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qui en ont pris la meilleure partie de sorte que tout ce pays est encore divisé entrè ces trois souverains. La province de Zara est toute aux Vénitiens, et celle de Spalatro, en partie à eux, et en partie à l'Empereur et au Turc. Le pape nomme aux prélatures de Venise, qui ne sont pas d'un fort gros revenu, et où il y a quelques chrétiens du rite grec.

La petite république de Raguse, qui vit que ces infidèles étaient les plus forts, se mit de bonne heure sous leur protection, et a conservé ainsi sa religion et sa liberté. L'archevêché n'est pas mauvais, les évêchés en sont petits, et à la nomination du pape.

L'Albanie est la plus méridionale de tout ce pays; elle était autrefois sous la métropole de Durazzo, qu'on verra dans le rite grec; ce qui fait que la plupart de ses peuples en sont encore à présent. Le commerce que les rois de Dalmatie et les autres petits princes qui s'y établirent, eurent avec Rome, donna occasion d'y ériger la province ecclésiastique d'Antivari et le rite latin, dont il s'y est toujours conservé quelque vestige de sorte qu'il y a encore aujourd'hui des prélats nommés par le pape, et quelques peuples qui en sont; mais c'est peu de chose, et on n'en peut rien dire de bien certain. Tout ce pays est au Turc.

Les provinces ecclésiastiques de Corfou et de Naxia (Naxos), sont à proprement parler du patriarcat de Constantinople, où on les verra dans leur ordre. Ce qui les fait mettre ii, ce sont les prélatures que les Vénitiens y ont établies du rite latin. Celle de Corfou est dans les iles de la mer Adriatique, vers la côte d'Albanie. Les rois de Hongrie la cédèrent aux Vénitiens sur la fin du xv. siècle, et ils en sont encore à présent les maîtres. Ils y ont établi des prélats latins, qui sont à la nomination du pape, et reconnaissent Venise pour leur primat; mais ils n'y sont que pour les gens de cette nation, qui sy vont habituer, parce que tous les originaires du pays y sont du rite grec et y ont des prélats de cette communion.

La province de Naxia est située dans les iles de l'Archipel, et est encore un ouvrage des Vénitiens, en ce qui regarde le rite latin. Ils l'avaient établie durant les croisades, lorsqu'ils se rendirent maîtres de Constantinople, et il s'y est toujours conservé depuis ce temps-là des prélats à la nomination du pape et des chrétiens de sa communion, mais en très-petit nombre, les originaires étant de la communion grecque. Toutes les îles qui composent cette province sont aujourd'hui sous le Turc, si vous en exceptez Tine, qui (st encore aux Vénitiens.

Des archevéchés et des évéchés de la Grande

Bretagne.

L'Etat de la Grande-Bretagne est composé des trois royaumes d'Angleterre, d'Ecosse

(1) Pendant que l'abbé de Commanville composait sa Géographie, à laquelle nou, empruntons ces fragments, Jacques II, détrône par son gendre, le prince d'Orange, connu sous le nom de Guillaume III,

et d'Irlande, réunis au commencement de ce siècle en la personne de Jacques 1o, aïeul du roi que nous voyons à présent réfugié en France (1). Sa situation est depuis le 51° degré de latitude jusqu'au 60°, et depuis le 9 de longitude jusqu'au 22°.

L'Angleterre et l'Ecosse sont dans ung même île, celle-ci au nord, celle-là au midí. L'Irlande est une fle qui en est séparée, el est située plus au couchant.

Le plus considérable de ces Etals, c'est l'Angleterre. Les Romains la connaissaient sous le nom de Bretagne. Ils la soumirent vers le temps de la naissance de JésusChrist, et la divisèrent dans la suite en cinq provinces, Britannique première, Britannique seconde, Flavie Césarienne, Maxime Césarienne et Valentienne.

Tertullien nous assure que la foi y ava't été prêchée dès le siècle. On dit même que ce fut là que l'empereur Constance prit inclination pour la religion chrétienne, et que le grand Constantin, son fils, prit résolution de l'embrasser. Mais tout ce que le fameux Ussérius nous rapporte de ses premiers apótres, qu'il fait venir dans cette ile avant que saint Pierre allât à Rome, afin de rendre cette Eglise plus ancienne que la romaine, fait bien voir que les protestants se repaissent de fables lorsqu'il s'agit de leurs intérêts, et ne doit être regardé que comme une illusion.

