Obrázky na stránke
PDF
ePub

attestée par une série de documents espagnols et antipriscillianistes, dont quelques-uns sont antérieurs à la règle de foi de l'évêque de Galice. Nous les signalerons dans l'ordre chronologique de leur publication.

Un des plus anciens est la Fides Damasi (1). On y lit : Credimus... Spiritum sanctum, non genitum neque ingenitum, non creatum neque factum, sed de Patre et Filio procedentem, Patri et Filio coæternum et coæqualem et cooperatorem. Ce document n'a pas encore été étudié à fond. En le comparant avec les autres documents espagnols du v° siècle. M. Künstle montre très clairement sa portée antipriscillianiste; il leur ressemble pour les idées et pour les expressions. Comme eux, il est d'origine espagnole. Le titre n'est pas faux cependant; il rattache exactement cette profession de foi au pape saint Damase. Non pas sans doute que ce pontife en soit l'auteur; mais il est légitime de penser que le synode de Saragosse de 380 avait envoyé à Rome cette formule, qui condamnait les erreurs de Priscillien. Le pape l'approuva et y ajouta la conclusion: Hæc lege, hæc retine, huic fidei animam tuam subjuga. A Christo domino et vitam consequeris et præmium. Elle remonte ainsi à l'intervalle de 380 à 381.

Si on compare la Fides Damasi avec les formules damasiennes ou les Fides Romanorum I et II, avec la Fides Phæbadii, avec le Libellus fidei ad Theophilum, qu'on trouve dans le pseudo-Vigile, De Trinitate, IX, documents qui sont presque textuellement identiques, on constate qu'elle leur a servi de source à tous. Elle est originale et a un cachet particulier. Les autres documents en dépendent et cherchent à reproduire le même ordre d'idées dans une forme bien plus populaire et à conformer la Fides Damasi au symbole des apôtres et à celui de Nicée. Burn et Kattenbusch pensent que l'évêque d'Agen est réellement l'auteur de la Fides, qui porte son nom. En 392, Phébade existait encore, mais était vieux et décrépit. Si, à la fin de sa vie, cet ardent adversaire de l'arianisme avait rédigé une profession de foi, elle aurait été antiarienne. Or la Fides Phæ

(1) Elle a été éditée pour la première fois par Burn, An Introduction to the Creeds, Londres, 1898, p. 245, puis par M. Künstle lui-même, Eine Bibliothek de Symbole, Mayence, 1900, p. 10, et Intipriscilliana, p. 47-19. Le codex Augiensis XVIII l'intitule: Fides beati Hieronymi presbyteri.

badii est antipriscillienne. L'auteur en est donc plutôt un antipriscillien. Quoique apparentés à la Fides Damasi, ces derniers documents n'ont pas reproduit les mots relatifs à la procession du Saint-Esprit ex utroque, bien qu'ils en expriment la doctrine. Il en est de même encore de la profession de foi du moine espagnol Bachiarius, du commencement du ve siècle, et de celle qui est attribuée à Pélage et qui dépend de la précédente. Bien que favorables à la procession ex utroque, elles ne contiennent pas le Filioque. La consubstantialité du Saint-Esprit avec le Père et le Fils est encore affirmée dans une règle de foi, attribuée à saint Lucifer (1); son auteur est inconnu, mais il est un adversaire des priscillianistes. Elle a été utilisée par Faustin (2).

En suivant l'ordre chronologique établi par M. Künstle, il faut placer ici le symbole Quicumque, attribué à saint Athanase et connu sous le nom d'Athanasianum. C'est un des résultats les plus curieux de l'ouvrage du professeur de Fribourg-en-Brisgau que la fixation du caractère et de la date de ce symbole. Le Quicumque n'a pu être rédigé du vi* au 1x siècle, car il ne supporte pas la comparaison avec les symboles de cette époque. Ses commentaires sont postérieurs au vr° siècle; quelques-uns proviennent d'un milieu espagnol ou ne contiennent aucune trace de théologie carolingienne; trois peuvent bien être l'œuvre de théologiens du VIII° siècle, mais ce sont des remaniements de travaux antérieurs. Tous semblent être de l'école de saint Isidore de Séville, car ils sont remplis d'explications étymologiques. Ils supposent l'emploi liturgique du Quicumque, emploi qui a commencé au viro siècle. La plupart sont espagnols, et tous apparentés à des espagnols. D'autre part, le prétendu symbole de saint Athanase ressemble aux documents antipriscillianistes; il est lui-même une Expositio fidei antipriscillianiste, et notamment il insiste sur la distinction des personnes de la sainte Trinité par opposition à l'unionisme. Or il enseigne explicitement la procession du Saint-Esprit a Patre et Filio. Enfin il se place nécessairement entre la Fides Damasi, qu'il a connue et qui est de la fin du ive siècle, et la profession de foi attribuée

(1) Pat. Lat., t. XIII, col. 1019.

