis, & Spes Deceptas? feftinat enim decurrere velox 1 o fculus anguftæ miferæque breviffima vitæ Portio: dam bibimus, dum ferta, unguenta, puellas Pofcimus, obrepit non intellecta fenectus. P. Ne trepida, nunquam pathicus tibi deerit amicus Stantibus & falvis his collibus, undique ad illos Conveniunt & carpentis, & navibus omnes, Qui digite faalpant uno caput. altera major. Spes fupereft, tu tantum Erucis imprime dentem. N. Hac exempla para felicibus: at mea Clotho, ne Etus A tegete & baculo? viginti millia fœnus His faltem: nam cum pro me fortuna regatur.» Qua Siculos cantus effugit remige furdo. Finis none Satyra. à un plus heureux que moy. Les Parques croyent que c'est affés pour moy, fi ie puis vivre comme j'ay vefcu. O Dieux qui prefidés à ma petite fortune, aufquels je presente tout ce que je puis, quand me verray-je en un eftat, où ma vieilleffe fera à couvert des befoins de la vie, où j'auray feulement vingt mil fefterces, que je prefteray à intereft, fous de bons gages, où je me verray des vases de bon argent, à l'épreuve du Cenfeur Fabritius, où je pourray entretenir deux Efclav es, qui me portent fur leurs épaules, dans le Cirque & deux autres encore, dont l'un foit un Graveur fçavant, courbé continuellement fur fon travail, & l'autre un Peintre habile, qui fçache faire beaucoup de Portraits en peu de temps. O fi j'avois toutes ces chofes, que je ferois heureux! Quand pourroisje craindre d'eftre pauvre ? Mais je me flatte de ces vaines pensées, & de ces efperances frivoles. La fortune eft mon ennemie, & lors que j'implore fon fecours, elle emprunte la cire, dont le Sage Ulyffe fe fervit autrefois pour éviter les charmes & la voix des Syrenes: elle se bouche les oreilles, & fe rend fourde à mes veus, & à mes prieres. Fin de la neuviéme Satyre. Bb iiij DIXIE'ME SATYRE DE JUVENAL. Sur la Vanité de nos defirs, & fur l'Inconftance de la Fortune. Ans tous les païs du monde, depuis Cadis jufqu'au Gange, qui eft ce, qui juge fans erreur du veritable bien, & de ce qui luy eft oppofé? Un épais nuage répand des ténebres fur l'efprit des hommes. En effet, qu'y a t-il de raifonnable dans nos craintes ou dans nos defirs? Avés-vous jamais fait une demande fi jufte, que vous n'ayés pas eu fujet de vous en repentir? Oüy,les Dieux ont efté trop favosables à vos prieres, & ce que vous avés obteau a efté la caufe de voftre ruyne. On demande fouvent ce qui doit apporter le plus de préjudice, foit dans la paix, soit dans la guerre. Un torrent de paroles, une éloquence extraordinaire a efté funefte à plu fieurs. JUVENALI S. SATYRA DECIMA. In Vana mortalium vota, & Fortunæ levitatem. Mnibus in terris, que funt à Gadibus us que Auroram, & Gangen, pauci dignofcere pof funt Vera bona, atque illis multum diverfa, re mota Erroris nebula, quid enim ratione timemus, Aut cupimus quid tam dextro pede concipis ut te Evertere domos totas optantibus ipfis Dii faciles. nocitura toga,nocitura petuntur |