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Sigaiges', hôtes des sids ou sigs (mamelons, tertres, mounds 2), parce qu'ils s'étaient retirés et avaient caché leurs trésors dans des grottes ou palais souterrains. Ils devaient un jour revenir les chercher3; en attendant, ils faisaient de fréquentes apparitions dans leur ancienne patrie, l'Irlande, avec laquelle le Mag-Mell était en perpétuelle communication par des voies souterraines et sous-marines qui débouchaient dans les sids'. On se les représentait parfois comme des vieillards vêtus de blanc et se tenant près de quelque fontaine un livre à la main". Lorsqu'ils chevauchaient sur terre ou galopaient sur mer, qu'ils volaient sous forme d'oiseaux ou sur les ailes du vent' qu'ils faisaient glisser sur l'eau des nacelles de cristal1o ou d'airain",

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Journal of the R. hist. and arch. Association of Ireland, 4e série, vol. III, part. I. p. 126. Dublin, 1874 in-8. Ce manuscrit est du IXe siècle, mais les gloses marginales peuvent ne pas remonter aussi haut.- Voy. D'Arbois de Jubainville, Essai d'un catalogue de la littérature épique de l'Irlande. Paris, 1883, in-8, p. LVIII; Cfr. Ernest Windisch, dans ses Irische Texte. Leipzig, 1880, in-8, p. 774).

1) Même série de the Journal, vol. II, part. I. 1872, p. 184-185.

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1) P. W. Joyce, Old celtic romances, p. 402; D'Arbois de Jubainville, le Cycle myth., p. 144, 266-267; E. Beauvois, l'Elysée transat. p. 288, 290. 3) John O'Hart, Irish pedigrees or the origin and stem of the Irish nation, 3e édit. Dublin, 1881, in-8, p. 741.

*) Brian O'Looney, dans Transactions of the Ossianic Society for the year 1856, Dublin, 1859, in-8, p. 231; E. Beauvois, l'Elysée transatl. p. 295.

5) Mox ubi juxta fontem conspiciunt seniores gestantes vestes candidas et libros in manibus habentes, mirantur insolitos hominum habitus et dispositiones; existimantque eos de viris Sidhe esse. Viros Sidhe vocant Hiberni aerios spiritus ant phantasmata; ex eo quod ex amœnis collibus quasi prodire conspiciantur, in quibus vulgus eos habitare credit; quæ collium talium ficta habitacula a nostris sidhe vel siodha dicuntur. (R. O'Flaberty. Ogygia, part. III, ch. Cfr. O'Curry. Lect. p. 505; XXII, p. 200; Windisch, Irische Texte, p. 774). Engus, le plus habile magicien de la race des Tuatha Dé Danann est qualifié de vieillard (P. W. Joyce, Old celtic romances, p. 326, cfr. p. 291). 6) E. Beauvois, l'Elysée transat. p. 296. L'auteur du présent travail se cite fréquemment lui-même, non pas comme autorité, mais pour abréger en renvoyant à de précédents mémoires où il a donné des exemples et indiqué les

sources.

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7) The sick bed of Cuchulainn, texte et trad. par E. O'Curry, dans the Atlantis, n° 3, t. II, part. I, p. 120, Dublin, 1859, in-8; l'Elysée transatl., p. 297, 298, 299, 303, 304.

*) D'Arbois de Jubainville, le Cycle myth. p. 288, 295, 297, 321.

9) P. W. Joyce, Old celtic romances, p. 291.

10) E. Beauvois, l'Elysée transatl., p. 289, 290, 296, 315. 11) Windisch, Irische Texte, p. 774.

ils s'enveloppaient de brouillards' ou d'un manteau magique '
qui les rendait invisibles, ou bien se laissaient voir à qui il leur
plaisait3. Les nymphes de cette race venaient parfois deman-
der protection aux guerriers irlandais, ou reprenaient mo-
mentanément la condition humaine pour vivre sur terre avec
l'époux de leur choix, mais le plus souvent elles emmenaient
dans le Mag-Mell, au-delà de l'Océan, les héros Gaëls qu'elles
jugeaient dignes de l'immortalité. Les élus jouissaient d'une
perpétuelle jeunesse tant qu'ils demeuraient avec les Tuatha
Dé Danann, mais s'ils revenaient dans leur patrie et touchaient
seulement du pied le sol natal, l'enchantement cessait tout d'un
coup et ils se trouvaient vieux, impotents, décrépits 7.

