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» harmonieux que ceux de Racan, et j'o» serais même les préférer à ceux d'Horace, » s'il est permis de préférer une copie à » un original. Je défendrais en cela mon » opinion, en faisant remarquer que Mal» herbe finit sa stance par une image » pompeuse, et qu'Horace laisse peut-être

p. 2c3. On voit le caractère que porte cet ouvrage de critique, s'il a été rééllement écrit ou même seulement approuvé par Voltaire.

Voltaire est moins partial quand il n'est plus question de lui; on doit mème regarder, peut-être, comme une pure plaisanterie ce qu'il met, à propos d'un vers de la 1. ode d'Horace, dans la bouche de son Pococurante, chap. 25 de Candide: « Je » ne vois pas quel mérite il peut y avoir, à dire » à son ami Mécénas que, s'il est mis par lui au » rang des poëtes lyriques, il frappera les astres. » de son front sublime. Les sots admirent tout, dans » un auteur estimé. »

Si cette critique étoit sérieuse, son auteur n'avoit qu'à se servir de l'edition d'Horace par Dacier, au lieu de celle des classes par Jouvenci, pour voir que ce vers est traduit de Théocrite; et Poinsinet de Sivry, dont le grand objet étoit,

comine

editeur, de prouver les obligations qu'avoit son poëte aux auteurs grecs, ne devoit pas avoir omis cette remarque. Un critique de Voltaire ne manqueroit pas de prendre ses derniers mots, pour épigraphe de l'ouvrage dont j'ai parlé (Connoissance des beautés etc.): « Les sots admirent tout, dans un » auteur estimé. ››

» tomber la sienne avec o beate Sexti,

>> ete. >>

Le rédacteur d'un article très-intéressant sur la traduction d'Horace de Batteux et Peyrard, article inséré dans le Mercure du 1. vendémiaire an 12, après avoir cité ce passage de Voltaire, continue en ces mots : « Cette critique est entièrement » inexacte; Voltaire aura été trompé par » une faute de ponctuation dans l'edition » dont il se servoit. La phrase d'Horace » finit à turres; les mots o beate Sexti sont » les premiers de la suivante. »

Cet article est d'un critique qui pour le bonheur des lettres et du goût continue à en insérer dans le Journal de l'Em

pire. La modestie l'a porté à choisir pour sa signature la dernière lettre de l'alphabet grec; mais il n'en est pas moins un des savans les plus distingués en toute langue; ce qui ne m'empêchera ce pendant pas de dire que je ne saurois être d'accord avec lui sur ce qu'il avance, presque au même endroit, du pulsat pede de ce passage. Il cherche, avec beaucoup de tact et de sa

voir

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voir, à prouver, d'après M. Mitscherlich, que cette expression ne signifie point heurter du pied, comme la traduit Batteux; et qu'elle n'a point ici la même signification que dans l'ode 37:

Nunc est bibendum, nunc pede libero
Pulsanda tellus ;

qu'enfin elle ne signifie absolument qu'ingreditur. Il me semble qu'elle est ici précisément au même sens que dans la Sat. 1, liv. I, V. 10:

Sub galli cantum consultor ubi ostia pulsat; et que dans la Sat. 2, liv. 1, v. 128: undique magno

I

Pulsa domus strepitu resonet. Il est vrai que cette expression, peu noble en elle-même, est ici transportée du style simple dans la pompeuse élocution de l'ode; mais c'est en cela que consiste, suivant moi, une partie de sa beauté; et la familiarité avec laquelle la mort va frapper indistinctement du pied à la porte des chaumières et à celle des palais est une circonstance sublime.

J'ai parle, p. 7., d'un verbe et d'un nominatif également suspendus entre deux

verbes ou deux nominatifs, et de l'utilité de la ponctuation pour en déterminer le sens. La méprise du père Jouvenci et de Voltaire, si c'en est une, prouve que la ponctuation seule peut mettre un vocatif à sa place, quand il se trouve dans cette situation équivoque. Il y en a un autre exemple, v. I de l'ode 22 du liv. 3: Montium custos nemorumque virgo

Quæ laborantes utero puellas

Ter vocata audis.

Suivant la plus grande partie des éditeurs et M. Didot, dans ses deux éditions (Montium custos nemorumque, virgo, ), Diane est ici montium nemorumque custos; mais, suivant Elzevier (1676), cette déesse est custos montium et nemorum virgo (Montium custos, nemorumque virgo,). On peut facilement supposer des phrases, où cette incertitude de ponctuation tireroit encore plus à conséquence.

Mais

Est modus in rebus; sunt certi, denique, fines,
Quos ultra citraque nequit consistere rectum.

Sat. 1. lib. 1. v. 106.

Cette grave et judicieuse maxime, rendue plaisante, mais non moins utile, par l'application qu'en fait mon poëte au milieu d'une satire, s'applique sérieusement à son art, comme à tout ce qui regarde les hommes; et, à plus forte raison, elle s'applique nécessairement à une chose qui paroit si peu importante que la ponctuation, surtout dans ce savant 19°. siècle.

Mes lecteurs ne doivent pas passer tout leur temps, non plus que moi, à considérer la manière de placer des points, même dans les écrits des auteurs les plus distingués. Ils doivent aussi s'occuper à en jouir.

Je finirai donc tout ce que je trouve à propos de soumettre aujourd'hui aux savans sur la ponctuation d'Horace et sur cet art en général, par l'examen de quelques autres passages de ce poëte, pris sans ordre et comme au hasard.

J'ose espérer que ceux qui me feront l'honneur de critiquer cet essai trouveront occasion d'éclairer mes études par leurs objections, et me faciliteront, ainsi, la ponctuation que j'ai dessein d'adapter

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