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« par la tradition, et prouvant la tradition par la raison (1), répu«blicain soumettant la souveraineté du peuple à un pontife par son << propre droit souverain. Papiste, allant à Rome proposer un duel mystique au Pape; traducteur de « l'Imitation de Jésus-Christ >>, appelant les peuples à la révolte, et, pour en finir, Rousseau en << soutane, simple, naïf, dialecticien, éloquent et sublime comme « l'auteur des « Confessions », de la « Lettre à l'archevêque de Pa« ris », « d'Héloïse » et « d'Émile

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D.

Voici un autre jugement porté sur M. de La Mennais, dès 1825, par un écrivain catholique (2):

« L'abbé de La Mennais... nous paraît avoir commis, de la meilleure et de la plus pure foi du monde, des fautes et même de très grandes fautes. Elles sont d'autant plus dangereuses qu'elles portent elles ont à la fois le privilége du talent et surtout celui de la vertu (nous pouvions alors dire ce mot que nous ne pouvons plus dire aujourd'hui) >.

Le fondement de toute sa doctrine, l'autorité universelle, est faux >.

« Le caractère de ses discussions politiques et religieuses ne l'est pas moins. C'est, d'une part, le désordre d'une imagination ardente et d'un cœur flatté et superbe; et d'autre part, l'ironie, le sarcasme, non envers les choses, mais envers les personnes sociales: armes funestes, propres à la Philosophie, que les Pères de l'Église n'employèrent pas sans se repentir, et que Jésus-Christ et les apôtres n'employèrent jamais

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« M. de La Mennais ne peut guère compter comme publiciste « Comme théologien, cet écrivain n'a fait que suivre deux bril

(1) Il fait de la raison universelle le CRITÉRIUM de la certitude, ôtant à la raison individuelle le pouvoir et le droit de juger de la vérité. En affirmant ceci, il émet deux grands paralogismes : d'abord il compose le vrai et le faux, puisque la raison universelle ne peut être composée que des raisons individuelles; en second lieu, il soumet son CRITÉRIUM à un tribunal que lui-même a déclaré incapable de vérité; dès lors, qui saura que la raison est universelle, si ce n'est la raison individuelle? qui saura si et comment cette raison universelle a raison, si ce n'est point la raison que Dieu a donnée à chacun de nous? Disons donc que LE PRINCIPE de la certitude EST DANS LA RAISON ET LA CONSCIENCE INDIVIDUELLES FORTIFIÉES ET ÉCLAIRÉES PAR LA RAISON ET LA CONSCIENCE UNIVER

SELLES.

(2) M. Madrolle, dans sa • Défense de l'ordre social, attaqué dans ses fondements. Paris, 1825, in-8.

lants modèles, Pascal et le comte de Maistre. On pourrait, nous croyons, porter le défi de citer dans ses œuvres une seule pensée qu'on ne trouvât pas dans les œuvres des deux autres ».

<< Il réunit à la fois les formes originales d'un dissident, et l'allure franche d'un fidèle ».

« En somme, il nous semble plus doué d'imagination que de jugement. Son talent est de hasard plutôt que de système. Il a fait d'assez beaux Mélanges, des articles de journaux, des brochures, des pages, des Pensées décousues assez belles. Il n'a pas, selon nous, fait un bel ouvrage (1).

« L'abbé de La Mennais est une sorte de Diderot catholique; s'il continuait, nous tremblerions qu'il ne devint l'autre (2). Sa célébrité est supérieure à son génie. S'il n'y prend garde, elle se modifiera beaucoup avec le temps. L'illustre écrivain est un enfant gâté de louanges irréfléchies et prématurées : il y a tel journal encore aujourd'hui qui semble moins le Mémorial de la vérité catholique, que celui de l'amour-propre de son idole. Si l'on trouvait que nous sommes bien hardis à juger cet homme avec autant de sévérité, nous répondrions qu'il l'a été bien davantage à juger ses propres maîtres. En l'attaquant, nous ne faisons que défendre l'autorité. C'est là l'excuse de notre hardiesse, comme c'est la cause de notre puissance. Notre jugement, tout téméraire qu'il paraisse, n'est pas de l'orgueil, mais de la soumission ».

