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Tu parles d'ignorance où tu dis qu'on maintient
mais les faits démentent tes paroles,

Le peuple;

Et le pouvoir, partout érigeant des écoles,

Y donne, car le mal est toujours près du bien,
Au peuple, en lui montrant à lire, le moyen
De se fausser l'esprit aux étranges folies

--

Qu'à son grand détriment chaque jour tu publies.

Cependant je t'admire en toute humilité,

Quand, posant ton surplis d'urbanité française,
Tu te vas écriant que la Société

De nos jours, n'est plus rien qu'un chenil;- si la thèse
Est peu noble, elle exprime au moins la vérité;

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Car, jamais chiens harnieux n'ont pu mieux à leur aise,
Pour peu qu'à ces Messieurs sa conduite déplaise,
Aux jambes du pouvoir sautant de tout côté,
Japper, hurler et mordre avec impunité.

Hélas! comme partout, sans doute il est en France

Plus d'un homme du peuple en proie à la souffrance;

Mais leurs maux, bien moins grands que ceux que tu combats,

Ou de près ou de loin, dans l'essence des choses,

Dans la nature humaine, ont presque tous leurs causes :
Maux qu'on peut déplacer parfois, mais qu'ici-bas,
A moins de changer l'homme, on ne détruira pas.

Oui,

sans doute aussi qu'au bien-être

Les mortels en ce monde ont tous des droits égaux,
Et qu'il faut à chacun sa part,

- cela doit être

juges du tribunal de Fouquier-Tainville et aux membres des commissions militaires de l'Empire et des cours prévotales de la Restauration. Voici ses propres expressions:

« On a des juges dont le métier est d'expédier les accusés comme les bourreaux les condamnés, purs instruments de torture et de mort, HOMMES-POTENCES!! (Page 73.)

A la page 93 il dit de la Société que c'est un parc, un troupeau de bétail humain destiné par le pouvoir à assouvir ses convoitises.

Et sera,

dès que Dieu nous permettra de naltre

Tous, au même degré, grands, riches, forts et beaux;

Quand il nous donnera pour demeure, une terre
Qui livre sans travail ses trésors et son fruit,
Et que, par un divin mystère,

L'art qui fabrique et celui qui produit
Pourront se reposer et le jour et la nuit,

Jusqu'à cet heureux temps, qu'aucune prophétie
Ne montre encor prochain à ton anxiété,
Le travail, cette loi de notre humanité,
Maintiendra la suprématie

Qui s'attache ici-bas à la propriété ;
Privilége sacré, sainte aristocratie,
Éternel fondement de la Société !

Grand principe, d'où naît aussi la conséquence

De l'inégalité dans les conditions:

Le repos, les plaisirs, le luxe à l'opulence,
Au pauvre, le travail et les privations,

Hélas! telle est la loi commune!

Et le riche, tout fier de son tort d'aujourd'hui
Si demain il perd sa fortune,

Devient l'égal du pauvre et souffre plus que lui.

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D'autre part,
que quelqu'un de la démocratie,
Qu'un fils du peuple, un vrai prolétaire, à son tour,
Par l'esprit, le travail, par l'industrie, un jour
Grandisse ; -- il va voir, comme au devant d'un Messie
La moderne aristocratie

S'ouvrir en s'inclinant même devant ses pas,
Si les mains de la gloire ont posé sur sa tête

Le laurier du héros ou celui du poète;
Car tu sais aussi bien que moi qu'elle n'est pas

Une ile inabordable et de rocs entourée,
Tu sais qu'elle n'est pas circonscrite et murée
Comme celles des anciens temps:
Châteaux crénelés, citadelles
Inexorables et cruelles

Qui, n'ayant d'autres habitants

Que ceux qu'y plaçait la naissance,

Défendaient, par des murs, en hauteur insultants,

D'approcher, même à l'espérance.

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C'est un port magnifique, immense

Dont les clefs ne sont plus aux seules mains du sort;
Où, de tous les points de la France,
On entre librement et d'où parfois l'on sort;
C'est un palais à mille portes,

Dont aux hommes de toutes sortes
Il n'est rien qui ferme l'abord;

C'est l'échelle brillante à Jacob apparue,

Et par laquelle, sous ses yeux,
Montait et descendait la cohorte accourue
Des anges radieux.

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Te dira qu'à ce compte, et, pour qui n'en a qu'un,
Quiconque a deux gros sous est un aristocrate,
Et qu'on peut t'accuser toi-même aussi,
Qu'on voit, au nez du gueux rongé par la vermine,
Endosser l'habit neuf sur la chemise fine.

tribun,

Ame promise au Christ, reviens à lui, crois-moi;
Reviens et montre-nous ce que c'est qu'un bon prêtre (1):
Ce que c'est qu'un mauvais, tu nous l'as fait connaître

Quand tu jetas aux vents les trésors de ta foi.