Voilà un rapide résumé de ce que les traditions celto-grec-
ques, relatives à Kronos et aux Bienheureux, et leur version
plus moderne, conservée par les Gaëls, nous apprennent de
la Kronie et du Mag-Mell ou, en d'autres termes, de l'Elysée
transatlantique. Leurs principaux traits se retrouvent tous et,
ce qui est plus important, dans le même ordre, chez les Tol-
tecs et chez les Aztecs, leurs successeurs. Chez ces peuples,
Huemac ou Uemac' fait pendant au kronos gallo-grec et å

1) Keating, A general history of Ireland, 3o édit. 1738, p. 46-47; — D'Arbois
de Jubainville, le Cycle myth. p. 76, 141, 144, 356.
2) E. O'Curry, Lect. p. 505; Joyce, Old celtic rom. p. 291; D'Arbois de
Jubainville, le Cycle mythol. p. 141, 144, 158, 280.

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3) The sick bed of Cuchulainn, dans the Atlantis, no 3, p. 118; - E. O'Curry
On the manners and customs of the ancient Irish, édit. par W. K. Sullivan,
Londres, 1873, in-8, t. II, p. 193; D'Arbois de Jubainville, le Cycle mythol.
p. 46, 277-8, 280, 281, 300, 320, 321, 323; L'Elysée transatl., p. 288, 289,
292, 294, 296, 315.

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4) D'Arbois de Jubainville, le Cycle mythol. p. 313, 319, 321; E. Beauvois,
l'Elysée transatl. p. 292, 293, 299.

*) D'Arbois de Jubainville, le Cycle mythol. p. 313, 319, 321; - E. Beauvois,
l'Elysée transatl. p. 293, 294, 299.

6) Brian O'Looney, dans Transactions of the Ossianic Society, vol. IV, p. 232;
-D'Arbois de Jubainville, le Cycle mythol., p. 364; E. Beauvois, l'Elysée
transatl., p. 288-290, 302-303, 312, 313.

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7) D'Arbois de Jubainville, le Cycle mythol., p. 360,362,363,365; - E.Beau-
vois, l'Elysée transatl. p. 305-307.

8) C'est, avec la variante Hueman, l'orthographe la plus commune, celle de
Torquemada, de Ixtlilxochitl, de Greg. Garcia et de la plupart des modernes.
2) C'est l'orthographe des PP, B, de Sahagun et D. Duran, qui donne les
variantes Hüeimac et Hueymac.

Tethra des Gaëls les trois figures sont sorties du même moule, mais celles qui ont été le plus longtemps en circulation, sont naturellement le plus effacées. La mieux conservée est celle de Kronos-Saturne, tant à cause de l'abondance des documents que parce qu'elle a été fixée par les descriptions des poètes, dès les temps payens, avant d'être oblitérée par des transmissions successives ou altérée par un mélange avec d'autres conceptions. Celle de Tethra, ne nous étant connue que par des sources chrétiennes du moyen-âge, est déjà beaucoup plus fruste; enfin l'épreuve la plus récente, la légende de Huemac, qui a été recueillie de la bouche des Mexicains par des Espagnols du xvIe siècle, est la moins développée et malheureusement aussi la plus confuse. Elle est pourtant encore reconnaissable. Si elle ne donne plus l'idée d'un dieu, elle représente tout au moins un génie, un être surnaturel, comme l'est un des Saturnes les plus récents, le civilisateur du Latium.

