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V. Opinions singulières sur la Résurrection et l'Ascension du Christ. - Les Arméniens croient que le Christ est

humaine transmette sa faiblesse à la nature divine et la nature divine sa sublimité à la nature humaine. En conséquence, les membres du synode arménien s'imaginent condamner les Pères de Chalcédoine, en condamnant, à l'exemple de saint Cyrille, ceux qui ne confessent pas que Dieu le Verbe, uni avec la chair, forme un seul Christ à la fois Dieu et homme ou qui, après l'union, divisent le Christ en deux hypostases, et leur attribuent non une unité selon la nature, mais une certaine intimité ou une union, comme celle qui résulte de la dignité ou de l'autorité » (Sebêos, III, c. 33; Mansi, IV, 1081, Anath., 2 et 3).

On le voit, c'est toujours la même erreur philosophique, qui supprime toute sorte de distinction entre la nature et la personne. Qu'il n'y ait qu'une seule personne, un seul Christ, que l'union du Verbe avec la nature humaine soit substantielle, ou, si on veut, selon la nature, par opposition à l'union morale de Nestorius; enfin, que la nature humaine et la nature divine du Christ s'énoncent concrètement et indirectement l'une de l'autre par l'intermédiaire de la personne qui est unique et les possède également: tout cela, une fois admis le mystère de l'Incarnation, se déduit avec la plus rigoureuse logique. Ce qui est inadmissible et illogique, c'est d'attribuer directement, formellement et dans son sens abstrait, à une nature ce qui est le propre de l'autre, sans le rapporter à la personne; c'est de dire, par exemple : la divinité a souffert, a été crucifiée, est morte, ou l'humanité est la divinité, au lieu de dire: Dieu a souffert, ce qui est exact et signifie que la personne qui est Dieu et homme a souffert en tant qu'elle est homme, ou selon la nature humaine.

Si, vers 648-649, le synode réuni à Tovin rejeta les conditions d'union proposées par Constant II, il obéit à la direction non de Nersès III Schinogh, mais du général Théodore Rechdouni; et les circonstances politiques expliquent en grande partie cette attitude. Depuis huit ans, la prépondérance politique des Grecs en Arménie était très fortement contrebalancée, non plus par le roi de Perse qui allait disparaître en 652, en la personne du dernier des Sassanides, Yezdedgerd III, mais par les khalifes arabes Omar I et Othman I. Vers 640, le conquérant de la Mésopotamie, Ijad ibn Ganm, avait pris Arzen, avait imposé à chaque famille le tribut d'un dinar par an, s'était acheminé, probablement par le défilé de Bitlis-tschaï, vers Bitlis et avait soumis le prince d'AKLATH (Belâdouri, écrivain musulman d'origine persane, mort en 279: 892, Le Livre de la conquête des

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pays, en arabe, éd. de Goeje, Leyde, 1866, p. 176; Tabari † 932, Livres des prophètes et des rois, Leyde, 1879-1893, en arabe, I, 2, 506). Jean Mamigonian (Histoire de Daron, 57-58), dont nous avons suivi ailleurs le récit quelque peu suspect, place un peu trop tôt, vers 636, la première invasion des Arabes dans le district de Daron. En 642, d'après Tabari (1, 2666), Moukhair avait conquis le pays de Moughan et exigé de chaque homme l'impôt annuel d'un dinar (p. 61, 266-67). En 644, selon Ghevond (ch. 2), les Arabes avaient ravagé les districts de Goghtn, de Nakhchévan, traîné en captivité beaucoup de personnes, surtout de femmes et d'enfants, et taillé en pièces l'armée grecque de Procope dans le district de Gokovid (région de Bayazid). En 645-46, d'après les écrivains arabes, sur l'ordre de Moawiia, gouverneur de Syrie, Habib ibn Maslama, qui avait déjà conquis Schimschat (Samosate, dans la IVe Arménie), assiégeait à la tête de 6.000 hommes et prenait Kalikala, marchait vers le lac de Van, tournait ensuite vers le nord en longeant le mont Siphan, entre AKHLATH et Ardjisch dont il s'em

