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C'est cet apprivoisement que Martial poursuit ici comme ailleurs. Inguina. C'est le synonyme honnête de meniula. Juvénal l'affectionne particulièrement, et vous le trouverez chez lui presque partout. Madidoque simillima loro. On voit encore la même comparaison dans l'épigramme suivante, loro cùm similis jacet remisso.

Pétrone s'en sert aussi dans le passage suivant; c'est une vieille femme qui parle de l'impuissance de Poliénos à une prêtresse de Priape:

O, inquit, ô Enothea, quem adolescentem vides, malo astro natus est. Nam neque puero neque puellæ bona sua vendere potest; numquam tu hominem tam infelicem vidisti; lorum in aquâ, non inguina, habet.

O, dit-elle, ô Énothée, voici un jeune homme né sous une bien malheureuse étoile. Il ne peut vendre sa marchandise ni à un petit garçon, ni à une petite fille; tu n'as jamais rien vu de plus infortuné; ce n'est pas un homme, c'est un cuir mouillé.

C'est de cette comparaison que vient sans doute le mot aluta, pour désigner un priape dans un état complet de flaccidité, comme dans ce vers de l'Ep. 128:

Ulcus habet, Priami quod tendere possit alutam.

Si le cuir mouillé servait à exprimer cette triste situation, on employait la corne pour peindre le contraire; écoutons Pétrone à la suite du passage précédent :

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Penem. Accusatif de penis, synonyme de mentula. Ne le confondez pas avec penis qui signifie queue; ce dernier vient de pendere, pendre, et l'autre de penetrare, enfoncer. Juvénal s'en est servi deux fois.

Loro remisso. Voyez dans la note précédente, madido loro. Quelques éditions portent remissus, mais Gruter n'en veut pas, et il a raison. Scriptula, sextulasque. Scrupules et sextules; dénomination des parties de l'once romaine, de la 24o et de la 6o.

(x1-72.)

100.

(PHAL.)

Pipinnam. Encore un mot que chaque commentateur a lu à sa guise;

Gruter en admettant pipinnam regrettait vepenem; Rutgerse veut pisinnam; Turnébe, bipennam, etc., et tous ont d'excellentes raisons à l'appui de leur volonté. Nous ne voyons, nous, dans tout cela, qu'un diminutif, et le choix de ce diminutif nous est tout-à-fait indifférent.

Pacificus Maximus a trouvé dans cette épigramme le sujet d'une élégie joyeuse, et il l'a paraphrasée à sa guise. Voyez sa onzième Élégie, dans le recueil intitulé : Quinque illustrium poetarum lusus in Venerem, édité par Mercier de Saint-Léger, en 1791.

(1-91.)

101.

(ÉLÉG.)

Inter se geminos audes committere cunnos. Juvénal a peint les erreurs de ces malheureuses bien plus énergiquement que Martial; il a dit:

I nunc et dubita quâ sorbeat aera sannâ
Tullia, quid dicat notæ collactea Mauræ,
Maura Pudicitiæ veterem cùm præterit aram!
Noctibus hic ponunt lecticas, micturiunt hîc,
Effigiemque Deæ longis siphonibus implent,.
Inque vices equitant, ac, lunâ teste, moventur.

Eh bien doute donc maintenant des mépris irréligieux de Tullia, des propos qu'elle tient à Maura, son amie d'enfance, quand cette Maura vient à passer avec elle près du vieux temple de la Pudeur! C'est là que la nuit elles arrêtent leurs litières; c'est là qu'elles pissent, qu'elles salissent l'image de la Déesse de leurs longs jets d'urine; qu'elles chevauchent ensemble, et se frottent mutuellement, au clair de la lune.

Et plus loin:

Lenonum ancillas positâ Saufeia coronâ

Provocat, et tollit pendentis præmia coxæ,
Ipsa Medullinæ frictum crissantis adorat.

Un prix est offert, alors Sauféia provoque des filles publiques, et remporte la couronne pour prix de sa superposition; puis, changeant de rôle, elle se met en adoration devant Médullina qui la frotte à son tour.

Non content de nous raconter ces turpitudes, il en pousse les conséquences jusqu'aux dernières limites, et nous montre ces femmes que ce jeu enflamme, obligées de se livrer aux ânes pour éteindre le feu qui les dévore:

Tum prurigo moræ impatiens; tum fæmina simplex,

Et toto pariter repetitus clamor ab antro;

Jam fas est, admitte viros !... Dormitat adulter:

Illa jubet sumpto juvenem properare cucullo;

Si nihil est, servis incurritur ; abstuleris spem

Servorum, veniat conductus aquarius; hic si

Quæritur, et desunt homines, mora nulla per ipsam,
Quominus imposito clunem submittat asello.

