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comme une île, parce qu'elle est entourée par l'Océan. D'après eux, des compagnons d'Héraklès (Hercule)' se sont mêlés postérieurement à la population kronienne. Restés dans ce pays, ils y ont comme ressuscité et propagé la civilisation grecque supplantée par la langue, les lois et les mœurs barbares; aussi est-ce à Héraklès qu'ils rendent le plus d'honneurs, ensuite à Kronos.

>> Lors donc que l'étoile de Kronos, appelée Phainon (brillante) par les Grecs, et Nyktor (nocturne) par eux (les indigènes du grand continent), entre dans le signe du Taureau, ce qui arrive tous les trente ans, les habitants, depuis longtemps préparés à un sacrifice et à une expédition, envoient dans trente embarcations des gens désignés par le sort, avec un nombreux personnel et ce qui est nécessaire pour une longue absence et pour une traversée maritime sur des bateaux mus exclusivement par des rames. Une fois partis, les navigateurs, comme c'est naturel, n'ont pas tous la même fortune: ceux qui réusissent à traverser la mer, commencent par aborder les îles intermédiaires occupées par des Grecs et où le soleil ne disparaît sous l'horizon qu'une heure ou moins pendant trente jours; encore les ténébres n'y sont-elles pas épaisses

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1) Alii (firmarunt) Dorienses antiquiorem secutos Herculem, Oceani locos inhabitasse confines. (Ammian. Marcell., Hist. 1. XV, ch. 1x.) Selon de vagues traditions, ce demi-dieu lui-même aurait traversé l'Océan sur une coupe donnée par le soleil. (Pisander, cité par Athénée (XI), dans Fragmenta édités par Fr. Dübner, à la suite d'Hésiode dans la Bibl. gréco-latine de Didot, Paris, 1840, in-8°, p. 8. Cf. Fragm., de Panyasis, même recueil, p. 17; Natalis Comes, Mythologiæ libri decem, édition revue et augm. Coloniæ Allobrogum, 1612, in-18, p. 317, 661.) Cette coupe, qui pouvait contenir une personne, n'est pas sans analogie avec la nacelle de verre sur laquelle les Sides traversaient l'Atlantique. (Voy. l'Elysée transatl., p. 289, 315.) - On verra plus loin que ces compagnons d'Hercule sont les Tuatha Dé Danann, dont un des chefs était Ogma, l'Ogmios des Gaulois, qui correspondait à Hercule.

*) Les Fomors ou géants maritimes relégués avec leur roi Tethra dans les îles transatlantiques, comme Kronos l'était avec les Titans dans la mer Kronienne, à l'extrémité du monde (Homère, Iliade, chant VIII, v. 478-481; cf. le Cycle mythologique irlandais et la mythologie celtique, par d'Arbois de Jubainville. Paris, 1884, in-8°, p. 237; Hésiode, Theog., v. 851, p. 17 de l'édit. Lehrs, dans la collect. Didot; Tzetzes, Homerica, v. 279-280 à la

suite d'Hésiode de la collection Didot),

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Pour trouver un pays où le jour dure vingt-trois heures (Malte-Brun, Géogr.

mais atténuées par une sorte de crépuscule. Pendant quatrevingt-dix jours, on les traite avec honneur et prévenance, en les regardant comme sacrés et on leur en donne la qualification; après quoi ils se remettent en mer. Au reste il n'y a pas là d'autres habitants qu'eux-mêmes et ceux qui y ont été envoyés auparavant. Il ne leur est loisible de quitter ces îles qu'après y avoir passé treize ans à sacrifier aux dieux selon

univ., 5e édit. par Huot, Paris 1841, in-8°, t. I. p. 593), sans quitter les parages qu'avait à parcourir la mission kronienne, il faut remonter jusqu'au cap Walshingham, terre de Cumberland, à l'ouest du détroit de Davis, vers 66° 20′. C'est à cette latitude que le détroit est le plus resserré, et c'est sans doute pour cette raison que nos caboteurs allaient jusque-là pour tenter la traversée de cette mer orageuse et inhospitalière. De l'autre côté du détroit, ils trouvaient, à 330 kilomètres de distance, la partie septentrionale de la colonie danoise de Sukkertoppen qui est particulièrement favorable pour la pêche et la chasse du renne et des amphibies (H. Rink, Grænland geographisk og statistisk beskrevet t. II. Copenhague, 1857, in-8°, p. 303, 304, 308-309). Les vivres y sont en abondance, ainsi que le bois flotté (Id., ibid., p. 167), et les broussailles n'y manquent pas plus que dans le reste de l'inspectorat méridional du Grænland (Id. ibid., p. 160. David Crantz, Historie von Grænland, 2e édit. Bɛrby et Leipzig, 1770, in-18; 1. I. ch. iv, § 4, p. 19). Il n'est donc pas impossible qu'une station religieuse y ait été établie avant notre ère, comme l'affirme Plutarque ou son auteur.