Mais si l'on ne s'arrête pas au nom et à l'apparence et que l'on veuille remonter au prototype de Huemac, on le reconnaîtra dans Tezcatlipoca, le premier des soleils, c'est-à-dire le plus ancien des maîtres de l'Olympe mexicain. C'est qu'en effet le Kronos-Tethra des Toltecs n'a pas moins d'aspects et de qualifications que le dieu polymorphe auquel il correspond. Sous le nom de Tezcatlipoca, il est le second des quatre fils de Tonacatecli (Seigneur de notre vie) et de Tonacacihuatl (Dame de notre vie), qui s'étaient créés eux-mêmes et qui ne quittèrent jamais le treizième ciel, la plus sublime des régions éthérées. Ses deux plus jeunes frères, Quetzalcoatl et Huitzilopochtli, chargés de la création du monde, firent d'abord une moitié de soleil. Cet astre imparfait donnant trop peu de chaleur et de lumière, Tezcatlipoca se fit lui-même soleil et il le fut pendant treize fois cinquante-deux ans, soit six cent soixante-seize ans. Durant toute cette période, le monde fut rempli de géants'. Quetzalcoatl, qui a plusieurs des attributs.

1) Historia de los Mexicanos por sus pinturas, édit. par J. G. Icazbalceta dans Anales del Museo nacional de Mexico, t. II, Mexico, 1882, petit in-folio,

d'Hercule, contribua comme celui-ci1 à la destruction de ces monstres, les Fomors des Gaëls; de plus il précipita le premier soleil dans l'eau, c'est-à-dire dans le Tlalocan, cet élément étant gouverné par les Tlalocs. Nous verrons en effet Tezcatlipoca, sous le nom de Huemac, sortir de ce paradis terrestre situé dans l'Océan Atlantique et analogue à la Kronie comme au royaume de Tethra. C'est là un curieux trait de cette légende, mais il n'est pas spécial à la mythologie mexicaine. S'il n'est pas dit en propres termes que Kronos ait quitté l'île d'Ogygie pour mener une partie de ses sujets sur le grand continent, c'est du moins assez vraisemblable, puisque Sylla parle d'une population kronienne établie sur les rives de la Nouvelle-Méotide 3, et que les Gaëls nous montrent non seulement les Fomors infestant les îles de l'Océan Kronien, mais encore Tethra, leur chef, trônant sur le Grand-Rivage". Quand et comment y étaient-ils allés? On ne le voit ni dans l'opuscule de Plutarque ni dans les sources celtiques, mais les Mexicains ont la prétention de nous l'apprendre : c'est à la suite d'une guerre civile qui aurait éclaté dans le Tlalocan, à Huey-Tlapallan (grande ville du Soleil), aussi nommée Tulan ou Thulé. Mais avant d'aller plus loin, il faut prouver que ces différents noms désignent une seule et même contrée mythique située dans la mer de l'est par rapport au Mexique, c'est-à-dire dans l'Océan atlantique et correspondant à l'Elysée kronien.

p. 83, 87. Quoique cette source, fort confuse, ait besoin de beaucoup d'éclaircissements, c'est une des plus précieuses, parce qu'elle contient les dépositions faites par d'anciens prêtres payens devant le grand enquêteur Sebastien Ramirez de Fuenleal, entre 1530 et 1535.

1) Nat. Comes, Mythol., p. 638-639.

2) Lo derribo en el agua.... Talocatecli, dios del agua. (Hist. de los Mexicanos por sus pinturas, p. 87, 90).

3) Voy. plus haut, p. 4.

) At this time [c'est-à-dire peu après leur expulsion de l'Irlande conquise par les Tuatha Dé Danann]..... the Fomorian pirates, or sea kings.... swarmed through all the German Ocean, and ruled over the Shetland Islands and the Hebrides (E. O' Curry, Lect., p. 249.)

5) E. Beauvois, l'Elysée transatl., p. 289. Cf. p. 294, où il est question de la Grande-Terre, qui correspond au grand continent (l'Amérique) du prêtre de Saturne. (Voy. plus haut, p. 4.)