Alors c'est un prurit qui ne souffre plus de retard; alors une femme ne leur suffit plus, et de tout côté l'antre retentit de ces mots : Maintenant des hommes !... Mais l'amant dort; elles ordonnent qu'on fasse prendre un manteau au premier passant yenu et qu'on l'introduise tout de suite; s'il ne passe personne, qu'on coure après

des esclaves; si l'on n'a pas l'espoir d'en trouver, qu'on amène un porteur d'eau ; pas de porteur d'eau, pas d'hommes, oh! alors, elles s'en passent et vont d'ellesmêmes soumettre leurs fesses à un âne.

C'était le vice de Sapho qui, dit-on, s'amusait ainsi avec Andromède, Athis, Anactoria, Mnaïs et Gyrine. On dit aussi que ce fut une nommée Philénis qui inventa cette méthode dont la devise était agere et pati.

Sénèque, suivant la correction de Juste-Lipse, a dans son style concis stigmatisé aussi ces fureurs féminines :

Libidine verò nec maribus quidem cedunt. Pati natæ (Dii illas Deæque male perdant!),adeo perversum commentæ genus impudicitiæ, ut viri, ineunt.

Quant à la lubricité, elles ne le cèdent aucunement aux hommes. Destinées à un rôle passif (que les Dieux et les Déesses les confondent!), elles en sont venues à un tel point de débauche, que, comme les hommes, elles deviennent actives.

Clément d'Alexandrie les dépeint également bien par ces mots :

Καὶ γυναῖκες ἀνδρίζονται παρὰ φύσιν, γαμούμεναι τε καὶ γαμοῦται.

Les femmes elles-mêmes, contre le veu de la nature, agissent comme les hommes; elles deviennent tout à la fois maris et femmes.

Dignum thebano ænigmate monstrum: hypallage à la manière de Virgile, dare classíbus austros, mis ici pour ænigma dignum thebano

monstro.

(vi-67.)

102.

(PHAL.)

Pædicat. C'est ici une épigramme idéale, fantastique. Pour constituer sa tribade, Martial a pris tous les défauts particuliers qu'on remarque dans chaque tribade, et en a doté un personnage imaginaire. C'est ainsi que Molière a fait son Harpagon.

Cette épigramme est donc un modèle, un original, un type, mais un type monstre de la femme désordonnée.

Elle commence par une hyperbole, pædicat: Martial avait déjà dit ailleurs, en parlant d'une femme de ce genre:

Mentiturque virum prodigiosa Venus,

il veut ici justifier ces expressions, et il nous montre Philénis achevant de contrefaire l'homme, en agissant physiquement, comme lui, avec les petits garçons, pædicando pueros.

C'est là une exagération évidente à laquelle les commentateurs n'ont pas voulu croire. Ils ont expliqué la pensée de Martial en imaginant qu'il n'avait pas tout dit, que sa Philénis devait, comme les femmes grecques, se servir de l'olisbe (o) pour arriver à la pédication, et qu'il y avait ici en conséquence de sous-entendus les mots qui expriment cet olisbe, c'est-à-dire pene coriaceo.

Nous pensons que Martial n'a rien sous-entendu du tout, qu'il prend pædicat au sérieux, et que son intention est de nous montrer dans Phî

lénis une femme extraordinaire. Tout le reste de l'épigramme est sur ce ton-là.

Undenas dolat puellas. On lisait primitivement vorat, et l'on ne s'apercevait pas que c'était lire la même chose qu'au quinzième vers, planė medias vorat puellas. Martial ne se répète pas dans ses pièces, à moins que ce ne soit pour un effet d'art, et ici il n'en est pas besoin. D'ailleurs, Martial a mis au commencement de sa phrase tribas, et une tribade ne dévore pas, elle frotte, dolat: si elle dévore, elle cesse d'être tribade, pour prendre une autre dénomination; aussi, ce mot de tribade ne figure-t-il pas dans le quinzième vers.

C'est Gruter qui a fait la trouvaille de ce dolat, et il appelle d'abord cette trouvaille son forfait, facinus istud meum est: puis, honteux, à ce qu'il paraît, de sa découverte, il cherche à l'atténuer en prétendant que ce dolat n'est pas obscène, id, dit-il, etsi circa venerea, non tamen in hac figurâ. Nous avouons que nous ne le comprenons plus; mais son dolat reste, et ce mot-là, nous le comprenons fort bien.

Harpasto. C'était un jeu préliminaire du bain : voyez notre note sur ce mot, Dist. 283, 2 vol.

Haphe: mot grec qui signifie la poussière du cirque.

Halteras. C'était un autre jeu ; voyez note du Dist. 284, 2o vol, Verbere vapulat. Juvénal nous a dépeint aussi la lutteuse et la baigneuse, et, comme toujours, on retrouve dans sa peintare le fond des couleurs de Martial; voici pour la lutteuse :

Endromidas tyrias et femineum ceroma

Quis nescit ? vel quis non vidit vulnera pali
Quem cavat assiduis sudibus, scutoque lacessit,
Atque omnes implet numeros?

