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mencements, et l'on peut le regarder comme l'exécution du plan que saint Augustin donne dans son traité. Dans la seconde et la troisième classe on répète les mêmes matières, mais d'une manière nouvelle, qui enchérit toujours sur le passé, en y ajoutant de nouveaux éclaircissements et des vérités plus fortes. Ne serait-ce pas là un moyen d'apprendre la religion à fond? J'ai vu des enfants, même parmi les pauvres, répondre sur des matières très-difficiles avec une netteté merveilleuse: ce qui ne pouvait venir que de l'ordre et de la méthode que le maître avait employés en les enseignant, et ce qui montre que les jeunes gens sont capables de tout quand ils sont bien instruits.

J'avoue qu'il n'y a rien de plus ennuyeux ni de plus rebutant pour un homme d'esprit, qui souvent a beaucoup de vivacité, que d'enseigner ainsi les premiers éléments de la religion à des enfants, qui manquent assez ordinairement d'ouverture ou d'attention. Mais n'a-t-il pas fallu qu'on ait eu la même patience à notre égard quand il s'est agi de nous faire connaître les lettres, épeler les syllabes, joindre les mots, et quand on nous a appris à nous-mêmes le catéchisme? Est-ce une chose bien agréable pour un père !, dit saint Augustin, que , que de balbutier des demi-mots avec son fils pour lui apprendre à parler? cependant il en fait sa

I « Num delectat, nisi amor invitet, decurtata et mutilata verba immurmurare? Et tamen optant homines habere infantes quibus id exhibeant et suavius est matri minuta mansa inspuere parvulo filio, quàm ipsam mandere ac devorare grandiora. Non ergo recedat de pectore

etiam cogitatio gallinæ illius, quæ languidulis pennis teneros fœtus operit, et susurrantes pullos confractà voce advocat; cujus blandas alas refugientes superbi, præda fiunt alitibus.» (De Catechis. rudib. cap. x

et XII.

II.)

joie. Une mère ne prend-elle pas plus de plaisir à verser dans la bouche, de son enfant un aliment proportionné à sa faiblesse, que de prendre pour elle-même la nourriture qui lui convient? Il faut nous rappeler sans cesse dans l'esprit le souvenir de ce que fait une poule, qui couvre de ses plumes traînantes ses petits encore tendres, et qui, entendant leurs faibles cris, les appelle d'une voix entrecoupée pour les mettre à couvert de l'oiseau de proie, qui enlève impitoyablement ceux qui ne se réfugient pas sous les ailes de leur mère. La charité de Matth. 23Jésus-Christ, qui a bien daigné s'appliquer à lui-même cette comparaison, a été infiniment plus loin et ce n'est qu'à son imitation que saint Paul se rendait faible 1 Cor. 9, avec les faibles, pour gagner les faibles, et qu'il avait pour tous les fidèles la douceur et la tendresse d'une 1 Thess. 2, 7. nourrice et d'une mère.

Voilà, dit saint Augustin, ce qu'il faut se représenter à soi-même quand on se sent tenté d'ennui et de dégoût; qu'on a de la peine à descendre jusqu'à la petitesse et à la faiblesse des enfants, et à leur répéter sans cesse des choses fort communes et cent fois rebattues. Il arrive souvent, continue le même Père, que nous nous faisons un plaisir singulier de montrer à des amis, arrivés nouvellement dans la ville où nous demeurons, tout ce qui s'y trouve de beau, de rare, de curieux; et la douceur de l'amitié répand des charmes secrets sur des choses qui sans cela nous paraîtraient infiniment ennuyeuses, et leur rend pour nous toute la

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I

37.

22.

grace de la nouveauté. Pourquoi la charité ne ferait-. elle pas en nous ce qu'y fait l'amitié, sur-tout quand il s'agit de montrer et de faire connaître aux hommes Dieu même, qui doit être le but de toutes nos connaissances et de toutes nos études?

J'ai cru devoir donner un peu plus d'étendue à ce qui regarde la manière de faire les catéchismes, qui n'est pas étrangère au but que je me propose dans cet article, d'instruire les jeunes gens de ce qui a rapport à l'éloquence de la chaire. Il est temps de passer au second devoir des prédicateurs.

SECOND DEVOIR DU PRÉDICATEUR.

Plaire, et pour cela parler d'une manière ornée et polie.