On pourrait presque dire la même chose des trois métropoles ecclésiastiques qu'on y met durant les six premiers siècles, Londres, Caerleon et York, et dont on pense avoir une preuve par les souscriptions du concilo d'Arles; ce qui est fort incertain.

Les Anglo-Saxons, peuple païen d'Allemagne, s'en rendirent maîtres dans le vi siècle, et y établirent plusieurs petits Etats qui furent réunis dans le vin; ce qui lui a donné le nom qu'elle porte à présent.

Le moine Augustin y fut envoyé prêcher la foi par le pape saint Grégoire au commencement du vir siècle, comme dans un pays où il n'y avait plus de religion. Il y trouva ce qu'il y avait encore de chrétiens, adonnés à des coutumes fort irrégulières, les traita comme schismatiques, et les excommunia.-Il baptisa le roi et grande partie de son peuple, et établit les deux métropoles de Cantorbéry et d'York, avec plusieurs évêchés, comme s'il n'y en avait jamais en, el sans avoir égard à l'ancienne division.

Le christianisme s'y accrut depuis ce tempslà aussi bien que les évêchés, et s'y fortifia malgré toutes les révolutions arrivées à la couronne, de sorte qu'il n'y a guère d'Etat qui ait fourni à l'Eglise tant de saints.

Henry VIII, mécontent du pape pour le sujet que l'on sait (2), rompit de communion avec lui l'an 1537,supprimales couvents, érigea quelques nouveaux évêchés, el s'élablit chef de l'Eglise anglicane, mais sans y était retiré au château de Saint-Germain-en-Laye. (Note de l'auteur.)

(2) Ce sujet que l'on sait était le divorce que ce prince demandait au pape. It répudiat Catherine d'A

apporter d'autre changement. Comme il avait fait cette érection en conséquence d'un pouvoir qu'il en avait eu du pape avant son schisme, Sa Sainteté les confirma sous le règne de Marie, sa fille.

Elisabeth, sœur de Marie, étant montée sur le trône, y établit une réformation à sa mode. Elle supprima le dogme de la réalité et de la transsubstantiation dans l'eucharistie, l'invocation des saints, le purgatoire, le célibat des prêtres; mais elle laissa la liturgie, les cérémonies, les habits sacerdotaux, le chant, la hiérarchie ecclésiastique, tout cela bâti suivant son caprice et sa fantaisie de sorte que ceux qui nous reprochent une papesse Jeanne, qui n'a jamais été, sont obligés d'avouer que c'est une femme qui a enfanté leur Eglise, et qui en a été effectivement la papesse et la mère.

:

Les deux provinces ecclésiastiques de Cantorbéry et d'York y sont demeurées avec leurs évêchés tels qu'ils étaient avant la réformation, si ce n'est qu'on leur a beaucoup diminué leur temporel (1). L'archevêque de Cantorbéry se prétend primat sur celui d'York; ce qui n'est pas sans contestation. Le roi nomme aux prélatures, et l'archevêque les confère. Les ecclésiastiques peuvent se marier, et s'adonnent plutôt au ménage qu'à l'élude; ce qui fait que ce qu'il y a de savants en ce pays n'est pas toujours du clergé. Les chanoinies des chapitres y sont encore assez bonnes, mais les cures y sont médiocres, et la plupart de très-petite valeur; et dès qu'on voit quelqu'un des ecclésiastiques où du peuple qui a un peu de piété, on le traite de papiste.

Il y a quantité de presbytériens en Angleterre, qui ont fait tous leurs efforts pour supprimer les évêchés; mais ils ne sont pas aujourd'hui les plus forts. On y voit encore des quakres, des trembleurs, des indépendants et d'autres sectes fort bizarres. Il s'y trouve aussi grand nombre de catholiques, mais tellement maltraités depuis la dernière guerre, qu'il y est beaucoup diminué.

L'Ecosse est la partie septentrionale de l'Angleterre. C'est un pays qui n'a jamais subi le joug des Romains et qui a eu jusqu'à ce siècle ses rois, qui tenaient tête aux Anglais. Il est tout entrecoupé de bras de mer, et peut avoir 100 lieues de long sur 80 de large, et a outre cela quantité d'iles, particulièrement au couchant et au nord.

