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presque aussi élégamment qu'il les a imprimes ,<< rien ne manifeste plus l'état et

le désordre d'une ame tendre et déchirée » dans la partie la plus sensible que tout

cet emportement contre le premier mor» tel qui osa tenter l'art funeste de la navigation et contre l'audace téméraire de l'espèce humaine en général, quand, à peine, il voit s'éloigner le dépositaire » de ce sacré dépôt qu'il nomme la moitié

de son ame.'» Tout cela nous touche encore davantage par les pensées que notre imagination y rattache, comme » Adieu,

mes beaux jours! » dans la bouche de celle qui doit être, à peu-près, la plus malheureuse des reines; car nous nous souvenons que cette touchante prière » re das incolumem » n'a pas été exaucée, et que Virgile est mort à son retour de ce voyage, sans que ces tendres amis se revissent une seule fois.

On aime à voir l'auteur des Martyrs et du Génie du christianisme penser, pendant son voyage classique, à celui qui est le sujet de cette ode: « Nous arrivâmes

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» à Mégare, je n'y demandai pas l'école » d'Euclide; j'aurois mieux aimé y decou » vrir les os de Phocion, ou quelques » statues de Praxitèle et de Scopas. Tant » dis que je songeois que Virgile, visitant » aussi la Grèce, fut arrêté dans ce lieu » par la maladie dont il mourut, on vint » me prier d'aller visiter une malade. » Les Martyrs. 3. ed. Remarques, Tom.3. p. 42.

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Pallida mors æquo pulsat pede!

Od. 4. lib. 1. Notre monde, si vanté, n'est que le cimetière commun de tous nos semblables. Pendant la plus grande partie de ce triste` pélerinage que nous appelons la vie, nous visitons leurs fosses, pour y porter des fleurs ou des larmes et quelquefois des outrages, jusqu'à ce qu'enfin, bergers ou rois, génies qui règlent le sort du monde ou tristes ponctuateurs qui arrangent la symétrie des phrases, nous trouvons quelque petit coin de ce grand charnier, pour nous y tapir et y être à notre tour hono

rés ou méprisés par les moribonds qui nous survivent de quelques heures.

Avant de voir arriver mon tour, que la Providence m'accorde une satisfaction que je regarde comme une des premières de toutes, après celle d'avoir rempli mes devoirs !

Helas, je n'ai point vù ce séjour enchanté,

Ces beaux lieux ou Flaccus a tant de fois chanté ;
Mais j'en jure et Flaccus et ses accords sublimes!
J'irai: de l'Apennin je franchirai les cimes!
J'irai, plein de son nom, plein de ses vers sacrés,
Les lire aux mêmes lieux qui les ont inspirés.

Les Jardins, Ch. I.

ODE QUATRIÈME.

V. 13. Pallida mors æquo pulsat pede pauperum tabernas

Regumque turres o beate Sexti

Vitæ summa brevis spem nos vetat inchoare longam.

Le vocatif de ce passage, si connu en France par les fameux vers de Malherbe, change de place, suivant qu'un éditeur trouve bon de mettre un point, pour séparer les deux pensées, après turres ou après Sexti. De même, un autre vocatif, que je viens de citer (Docte sermones utriusque linguæ. Od. 8. lib. 3. ), prendra place, suivant le goût d'un editeur, soit avec la stance qui précède ces mots, soit avec la 2me. stance qu'ils commencent.

Dans ce passage de l'ode 4, je ne vois qu'un éditeur, le père Jouvenci, qui force le vocatif Sexti à suivre la première pensée: c'est précisément de son édition que s'est servi Voltaire; ou, du moins, quand il écrivoit le petit ouvrage, si pourtant

'il est de lui (*), qui a pour titre : Connoissance des beautés et des défauts de la poésie et de l'éloquence dans la langue française. OEuvres complettes de Voltaire. Lyon. 1792. in-12. tom. 70. p. 71

-205.

« Les vers de Malherbe, dit-il, sont plus

(*) Je dis de cet ouvrage, imprimé parmi les œuvres de Voltaire, « s'il est de lui»; parceque, pour sa gloire, j'aime mieux croire à ce que disent les éditeurs dans leur avertissement, ou me laisser tromper par Voltaire lui-même, si cet avertissement est aussi de lui; et m'efforcer de penser que le petit ouvrage dont je parle « à été fait sous les » yeux de M. de Voltaire par un de ses élèves. » Je voudrois même qu'on pût me démontrer qu'il n'a point éte fait sous ses yeux; car il est trop évident que l'auteur, soit Voltaire, soit un autre, n'aspire dans tout ce qu'il dit qu'à placer Voliaire fort au dessus de tous les classiques anciens et modernes. Le premier mot met, sans cérémonie, le jeune auteur de la Henriade et de Zaire à côté du plus grand des tragiques. « Le style des Racines et

des Voltaires » p. 1. C'est l'histoire de chaque page de l'ouvrage, et l'auteur affecte de le couronner en nous présentant ce même Voltaire comme un modèle presque unique, en quelque sorte au milieu de la page où Corneille, J. B. Rousseau, Racine et Boileau sont trailés avec assez de rigueur: » Moliere est vrai dans tout ce qu'il dit. Tous les "sentimens de la Henriade, de Zaire, d'Alzire, » de Brutus portent un caractère de vérité sensible.»

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