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M. Sanchez Calvo admet le peuplement de l'ouest et du nord de l'Europe par les Basques antérieurement aux invasions des Aryas. Dès lors leur langage, langue uniforme de l'Europe primitive, devient d'une importance extrême pour les études auxquelles il se livre. Sans doute ce langage n'est par la vraie langue primitive, sans doute le basque bero est une forme dérivée, mais qui a conservé dans la langue des Eskualdunacs sa signification primitive, puisqu'elle signifie chaleur. Max Muller et Sayce ont plusieurs fois appelé l'attention sur l'étude des langues touraniennes. Le premier a constaté la conservation des mots à signification religieuse ou rituelle chez les peuples aryas et sémitiques. M. Sanchez trouve la clé de ce mystère dans l'onomatopée ber, ronflement de l'eau qui bout. « Il faut, dit-il, nous identifier à la manière de voir et de penser de l'homme primitif. Nous en avons la clé dans cette philosophie qui animait toute la nature...... Nos lecteurs comprendront donc parfaitement qu'un phénomène aussi insignifiant aujourd'hui que l'ébullition de l'eau pût produire et produisit sans doute une grande surprise dans la famille préhistorique. Elle demeura convaincue que l'eau soumise à l'influence du feu s'animait et vivait.En se rappelant ensuite tous les phénomènes qui accompagnaient l'ébullition, dégagement de vapeur, formation de bulles, chaleur intense, bruit inexplicable. surtout, pour exprimer tout cela elle ne trouve rien de mieux que l'onomatopée ber, c'est à dire le susurrement du vase.» Ber est donc bientôt le nom de la chaleur, du feu. La chaleur, c'est la vie; le feu qui l'engendre sera le père de la création. «Cette syllabe (ber) est la clé et la base du plus grand nombre des mythologies. Olympe grec et Panthéon latin, mythes des Aryas, des Touraniens et des Sémites s'expliquent par elle. » Ber et ses dérivés désignent avec le temps, l'homme, le ventre, le cœur, le soleil, la pluie, l'étoile. « Il n'est pas une racine plus inconnue jusqu'à ce jour, plus importante et plus indéniable, conclut M. Sanchez Calvo. On n'a rien trouvé en linguistique jusqu'à ce jour qui puisse servir de trait d'union entre des langues de structure aussi différente que les langues touraniennes, sémitiques, indo-européennes, chamitiques, américaines et océaniennes, rien en dehors de cette onomatopée...... C'est chose à noter que les noms des dieux surtout conservent dans toutes les langues cette preuve de fraternité et de l'origine commune du genre humain. >>

Faut-il maintenant passer les dieux en revue avec M. Sanchez Calvo pour chercher en leurs noms la fameuse onomatopée ? Il retrouve Ber dans Eros et dans Héraclès, dans Jupiter comme dans Héra, dans Freya comme dans Balder, dans les dieux mexicains comme dans les dieux araucans, dans les formes égyptiennes et persanes du mot chef bari, pharo, pirha, comme dans le Brennus gaulois ou le beorn des anglo-saxons. «La grande loi de l'unité des mythes est donc formulée, conclut triomphalement M. Sanchez Calvo, et l'origine du langage découverte. »

A. SAVINE,

Paganisme des Hébreux jusqu'à la captivité de Babylone, par Emile Ferrière (Paris, 1884. Félix Alcan, in-12, 428 p.).

M. Emile Ferrière, qui partage ses loisirs entre des études d'histoire naturelle et d'histoire religieuse, vient de publier à la librairie Félix Alcan (successeur de Germer Baillière), un nouveau volume, dans lequel il s'efforce de prouver, conformément à la méthode expérimentale, que le monothéisme primordial des Hébreux est une fiction, et que le peuple d'Israel a été païen, partageant toutes les pratiques du paganisme cananéen jusqu'à la captivité de Babylone. Il ne prétend pas faire une découverte ; il se propose uniquement de concentrer les faits et les arguments disséminés pour les mener à l'assaut de ce qu'il appelle l'erreur monothéiste, et de ce qui est en réalité la croyance traditionnelle au monothéisme primitif du peuple d'Israel. Il est de fait que M. Ferrière procède à une formidable concentration! Dans une première partie il classe les livres de l'Ancien Testament d'après leur date, leur origine et leur composition (40 pages). Dans une seconde partie (35 pages) il nous fait connaître la religion générale des Sémites. Ensuite il expose les deux conceptions distinctes de la divinité chez les Hébreux, et étudie le tétragramme JHWH, qu'il prononce Jahouh et qu'il considère comme une forme du dieu Houh, l'un des aspects du Dieu universel des Chaldéens, Il ou El. Dans une quatrième partie enfin l'auteur traite le cœur même de son sujet en développant tous les faits qui prouvent que les Hébreux ont partagé, sans exception, toutes les pratiques du culte sémitique. L'ouvrage se termine par une série d'appendices dont nous ne voyons pas trop le rapport avec le sujet principal: les sacrifices humains et le rachat dans l'Église catholique; le culte du soleil et la naissance de Jésus dans l'Église catholique; une table alphabétique de noms sémitiques avec leur étymologie; et enfin les calembours de la Bible.