La foi y fut prêchée et établie dans le v siècle; mais il semble que les évêques n'y avaient point de demeures fixes jusque vers le xi. Les rois alors leur en assignèrent pour mettre plus de police à leur Etat, et les dotèrent même, afin de les attacher par le revenu; et, comme il n'y avait point de

ragon pour épouser Anne Boleyn. L'expression si réservée du bon abbé de Commanville, le sujet que l'on sait, démontre la vénération presque idolatrique que l'on avait au XVIe siècle pour la royauté.

(Note de l'auteur.)

(1) L'abbé de Commanville est ici dans l'erreur, erreur qui du reste a été partagée par ses contemporains. On a été longtemps, il est vrai, sans connaître

métropole, ils relevaient immédiatement da saint-siége, malgré les efforts de Cantorbéry, qui voulait se les assujettir. Enfin le pape Sixte IV y érigea les deux provinces de Saint-André et de Glascow l'an 1471, et elles subsistent encore à présent.

Le calvinisme y changea toute la face de l'Etat vers le milieu du siècle passé, et y supprima les évêchés ; mais le roi Jacques y mit la réformation anglicane au commencement de ce siècle, et les rétablit. Les presbytériens y sont fort puissants, et voulaient encore dans ces dernières guerres renverser la hiérarchie, ce qui n'a pourtant pas d'elfet; cependant les prélatures y sont peu de chose à présent: elles sont à la nomination du roi.

L'Irlande est une ile, comme on a vu, séparée de l'Angleterre, et qui a été longtemps divisée en plusieurs petits royaumes. Elle vint au pouvoir des Anglais l'an 1112, et depuis ce temps-là elle a toujours été sous leur joug.

La foi fut prêchée en ce pays environ dans le même temps qu'en Ecosse; mais il y en eut toujours une bonne partie qui demeura sans police et sans religion. Les évêchés y étaient ambulants, tantôt en une ville et tantôt en une autre ; ce qui les a beaucoup multipliés dans les anciens auteurs. On les fixa tout à fait dans le x11 siècle, et on y établit les quatre métropoles qui y sont à présent. Armach prétendit à la primatie comme étant le siége de l'apôtre saint Patri ce; ce que les autres lui ont disputé.

La reformation anglicane y a été introduite avec le fer et le feu, et il a fallu y exercer des cruautés terribles pour l'y faire recevoir. Les prélats protestants que les rois y ont mis n'ont pu empêcher les catholiques d'y en avoir aussi. Il y a eu même longtemps des couvents de religieux qui s'y étaient conservés. Ils portaient l'habit sécu lier lorsqu'ils allaient en ville, et le régulier dans la maison.

Des archevêchés et des évéchés de Dannemark. Le Dannemark comprend aujourd'hui deux royaumes, le Dannemark et la Norvége.

Le premier n'est pas de grande étendue, et ne va que depuis le 55 jusqu'au 60 degre de latitude, et consiste en une espèce de chersonèse ou presqu'île bornée de la mer de trois côtés, de la terre ferme d'Allemagne seulement au midi; et en quelques fles, entre lesquelles les plus considérables sont celles de Zélande et de Funen, où sont situées les meilleures villes du pays.

La foi chrétienne y fut prêchée d'abord par Ebbon, archevêque de Reims, et ensuite par saint Anschair, archevêque de Hambourg, dans le 1x siècle; mais tout cela eut peu de

précisément quel était le revenu de l'épiscopat angli can; on le croyait supérieur à celui de l'épiscopat ca tholique qui existait avant lui. Des renseignements authentiques et les ouvrages de quelques écrivais protestants ont prouvé que la réformé avait été financerement profitable au clergé anglican. (Note de l'auteur.)

succès. L'empereur Othon y alla l'an 949, et y tint sur les fonts baptismaux le fils du roi Haraldblatand, et depuis ce temps-là elle y a toujours subsisté.

On y érigea ensuite plusieurs évêchés, dont le roi Eric composa une province ecclésiastique en faisant ériger la ville de Lunden en archevêché, vers le commencement du XI' siècle.

Le second royaume, que je nomme de Norvége, se divise en Norvége propre, Islande qui est une île, et Gronelande (Groënland).

