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grimaçant, estropié, trop chargé. C'est le bas-comique.

Entre ces deux extrémités il y a plusieurs milieux, dont il est aisé de se former l'idée : et peut-être que c'est dans ce milieu seul que se trouve le vrai comique, qui réjouit également l'imagination et l'esprit. Il y a un moyen de tout concilier: c'est de mêler ensemble toutes les especes elles peuvent s'allier, de même que les différens degrés d'acteurs s'allient entr'eux. Les premiers personnages présenteront le haut-comique, parce que les gens qui ont eu de l'éducation s'en ressentent jusques dans leur maniere d'être fous. Les valets, les soubrettes, et tout ce qui est de leur rang, porteront le bas-comique, qui leur convient. Quiconque saura réunir ces deux points à un degré convenable, emportera surement tous les suffrages: car les plus délicats sont plutôt honteux que fachés de rire, fût-ce d'une arlequinade, dont ils rient quelquefois d'assez bon cœur, pourvu qu'on ne les voie point.

Après tout ce que nous avons dit jusqu'ici sur le style en général et sur ses différences, je crois qu'il est inutile de dire quel est celui de la Comédie. Simple, clair, familier, sans pourtant être jamais ni bas, ni rampant, ni lâche;

assaisonné de pensées fines, délicates, d'expressions plus vives qu'éclatantes, sans grands mots, sans figures soutenues, sans tirades de morale ou de principes, voilà à-peu-près ce qu'il doit être. Ce n'est pas que la Comédie n'éleve quelquefois le ton; mais dans ses plus grandes hardiesses, elle ne s'oublie pas : elle est toujours ce qu'elle doit être. Si elle alloit jusqu'au Tragique, elle seroit hors de ses limites, et par conséquent il y auroit essentiellement défaut et non beauté.

CHAPITRE I I.

Histoire abrégée de la Comédie. LA Comédie naquit après la Tragédie.

Celle-ci devant sa naissance au culte des Dieux, mérita les premieres attentions des poëtes: c'est le témoignage d'Aristote. Mais quand une fois elle eut pris une conformation stable et décidée, le Margitès d'Homere, poëme où étoit représenté un homme fainéant, qui n'étoit bon à rien, donna tout d'un coup l'idée du comique. Il ne s'agissoit que de mettre ce genre en action, comme on y avoit mis l'héroïque. Ce qui fut d'autant plus aisé que la Comédie, dans ses commen

cemens, peignoit tout d'après nature. S'il y avoit un coquin, un fourbe insigne, un débauché fameux, on prenoit son nom, son air, sa maniere de s'habiller, ses mœurs, et on le jouoit sur le théâtre. Ainsi c'étoit précisément un portrait, et non un tableau; ce qui semble demander beaucoup moins de génie qu'il n'en faut pour tracer les caracteres et les moeurs héroïques, dont le modele est presqu'entiérement idéal..

Ce premier genre de Comédie fut celui d'Eupolis, de Cratinus, d'Aristophane, et on l'appela la vieille Comédie. Socrate, dans les Nuées de ce dernier, fut joué de la maniere que nous venons de dire.

On vit par le public un poëte avoué
S'enrichir aux dépens du mérite joué ;
Et Socrate par lui dans un chœur de Nuées
D'un vil amas de peuple attirer les huées.

L'acteur qui le représentoit se nommoit Socrate son masque étoit moulé sur le visage de Socrate i avoit un manteau de même forme, de même couleur que celui du philosophe, et il disputoit de même que lui sur la nature du juste et de l'injuste. Socrate y assista debout. Cette licence alla jusqu'aux dieux. Le peuple et les magistrats n'en faisoient que rire. Mais aussitôt que des philo

sophes et des dieux on eut osé en venir aux magistrats mêmes; alors ceux-ci trouverent que la plaisanterie passoit les bornes. Ils songerent sérieusement à prendre la défense et de la vertu attaquée, et de la religion ridiculisée. Ils firent une loi qui défendit de prendre des noms connus, et le Choeur demeura muet, à sa honte turpiter obticuit.

Le peuple sur qui on tire sans le blesser, parce qu'aucun particulier ne prend pour lui le trait, fut fâché de se voir privé d'un spectacle qui l'amusoit, où d'ailleurs il se voyoit à demi-vengé des torts qu'il prétendoit recevoir de ses maîtret. Les poëtes prirent donc un autre tour pour le satisfaire, et éluder la loi. Ils employerent des noms imaginaires, sous lesquels ils peignirent d'après nature les caracteres et les moeurs de ceux qu'on vouloit rendre ridicules : et ils les peignirent si bien, que personne ne s'y trompoit. Le parterre disoit: C'est un tel : on se le répétoit à l'oreille: et on avoit, par ce moyen, deux plaisirs au lieu d'un, celui de la malignité, et celui de l'appli cation: ce fut la Comédie moyenne.

L'inconvénient qui avoit attiré la premiere loi renaissant sous une autre forme, il vint une seconde loi qui défendit de prendre pour sujet des aventures

réelles, et qui amena la Comédie à-peuprès à l'état où elle est aujourd'hui. Ce ne fut plus une satyre des citoyens, mais le miroir innocent de la vie et des mœurs. C'est ce qu'on appela la nouvelle Comédie, dans laquelle Diphile et Menandre sur-tout se distinguerent.

CHAPITRE III,

Caracteres d'Aristophane, de Plaute, de
Térence et de Moliere.

ARISTOPHAN E.

CE que Cicéron a dit en parlant des Orateurs, que leur éloquence a dû toujours se régler sur le goût des auditeurs, on peut le dire à plus forte raison de la Comédie; puisque l'objet de l'éloquence est de mener son auditeur, et que celui de la Comédie est de le suivre, et de lui complaire dans ses idées et dans ses goûts. Ainsi dans tous les tems la Comédie a dû être traitée de maniere qu'elle fût comme l'image des mœurs de ceux pour qui on travailloit.

Le peuple d'Athenes étoit vain, léger, inconstant, sans moeurs , sans respect

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