Laisse, oh! laisse à jamais la fantasmagorie
Qui depuis si longtemps sème au monde l'effroi,
Et, dans l'éternelle patrie,

Fait pleurer les anges sur toi!

Écoute la raison qui, par ma voix, te crie
D'abandonner enfin les rêves de Babeuf

A ces tribuns ardents, dont la haine et l'envie
Vont corrodant la vie ;

A ces ambitieux qui, pour se cuire un œuf,
Mettraient, poussés qu'ils sont d'un égoïsme immonde,
Le feu, s'il le fallait, aux quatre coins du monde;

(1) On se rappelle le mot fameux de M. de La Mennais lors du procès qu'il eut à subir à l'occasion de son écrit intitulé : « De la Religion dans ses rapdorts avec l'ordre civil et politique » : Vous saurez ce que c'est qu'UN PRÉTRE! »

A ces déclamateurs, dont la feinte pitié

Du peuple qu'elle abuse en ses mains prend la cause,
Pour s'en servir ainsi qu'on fait d'un marche-pié
Sur lequel, quand on veut se grandir, on se pose.

Malheur à l'imprudent qui joue avec le feu
De la passion populaire!

Nous avons vu combien c'est un terrible jeu.
Malheur à toi surtout, qui viens, homme de Dieu,
Souffler sur ce brasier le vent de la colère !
Crois-tu que l'incendie, à ta voix allumé,
Au signal de ta voix s'éteindrait comprimé?
Non, non! Quand une fois cette flamme terrible
Des lieux où, sous la cendre, elle dormait paisible,
Ardente s'est levée au souffle furieux

Qui la pousse; elle marche, et, le front dans les cieux,
Quand elle va, semant partout sur son passage,

La désolation, la mort et le ravage;

Nul obstacle assez fort qui la puisse arrêter,

Rien qui puisse contre elle un seul moment lutter;
Ce qu'on fait pour calmer sa fureur, la ranime;
Elle marche, entassant victime sur victime,
Jusqu'à ce qu'à la fin le vorace élément
S'affaisse sur lui-même à défaut d'aliment.

Et quel spectacle alors la terre ravagée
Offre-t-elle en tous lieux à la vue affligée ?
Partout, partout la mort, la dévastation,
Partout pleurs et soupirs et désolation;

Du travail les sources taries,

Le commerce détruit, plus d'arts, plus d'industries: Partant surcroît de mal au peuple; car toujours

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Il restera quelqu'un qui soit peuple. En leur cours, Les révolutions qui passent sur le monde

Peuvent bien y briser de leur main furibonde,

Et balayer du pied les trônes et les rois,
Mais n'en sauraient changer les éternelles lois.

Il se peut qu'au milieu des tempêtes humaines,
Quant tout esquif sur l'onde est battu par le vent;
Quelques soldats heureux deviennent capitaines;
Mais l'air tombe; en leur lit les eaux rentrent sereines;
Et le surplus, qu'est-il ? Ce qu'il était avant :

Dans la nef, matelot; dans l'État, prolétaire,
Et peuple et gouvernés et ne gouvernant pas ;
Car, malgré tes écarts de style populaire,
Si tu ne te fais Dieu, jamais tu n'obtiendras
Que la Société marche la tête en bas (1).

Eh! mon ami, calme ta bile!

Si les maîtres te sont un objet importun;
En monarchie on n'en a qu'un,

En république on en a mille;

Et puis, à te parler franchement, mon tribun
Ce que la France a fait, l'ira-t-elle défaire
Chaque matin, pour satisfaire

Le premier intrigant qui le lui vient prêcher.
Cherche ailleurs qui consente à cela pour te plaire;
Nous n'irons pas troubler l'océan populaire

Pour que les factieux y puissent mieux pêcher.
Songe aux maux où pourrait expirer la patrie,
S'il lui fallait subir d'autres commotions;
Assez longtemps la haine et les dissensions
L'ont ensanglantée et meurtrie.
Songe, songe surtout aux viles passions
Dont la rage, par toi nourrie,
Peut se traduire en actions

D'une sauvage barbarie.

Songe quel repentir te viendrait prendre au cœur,
Et combien, de ton éloquence

Tu devrais regretter le prestige vainqueur
Et maudire en pleurant l'infernale puissance,
S'il te fallait jamais apprendre qu'un feuillet
Des écrits que ta plume au peuple de juillet
Prodigue, et que la haine avec ardeur savoure,
Au mousquet régicide a pu servir de bourre?

Si ce penser te fait horreur

Laisse en toi la raison triompher de l'erreur;
Et quand ta brillante parole,

Des cœurs sait si bien le chemin,

D'une torche flambaute au lieu d'armer sa main,
Soutiens le pauvre et le console (2).

1) C'est pourtant le projet d'un autre fanatique démagogue, qui siège près de M. de La Mennais sur les plus hauts bancs de la Montagne.

(2) Ceci est écrit en 1840. Huit ans plus tard, un terrible ouragan révolu

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