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ressuscité le samedi à six heures; et, en signe de réjouissance, ils usent d'œufs et de fromage, le soir du même jour (a. 27); avant de parvenir à la droite de son Père, le Christ aurait passé

parait, recevait la soumission de Vardik, surnommé Aknik, prince de Mogh (entre Van et la Gordyène), subjuguait et rançonnait le district d'Abahouniq, franchissait, près d'Ardaschad, le Mezamor (Achad ou Azad-libre), affluent de l'Araxe, et dressait ses catapultes contre les murs de Tovin, qui après une courte résistance s'engageait à payer un double tribut personnel et foncier (l'écrit garantissant la sécurité des habitants, chrétiens, mages et juifs, est dans Belâdouri, 200). Ensuite, Habib soumettait le prince de Schirag et de Pakrevant (aujourd'hui Alaschgherd, sur l'Arsanias supérieur), district gouverné par les Gamsaragam jusqu'au vin siècle, puis par les Pagratides (Pakradouni); dans le Vasbouragan et le Sissagan, peu ou point de résistance. Tiflis, en Géorgie, acceptait aussi les conditions ordinaires imposées partout par le vainqueur garantie accordée aux habitants pour leur personne et leurs biens, moyennant l'impôt annuel d'un dinar par famille, sauf le cas de conversion à l'Islam. Le rescrit de capitulation les obligeait en outre à prêter aide et conseil aux musulmans contre leurs ennemis, à servir aux voyageurs musulmans des mets autorisés par le Coran, à les héberger une nuit, à les guider en cas de besoin vers le poste arabe le plus proche (Belȧdouri, 201; Tabari, 1, 2, 674). — Telles sont les clauses qui avaient été acceptées des provinces de Koukark, d'Artsakh, de l'Oudi (entre l'Arzakh et le Kour), du Daikh, dans la vallée du Tchorokh, après la capitulation des capitales de l'Arménie, de la Géorgie et de l'Albanie: Tovin, Tiflis et Bardaa (Barday). Voir Ghazarian, Armenien u. d. arab..., ch. 11, 17-37.

Au dire de Ghevond, Tovin fut prise la 2° année de Constant (643); l'armée arabe venait de la Mésopotamie; elle avait suivi la vallée de l'Euphrate inférieur (Arsanias) ou la vallée de Bitlis-tchaï (au sud-ouest du lac de Van), pris Daron, Pznouniq (Klath), Aghiovid (nord-est de Klath, aujourd'hui Badnotz), Pergri et Gokovid (Bayazid). La prise de Tovin est reculée par quelques auteurs jusqu'à l'an 647 (Açoghig, p. 87) et avancée par d'autres jusqu'à l'an 639 (Weil, Gesch. d. Kalifen, I, 294, anm. 3). La ville fut probablement prise en 642. Cette date est plus probable que celle de 640 que nous avions jadis indiquée; elle est donnée par Sebèos (c. 30), l'auteur le plus rapproché des événements. Pendant que les Arabes s'en retournaient, chargés de butin, emmenant des milliers de captifs, Théodore Rechdouni les attaqua dans le district de Gokovid, mais avec plus de courage que de succès. Cet acte d'audace, et plus encore la recommandation de Nerses Schinogh qui venait d'être élu catholicos, valut à Théodore la faveur de l'empereur: il fut nommé patrice et général en chef des Arméniens; le 10 août de l'année suivante, à la tête de 600 hommes, il surprit et massacra la troupe de l'Arabe Okba, qui venait de s'emparer d'Artsaph, au district de Gokovid, et qui sans souci se livrait à la débauche (Ghevond, c. 3). Accusé plus tard par le gouverneur grec Thouma, puis enchaîné et mené à Constantinople, Théodore avait de nouveau, sur la recommandation de Nersès et de Théodore Wahévouni, repris son poste vers 616, peu de temps après que Varazdirots, naguère disgracié comme lui, redevenait gouverneur de l'Arménie grecque et patrice. A l'époque du synode, la fidélité de Théodore était suspecte: il allait s'allier aux Arabes et rester désormais l'adversaire irréconciliable de l'union religieuse et politique avec les Grecs, et aussi l'ennemi du catholicos et du parti important qui devait accepter bientôt la communion avec les Byzantins (Sebêos, c. 35).

un jour avec chacun des neuf choeurs des anges (a. 33); à la fin des temps, il jugera seulement sous sa forme humaine (a. 104); quelques-uns admettent, en outre, une croyance fort bizarre touchant la circoncision de Jésus (a. 113).