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1) Dans un autre passage, Plutarque rapporte un fait analogue, mais qui s'applique à l'une des sporades située au nord de la Grande-Bretagne, à la plus rapprochée de celles qui sont désertes. « Les habitants peu nombreux étaient considérés par les Bretons comme inviolables et sacrés. » (De defectu oraculorum, § 18, p. 511, du t. I de Plutarchi scripta moralia, édit. par Dübner, dans la Bibl. gréco-latine de Didot, Paris 1839, in-80; Cfr. l'Elysée transatl., p. 281). Coïncidence des plus remarquables, le grammairien Démétrius de Tarse, qui visita ces sporades, faisait partie d'une théorie envoyée aux îles des Génies et des Héros, avec la différence que son point de départ, au lieu d'être le Palus-Méotide du Nouveau-Monde, était le nord de l'Europe. L'île d'Ogygie ou Thulé pouvait donc voir réunis des adorateurs de Saturne venus des deux rives opposées de l'Océan atlantique.

*) D'après leurs propres traditions, les ancêtres des Mexicains avaient longtemps habité près de la lagune de Teoculuacan (voy. p. loin, p. 26, note 1), qui correspond à la nouvelle Méotide. Il n'est donc pas étonnant que les membres de la théorie kronienne aient été soumis à l'obligation de résider treize ans dans les îles boréales; c'était une période complète, le quart du cycle de cinquante-deux ans, le huitième du siècle de cent quatre ans. Le nombre cabalistique treize jouait un si grand rôle dans le calendrier mexicain que les vingt signes désignant chacun un des vingt jours du mois mexicain, régnaient chacun treize jours; ainsi il y avait dans chaque année factice de 260 jours, treize cipactli, treize acatl, treize calli et ainsi de suite. Sur ces treizaines de jours et d'années. voy. Bern. de Salagun, Histoire générale des choses de la nouvelle Espagne. Trad. par D. Jourdanet et Rémi Siméon, Paris, 1880, gr. in-8°,

les rites; mais la plupart aiment mieux y rester, les uns par habitude, les autres parce que, sans travail ni souci, tout ce qui est nécessaire à la vie leur est fourni en abondance pour vivre en repos, organiser des sacrifices et des choeurs, ou bien étudier les lettres et la philosophie. Aussi bien la nature de l'île et la douceur de l'air ambiant' sont-elles extraordinaires. » Quelques-uns de ceux qui songeaient à s'en retourner furent retenus par le génie du lieu qui se montra à eux comme à des familiers où à des amis. Ce n'est pas seulement par des songes et des pronostics que ces insulaires ont des rapports avec les génies; ils les voient directement et les entendent. Kronos lui-même est enfermé dans un antre profond où Jupiter le retient par le sommeil en guise de liens. Il dort sur un rocher brillant comme de l'or et au sommet duquel se tiennent des oiseaux qui viennent en volant apporter de l'ambroisie; de là s'exhalent comme d'une fontaine de suaves parfums qui embaument l'île entière. Ces génies, qui sont les serviteurs, les ministres de Kronos, et qui veillent assidûment sur lui, étaient autrefois ses compagnons lorsqu'il gouvernait les dieux et les hommes. Conformément à leur nature divine, ils rendent beaucoup d'oracles dont les plus importants et ceux qui concernent des affaires graves sont donnés comme des songes de Kronos.

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appendice du livre IV. p. 286, 288; Diego Duran, Historia de las Indias de Nueva España, ch. I. III. du calendrier, t. II. Mexico, 1880, in-4o, p. 252-3, 264-5. (Cfr. plus loin p. 23). Il n'est pas hors de propos de remarquer que la période de quatre-vingt-dix jours, dont il est question en hautde la p. 6, avait une importance particulière dans les voyages des Aztecs. (B. de Sahagun, Hist. gén., l. IV, ch. 19, p. 264).

1) Il est possible que cette assertion ait été prise à la lettre par Sylla ou Plutarque; mais rien n'empêche de croire que le voyageur lui donnait un sens relatif, et en ce cas il n'y a rien de plus vrai : l'Islande est de toutes les îles situées à cette latitude celle qui jouit de la température la plus douce.

) Il ne faut pas oublier que, dans les temps primitifs, la science affectait des allures mystérieuses et ne pouvait être révélée qu'aux adeptes de là une nécessité de substituer aux termes propres des images et des allégories que le public interprétait d'une façon et les initiés d'une autre. Sans avoir la prétention d'être du nombre de ces derniers, nous croyons comprendre que l'antre est tout simplement le rutilant cratère de l'Hekla. Ce volcan reste en repos pendant longtemps et semble sommeiller, mais tout à coup il se réveille, ses éruptions entrecoupées rappellent les pénibles efforts de respiration et les convulsions titaniques de Kronos, qui sont décrites un peu plus loin (p. 8).

