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ODE SEIZIÈME.

Inclusam Danaën turris ahenea,

Robustæque fores, et vigilum canum
Tristes excubiæ, munierant satis
Nocturnis ab adulteris ;

Si non Acrisium, virginis abditæ
Custodem pavidum, Jupiter et Venus

Risissent fore enim tutum iter, et patens,

:

Converso in pretium Deo.

On vient de voir la ponctuation de M. Achaintre, avec laquelle l'édition de M. Didot est d'accord, excepté pour les deux virgules après iter et patens. La lecture de ce passage suggère deux questions au moins, sur la ponctuation; et toutes deux sont très-importantes. Ce qu'il y a de certain, c'est que ces huit vers prouvent que leurs éditeurs n'ont ancune espèce de systême ( et qui en a?), soit qu'ils décident pour l'affirmative, soit qu'ils décident pour la négative; ce qui m'est, peut-être, aussi indifférent qu'à tout autre.

Doit-on séparer, par des virgules, turris, fores et excubiæ, qui sont liés par des

conjonctions et qui sont les nominatifs. communs du verbe munierant? S'il le faut, nul doute qu'en raison du même systême on ne mette une virgule avant et, entre Jupiter et Venus; nominatifs qui sont dans le même cas. M. Achaintre ne suit pas son systême pour Jupiter et Venus, mais il sépare les deux adjectifs tutum et patens.

Doit-on séparer, par une virgule, le verbe munierant de tous les nominatifs qui le précédent? S'il le faut, nul doute qu'en raison du même systême risissent ne doit être séparé de Venus et Jupiter.

Il y a, au reste, rélativement à la grammaire même, comme j'essayerai de le montrer un jour, des questions qui placent les plus grands écrivains de toutes les langues, non-seulement en poésie, mais en prose, entre deux difficultés de la même espèce, dans des passages aussi courts que ce passage d'Horace.

Si l'on demande mon opinion sur ces huit vers d'Horace, je crois que la ponctuation de M. Achaintre, démontrée deux

fois inconséquente, comme celle de presque tous les editeurs, est quatre fois fautive. J'ôterois les virgules après ahenea fores, excubice et iter.

Ce ne sont pas, après tout, de chétives virgules qui constituent le mérite, soit d'un prosateur, soit d'un poëte; je le sais aussi bien qu'un autre.

Ingenium, cui sit, cui mens divinior atque os Magna sonaturum, des nominis hujus honorem. Sat 4. lib. I. v. 43.

Cependant, sans insister sur ce qui regarde le sens qu'on a vu éclairci plus d'une fois par des virgules dans ce petit nombre de pages, peut-on proposer, pour fixer l'esprit naturellement errant et incertain, trop de méthode, d'ordre, de régularité; qualités sans lesquelles nonseulement le prosateur, mais le poëte et le poëte lyrique lui-même avec tout son apparent desordre ne réussiroient jamais ?

LIVRE

LIVRE QUATRIÈME.

ODE QUATRIÈME.

Merses profundo, pulchrior evenit :
Luctere, multâ proruet integrum

Cum laude victorem, geretque
Prolia conjugibus loquenda.

Je n'ai pas encore fait assez sentir à mes lecteurs , comme je le voudrois, ce qui forme pour ainsi dire, ainsi dire, toute l'histoire de ce petit écrit: je les prie donc de se rappeler que je puis très-bien n'avoir pas l'intention expresse d'adopter toutes les méthodes de ponctuation, dont je montre ici la possibilité sur différens passages.

Relativement aux vers que je viens de citer, avec la ponctuation de M. Didot, je demande bien humblement au lecteur, et en me servant à son égard d'un point bien

interrogatif, s'il ne croit pas que ce point important ajouteroit ici aux beautés de ce passage si poétique? Je demande s'il est un seul lecteur d'Horace qui trouveroit bon d'entendre ce point interrogatif, contre toutes les éditions, après profundo et après luctere? Je demande s'il lira cet

autre vers,

Uxor invicti Jovis esse nescis?

Od. 23. lib. 3. v. 73.

de la manière dont je le ponctue, avec Bond, Baskerville et Poinsinet de Sivry, ou bien, si, avec Valart, M. Didot et M. Daru, il n'y verra que la simple communi cation d'une nouvelle, froidement énoncée de la part de » perfidum ridens Venus et » remisso filius arcu? »

Il en est de même de plusieurs espèces de phrases dans la langue françoise. Je me bornerai à en citer quelques-unes. Quelle sorte de ponctuation aimera-t-on mieux adapter au passage suivant de Montesquieu, de celle qu'offre la première colonne, ou de celle que je hazarde dans la seconde ?

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