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ÉTUDE SUPPLÉMENTAIRE

SUR

LES ÉCRIVAINS SYRIENS ORIENTAUX (9)

INTRODUCTION

Assémani, en éditant le catalogue d'Ebedjésus de Nisibe dans sa Bibliothèque orientale (t. III, pars I), nous a transmis de précieuses notices sur tous les écrivains nestoriens mentionnés

(1) [Il nous a paru intéressant de commencer la nouvelle série de la ROC par ce travail d'un prélat oriental qui trouve le moyen, dans les montagnes du Kurdistan, de cultiver l'érudition et de rectifier les notices un peu sommaires que nous possédons sur bien des écrivains syriens. Certains points pourraient être complétés. Par exemple nous tenons (chap. xu) qu'il n'y a eu qu'un seul Ahoudemmeli, d'abord évêque Nestorien, puis dissident et rattaché par hasard à la doctrine Jacobite. Le traité sur la composition de l'homme est postérieur au traité sur l'homme microcosme, car il le cite. Nous avons développé ces divers points dans Histoire d'Ahoudemmeh..... Patrologie orientale, t. III, fasc. 1. De même (chap. xxш), M Rahmani a signalé la véritable étymologie du nom de Jean Bar Penkayé, mais il suppose que cet auteur vivait au 1x siècle, Studia syriaca, Paris, Leroux, 1904, page 65. Enfin (chap. xxvII), M. Pognon, consul de France à Alep, a déjà écrit : « D'après les renseignements qui m'ont été récemment donnes, on trouve dans un ms. de Mossoul la phrase suivante insérée au milieu du XIe livre (des scolies): avec l'aide de N.-S. ce livre appelé Livre des scolies, composé par Théodore, docteur du pays de Kachkar, en l'an 1103 d'Alexandre (791-792) est terminé..... Il me parait à peu près certain que Théodore bar Khouni et Theodore évêque de Lachoum ne sont pas une seule et même personne Théodore bar Khouni a vécu à la fin du vir° siècle et peut-être au commence ment du 1x", il était né dans le pays de Kaschkar où l'on devait parler un dialeete ressemblant beaucoup au mandaïte et rien ne prouve qu'il ait jamais été évêque », pages 105 et 106. Pognon, Inscriptions mandaites des coupes de Khouabir, Paris, 1896, Nous reproduisons tel quel le travail de Ms Scher, archeveque de Séert; les matériaux inédits qu'il a employés pour le composer permetaux amis de l'histoire de la littérature syriaque d faire abondante mois

tront

son dans ces quelques pages.

F. Nau].

1

ORIENT CHRÉTIEN.

dans le susdit catalogue; mais il a commis aussi de nombreuses erreurs, en identifiant plusieurs personnages les uns avec les autres.

C'est pour redresser ces erreurs, faire connaître quelques autres écrivains inconnus jusqu'ici aux Orientalistes (1), et pouvoir servir ainsi à l'étude et à l'enseignement de l'histoire ecclésiastique, que je me suis proposé de publier ce petit travail.

I

LES ÉCRIVAINS CONTEMPORAINS DU PATRIARCHE PAPAS.

La chronique qui se trouve dans un manuscrit de la bibliothèque du Patriarcat Chaldéen de Mossoul (2), mentionne plusieurs écrivains syriens orientaux qui vivaient à la fin du III et au commencement du ive siècle : « Il y avait, dit-elle, au temps des primats Schahlupas et Papas (3), et d'Étienne, pa

(1) Déjà les Orientalistes ont redressé plusieurs erreurs d'Assémani et ont fait connaître quelques auteurs inconnus (R. Duval, Littér. syr., 233-234, 236-237, etc.). Je n'en parlerai pas dans cet opuscule.

(2) Cette chronique, qui est en arabe, traite de l'histoire ecclésiastique et profane des ive et ve siècles; elle devait encore traiter de l'histoire des rer, I et II siècles; mais malheureusement le manuscrit a bien des feuilles manquant au commencement et à la fin. La continuation de cette chronique se trouve dans un manuscrit à notre bibliothèque de Séert, et va depuis le patriarche Baboï (466-481) jusqu'au patriarche Mar-Emmeh (647-650); ce manuscrit aussi est incomplet au commencement et à la fin.