(2) Fides Theodosio imperatori oblata, ibid., col. 79-80, et col. 1050.

ORIENT CHRÉTIEN.

au IV concile de Tolède (633), mais qui est du v° siècle et qui emprunte textuellement des phrases au Quicumque.

Cette dernière profession de foi (1) ne peut pas être considérée comme l'œuvre originale du IV° concile de Tolède, tenu en 633; le priscillianisme qu'elle combat n'existait plus officiellement depuis 563. Ce concile a reproduit une formule antérieure que M. Künstle date de l'an 400. Elle dépend, en effet, de la Fides Damasi dans sa teneur primitive, et non pas dans la forme retouchée, dont s'est servi l'auteur de la Fides Phabadii. Sa brièveté la rattache, d'ailleurs, aux plus anciens symboles espagnols. Elle a fait des emprunts textuels à l'Athanasianum, et elle professe explicitement la procession du Saint-Esprit ex Patre et Filio.

Le Toletanum VI (638) est aussi emprunté à une source antérieure. Les raisons de l'affirmer sont les mêmes que pour le synode de 633; mais il n'est pas possible de fixer la date de cette source. Originairement, ce n'était pas une pièce officielle; comme le Quicumque, c'était un Sermo fidei d'un théologien espagnol inconnu du ve siècle. L'auteur a connu encore la Fides Damasi, et il professe la procession ex utroque.

Une partie de son texte a passé dans le Toletanum XI (675) (2). Quiricius, métropolitain de Tolède, ou l'auteur de l'introduction, l'a remarqué. Mais un concile de la fin du VIIe siècle ne peut être, pour la Trinité et la christologie, aussi anti-priscillianiste que l'est cette profession de foi. A cette époque de décadence, on n'était plus capable de rédiger une si belle formule. La profession de foi n'est donc pas de ce concile qui du reste, d'après ses actes, n'a pris que des décisions disciplinaires sans importance. C'est plutôt une Expositio fidei d'un théologien espagnol du ve siècle qui a été adoptée par le concile de 675 et qui est ainsi devenue officielle. Elle expose longuement la procession du Saint-Esprit ex utroque.

D'autres professions de foi, antipriscillianistes et espagnoles, du ve siècle, expriment formellement la croyance à la procession du Saint-Esprit. Nous nous contenterons de les signaler. La

(1) Hahn, Bibliothek, p. 235.

(2) Mansi, t. XI, col. 132; Hahın, p. 242; Denzinger, document XXVI, n. 222 sq.

formule éditée par Jacobi (1) et reportée par lui à la seconde moitié du vi° siècle et peut-être au ixe siècle, n'est certainement pas du Ix siècle; elle appartient plutôt à la théologie espagnole et antipriscillianiste du ve siècle. L'Expositio fidei catholicæ, qu'on date du v° ou du vi° siècle (2), est, elle aussi, antipriscillianiste et espagnole. Dom Morin a signalé les ressemblances d'expressions qu'elle présente avec le Liber fidei de sancta Trinitate (4) du juif converti Isaac et a rapporté que dom Amelli attribue cette Expositio fidei au juif lui-même. Mais M. Künstle considère ce Liber comme un écrit antipriscillien concordant avec les Regulæ definitionum de Syagrius, évêque espagnol, dont il va être question. Bien que l'accord entre le Liber et l'Expositio fidei soit plus considérable que ne le disait dom Morin, Isaac n'est pas l'auteur de l'Expositio. Elle cite, en effet, le verset des trois témoins célestes qu'Isaac ne connaît pas. Quant à leur ressemblance, elle s'expliquerait par ce fait qu'Isaac, retourné à la synagogue, fut banni en Espagne, sa patrie vraisemblablement, et qu'il avait composé son Liber en Espagne avant de partir pour Rome. Or il exprime très nettement comme l'Expositio, la procession du Saint-Esprit ex Patre et Filio. La profession de foi du pseudo-Gennade (5), qui est rédigée d'après les Dogmata ecclesiastica de Gennade, est apparentée aux formules espagnoles; elle reproduit les mêmes idées que les anciens symboles de l'Espagne et son auteur est un théologien de l'Espagne ou du sud de la Gaule qui vivait dans la seconde moitié du ve siècle. Il dit que le Saint-Esprit procède ex Patre et Filio æqualiter. L'adoptianisme qu'il vise est celui des Bonosiens de la fin du Iv° siècle. La profession de foi, rédigée par les évêques africains sous la domination des Vandales en 484 (6), rentre dans le même ordre d'idées. Elle a des rap

