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loient formes, dy. Ces stances avoient différens noms. Il y avoit la strophe. l'antistrophe, et l'épode. Les strophes symétrisoient avec les antistrophes, et les épodes symétrisoient entr'elles. La strophe commençoit, l'antistrophe suivoit, ensuite venoit l'épode, puis c'étoit à recommencer sur la même forme. Le chant des vers étoit accompagné de danses. Les danseurs tournoient dans un sens pendant la strophe; creio signifie tourner. Pendant l'antistrophe, ils tournoient dans un sens contraire, en revenant sur eux-mêmes. Pendant le chant de l'épode, qui étoit toujours plus courte danseurs faisoient leurs mouvemens sans tourner ni d'un côté, ni de l'autre. C'est dans cette forme que sont faites les odes de Pindare et la plupart des choeurs dramatiques.

les

Alcée, Sapho, et d'autres Lyriques avoient inventé avant Pindare d'autres formes, où ils mêloient des vers de différentes especes, avec une symétrie qui revenoit beaucoup plus souvent. Ce sont ces formes qu'Horace a suivies. Il est aise de s'en faire une idée d'après ses poésies lyriques.

Les François ont des odes de deux sortes, les unes qui retiennent le nom. générique, et les autres qu'on nomme

Cantates, parce qu'elles sont faites pour être chantées et que les autres ne se

chantent pas.

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Dans la premiere espece l'assortiment et le nombre des vers est à-peu-près au choix et à la disposition du poëte. Mais la premiere strophe une fois assortie. elle sert de regle à toutes les autres. Dans les Cantates on distingue deux parties le récitatif et l'air. Le récitatif commence, l'air suit: puis un autre récitatif, puis encore un autre air. Le récitatif présente l'objet à l'esprit, l'air exprime le sentiment qu'a dû produire la vue de l'objet. Ce qui produit deux sortes de musique, et aussi deux sortes de poésie. Le récitatif est plus doux, plus simple; l'air est plus vif, plus animé.

Ces deux especes de musique et de poésie dans la même piece lyrique, présentent l'occasion d'examiner une sorte de problême, qui est de savoir pourquoi la Musique, étant toute dans le sentiment, il y a une espece de poésie lyrique qui est fondante par sa douceur, et une autre espece qui demande au contraire toute la force et toute l'énergie imaginable.

Il est certain en général, que plus la poésie est douce, molle, foible même, pourvu qu'elle ne soit point lâche, mieux

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elle se prête à la musique. Il semble alors que les inflexions et les intervalles du chant sont à demi-formés dans les mots, et qu'il ne faut qu'un peu d'art pour les développer. Telle est, par exemple, la poésie de Quinault, qui est le poëte peut-être le plus chantant et le plus lyrique qui fut jamais.

Cependant les odes qui sont destinées à être chantées admettent, exigent même des images fortes, foncées, des métaphores hardies: Pindare en est rempli. Il y a des odes entieres d'Horace qui ne sont qu'un tissu d'allégories : les choeurs de Sophocle, d'Euripide, de Seneque, sont d'une force extraordinaire. C'est la plus forte poésie qu'il y ait. Les Pseaumes de David, les Cantiques des Prophetes, ont le même caractere. D'où vient cette différence?

Pour réduire la difficulté en un mot: Tout ce qui est fait pour être chanté doit être plein de sentiment: tout ce qui est l'ouvrage du sentiment est aisé, libre, naïf. Cependant les odes et les cantiques sont forts, serrés, travaillés, et ont l'air de l'avoir été.

Il ne s'agit, pour expliquer cette difficulté, que de regarder les choses de près, et de se rappeler ce que nous avons déjà dit.

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Il est vrai que la Musique n'exprime que le sentiment. Il est vrai aussi que le sentiment est toujours libre et naïf. Mais cette liberté, ce naïf, n'excluent point la force de l'expression, au contraire ils y menent. Quand le sentiment est dans sa plus grande vivacité, il s'affranchit de l'expression vulgaire : il parle par des choses, plutôt que par des mots, parce que les mots sont trop foibles pour lui. Il ne dit point: Mon mal est cruel, Mais, C'est un tigre impitoyable. De là naissent les métaphores, les allégories, les comparaisons. La naïveté n'exclut que ce qui est trop pense, trop réfléchi, ou qui n'a qu'une sécheresse historique, les pointes d'esprit les épigrammes, les transitions subtiles expositions systématiques. Aussi n'en trouve-t-on point dans aucune piece vraiement lyrique. Mais les expressions les plus énergiques peuvent s'y trouver. C'est même là qu'on doit les trouver plus qu'ailleurs; puisque c'est-là sur-tout que l'imagination montre toute sa force, et que voyant les choses d'une maniere passionnée, elle porte l'ame toute entiere vers l'expression.

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D'où vient donc que la poésie de Quinault est si molle et si douce?

C'est 1.° que Quinault n'a chanté que

les jeux, les plaisirs, l'amour, dont le fond est la paresse et l'indolence.

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2. C'est que dans les ouvrages de Quinault, la plus grande partie est en récitatif ce sont des Tragédies. Or la poésie en pareil cas, quelque lyrique qu'elle soit, n'est point toute entiere à la passion. Les idées arrivant continuellement donnent à l'ame une occupation qui l'empêche de s'abandonner au sentiment. Elle est obligée d'être attentive: et dès-lors point d'emportemens, point de fougue; et par conséquent point de ces expressions qui annoncent l'ivresse ou la fureur en un mot, les sentimens suivent les idées; au lieu que dans les airs, ce sont les idées qui suivent les sentimens. Il y a un sentiment fondamental qui remplit l'ame, et qui en fait jouer toutes les facultés à son gré: et comme alors l'ame ne raisonne point, elle s'occupe beaucoup plus de la force que de la justesse des mots; ce ne sont que des secousses à exprimer; par conséquent on peut, on doit même admettre tout ce qui contribue à la force et à l'énergie.

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