Cette simple énumération suffit à prouver qu'il s'agit ici d'un livre de vulgarisation et de polémique bien plutôt que d'un ouvrage animé d'un esprit purement historique et scientifique. L'auteur plaide en faveur d'une thèse, bonne ou mauvaise rassemble tous les arguments favorables à sa cliente, et cherche avant tout à frapper l'esprit du juge par l'abondance de ses preuves. Il s'adresse au public, et non pas à un petit cercle d'érudits et de philologues ; par conséquent il procède par affirmations plutôt que par discussions. C'est ainsi qu'à la page 39 il donne dans un petit tableau synoptique la distribution des fragments jéhovistes et élohistes de la Genèse chapitre par chapitre. C'est encore ainsi que toute sa critique des documents de l'Ancien Testament, en dehors du Pentateuque, tient en dix pages. Il est clair que dans de pareilles conditions il ne peut pas être question de la valeur scientifique d'un ouvrage. Nous ne voyons, pour notre part, aucun inconvénient à ces essais de vulgarisation des résultats de la critique biblique et de la science des religions, les travaux originaux restant nécessairement hors de la portée du public, acces

sibles seulement à un très petit nombre de personnes. Non-seulement le public en réclame, mais de plus il y a tout intérêt pour une science quelconque à dresser le bilan de ses résultats acquis à un moment donné; cela lui permet de se rendre compte à elle-même de son état. Mais il vaut mieux, en général, laisser cette tâche à quelqu'un qui connaisse à fond la science dont il s'agit et qui ne se borne pas à glaner dans les ouvrages des autres des résultats qu'il ne peut pas contrôler. De plus, il importe beaucoup en pareil cas et surtout lorsqu'il s'agit d'une question où les croyances religieuses traditionnelles sont en jeu, que le vulgarisateur ne soit pas un homme à système, un avocat plutôt qu'un historien. Autrement il risque fort de ne persuader que ceux qui sont déjà de son avis. C'est là, nous le craignons, le sort qui attend le livre de M. Emile Ferrière, alors même que sa thèse principale, l'affirmation du paganisme primitif des Hébreux, ne soit plus guère contestable au point de vue strictement historique, à condition qu'on ne l'exagère pas comme le fait notre

auteur.

JEAN RÉVILLE.

Les Origines du catholicisme moderne. La Contre-Révolution religieuse au XVIe siècle, par Martin Philippson, professeur à l'Université de Bruxelles (Paris. Félix Alcan. Bruxelles. Muquardt. in-8, de xv et 618 p.).

Le volumineux ouvrage de M. Martin Philippson est, lui aussi, un ouvrage de vulgarisation. Il fait partie de la Bibliothèque historique et politique de la maison Félix Alcan. Hâtons-nous toutefois d'ajouter qu'il présente la plupart des qualités que nous réclamions dans la précédente notice pour des ouvrages de ce genre. L'auteur a observé, que l'on s'est beaucoup occupé de l'histoire de la Réformation, tandis que l'on a rarement embrassé dans un travail d'ensemble les institutions et les réformes que la nécessité de lutter contre le protestantisme envahissant provoqua dans l'Église catholique. Comme pendant à l'histoire de la Réformation il a voulu rédiger une histoire de la réforme intérieure du catholicisme, d'où est sorti ce qu'il appelle fort justement le cacatholicisme moderne par opposition au catholicisme du moyen-âge ou de la Renaissance. L'idée est bonne; elle répond véritablement à un besoin du public; aussi ne serions-nous pas étonné que le livre soit bien accueilli.