Ce dieu voit en effet dans ses rêves ce que Jupiter médite dans sa providence; lorsqu'il s'éveille, sa respiration est agitée et il a des convulsions titaniques, jusqu'à ce que, retombant dans le sommeil, sa royale et divine intuition cesse d'être ternie et redevienne nette.

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L'étranger qui donna ces renseignements (à Sylla), ayant été transporté dans ces îles, s'appliqua à loisir au culte du dieu et acquit des connaissances astrologiques aussi étendues que quiconque est allé le plus loin dans l'étude de la géométrie; pour le reste il s'adonna à la philosophie naturelle. Entraîné par la curiosité et le désir de voir la grande île, comme ils nomment notre continent, il prit congé de ses amis au bout de trente ans et après avoir été relevé par ses remplaçants. Il partit avec des bagages modestes et légers, mais emportant de grandes ressources dans des vases d'or. Ce qui lui arriva postérieurement, quels peuples il visita pour étudier les lettres sacrées et se faire initier à toutes sortes de mystères, c'est ce qui ne pourrait être conté en un seul jour, de la manière du moins dont il nous l'a rapporté, en exposant chaque chose avec une extrême précision. Ecoutez pourtant ce qui touche à la présente discussion: il passa fort longtemps à Carthage, parce que Kronos y est fort honoré1. » Après avoir ajouté à ce récit beaucoup de particularités étrangères à notre sujet, Sylla déclara qu'il les tenait d'un prêtre de Kronos, lequel disait les avoir apprises des serviteurs et des ministres de ce dieu.

Cent ans avant notre ère, les moyens de navigation n'étaient certes pas plus primitifs qu'au moyen-âge, où les Gaëls et les Scandinaves se faisaient un jeu de traverser l'Atlantique, en allant des îles Britanniques en Irlande, de là au Groenland, puis au Labrador, d'où ils suivaient la côte américaine jusqu'au-delà de la mer du Saint-Laurent. Il n'est donc pas improbable qu'un voyageur parti de la méotide du Nouveau-Monde ait fait le trajet inverse: la voie lui avait été montrée par ceux

1) De facie in orbe lunæ, § 26, p. 1151-1153 du t. I. des Moralia de Plutarque, collect. Didot.

2) Ibid. § 30, p. 1157.

des adorateurs de Kronos qui avaient porté en Amérique le culte de ce dieu et les légendes sur le paradis kronien. Il résulte de certaines données géographiques et météorologiques que l'interlocuteur de Sylla avait des notions réelles de la nature transatlantique on reconnaît par exemple assez clairement dans sa relation tronquée les bas-fonds ou bancs de sable des parages de Terre-Neuve et les glaces flottantes qui encombrent les mers du Groenland, ainsi que la mer du Saint-Laurent dans la Nouvelle Méotide située à la latitude de l'ancienne, sans parler de l'identité de la tradition kronienne avec celles des Mexicains originaires des mêmes parages. Les inexactitudes que l'on peut relever dans le récit du prêtre de Saturne n'infirment pas sa véracité; on peut tout aussi bien les attribuer à ceux qui ont résumé sa narration. Aujourd'hui que les lacunes dans nos notions géographiques sont beaucoup plus restreintes et les points de repère infiniment plus nombreux qu'alors, il ne se produirait pas de moindres confusions, si les voyages de nos explorateurs, au lieu d'être décrits par eux et accompagnés de levés topographiques, ne nous parvenaient que déformés, après avoir passé de bouche en bouche pendant plusieurs générations. A plus forte raison devait-il en être ainsi pour ceux qui ont répété, sans pouvoir le bien comprendre, le récit souvent allégorique de l'indigène du Nouveau Monde.

Sylla et Plutarque prenaient peut-être à la lettre les assertions relatives au Grecs des îles et du continent transatlantique; elles mériteraient peu de crédit s'il fallait absolument les interpréter de la sorte, mais il n'est aucunement nécessaire de croire que les colons de la Méotide occidentale fussent venus directement de l'Hellade, de l'Ionie ou de l'Archipel ; leur point de départ pouvait être beaucoup moins éloigné: sans parler des Grecs établis dans la Gaule, il devait y en avoir d'autres jusque dans les îles Britanniques. Saint-Jérôme écrivait à ce propos : «< Lisons les livres de Varron Sur les Antiquités, ceux de Sisinnius Capiton, du grec Phlégon, ainsi que d'autres grands savants, et nous verrons que presque toutes les îles, les côtes

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