(3) D'après le Livre de la Tour, Schahlupas aurait occupé le siège de Séleucie depuis 224 jusqu'à 241, et Papas depuis 247 jusqu'à 326, ce qui me paraît erroné. Voici mon opinion: Ebedjésus de Nisibe dans son nomocanon (traité IX, chap. 1) dit que deux patriarches, celui des Araméens et celui d'Antioche, ont été crucifiés à la porte de l'église d'Antioche; et il ajoute que le premier patriarche qui a été consacré en Orient, c'est, suivant les uns, Schahlupas, et, suivant d'autres, Papas ». Dans la persécution de Dèce (250), reçurent la palme du martyre et Polychrone évêque de Babylone et Babylas d'Antioche. Babylone alors n'existait pas; par conséquent, Polychrone, dont les écrivains occidentaux rapportent le martyre, était évêque ou primat de Séleucie. Ce Polychrone serait donc Schahlupas, que les écrivains grecs auraient écrit okúpovov, et dont la mort ou le martyre aurait eu lieu en 250, et non en 222, ainsi que le rapporte le Livre de la Tour; et par conséquent Papas lui-même n'aurait pas été consacré en 247, mais longtemps après : car il est bien difficile de croire que Papas ait gouverné l'Église pendant 79 ans, ainsi que le dit le Livre de la Tour. Si donc, avant Papas, c'était à Antioche que les primats de Séleucie étaient consacrés, certainement après le

triarche de Rome (1), de célèbres écrivains; ce sont: David évêque de Prath-Maïschan (Bassora), qui donna sa démission et alla aux Indes, où il convertit beaucoup de païens, Gadyab évêque de Goundischabor, Ebedjésus évêque de Caschcar, Jean évêque de Maïschan, André du couvent de Mâré, Abraham évêque de Teschtar et Milès évêque de Suse. Ce furent ceux-ci qui se réunirent contre Papas et lui imputèrent des faits condamnables. >>

Maroutha, dans la Vie de saint Siméon Bar-Sabbaê, parle de Gadyab de Goundischabor et de Jean de Maïschan en disant qu'ils eurent la tête tranchée avec ce patriarche en 341 (2). Je pense qu'Ebedjésus de Caschcar, est la même personne qu'Archélaüs, qui fleurit vers 277 et disputa contre Manès (3); les écrivains grecs auraient jeté son nom dans un moule hellénique. Quant à Milès, Ebedjésus de Nisibe lui attribue des lettres et des homélies (4); ses actes ont été publiés par Ev. Assémani et P. Bedjan (5).

II

CYROLLONA OU CYORÉ.

Cyrollona est l'auteur d'un poème sur les calamités qui arrivèrent de son temps: le fléau des sauterelles et l'invasion des Huns (en 396); on possède encore de lui quelques autres poésies sur le crucifiement, sur la Pâque et le froment. M. Bickell, qui a publié ses œuvres, l'identifie avec Absamya le neveu de de saint Ephrem, qui lui aussi composa des hymnes et des homélies sur l'invasion des Huns (6).

meurtre de Polychrone ou de Schahlupas par les rois romains, aucun des évêques orientaux n'aurait osé se rendre à Antioche, comme ses prédécesseurs, pour yêtre consacré. Ainsi, suivant moi, Polychrone qui a été tué par le roi Dèce en 250, serait Schahlupas; et ce serait Papas, et non Schallupas, qui serait le premier primat consacré en Orient.

(1) Étienne gouverna l'Église depuis 253 jusqu'à 257. (2) P. Bedjan, Acta mart., II, 131.

sacrés, II, 453.

(4) Ass., B. O., I, 12, 186; III, pars I, 51.
(5) P. Bedjan, Acta mart., 11, 260-575.
(6) R. Duval, Littér. syr., 337-338.