(1) Zeitschrift für Kirchengeschichte, t. VI, p. 282 sq.; Hahn, Bibliothek, p. 319; Kattenbusch, Das apostolische Symbol, Leipzig, 1897, t. II, p. 182-183. (2) Caspari, Kirchenhistorische Anecdota, Christiania, 1896, t. I, p. 301-308; Hahn, p. 331.

(3) L'Ambrosiaster et le juif converti Isaac contemporain du pape Damase, dans la Revue d'histoire et de littérature religieuses, 1899, t. IV, p. 100-101. (4) Pat. Gr., t. XXXIII, col. 1541-1546.

(5) Caspari, op. cit., t. I, p. 301-304; Jungmann, Quæstiones Gennadianæ, Leipzig, 1880, p. 23-25; Hahn, p. 353-355; Burn, The Athanasian Creed, Cambridge, 1896, p. 64-65; Kattenbusch, op. cit., t. II, p. 430.

(6) Mansi, Concil., t. VII, col. 1143 sq.; Hahn, p. 218; Franzelin, op. cit., p. 510-511.

ports avec le Quicumque et les symboles de Tolède, bien qu'elle soit écrite dans le latin d'Afrique. Son auteur est peut-être Vigile de Tapse qui avait été exilé en Espagne et qui avait connu la théologie espagnole. Elle croit à la procession du SaintEsprit ex Patre et Filio. La profession de foi de saint Grégoire le Grand (1), qui n'est pas authentique, est, elle aussi, un document antipriscillianiste et espagnol. Il n'est pas étonnant dès lors qu'elle enseigne la procession du Saint-Esprit de Patre et Filio. Si on admet les conclusions de M. Künstle, il faudrait placer ici l'Epistola XV de saint Léon (2), qui serait l'œuvre d'un théologien espagnol de la fin du vre siècle.

Un dernier témoignage espagnol du v° siècle, au moins indirect, en faveur de la procession du Saint-Esprit, nous est fourni par les Regulæ definitionum de Syagrius, éditées pour la première fois en leur entier. Dom Morin (3) avait démontré que cet évêque espagnol, dont parle Gennade (4), était l'auteur de ces Regulæ, dont le cardinal Mai avait publié un fragment (5). M. Künstle, de son côté, a prouvé que cet écrit a un caractère antipriscillianiste très marqué et qu'il convient bien à un auteur espagnol du milieu du ve siècle. Syagrius expose longuement la distinction des personnes divines et leur consubstantialité. Il n'a pas, il est vrai, la formule a Patre et Filio procedens, et il ne parle explicitement que de la procession ex Patre; mais il expose équivalemment la doctrine de la procession er utroque.

Notons enfin que les Sententiæ defloratæ de diversis causis, que Schmitz a publiées d'après un manuscrit du 1x siècle (6), distinguent le Saint-Esprit du Père et du Fils en ces termes : Spiritus sanctus nec natus nec factus, sed ex Patre Filioque procedens est. Elles sont du vir" ou VIIIe siècle. Le manuscrit qui

(1) Pat. Lat., t. LXXVII, col. 1327.

(2) Pat. Lat., t. LIV, col. 681. Voir ibid., col. 1323 sq., les notes de Quesnell, complétées par les frères Ballerini, ett. LV, col. 1036 sq., celles du P. Cacciari. Cf. Denzinger, document XIV, n. 98. Cependant M. Künstle reconnaît que saint Léon professe la procession du Saint-Esprit ex utroque dans ses deux sermons sur la Pentecôte, Pat. Lat., t. LIV, col. 400-411.

(3) Pastor et Syagrius, deux écrivains perdus du Ve siècle, dans la Revue bénédictine, 1893, t. X, p. 390-391.

(4) De viris illustribus, c. LXV, Put. Lat., t. LVIII, col. 1098.

(5) Scriptorum veterum nova collectio, t. III, p. 219-251.

(6) Miscellanea Tironiana, Leipzig, 1896, p. 30.

« PredošláPokračovať »