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VIE D'OLYMPIAS LA DIACONESSE

INTRODUCTION

Le manuscrit grec 1453 de la Bibliothèque nationale renferme deux documents intéressants qui ont été édités pour la première fois, il y a quelques années, dans les Analecta Bollandiana (tome XV, p. 400, et tome XVI, p. 41). Ayant eu à nous occuper de ce manuscrit, nous avons pu constater avec quel soin et quelle perfection les deux documents en cause ont été édités, et il n'y a guère que deux ou trois points de détail sur lesquels nous ne serions pas tout à fait d'accord avec l'édi

teur.

Nous désirons donner aujourd'hui, en l'accompagnant des explications nécessaires, la traduction du premier de ces documents, qui est, sans nom d'auteur, la Vie de sainte Olympias, diaconesse de Constantinople (née entre 360 et 370, morte en 408). Cette Vie, dans le manuscrit 1453, occupe les pages 200 v à 207 r.

Le même document se trouve encore dans un manuscrit de la bibliothèque de Florence, sur lequel on peut lire, dans les Anal. Boll., t. XV, p. 406, de précieuses indications. Le manuscrit de Florence contient même une finale qui manque dans le manuscrit de Paris. L'éditeur des Anal. Boll. l'a reproduite, et nous la traduirons également.

Quant au second document, qui est un Récit de la translation des restes de sainte Olympias par Sergia, supérieure du monastère fondé sous le patronage de cette sainte, à Constantantinople, nous en parlerons et en donnerons la traduction dans un prochain numéro.

ORIENT CHRÉTIEN.

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Aujourd'hui donc, nous traduisons le texte de la Vie d'0lympias, et, sauf avis contraire, tel qu'il est édité au tome XV des Anal. Boll., pp. 109-123.

Il nous parait utile de faire précéder cette traduction d'un mot sur Olympias, et d'une brève étude sur le mode, le lieut et la date probable de la composition de cette biographie anonyme.

Quand saint Jean Chrysostome fut élevé au siège de Constantinople, il trouva, parmi les personnages importants de sa ville épiscopale, une jeune veuve du nom d'Olympias, que son prédécesseur Nectaire avait consacrée diaconesse, malgré son jeune âge, et tenait pour une conseillère digne de toute confiance même dans les affaires ecclésiastiques, óg zal v rolę xxλysixotinoię abry

00 (Palladii Dialogus de Vita Chrysostomi, P. G., t. XLVII, col. 61). Cette Olympias descendait d'Ablabios, qui fut consul en 331 et que nous trouvons préfet du prétoire pour l'Orient en 326, 330, 331 et 333 (1). Elle appartenait donc à une famille illustre, qui n'était même pas sans alliances avec les familles impériales ou royales (cf. AMMIEN MARCELLIN, XX, 11; et ci-dessous, Vie, ch. 1 [2]). Elle était née au plus tôt en 361, puisqu'elle n'avait pas encore trente ans en 390 (cf. Vie, Iv), et au plus tard vers 370, puisqu'elle fut mariée en 384 ou 385 (d'après Vie, n).

Saint Grégoire de Nazianze, qui avait, quelques années auparavant, en 381, quitté Constantinople et son siège épiscopal, fut invité à ce mariage. Il ne se rendit pas à l'invitation, mais s'en excusa par une lettre qui est sans doute la lettre CXCIII dans le recueil de la P. G., t. XXXVII, col. 315, et envoya à la jeune mariée, comme présent de noces, un gracieux poème de cent onze vers, pleins de délicatesse et de bons conseils (P. G., t. XXXVII, col. 1512 et suiv.).

