DE M. BOILEAU DESPRE AUX. A PARIS, M. DCC. LXXXII. Avec Approbation & Privilége du Roi. NOMS DES ASSOCIÉS. La Veuve DESAINT, rue du Foin-SaintJacques. LE CLERC, quai des Auguftins. BARBOU, rue & vis-à-vis la grille des Mathurins. KNAPEN, pont S. Michel. BROCAS, rue Saint-Jacques, au Chef S. Jean. DURAND neveu, rue Galande, Hôtel Leffeville. NYON l'aîné, rue du Jardinet. C. DURAND, rue du Foin-Saint-Jacques. NYON le jeune, Pavillon des quatre Nations. COLAS, place Sorbonne. BARROIS le jeune, quai des Auguftins. BELIN. rue Saint-Jacques, près S. Yves. TAYLOR NSTITUTION UNIVERS $ 4 SEP 1974 OF OXFORD LIBRARY DISCOURS AURO I. Quoique cette Piece foit placée avant toutes les autres, elle n'a pourtant pas été faite la premiere. L'Auteur la compofa au commencement de l'année 1665, & il avoit déja fait cinq Satires. La même année ce Difcours fut inféré dans un Recueil de Poéfies, avant que l'Auteur eût eu le tems de le corriger. Il le fit imprimer lui-même l'année fuivante 1666, avec les fept premieres Satires. EUNE & vaillant Héros, dont la haute sagesse N'eft point le fruit tardif d'une lente vieilleffe Et qui feul, fans Miniftre, à l'exemple des Dieux, Soutiens tout par toi-même, & vois tout par tes yeux, GRAND ROI; fi jufqu'ici, par un trait de prudence, J'ai demeuré pour Toi dans un humble filence, Ce n'eft pas que mon cœur, vainement suspendu, Balance pour t'offrir un encens qui t'eft dû. Mais je fais peu louer, & ma Mufe tremblante Fuit d'un fi grand fardeau la charge trop pefante, Et dans ce haut éclat où Tu te viens offrir, Touchant à tes lauriers, craindroit de les fléttir. Plus fage en mon respect, que ces hardis mortels, L'unien ftyle pompeux habillant une Eglogue ; L'autre en vain se laffant à polir une rime, Cependant à les voir enflés de tant d'audace, Donne un luftre éclatant à leur veine groffiere, Ce n'eft pas que ma plume injufte & téméraire Oui, je fais qu'entre ceux qui t'adreffent leurs veilles, Moi donc, qui connois peu Phébus & fes douceurs, Qui fuis nouveau fevré fur le mont des neuf Sœurs : Attendant que pour Toi l'âge ait mûri ma Muse Sur de moindres fujets je l'exerce & l'amufe: Et tandis que ton bras, des peuples redouté, Va, la foudre à la main, rétablir l'équité, Et retient les méchans par la peur des fupplices, Moi, la plume à la main, je gourmande les vices; Et gardant pour moi-même une jufte rigueur, Je confie au papier les fecrets de mon cœur. |