Les faits importants de la vie de M. de La Mennais sont ses livres; jamais homme ne se montra plus complétement identique avec les

(1) Outre un certain nombre de réfutation du livre qui a fait la réputation de M. de La Mennais, son « Essai sur l'indifférence en matière de religion », vingt propositions des t. III et IV de cet ouvrage ont été censurées par treize évêques de France (voy. la 2o partie de cette notice, parmi les réfutations générales des ouvrages de M. de La Mennais).

(2) Les craintes de M. Madrolle ne se sont que trop réalisées. M. de La Mennais ne nous a-t-il pas successivement donné : les « Paroles d'un croyant », ouvrage que Grégoire XVI, qui l'a condamné, a jugé comme « peu considéra<< ble par son volume, mais immense par sa perversité »; le « Livre du peuple », et enfin cette feuille démagogique, intitulée le « Peuple constituant »? La société peut, certes, avoir tout à redouter des doctrines, si hardiment insurrectionnelles, que prêche depuis 1834, l'ancien Rousseau en soutane devenu Babeuf en rabat, ainsi que M. Madrolle qualifie M. de La Mennais par rapport à ces mêmes doctrines.

œuvres de sa pensée, et c'est au point que presque tout ce qu'il a eu d'accidentel dans sa carrière se rattache à l'histoire de la publication des siennes. L'énonciation complète de tout ce qu'il a produit est donc le moyen le plus direct et le plus simple de le faire connaître. Malheureusement, les convictions de M. de La Mennais, comme prêtre et comme écrivain, ont été tellement variables qu'on aura, un jour, de la peine à croire que des opinions si opposées aient appartenu au même personnage, tour à tour gallican sincère, libéral catholique, c'est-à-dire ultramontain, agitateur et révolutionnaire.

M. de La Mennais a écrit quelque part : « Toute dissidence avec « le chef visible de l'Église catholique, le représentant, le vicaire << de Jésus, le Pape, en un mot, est un schisme coupable; toute ré«sistance, à son infaillible décision, est une rébellion impie ». Et M. de La Mennais n'a pas hésité à soulever ce schisme par la publication de l'Avenir ». Plusieurs propositions de ce journal furent non seulement désavouées mais condamnées par le Saint-Siége, et son rédacteur principal dut faire amende honorable. Mais l'orgueilleux prêtre ne voulait point s'humilier ; et tandis que d'un côté il sollicitait son pardon, de l'autre il préparait la plus déplorable apostasie. Le brandon d'anarchie que lança M. de La Mennais, les « Paroles d'un croyant » est presquè de la même époque que le pardon de Grégoire XVI.

Il y aurait un livre bien curieux à faire, en opposant aux « Paroles d'un croyant », les doctrines professées par M. de La Mennais dans les écrits qu'il a publiés avant 1830.

Il est digne de remarque, que dans le commencement du dixneuvième siècle les savants et érudits qui ont le plus fixé l'attention, ceux dont la critique se soit le plus occupée, étaient non seulement trois Bretons, mais encore trois hommes de la même ville (SaintMalo): Broussais, Châteaubriand et La Mennais. Combien de fois le système de médecine physiologique du premier n'a-t-il pas été combattu et défendu! Ce qu'on a écrit sur les flottantes opinions de Châteaubriand est immense! M. de La Mennais, par ses fréquentes variations religieuses et politiques, devait subir un grand nombre de critiques. Aussi ne lui en a-t-il pas manqué! Nous avons donc pensé qu'en présentant ici la nomenclature complète des ouvrages de cet écrivain, il serait piquant d'y joindre un aperçu de leurs apo logies et de leurs critiques, et même des biographies de l'écrivain.

I.

OUVRAGES DE M. L'ABBÉ F. DE LA MENNAIS.

I. ÉCRITS ASCÉTIQUES.

I. Guide spirituel, ou le Miroir des âmes religieuses, trad. du latin du B. Louis de Blois (par M. F. de La Mennais). Paris, Société typographique, 1809, petit in-12. Autre édition, avec une Préface du traducteur; suivi de deux opuscules de Sainte Thérèse : le Chemin de la perfection, trad. par *** (de Saint-Victor); les Élévations d'une âme à Dieu, traduites par E. de Genoude, avec préface, avertissement et une Vie abrégée de la sainte. Paris, de l'impr. de Didot aîné. A la librairie grecque-latine-allemande, 1820, in-32 avec 6 grav., 5 fr.