VI. Traducianisme. - Presque tous les habitants du district d'Ardjêsch croient, d'après l'enseignement de leur vartabed Mekhitar, que l'âme de l'enfant vient de celle de son père, par une sorte de génération spirituelle, comme la lumière est propagée par la lumière; ainsi en est-il des anges (a. 5), sur la création et la chute desquels certains Arméniens ont émis des opinions extravagantes (a. 16).

(A suivre.)

F. TOURNEBIZE.

ANALYSE

DE L'HISTOIRE

DU COUVENT DE SABRIŠO DE BEITH QOQA

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Tous les amis de l'histoire et de la littérature orientales ont

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pu y apercevoir - comme dans le reste de l'histoire de l'Église l'importance et le rôle du monachisme. C'est encore une mine à explorer, malgré les travaux considérables déjà publiés, comme l'histoire de Thomas de Marga, le livre de la Chasteté, l'histoire de Joseph Bossnaya. L'ouvrage dont nous présentons un résumé à nos lecteurs peut prétendre apporter une contribution à ces travaux, car il nous trace l'histoire durant deux siècles (commencement du vir° et fin du vio) d'un célèbre couvent nestorien. Les ruines du couvent de Mar Sabrisò se voient encore tout près du grand zab, à sept heures à l'ouest d'Arbèle.

Il y a trois mss. de cette histoire : un à la bibliothèque du Couvent chaldéen de Notre-Dame des Semences, écrit en 2007 des Grecs (1696), par un certain Ablahad fils de Hormezd; les deux autres à l'église de Kerkuk et à notre bibliothèque de Séert (1), mais incomplets, n'allant que jusqu'au no 7 de ce résumé.

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contient en abrégé l'histoire de Mar Sabriso de Beith Qoqa et qui renferme encore en partie le souvenir de ses enfants spirituels, qui l'imitèrent et dirigèrent le couvent. (Ce discours a été) composé par un (moine) étranger habitant le même

couvent ».

C'est tout ce que nous savons sur l'auteur. Nous pouvons seulement affirmer que cette histoire fut écrite au couvent de (1) A. Scher, Catal. des mss. etc., no 117, 3o.

Mar Sabriso d'après le titre et les expressions souvent répétées vint ici au couvent ... ce couvent, etc.

Quant à la date, nous pouvons la porter au commencement du Ix siècle. En effet le dernier supérieur du couvent que l'auteur mentionne, est Sabrisò Bar Israël; or Yoḥannan zabdiqaya, prédécesseur de ce Sabrišò, était contemporain de Maran Ammeh et de Nestorius, métropolitains d'Arbèle; le premier fut promu au siège métropolitain par Jacques patriarche (1) (754-773), et le dernier fut témoin en 790 de la rétractation que fit Nestorius, évêque de Beith Nouhadra, accusé de Messalianisme (2).

Cette histoire est écrite en vers de douze syllabes au nombre de 1230. La rime en est totalement exclue; le style est pur et correct.

Nous avons divisé cette analyse en numéros et y avons ajouté des titres pour donner plus de clarté à notre travail.

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Toute bouche et toute langue doit glorifier Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit, qui, par sa bonté, créa les créatures, afin qu'elles le connussent. Il créa l'homme à son image et à sa ressemblance; et, l'ayant placé dans un jardin de délices, il le brida par la défense de manger d'un arbre. Mais, la bride ayant été brisée, l'homme devint esclave du démon, de la mort et du péché. C'est donc pour affranchir le genre humain de l'esclavage, que Dieu le Verbe s'incarna et souffrit la mort. Les apôtres, embrasés par l'amour de leur divin Maître, subirent eux aussi toutes sortes de souffrances; leurs disciples marchèrent sur leurs traces; les moines et les anachorètes quittèrent même le monde, pour mieux servir Dieu dans les déserts et les montagnes. Antoine est admirable: Paul le grand est étonnant; Arsène est sublime; les labeurs de Macaire sont surprenants; les vertus d'Evagrius et de Pacôme sont audessus de tout éloge; Mar Awgin (Eugène) et Mar Abraham s'adonnèrent à la pratique des vertus les plus extraordinaires.

(1, Thomas de Marga, lib. III, cap. 8.

(2) Synodicon Orientale, éd. Chabot, p. 608, no 3.

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