La Norvége propre est un pays qui s'étend depuis le 60 jusqu'au 70 degré de latitude au nord de Dannemark, plus de 300 lieues de long, et a eu longtemps ses rois particuliers. Ce fut Marguerite, reine de Dannemark, qui, par son mariage avec Aquin, roi de Norvége, unit ces deux couronnes l'an 1359, et depuis ce temps-là elles n'ont été qu'à un même prince.

Saint Anschair y porta la lumière de l'Evangile au 1x siècle; et, comme il s'y établit en bien des endroits, on y créa quelques évêchés, qui furent érigés en province ecclésiastique, sous la métropole de Drontein, vers le milieu du x1° siècle.

L'Islande est ce que les anciens appelaient la dernière Tulé. C'est une fle qui depuis longtemps est unie à la Norvége. Le roi Olaus, dit le Saint, fit établir les deux évêchés qu'on y voit à présent par l'archevêque de Brême, qui était métropolitain alors de toutes les églises du Nord, et on les soumit ensuite à celui de Drontein.

La Gronelande est à l'extrémité de l'Eu

rope au nord au delà du 70 degré de latitude, pays très-froid et presque inhabité.

Les rois de Norvége ne laissèrent pas d'y envoyer des missionnaires et d'y fonder un évêché qu'on voit expressément dans les notices du XII siècle; mais on n'y en trouve plus aucun vestige à présent.

Les prélatures de Dannemark et de Norvége avaient autrefois de très-bons revenus el de grands priviléges, et faisaient le premier Etat du royaume. L'archevêque de Lunden en était primat et avait droit de présider à l'élection des rois et de les sacrer. Le roi Frédéric, dit le Pacifique, y introduisit le lutheranisme, et son fils Christien III, ayant achevé de l'établir, suprima et archevêques el évêques pour s'emparer de leurs biens, et y mit des surveillants à la mode luthérienne, vers l'an 1550. C'est le roi qui les nomme et qui les choisi, gens plutôt de lettres que de qualité. On ne leur donne que le troisième rang dans l'Etat, et ils y font petite figure.

Frédéric III, voyant Lunden entre les mains des Suédois, érigea sa capitale de Copenhague en archevêché à sa mode, l'an 1660, et lui soumit tous les surveillants de son royaume. Les ecclésiastiques y sont peu de chose, et le peuple y est plus curieux de bien boire que de prier Dieu. On n'y voit presque plus de catho'iques, si ce n'est quelques-uns vers le Holstein,

Des archevêchés et évéchés de Suède.

La Suède est un grand et vaste pays depuis le 55 degré de latitude jusqu'au 70°, et depuis le 35 de longitude jusque vers le 55. Elle est bornée de l'Allemagne au midi, des terres septentrionales au nord, de la Moscovie au levant, et du Dannemark au couchant; mais il n'y a guère que ce qui est vers le midi qui soit bien habité.

Cet état prétend être l'ancienne demeure des Goths qui ravagèrent l'empire Romain dans le iv et le v siècle; mais on ne sait pas bien en quel temps a commencé la monarchie qu'on y voit à présent, et qu'on ne connaît guère que depuis le vur.

La foi chrétienne y fut prêchée par saint Anschair, archevêque de Hambourg, au 1x siècle; mais il n'y eut pas grand succès jusqu'à saint Suffride, qui baptisa le roi Olaüs vers l'an 950, et y fit établir plusieurs évêchés, que l'on soumit à la métropole de Bresme, el ensuite à celle de Lunden.

Le pape Alexandre III en composa une province ecclésiastique en faveur d'Upsal, où il mit un archevêque l'an 1160. I lui donna la primatie du royaume, et le droit de sacrer le roi. Ce prélat avait des biens sans nombre, et des provinces entières de son domaine. Ses suffragants de même étaient trèspuissants, et avaient tous de gros revenus et le premier rang dans les assemblées.

Marguerite, reine de Dannemark et de Norvége, joignit aux deux Etats qu'elle avait déjà celui de Suède, l'an 1364, ce qui continua sous ses descendants. Les Suédois, jaloux de se voir dominés par une nation étrangère, firent divers efforts de temps en temps pour secouer le joug, et toujours sans succes.

Enfin Gustave Eric, qui se prétendait issu des anciens rois, se tira adroitement de la prison où il était, et prit si bien ses mesures, qu'il délivra son pays des Danois, et s'y fit couronner roi l'an 1523.