Tlapallan, dont il est surtout question à propos de Quetzalcoatl et que nous regardons comme identique avec HueyTlapallan (Grand-Tlapallan) ou Huchuetlapallan (Vieux-Tlapallan)', était la cité de soleil, parce que le soleil en était le seigneur 3, suivant une ancienne croyance qui était commune aux Mexicains et aux Celto-Grecs. Au temps de Cortès, les Aztecs en avaient oublié la situation précise, mais ils savaient que cette contrée était située du côté d'où venaient les Espagnols et ils leur demandaient des renseignements sur elle*. La situation orientale de Tlapallan ressort en effet de ce que Quetzalcoatl, en y al'ant, se dirigea vers l'est et, comme il

1) Cf. pourtant l'opinion différente du Dr Brinton (American Hero-Myths. Philadelphie, 1882, in-8, p. 135.

*) Dicen que [Quetzalcoatl] camino acia el Oriente, y que se fue à la ciudad del sol, llamada Tlapallan, y fue llamado del sol. [Bern. de Sahagun, Historia universal delas cosas de Nueva-España, prol. du 1. VIII.) — Iba... à Tlapalla... que avian venido à llamarle de parte del señor de ellas, que era el sol. (Juan de Torquemada, Segunda parte de los veinte i un libros rituales i monarchia Indiana, 1. VI, ch. xxiv, 2e édit., Madrid, 1723, in-f., p. 50).

3) Les Mexicains croyaient que leur dieu et roi Quetzalcoatl était allé à Tlapallan pour se trouver avec le dieu Soleil (Su dios y rei Quetzalcoatl avia ido à los reinos de Tlapala, à verse con el dios Sol. J. de Torquemada. Monarchia Indiana, 1. IV, ch. XIV, p. 381 du t. I. Cf. la note précédente). *) J. de Torquemada, ibid., 1. VI, ch. xxiv, p. 50 du t. II.

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5) Montezuma « savait par tradition que Quetzalcoatl s'en était allé par la mer vers l'Orient. » (B. de Sahagun, Histoire générale des choses de la NouvelleEspagne, trad. par le Dr Jourdanet et Rémi Siméon, Paris 1880, gr. in-8, 1. X, ch. 1, p. 799. On citera généralement l'ouvrage d'après la traduction soignée de ces savants consciencieux.) - Es llamado el lugar adonde [Quetzalcoat!] iba Tlapalan, que fue por la mar arriba (Hernando Alvarado Tezozomoc, Cronica Mexicana, édit. par Manuel Orozco y Berra, Mexico, 1878, gr. in-8, ch. cv, p. 687). Autre part (chap. cv, p. 681), le même dit « Tlapalan por la mar del cielo arriba, » que M. H. Ternaux-Compans traduit par «< Tlapallan situé au delà de la mer qui touche au ciel. » (Hist. du Mexique, par Don Alvaro Tezozomoc, Paris, 1847-1849, 2 vol. in-8, t. II, p. 227). Le sens de arriba (dessus, en haut), dans la bouche des Mexicains hispanisés est très bien déterminé par le passage suivant : « Donde el sol sale, llamamos nosotros arriba.» (Gonzalo Fernandez de Oviedo y Valdés, Historia general y natural de las Indias, islas y tierra-firme del mar Océano, publié pour la Real Academia de la Historia, par D. José Amador de los Rios, 3e partie, 1. XLII, ch. 1, t. IV. Madrid, 1855, pet. in-f., p. 43), et en effet Tezozomoc, parlant du retour des compagnons de Quetzalcoatl, dit : « Han de venir por la mar del cielo y partes del Oriente. » (Cron. Mexicana, ch. cıx, p. 696). Cf. Fernando de Alba Ixtlilxochitl, Historia chichimeca, ch. LXIX, dans Antiquities of Mexico de Lord Kingsborough, t. IX, p. 276.)

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