2

Saint Augustin recommande au prédicateur de s'attacher avant tout et sur-tout à la clarté, mais il ne prétend pas qu'il doive s'y borner. Il n'a garde d'interdire à la vérité les ornements du discours, qu'elle seule a droit d'employer. Il veut qu'on fasse servir l'éloquence humaine à la parole de Dieu, et non qu'on rende la parole de Dieu esclave de l'éloquence humaine. Il sait que souvent on ne peut arriver au cœur que par l'esprit, et que pour remuer l'un il faut plaire à l'autre. C'est une excellente qualité3, selon lui, de n'aimer et

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de ne chercher dans les mots que les choses mêmes, et non les mots : mais il avoue en même temps que cette qualité est fort rare; que si la vérité est montrée nuement et simplement, elle touche peu de personnes; qu'il en est de la parole comme de la nourriture1, qui doit être assaisonnée pour être reçue avec plaisir; et que, par rapport à l'une et à l'autre, il faut avoir égard à la délicatesse des hommes, et donner quelque chose à leur goût.

C'est pour cela que les Pères ont été bien éloignés

1. 2, n. 20.

d'interdire à ceux qui sont appelés au ministère de la parole la lecture des anciens auteurs et l'érudition profane. Saint Augustin dit que toutes les vérités qui se De Doct. ch. trouvent dans les auteurs païens nous appartiennent, et que par conséquent nous avons droit de les revendiquer comme notre bien propre, en les retirant d'entre les mains de ces injustes possesseurs pour en faire un meilleur usage. Il veut qu'à l'exemple des Israélites 2, qui, par l'ordre de Dieu même, dépouillèrent l'Égypte de son or et de ses plus précieux vêtements sans toucher à ses idoles, nous laissions aux auteurs païens leur profane langage et leurs superstitieuses fictions, que tout bon chrétien doit avoir en horreur : et que nous

I « Sed quoniam inter se habent nonnullam similitudinem vescentes atque discentes, propter fastidia plurimorum etiam ipsa, sine quibus vivi non potest, alimenta condienda sunt. » (Ibid.)

2 << Sic doctrinæ omnes gentilium, non solùm simulata et superstitiosa figmenta... quæ unusquisque nostrum duce Christo de societate gentilium exiens debet abominari atque

devitare: sed etiam liberales discipli-
nas usui veritatis aptiores, et quæ-
dam morum præcepta utilissima con-
tinent... quæ tanquam aurum et
argentum debet ab eis auferre chri-
stianus ad usum justum prædicandi
Evangelii. Vestem quoque illorum...
accipere atque habere licuerit in
usum convertenda christianum. »> (Ib.
lib. 2, n. 60.)

leur enlevions les vérités qu'on y trouve, qui sont comme de l'or et de l'argent, et les graces du discours, qui sont comme les vêtements des pensées, pour faire servir les unes et les autres à la prédication de l'Évangile. Il cite un grand nombre de Pères qui en ont fait cet usage, à l'exemple de Moïse même, qui fut instruit avec soin dans toute la sagesse des Égyptiens.

Saint Jérôme traite la même matière avec encore plus d'étendue, dans une belle lettre où il se défend contre les reproches de ses adversaires 2, qui lui voulaient faire un crime de ce qu'il employait dans ses écrits l'érudition profane. Après avoir indiqué plusieurs passages de l'Écriture où l'on cite des auteurs païens, il fait un long dénombrement des écrivains ecclésia tiques qui en ont aussi fait valoir les témoignages pour la défense de la religion chrétienne. Entre les écrivains sacrés il avait nommé saint Paul, qui cite plusieurs endroits des poëtes grecs. « C'est 3, dit-il, qu'il avait appris du véritable David. à arracher d'entre les mains <«< des ennemis leurs armes pour les combattre, et à <«< couper la tête du superbe Goliath de sa propre

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Il est donc fort à souhaiter que ceux qui sont destinés au ministère de la prédication aient d'abord puisé l'éloquence dans les sources mêmes, c'est-à-dire dans

I « Nonne aspicimus quanto auro et argento et veste suffarcinatus exierit de Egypto Cyprianus doctor suavissimus, et martyr beatissimus ? » (De Doct. Christ. lib. 2, n. 61.)

« Vir eloquentiâ pollens et martyrio.» (S. HIERON.)

2 « Quæris cur in opusculis nostris

secularium litterarum interdùm ponamus exempla, et candorem ecclesiæ ethnicorum sordibus polluamus. » (S. HIERON. Epist. ad Magnum.)

3 « Didicerat a vero David extorquere de manibus hostium gladium, et Goliæ superbissimi caput proprio mucrone truncare. » (Ibid.)

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