Mais, en rétablissant la monarchie, il renversa la catholicité; et, comme il se voyait pauvre, et qu'il avait besoin de bien pour se soutenir, il n'en vit point qui fût plus aisé à prendre que celui des ecclésiastiques. Il leur fit une querelle d'Allemand, et appela des luthériens, qui en peu de temps dégoûtèrent les peuples de l'ancienne religion, et établirent la Confession d'Augsbourg.

L'archevêque d'Upsal fut obligé de se sauver à Rome. Les évêques s'en allèrent de même, les uns d'un côté, les autres d'un autre. On confisqua tous leurs domaines au profit du roi ; et ceux qu'on mit en leur place, au lieu du premier rang qu'ils avaient dans les assemblées du royaume, n'ont plus eu que le troisième, et sont gens aujourd'hui sans considération et sans mérite, à qui on ne donne que le nom de surveillants. Les chanoinies et les cures y sont de même à proportion fort chétives, et le peuple sans piété, et en bien des endroits sans religion.

A l'égard de la Livonie, c'est une petite

province au midi de la Suède, qui a la MosCovie au levant et la Pologne au midi.

Elle reçut la foi sur la fin du XIIe siècle par le moyen d' s chevaliers dits Porte-Croix, qui s'en étaient mis en possession, et qui y firent les mis-ionnaires à la dragonne. Ils y établirent des évêchés sous le métropolitain de Riga, à qui ils accordèrent de grands droits, et avec qui même ils partagèrent le gouver

nement.

Mais il arriva de la brouillerie au commencement du siècle passé entre les prélats et le grand-maître, qui se fit luthérien. Les rois de Pologne s'en mêlèrent; et s'étant fait céder le droit des chevaliers, qui avaient supprimé les prélatures, ils s'emparèrent du pays et firent créer un évêché à Venden pour ce qui restait de catholiques: ce qui n'a pas subsisté.

Gustave-Adolphe l'enleva aux Polonais durant les guerres qu'il fit à ses voisins; et par le traité de Munster on l'a cédée à la Suède, et l'on y a confirmé la suppression des prélats, de sorte qu'il n'y a aujourd'hui que des surveillants.

Des archevêchés et des évéchés de la Pologne. Quant à la Pologne, dont il s'agit ici, c'est un pays situé depuis le 48 jusqu'au 56 degré de latitude, et depuis le 59 de longitude jusqu'au 60°, et qui a environ 250 lieues de long sur 160 de large. Elle a la Moscovie au levant et au nord, l'Allemagne et la mer Baltique au couchant, et l'empire turc au mili; et est composée de trois principales provinces, qui sont la Pologne propre, la Lituanie et la petite Russie.

La Pologne propre est l'ancien domaine des princes de cette nation. Son duc Miezislas épousa une princesse bohémienne, qui l'attira au christianisme. Ensuite de quoi l'évêque de Frascati y fut envoyé en qualité de légat, baptisa ce duc l'an 965 et y érigea la métropole de Gnesne et sept suffragants, dont le nombre s'est augmenté dans la suite. Son fils Boleslas eut le titre de roi (1), où du pape ou de l'Empereur, mais de sorte cepen dant que la couronne a toujours été élective, et que les nobles composent un sénat sans lequel le roi ne saurait presque rien ordonner.

La petite Russie était l'ancien domaine des princes russes, qui portèrent leur souveraineté en Moscovie. Elle fut incorporée à la Pologne, l'an 1341, par le roi Casimir. C'est un pays tout rempli de Grecs schismatiques, qui y avaient des évêques de leur rite dans toutes les bonnes villes, comme ils y sont encore à présent. Louis, roi de Hongrie et de Pologne, y fit ériger une province du rite latin vers la fin du XIV siècle, et en mit la métropole à Halits, et ensuite à Léopol, où elle est encore aujourd'hui.

La Lituanie avait ses ducs particuliers, qui étaient païens, quoique le pays fût tout plein

(1) L'abbé de Commanville a un respect si aveugle pour les empereurs et les rois, qu'il leur sacrifie les papss en tout et partout. Le fait historique qu'il rap

de Grecs schismatiques. Jagellon, qui en était duc, ayant été élu roi de Pologne par le mariage qu'il contracta avec la fille du roi Louis l'an 1386, incorpora ce duché à sa couronne; ce qui a toujours continué. Il travailla aussi beaucoup à réunir ses peuples à l'Eglise romaine, et y fit ériger quelques évêchés catho liques.