Ce Cyrollona serait Cyoré ou Kyoré (), dont parle Barhadbeschabba Arbaïa dans son traité sur la session des écoles (1), et qui a succédé à saint Ephrem dans la direction de l'école d'Édesse: Barhadbeschabba en parle avec beaucoup d'éloge « Il avait, dit-il, un esprit très illuminé; il était tout à Dieu; il était si dévoré par l'amour de l'instruction, que luimême prit à tâche et d'interpréter et d'enseigner la lecture et de faire épeler et de faire des homélies dans l'église. Quoiqu'il fût assidu au jeûne et à la mortification, il s'acquittait toutefois avec zèle de toutes ces charges. >>

Barhadbeschabba ajoute que Narsaï succéda à Cyoré dans la direction de l'école. Or, saint Ephrem étant mort en 373, et le départ de Narsaï d'Édesse, où il enseigna vingt ans, ayant eu lieu en 457 (2), Cyorë aurait dirigé l'école d'Édesse pendant soixante-quatre ans si toutefois entre lui et saint Ephrem il n'y a pas eu un autre directeur de l'école et serait mort en 437. Les Nestoriens faisaient la commémoraison de Cyoré avec saint Ephrem et Mar Narsaï le VI vendredi de l'Épiphanie.

III

ÉLISÉE L'INTERPRÈTE.

Ebedjésus de Nisibe (3) dans son catalogue des écrivains syriens énumère ainsi les œuvres d'Élisée « Élisée l'interprète, dit-il, composa des commentaires sur Job, sur les deux épîtres aux Corinthiens, et sur les trois autres qui les suivent, la cause des sessions et des martyrs, des actions de grâces et des dis

cours. >>

Assémani (B. O., III, 1, 166) identifie cet écrivain avec le patriarche Élisée (523-539). Mais il s'est trompé. Aucun chronographe ne dit que le patriarche Élisée ait composé quelque ou

vrage.

Élisée, qu'Ebedjésus mentionne dans son catalogue était le

(1) Ce traité se trouve dans un manuscrit à notre bibliothèque de Séert. Voir ci-dessous, n° XV.

(2) R. Duval, Littér. syr., 346.

(3) Apud Assémani, B. 0., III, 1, 166.

compagnon de Narsaï dans l'école d'Édesse et il lui succéda dans la direction de l'école.de Nisibe. La chronique de Séert (1) en dit que « le roi Kawad voulant que chaque secte qui se trouvait dans son royaume fit un traité sur sa foi pour le lui présenter, le patriarche Acace demanda à Élisée, qui était interprète à Nisibe, et qui était un de ceux qui avaient quitté Édes se avec Narsaï, d'écrire un livre, dans lequel il prouverait la réalité de la religion chrétienne. Élisée composa un livre sur la religion et le divisa en 38 chapitres ayant pour sujet l'essence divine, la Trinité, la Création, l'hexaméron, la création de l'homme et des anges, la chute de Satan et la venue de N.-S. Acace traduisit cet ouvrage en persan et le présenta au roi, qui le préféra à tous les ouvrages des autres religions. Élisée composa aussi des commentaires sur toutes les lettres paulines, sur Job, Josué, les Juges et les Rois et la cause de la session des écoles ».

Barhadbeschabba Arbaïa, dans « la cause de la session des écoles », l'appela fils de Qozbayé et dit de lui qu'après la mort de Narsaï, il lui succéda dans la direction de l'école de Nisibe, qu'il dirigea pendant sept ans. Il composa bien des ouvrages, il écrivit contre les mages et contre les hérétiques et fit. des commentaires sur tous les livres de l'Ancien Testament.

Suivant Barhadbeschabba, Élisée serait mort en 509 (2).

Reste une difficulté à résoudre. Barhadbeschabba dit clairement que cet Élisée n'a pas été évêque; tandis que la chronique de Séert et Maris dans le Livre de la Tour disent de lui qu'il a été consacré évêque pour Nisibe. Quant aux statuts de l'école de Nisibe et aux actes du synode de Mar Babai, ils nous montrent qu'en 496 et 497, Osée était évêque de Nisibe. Barhadbeschabba est beaucoup plus digne de foi que l'auteur de la susdite chronique et Amri; car il était de la même famille et il a vécu au même siècle qu'Élisée, ayant écrit son traité à la fin du vi° siècle, du vivant même de Henana d'Adiabène. Maris et l'auteur de la chronique de Séert auraient donc confondu Élisée l'interprète avec Osée de Nisibe; et en effet, la ressemblance des deux noms d'Élisée et d'Osée, leur résidence dans une même ville, leur

(1) Voir ci-dessus, page 2, n. 2.

(2) Voir ci-dessous, no IV.

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