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Car enfin, pourquoy ne defireriés-vous pas toutes ces chofes? Ceux-mefmes, qui ne veulent pas fe vanger de leurs ennemis, font bien aifes de le pouvoir. Ce n'eft pas aprés tout, que la plus floriffante profperité merite d'efre tant admirée, puifque la grandeur des maux fe mesure par celle des biens, où l'on eftoit élevé. Voyés - donc, fi vous aymés mieux la pourpre de Sejan, qui eft trailné fur une clays, ou la robe déchirée du Preteur d'une petite ville, dont tout le pouvoir confifte à juger des poids & des mefures.

Advoüés donc que Sejan ne fçavoit pas. ce qu'il devoit defirer. Tous ces honneurs, toutes ces richeffes qu'il recherchoir, eftoient comme autant de degrés, qu'il élevoit l'un fur l'autre, pour monter au faiste de toutes. les grandeurs, d'où fa chute devoit eftre plus funefte; & le precipice, où il est tombé, plus

terrible.

Quelle eft la caufe des mal heurs des plus grands hommes, de Craffus, de Pompée. & de celuy,qui dompta la fierté des Romains, & qui les traita en Efclaves ? Que ne firentils point, pour arriver à la premiere place?. Les Dieux en colere exaucerent leur vafte ambition. Il y a peu de Grands, qui defcendent à la trifte demeure de Pluton, fans y eftre precipités par une mort violente.

Un ieune Difciple, dont un petit Efclave:

Hac cupias?& qui nolunt occidere quemquam Poffe volunt. fed quæ præclara & profpers

tanti,

Vt rebus lætis par fit menfura malorum ?
Huius qui trabitur pratextam fumere mavis,
An Fidenarum, Gabiorumque effe poteftas?
Et de menfura ius dicere, vafa minora
Frangere pannofus vacuis adilis Vlubris?
Ergo quid optandum foretignoraffe fateris
Seianum. nam qui nimies optabat honores,
Et nimias pofcebat opes, numerofa parabat
Excellæ turris tabulata, unde altior effet
Cafus, & impulfæ præceps immane ruinæ,
Quid Craffos quid Pompeios evertit ? & il
lum,

Ad fua qui domitos dedi xit flagra Quirites ?
Summus nempe locks, nulla non arte petitus,
Magnaque numinibus vota exaudit a malignis.
Ad generum Cereris fine cæde & vulnere
pauci

Defcendunt Reges, & ficca morte tyranni, Eloquium ac famam Demofthenis, aut Ciceronis

Incipit optare, & totis Quinquatribus optat,
Quifquis adhuc uno partam colit affe Minerva,
Quem fequitur cuftos angufte vernula capfa.
Eloquio fed uterque perit orator, utrunque
Largus & exundans letho dedit ingenii fons,
Ingenio manus eft, & cervix casa : nec unquam
Sanguine caufidici maduerunt roftra pufilli.
O fortunatam natam me Confule Romam !
Antoni gladios potuit contemnere, fi fic
Omnia dixiffet. ridenda poëmata malo :.
Quam te confpicua divina Philippica fama,
Volveris à prima quæ proxima. savus & illum
Exitus eripuit, quem mirabantur Athena
Torrentem, & pleni moderantem frena theatri,,
Diis ille adverfis gemitus, fatoque finiftro,
Quem pater ardentis massa fuligine lippus-
Acerbone, & forcipibus, gladiofque parante
Incude, & luteo Vulcano ad rhetora mifit.

Bellorum exuvia, truncis affixa trophais:
Lorica, &fracta de caffide buccula pendens..
Et curtum temone iugum, viclaque triremis:

porte les livres, qui n'a pas encore fait beaucoup de dépense auprés de Minerve, pendant les cinq iours de fa Fefte ne demande que l'éloquence, où la reputation de Demosthene, & de Ciceron. Et toutesfois ces deux grands Orateurs perirent par leur Eloquence. Ce torrent de paroles qu'ils ne purentarrefter, les entraifna dans leur malheur. Ce fut leur efprit qui leur fift perdre la vie Jamais le barreau n'a efté arrofé du sang d'un mediocre Orateur. Ciceron avoit fait un mauvais vers fur le bon-heur de Rome pendant fon Confulat. S'il n'euft pas efté plus. grand Orateur qu'il eftoit Poëte, il auroit efté en feureté, Jaymerois donc mieux eftre. F'Auteur de quelque mauvais Poëme, que d'une piece auffi divine, que la feconde Philipique.

Ce fur une pareille violence, qui osta la vie à ce grand homme, la merveille d'Athenes, qui comme un torrent emportoit les audireurs, où il vouloit, & qui dans la foule des. Affemblées ployoit les peuples à fon gré. S'il n'cuft pas efté né bien mal heureux, il au roit vefcu dans la forge de fon pere; il y auroit battu l'enclume avec luy; Il n'auroit pas. efté mis entre les mains d'un Rheteur.

Les dépouilles des ennemis, les trophées de leurs armes, les cafques rompus avec leurs boucles pendantes, les chars en defordres,

les galeres defarmées, leurs ornemens abba tus, le Captiftrifte proche d'un arc de triomphe, paffent pour les plus grands de tous les biens. Le Romain, le Grec, & le Barbare ont eu la mefme ardeur, pour acquerir cette gloire, qui eft la caufe de tant de fatigues, & de tant de perils, qu'ils ont effuyés.

Ils ont bien moins cherché la vertu, que F'honneur. Car qui eft-ce, qui aymeroit la vertu, fi la gloire n'en eftoit pas toûiours la recompenfe? C'eft neanmoins cette gloire, où quelques uns pretendoient, qui a efté la caufe de la ruine deleur patrie. O defir pernicieux des louanges, des applaudiffements, & de ces grands Titres, qui devoient eftre gravés fur leurs tombeaux; mais que les racines d'un figuier détruiront, puifqu'enfin les marbres mefmes, & les fepulchres ne dureront pas

touiours.

Pefez maintenant Annibal. Ah! de quel poids eft ce Grand , cet Illuftre Capitaine? C'eft luy, que toute l'Afrique, qui n'eft bornée que par l'Ocean, & par le Nil, ne peut arrefter. Il aioûte aux victoires qu'il a remportez fur les Æthiopiens, & à fes autres conqueftes toute l'Espagne. Il vole au-de là des Pyrenées. Il furmonte les Alpes & les neiges dont elles font couvertes. Il fepare les rochers. Il renverfe les montagnes, par le fecours du vinaigre & du feu. Il marche triom.j

Aplaftre

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