Le gouvernement ecclésiastique de toute la Pologne est partagé en deux provinces: celle de Gnesne, qui est la plus considérable, et celle de Luvou, qui est la moindre.

L'archevêque de Gnesne a de très-grands droits. Il est régent du royaume durant l'interrègne, et a pouvoir de tenir les diètes pour l'élection du roi, de le proclamer et de le sacrer; et s'il se fait quelque entreprise contre les lois, il peut convoquer le sénat pour s'y opposer. Il a la qualité de primat el de légat-né du saint-siége, avec un revenu et des officiers, plutôt comme un prince que comme un évêque. Les autres prélats sont à propor tion de même dans une fort grande élévation. Ils ont les premières places dans le sénat, et presque tous des revenus très-considérables; voir pour le spirituel, dont ils se déchargent mais souvent ils n'en font pas mieux leur de sur des évêques in partibus, à qui ils donnent le nom de suffragants.

Les évêchés furent d'abord électifs en ce pays comme ailleurs, et à la nomination des chapitres; mais les rois peu à peu s'ingérèrent d'y nommer, et en ont aujourd'hui l'en tière disposition. La justice ecclésiastique y est indépendante de la séculière; mais le non. ce du pape évoque par-devant lui la plupart des procès, dont les officiaux des évêques de vraient connaître, et les juge sans appel.

Les chanoinies des cathédrales sont trèsbonnes, et il faut faire preuve de noblesse en bien des endroits pour les avoir. Les curés aussi y sont riches, et les religieux fort à leur aise : enfin toute l'Eglise y fleurit; et s'il y a pour les mœurs un peu de relâchement comme ailleurs, au moins ce qu'on y voit de dévotion y paraît assez solide et assez régulier.

Le calvinisme s'y introduisit dans le siècle. passé par le moyen des Radzivils. Le luthe ranisme s'y est aussi beaucoup étendu. Ily avait quantité de sociniens; mais depuis l'an 1658 qu'ils furent chassés du royaume, ils sont en très-petit nombre et cachés; des Juifs plus qu'en aucun autre Etat de la chrétienté, qu'on y souffre à cause du grand tribut qu'ils payent au roi; des Grecs, comme on a deja dit, qui y ont des évêques, et enfin des Arméniens, qui y ont un archevêque à Luvou, el qui y font un très-grand commerce.

Des évêchés d'Afrique.

L'Afrique est la troisième partie de notre continent: elle est une espèce de péninsule en forme de cœur, qui s'étend sous la ligne à plus de 30 de latitude de part et d'autre, el

porte ici n'est pas douteux; c'est le saint-siége qui érigea la Pologne en royaume. (Note de l'autem.)

à plus de 1500 lieues en long et en large; mais on ne sait point encore le dedans du pays, et il n'y a que ce qui est vers les bords qui nous soit connu.

Toute la côte qui règne le long de la Méditerranée, et qui est l'endroit le plus voisin de l'Europe, était remplie de chrétiens durant les six premiers siècles et avait même un trèsgrand nombre d'évêchés du rite latin; mais ils furent presque tous éteints dès le vin et le Ix siècle.

Les Portugais s'étant avisés dans le xv siècle de chercher l'or et les autres marchandises précieuses que possèdent les Africains, envoyèrent plusieurs vaisseaux le long de l'Océan pour y faire des découvertes; et, ayant établi des colonies en plusieurs enils droits de la côte et dans les îles voisines, y firent ériger des évêchés sous la métropole de Lisbonne, qu'on y voit encore aujourd'hui.

L'évêché de Ceuta est le seul de l'ancienne Afrique qu'ils aient rétabli; les autres, comune Angra, Fonchal, Riberac, Grande, SanTomé, Loanda, sont, comme on a dit, d'érection toute nouvelle, et en des pays inconnus avant le xv siècle. Celui de Congo est dans la capitale de ce grand royaume d'Africains naturels, dont le roi est allié des Portugais, et catholique de père en fils aussi bien que ses sujets, depuis l'an 1492.