Le veuvage prématuré d'Olympias, sa résolution de consacrer toute sa vie à Dieu et toute sa fortune aux bonnes œuvres, les obstacles qui contrarièrent d'abord son dessein, voilà ce que

(1) Cf. GODEFROY, Cod. Theodos., Prosopographia (Ed. Ritter, t. VI, 2o p., p. 27) (2) La division en chapitres appartient aux Anal. Boll. Nous la conservons dans notre traduction pour la commodité de la lecture et des références.

nous raconte l'auteur anonyme de la Vie. Ce qu'il ne nous dit pas, c'est que la fortune et la charité d'Olympias étant aussi immenses l'une que l'autre, il ne manqua pas de gens avides pour en tirer parti. Chrysostome, à peine installé à Constantinople, fut indigné de cette odieuse exploitation, et crut devoir mettre la jeune veuve en garde contre les quémandeurs indélicats. Il sut même y intéresser sa conscience, en lui disant: « Une sage économie est nécessaire à qui veut être parfait. Enrichir les riches, cela ne vaut pas mieux que de jeter ses biens dans la mer. Ne sais-tu pas qu'en consacrant ta fortune aux indigents, tu en as perdu la propriété? tu n'as plus qu'à l'administrer, et tu rendras compte de ton administration. Mesure donc tes dons aux besoins de ceux qui te sollicitent (1).

Olympias se laissa désormais guider par le saint évêque. La disgrâce et l'exil de Chrysostome ne la détachèrent pas de lui. Elle ne se laissa pas intimider quand le préfet de la ville la fit comparaitre, l'accusant de l'incendie de la Grande-Église qui suivit le départ de saint Jean, et elle refusa énergiquement de communiquer avec l'évêque intrus Arsakios (2).

Saint Jean Chrysostome la félicita de son courage, et continua, pendant ses trois années d'exil, à recevoir d'elle des secours, tandis que lui-même la réconfortait et la dirigeait par ses lettres. Il nous reste, de cette précieuse correspondance, dix-sept lettres que l'on trouve au tome LII de la P. G., p. 519 et suiv.

Obligée aussi de quitter Constantinople, Olympias mourut en exil, probablement à Nicomédie, le 25 juillet 408, quelques mois seulement après saint Jean Chrysostome. Le Ménologe de Basile lui consacre une notice, au jour anniversaire de sa mort. Le Martyrologe romain en fait mention le 17 décembre. Le Récit de Sergia, dont nous donnerons prochainement la traduction, nous apprend de quelle réputation elle jouissait encore, plus de deux cents ans après sa mort.

L'historien Nicéphore Calliste, au XIVe siècle, connaissait bien nos deux documents, dont il se servit pour parler de sainte

(1) SozomÈNE, VIII, 9 (P. G., t. LXVII, col. 1540 A).

(2) SoZoMÈNE, VIII, 24 (col. 1577 C).

Olympias (Hist. eccl., XIII, 24; P. G., t. CXLVI, col. 1010-1014); mais il les confondit en un seul, qu'il attribua à Sergia, l'auteur incontestable du second. Cette confusion est possible à première vue, le Récit de Sergia se rattachant étroitement à la Vie d'Olympias.

Mais ce n'en est pas moins une confusion, comme l'a très bien montré le critique des Anal. Boll. (t. XV, p. 402).

Dès le début du Récit, Sergia annonce qu'elle veut, aux renseignements déjà connus, ajouter quelque chose de ce qu'elle a pu elle-même recueillir. Plusieurs fois, elle renvoie évidemment à la Vie d'Olympias, comme à une œuvre antérieure, à laquelle elle ne revendique aucune parts mрodedýλw=αt (Recit, ch. iv) ... ὡς γινώσκετε, ἀνωτέρω προδεδήλωται (ch. vii).

Elle ne manque pas, au contraire, de se mettre naïvement en scène chaque fois qu'elle apporte un nouveau détail, qu'elle explique une circonstance, qu'elle énonce sa pensée : Boshop.zı ἐγὼ ἡ ἁμαρτωλὸς Σεργία (ch. 1) διαδεξαμένης τὴν ἡγουμενίαν ἐμοῦ τῆς ἁμαρτωλοῦ καὶ ἀναξίας Σεργίας (cl. iv) μαθοῦσα ἐγὼ ἡ ἁμαρτ τωλὸς καὶ ἀναξία Σεργία (ch. v) ... πιστεύσατε οὖν μοι τῇ ἀθλίᾳ καὶ ἁμαρτωλῷ Σεργία (ch. vi), etc.