La dernière édition fait partie de la « Bibliothèque des dames chré

tiennes..

Ce livre, si remarquable, et pourtant si peu connu avant que M. de La Mennais en eût donné une traduction, est un des produits les plus purs de cette littérature ascétique dont l'Imitation de Jésus-Christ est le chefd'œuvre.

II. Imitation (l') de Jésus-Christ, traduction nouvelle, avec des Réflexions à chaque chapitre. Paris, Margueritte, 1824, in-18.

Autres éditions:

Paris, rue du Paon, no 8, 1825, in-8 avec 5, pl., 20 fr., et sur papier fin, 30 fr.

Paris, Lasneau, 1825, in-8, sur papier vélin superfin, dit cavalier, et

orné de 5 gravures, 20 fr.; grand-jésus vélin, épreuves avant la lettre (tiré à 100), 35 fr., et même papier, sur format in-4 (tiré à 50), 65 fr.

Édition précédée de prières pendant la messe, par le P. Sanadon, de la compagnie de Jésus. Paris, Lasneau, 1826, in-18, 3 fr., et sur pap. vélin, 4 fr. - Deux éditions dans la même année, l'une de 13 feuilles 8/9, l'autre de 13 feuilles avec une gravure.

Avec les prières du P. Sanadon. Paris, Belin-Mandar et Devaux, 1827, in-18 de 14 flles 8/9, 3 fr.

Paris, les mêmes, 1828, in-32 de 2 files 7/8 avec une gravure.

VIIe édition. Paris, Belin-Mandar, 1832, in-32, fig.

VIIIe édition. Paris, Daubrée, 1836, in-52.

Autre édition. Paris, Delloye; Lecou, 1837, in-18, 2 fr. 60 c.
Paris, Picard, 1859, 1841, 1842, in-18, 2 fr. 60 c.

Xe édition. Paris, Picard, 1843, in-32, 2 fr. 60 c.

XIIe édition. Paris, Furne, 1844, gr. in-8 avec 6 grav. sur acier et des vignettes dans le texte, 12 fr. 50 c. Édition publiée en 25 livraisons

à 50 c.

XIVe édition. Paris, Pagnerre; Perrotin; Furne, 1845, in-18, 2 fr. 60 c. L'un des libraires dépositaires de M. de La Mennais, car il faut qu'on le sache bien, M. de La Mennais est le propre éditeur de tous ses ouvrages, sauf de l'Imitation dont il a plusieurs fois aliéné la propriété pour quelques années, l'un des libraires dépositaires de M. de La Mennais, disonsnous, a imprimé sur son catalogue, à l'occasion de l'Imitation, la note suivante :

• Ce livre, admiré par les plus beaux génies, attendait encore un génie « pour le traduire. M. de La Mennais a fait disparaître la différence qui « existait entre l'original et les traductions antérieures. Il a joint à cha« que chapitre des réflexions qui semblent des post-scriptum de l'auteur ». Or, l'un des plus savants bibliographes de la France, A.-A. Barbier, qui s'est occupé de recherches particulières sur les traductions de l'Imitation de Jésus-Christ, et qui a publié le résultat de ses recherches sous le titre de « Dissertation sur soixante traductions françaises de l'Imitation de Jésus-Christ (Paris, 1812, in-12 et in-8), A.-A. Barbier nous apprend, dans son Dictionnaire des ouvrages anonymes et pseudonymes, 2e édit., no 2,1863, que les traductions de ce livre célèbre par MM. de Genoude et de La Mennais ne sont que des espèces de contrefaçons de celle du P. Lallement, jésuite.

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Quant aux Réflexions dont parle le libraire dépositaire des livres de M. de La Mennais, Préface et Réflexions avaient déjà paru, en 1820, à la tête de la traduction de l'Imitation de Jésus-Christ par M. de Genoude, qui forme le premier volume de la «< Bibliothèque des dames chrétiennes (voy. plus bas le chapitre des éditions dues à M. de La Mennais).

Inédite ou rebadigeonnée, cette traduction de l'Imitation de Jésus-Christ renferme un passage traduit ou adopté alors par M. de La Mennais, qui, plus tard, a été relevé pour être jeté à la face du prêtre devenu fougueux démagogue. Voici en quels termes est rappelé ce passage dans un journal de septembre 1848 (le Canon d'alarme »).

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