Les Espagnols, ayant fait la découverte des fles Canaries dans le xv siècle, y firent mettre un évêché sous Séville. C'est par la le première de ces les qu'on fait passer méridien, où commencent les degrés de longitude dont ou parle tant dans la géographie.

Tous ces évêchés tant de Portugal que d'Espagne ne sont pas mauvais, et sont à la nomination de leurs rois.

Des archevêchés et des évéchés d'Asie.

L'Asie est la seconde partie de notre continent, et même apparemment la plus étendue; ce qu'on ne peut pas cependant tout à fait déterminer, parce qu'on sait bien où elle commence mais non pas où elle finit (1).

Elle a été honorée de la naissance de Jésus-Christ, et du premier établissement de notre religion, el a eu un très-grand nombre de provinces chrétiennes, mais qui étaient d'un autre rite que le latin.

On y établit durant les croisades diverses provinces du rite latin, qui n'y ont pas subsisté longtemps.

Ce qu'on y trouve à présent de ce rite est dans les colonies que les Portugais et les Espagnols ont aux Indes pour la commodité

de leur commerce.

Les Portugais y firent divers établissements daus le xvi siècle, et y obtinrent l'érection de plusieurs évêchés sous la métropole de Goa, qui est la capitale de leurs colonies. Les prélatures en étaient assez bonnes; mais

(1) L'Asie orientale et septentrionale était très peu connue au xvi° siècle; c'est ce qui explique cette

les Hollandais ont presque tout ruiné dans ce siècle. Il n'y a presque plus que l'archevêché de Goa qui subsiste; et, quoique les rois de Portugal nomment encore aux évêchés, ce n'est plus à l'égard de plusieurs que pour l'honneur et pour le titre.

Les Espagnols s'établirent vers l'an 1565 dans les îles qu'ils nommèrent Philippines, en considération de leur roi Philippe II, et qui sont situées à l'extrémité orientale de l'Asie; et ils y firent ériger un archevêché et trois évêchés. Tout y allait assez bien lant pour la religion que pour le commerce; mais les insulaires se sont révoltés depuis quelque temps. C'est le roi qui en a la nomination.

Des archevêchés et des évéchés de l'ancienne Afrique occidentale.

L'Afrique occidentale est cette vaste étendue de terre qui est le long de la Méditerranée en Afrique, vers le 30 degré de latitude, depuis le 10° de longitude jusqu'au 40°, et qui n'a pas moins de 600 lieues de long, sur environ 100 de large.

Ce pays, qui était venu au pouvoir des Romains par la réduction de la fameuse Carthage, reçut la foi dès le 1er siècle, par les soins et les missions des papes; et, comme il était de la juridiction du préfet d'Occident pour le civil, il fut aussi dès lors, pour l'ecclésiastique, du patriarcat romain.

Le christianisme y fut, au milieu des persécutions, d'un très-grand éclat, et fournit quantité de martyrs à l'Eglise, et plusieurs grands hommes dont on admire encore aujourd'hui les ouvrages. Il y avait aussi dès ce temps-là beaucoup d'évêchés, comme on le peut voir par les actes des conciles que saint Cyprien assembla vers l'an 250.

Tous ces évêchés n'avaient, durant les trois premiers siècles, d'autre métropole que Carthage, qui était la capitale du pays; mais it fut divisé par les empereurs, dans le iv, en six provinces; et les évêchés s'y étant beaucoup multipliés, on reçut aussi cette division dans l'Eglise et on donna à chacune de ces provinces un métropolitain, qui ne fut pas comme ailleurs l'évêque de la métropole civile, mais le plus ancien, ou, si vous voulez, le doyen des évêques : ils le nommaient primat, et Carthage était primatiale au-dessus d'eux tous.

Mais on vit bientôt les inconvénients de ces primaties ou métropoles ambulatoires, qui obligeaient d'aller tantôt d'un côté, tantôt d'un autre, lorsqu'on avait besoin du primat. C'est ce qui fit admettre dans la suite les évêques des métropoles civiles en participation de la dignité primatiale, sans préjudice des droits de l'évêque ancien; et ce sont ces métropoles qu'on a mises à la tête des provinces et sous lesquelles on a rangé les évêchés qu'on y voit en grand nombre, mais

phrase de l'abbé de Commanville. (Note de l'aɛteur.)

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