Aspice quo gemitu monstratos perferat ictus,
Et quanto galeæ curvetur pondere ; quanta
Poplitibus sedeat, quàm denso fascia libro!

Qui ne sait que les manteaux tyriens, que l'huile athlétique servent maintenant à la femme ? ou plutôt qui n'a vu de ses yeux les brèches du poteau gymnastique qu'elle creuse incessamment à coup de pieu, qu'elle attaque, bouclier au bras, et contre lequel elle s'exerce dans toutes les règles de l'art ?

Entends-tu les cris qu'elle pousse en portant les coups désignés par le maître d'armes! vois-tu comme elle se courbe sous le poids du casque! comme elle se tient ferme sur ses jarrets, et quelle quantité de plis fait sa robe!

Puis, Juvénal termine par une plaisanterie que nous nous étonnons de ne pas voir dans Martial :

Et ride, positis scaphium cùm sumitur armis.

Maintenant éclate de rire, elle quitte ses armes pour prendre le pot de chambre.

Vient ensuite la baigneuse dont le portrait ressemble davantage à celui qu'en fait Martial, et où se trouve l'explication complète de son vers, uncti verbere vapulat magistri :

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Cùm lassata gravi ceciderunt brachia massa,
Callidus et crista digitos impressit aliptes,

Ac summum dominæ femur exclamare coegit,
Convivæ miseri intereà somnoque fameque
Urgentur.

Fléau des passans, farouche et disgracieuse, elle se rend la nuit au bain; elle veut que, la nuit, ses parfums et ses gens se mettent en route; elle aime à aller aux étuves avec fracas; et, pendant le temps que ses bras fatigués tombent sous le poids des masses de plomb, que ses parties secrètes sont chatouillées par le garçon malin chargé des onctions, et que le haut de ses cuisses retentit sous les attouchemens, les malheureux convives succombent au sommeil et meurent de faim.

Prius quàm septem vomuit deunces. Le déunx contenait onze mesures de vin, c'est-à-dire, onze cyathes: 7 fois 11, c'est donc 77 cyathes qui pouvaient contenir ensemble environ 33 litres. Il y a ici exagération démesurée. Nous allons voir dans Juvénal la même avidité, les mêmes vomissemens, mais la mesure des cyathes est plus raisonnable. Juvénal ne fait boire que deux septiers ou 24 cyathes :

Tandem illa venit rubicundula, totum

Enophorum sitiens, plenâ quod tenditur urnâ
Admotum pedibus, de quo sextarius alter
Ducitur ante cibum, rabidam facturus orexim.
Dum redit, et loto terram ferit intestino,
Marmoribus rivi properant, aut lata falernum
Pelvis olet ; nam sic tanquam alta in dolia longus
Deciderit serpens, bibit et vomit. Ergo maritus
Nauseat, atque oculis bilem substringit opertis.

Enfin, elle arrive avec un teint vermeil et une soif capable d'épuiser l'amphore tout entière qu'on a déposée pleine à ses pieds. Cependant, elle n'en avale que deux septiers avant dîner, attendu que cette mesure suffit pour lui donner une faim enragée. En effet, le vin lave ses intestins, et en rejaillit bientôt pour aller frapper la terre. Alors le falerne court en ruisseaux sur les marbres, ou répand son odeur dans un large bassin; car, telle qu'un énorme serpent tombé au fond d'un tonneau, elle boit et vomit. Pendant ce temps, le mari fait la grimace, et ne retient sa bile qu'en mettant sa main devant ses yeux.

Sénèque aussi reprochait aux femmes de vomir avant le repas :

Equè invitis ingesta visceribus per os reddunt, et vinum omne vomitu remetiuntur.

Elles savent, comme les hommes, ditil, débarrasser leur estomac des alimens qu'ils ont reçus à regret, et mesurer de nouveau par un sale vomissement le vin dont elles se sont déjà enivrées. (Ep. 95.)

Quant à cette ignoble coutume, voici ce qu'il en dit, Épître 122 :

Isti non videntur tibi contra naturam vivere qui jejuni bibunt, qui vinum recipiunt inanibus venis, et ad cibum ebrii transeunt? Atqui frequens hoc adolescentium vitium est, qui vires excolunt; in ipso penè balnei limine, inter nudos bibunt, imo potant; ut sudorem, quem

En effet, n'est-ce pas vivre d'une façon directement contraire à la nature que de boire à jeun, de remplir de vin ses veines épuisées ; d'être ivre avant de se mettre à table? Cependant nos jeunes gens se livrent à de pareils excès. Sous prétexte de réparer leurs forces, au sortir du bain, ils vont boire et même s'enivrer avec ceux qui se sont dépouillés pour y entrer; ils se font ensuite frotter afin d'en

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