Dans la grande réaction où le catholicisme reprit possession de lui-même M. Philippson distingue principalement trois agents de reconstitution ecclésiastique les ordres nouveaux, et parmi eux, au tout premier rang, l'ordre des Jésuites; l'Inquisition, et la fixation définitive du catholicisme par le Concile. de Trente. Ce sont là les trois parties de son livre, qui étaient tout indiquées par le sujet. Nous ne pensons pas que cet ouvrage apporte beaucoup de connaissances nouvelles à ceux qui ont étudié l'histoire religieuse du xvi

siècle. L'ordre des Jésuites, l'Inquisition, le Concile de Trente ont été, chacun pour sa part, l'objet de nombreuses et minutieuses études; ce n'est guère que des archives du Vatican que pourront sortir des documents assez considérables pour modifier d'une façon significative les résultats acquis. Mais M. Philippson a profité des travaux qui ont été publiés ; ce qu'il a voulu faire, c'est bien moins une étude renouvelée de chacun des trois agents de la réaction catholique qu'un tableau d'ensemble de la contre-réformation, et il nous semble avoir réussi dans l'accomplissement de ce dessein. Nous regrettons seulement qu'il n'ait pas dans un dernier chapitre dressé le bilan auquel aboutit la contre-ré formation catholique; le lecteur aurait ainsi pu se rendre un compte plus exact de l'importance relative de chacun des facteurs qui concoururent à l'œuvre commune. Il aurait par la même occasion pu s'étendre un peu plus sur l'échec de la réaction catholique dans le nord de l'Europe. Il aurait également pu faire ressortir davantage l'influence du besoin d'autorité qui s'empara de la majorité des esprits en Europe à la fin des grandes secouses causées par la Renaissance et par la Réformation. Ce besoin d'autorité en politique et en religion, auquel le protestantisme chercha à répondre comme le catholicisme, sans y parvenir aussi bien en vertu même de son principe, favorisa le nouvel essor du catholicisme et permit aux institutions nouvelles qu'il avait fait surgir de porter tous leurs fruits.

Toutefois, à défaut de cette récapitulation qui nous parait manquer à l'ouvrage de M. Philippson, le lecteur gardera cependant sans trop de peine une impression d'ensemble satisfaisante. Le plan est bien conçu ; le livre est clairement écrit et se lit facilement. Enfin l'auteur, sans cacher le peu de confiance que lui inspire l'avenir du catholicisme moderne, ne se départit pas un seul instant de l'esprit d'impartialité qui est indispensable aux œuvres de ce genre. JEAN RÉVILLE.

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CHRONIQUE

France. - La deuxième édition de la France protestante, publiée sous la direction de M. Henri Bordier, en est arrivée à la fin du tome IV et de la lettre C. La même scrupuleuse exactitude et la même érudition minutieuse qui avaient caractérisé les premiers fascicules de cette révison de l'œuvre des frères Haag, se retrouvent dans les livraisons suivantes. La dernière, la huitième, comprend cent quatre-vingt-quinze noms ou groupes de noms, de Corbètes à Cybaud ou Cynaud. Cinquante-huit seulement de ces noms figuraient dans l'édition Haag, et la plupart de ceux-là ont reçu des adjonctions quelquefois considérables. Notons parmi les personnages qui y figurent le célèbre sculpteur Jean Cousin. M. Bordier, se fondant sur Théodore de Bèze et sur Crespin, d'une part, sur le << Journal de ce qui s'est passé en France durant l'année 1562 », d'autre part, établit que Jean Cousin fut mis en pièces par le peuple en la rue Saint-Germain l'Auxerrois et noyé le 21 juillet de l'an 1562. - Dès à présent M. Bordier a voulu faire profiter ses lecteurs des quelques corrections et des additions qui lui ont été adressées pendant la publication des quatre premiers volumes (lettres A à C.). Elles portent sur cent quarante-neuf noms dont une trentaine avaient été omis par l'éditeur, et elles occupent quatre-vingts colonnes. On estime que M. Bordier a terminé à peu près le tiers de l'œuvre magistrale à laquelle son nom restera désormais attaché.

- Le tome I des Institutions de l'ancienne Rome,publiées par F. Robiou, professeur de littérature et institutions grecques à la Faculté des lettres de Rennes, et D. Delaunay, professeur de littérature et institutions romaines à la Faculté des lettres de Rennes, comprend outre les parties politique et militaire, les institutions religieuses. C'est un in-12 de XI et 424 pages, qui paraît chez Emile Perrin (librairie académique Didier).

Nous avons signalé à nos lecteurs, avec tous les éloges qu'il mérite,le beau travail de M. Samuel Berger sur la Bible française au moyen-âge (tome IX, p. 237 et suiv.). L'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres avait mis au concours en 1880, l'étude des versions de la Bible en langue d'oïl antérieures à la mort de Charles VII. Le mémoire présenté par M. Berger obtint le prix sur celui de M. Jean Bonnard. Toutefois, comme chacun des deux concurrents s'était spécialement attaché à une catégorie particulière des versions de

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