...

...

Voilà donc une distinction réelle et déclarée entre Sergia et l'auteur de la Vie. Mais ces déclarations mêmes de Sergia font pressentir une grande différence de style entre les deux morceaux. Nous aurons, en étudiant spécialement le Récit de Sergia, à revenir sur quelques détails; dès maintenant, on voit l'opposition entre la manière toute personnelle de Sergia et le ton absolument impersonnel de l'auteur de la Vie. Non seulement il n'a pas signé son œuvre; mais s'il parle de lui-même, dans cette finale (Vie, XVIII), qui manque au manuscrit de Paris, c'est de la façon la plus vague : ἐγὼ ὁ ἁμαρτωλὸς ὁ καὶ γράψας, et nous n'apprenons sur lui rien de plus.

A la fin du chapitre xv (1), notre auteur se donne bien sans doute comme témoin oculaire : αὐτόπτην γεγενημένον καὶ θεω pouvτa. Mais ces mots appartiennent à un passage presque textuellement tiré d'une autre œuvre, comme nous allons le dire : ils n'ont donc ici aucune autorité.

(1) De notre traduction. C'est par erreur sans doute que les Anal. Boll. passent du chapitre xv au chapitre xvi, en omettant le chiffre XVI. Nous faisons commencer le chapitre xvi aux mots Autŋ toivuv (Anal. Boll., t. XV, p. 422).

Tout à fait impersonnel, l'auteur de la Vie est beaucoup moins diffus, se répète beaucoup moins que Sergia; si l'on excepte les énumérations des chapitres XIII et xv, qui ne sont pas de lui, il accumule moins les éloges vagues; il préfère donner des renseignements précis, topographiques ou historiques : voyez spécialement la fin du chapitre v, et les cinq chapitres suivants, qui sont certainement de lui.

Autre différence à l'exception du chapitre x1, l'auteur de la Vie ne raconte ni n'insinue aucun prodige extérieur; la bonne Sergia agira tout autrement. Quant à ce chapitre x1, nous en parlerons tout à l'heure, lorsque nous proposerons nos conclusions sur la composition du dialogue.

Notre auteur est donc distinct de Sergia et lui est antérieur. Mais il a certainement connu deux ouvrages auxquels il a emprunté, à peu près textuellement, ce qu'ils renfermaient sur le compte d'Olympias: le Dialogue de Palladios sur la Vie de saint Jean Chrysostome, et l'Histoire Lausiaque, dont l'auteur s'appelle également Palladios. Ces deux Palladios n'en fontils qu'un? La question est longuement étudiée dans les Acta Sanctorum, t. XLIV (Septembre IV), p. 100-105 : nous n'avons pas à nous en occuper ici. Mais il est certain que plusieurs chapitres de notre Vie reproduisent des morceaux entiers de ces deux ouvrages, comme on le verra indiqué en détail dans notre traduction.

Ces morceaux n'ont pas été ajoutés après coup: car sans eux l'histoire d'Olympias serait tout à fait incomplète, et la Vie inintelligible (cf. spécialement les chap. II-v; dans ce dernier, les mots par lesquels reprend la rédaction propre à notre auteur: εὐθέως οὖν μετὰ τὸ ἀπολυθῆναι... sont la suite naturelle de la première phrase du chapitre; la seconde phrase seule pourrait avoir été interpolée). Mais d'autre part, il est impossible que les auteurs de l'Histoire Lausiaque et du Dialogue soient venus chercher dans notre Vie les éléments de leur propre ouvrage. Cela est impossible pour de bonnes raisons données par les Anal. Boll., t. XV, p. 401; et ce qui le prouve, a posteriori, c'est que, premièrement, les passages communs à

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