rappelle à la contemplation exclusive de Sans doute vous n'accusez pas d'ambition Sans doute vous n'attribuez pas aux Jésui- Sans doute vous avez été saisi d'une pro- Sans doute vous n'accusez pas les Jésuites Sans doute vous ne considérez pas comme Mais d'un autre côté, vous ne considérez verselle, rassemblée au concile de Trente, a Sans doute, convaincu par des témoignages Mais ce qui vous parait surtout incompré Sans doute vous ne sauriez considérer que les Lainez, les Suarez, les Griffet et les Bourdaloue. Sans doute vous n'épousez pas les fureurs d'une Pompadour, de celle nouvelle Hérodiade, qui réclamait avec instance la condamnation du juste, parce qu'un autre Jean-Baptiste avait osé dire Non licet; de celle femme qui, sur la foi de Pascal, avait cru pouvoir trouver, dans la célèbre Compagnie,des casuistes accommodants, et qui s'étonnait qu'un Jésuite eût l'insolence de ne pas sanctionner, comme parfaitement conforine à la plus pure morale de l'Evangile, ce que les grands philosophes de l'époque se gardaient bien de censurer. Sans doute, la condamnation en masse des Jésuites, prononcée en 1762 par le parle ment de Paris, est par vous attribuée aux causes si peu honorables que Voltaire et Dalembert ont indiquées. Sans doute l'arrêt de ce parlement vous paraît mériter la flétrissure que lui imprimait Lally-Tollendal, quand il l'appelait (1) « une affaire de parii et non de justice; un triomphe orgueilleux et vindicatif de l'autorité judiciaire sur « l'autorité ecclésiastique, même sur l'autorité royale; une persécution barbare; l'acte le plus tyrannique et le plus arbi<< traire qu'on pût exercer; un acte duguel « était résulté généralement le désordre qu'entraîne une grande iniquité. » Sans doute vous plaignez ces ministres et ces magistrals qui avaient poussé l'esprit de parti jusqu'à ambitionner le triste honneur de devenir les complices d'une favorite. Sans doute vous félicitez ces membres du parlement d'Aix, qui eurent le courage de déclarer qu'ils ne condamneraient pas l'innocence; vous félicitez ce président d'Eguilles, qui eut la gloire d'être lui-même victime de la persécution; qui, pour échapper à la mort, fut contraint de s'exiler de sa patrie, parce qu'il avait donné l'exemple d'une fermelé courageuse, parce qu'il n'avait pas voulu se ranger au nombre des prévarica teurs. Sans doute vous n'accusez pas d'imposture le fondateur des prix de vertu; et M. de Monthyon ne vous parait pas avoir perdu tout droit à sa renommée, parce qu'après s'être renfermé, pendant un hiver, dans la tour du palais, pour y étudier avec soin les pièces du procès de 1762, il a déclaré y avoir irouvé beaucoup d'actes de passion et pas un seul acte d'instruction. Mais, si l'arrêt de 1762 est un arrêt injuste; si les Jésuites n'enseignent ni le parricide, ni l'homicide, ni le suicide, ni le régicide; s'ils ne sont ni ariens, ni sociniens, ni sabelliens, ni nestoriens, ni pélagiens, ni sémiPélagiens, ni luthériens, ni calvinistes; s'ils (1) M. de Lally-Tollendal a écrit dans le Mercure du 25 janvier 1806: Nous croyons pouvoir avouer dès ce moment que, dans notre opinion, la destruction des Jésuites fut une affaire de parti et non de justice, que ce fut un triomphe orgueilleux et vindi. catif de l'autorité judiciaire sur l'autorité ecclésiastique; nous dirions même sur l'autorité royale, si nous avions le temps de nous expliquer; que les motifs étaient futiles, que la persécution deviul bar ne sont point coupables d'irrévérence envers les saints Pères, ni envers les apôtres, ni même envers Abraham; s'ils ne sont alteints et convaincus que d'avoir travaillé pour la plus grande gloire de Dieu; d'avoir aimé les hommes dans la vue de plaire à Dieu, et de s'être sacrifiés pour eux avec joie; d'avoir ambitionné les palmes du martyre, d'avoir porté les lumières de l'Evangile et le flambeau de la civilisation chez les puples les plus sauvages; d'avoir rendu par leurs travaux d'éminents services à la religion, à la philosophie, à la littérature, aux sciences et aux arts; enfin d'avoir toujours été considérés comme les maîtres les plus propres à former tout à la fois l'esprit et le cœur des élèves qui leur étaient confiés ; dites-moi donc, je vous prie, quelles préventions hostiles et incompréhensibles pourraient s'élever encore contre la Compagnie de Jésus? Pourquoi ne pas rendre justice aux Jésuites comme à d'autres ? pourquoi seraient-ils moins estimés de nous que de nos voisins, plus maltraités par une nation polie que par les sauvages du Paraguay ? CHAPITRE X. Conclusion. Vous désirez, vous appelez de tous vos vœux le progrès des lumières. Je le désire comme vous, et c'est pour contribuer à ce progrès que j'ai composé cet ouvrage. Il m'a paru nécessaire d'éclaircir uno question que les passions et les préjugés avaient couverte d'un voile épais; il m'a paru nécessaire de l'éclaircir dans l'intérêt des pères de famille et de la société tout entière, dans l'intérêt des sciences et de la civilisation. Pour y parvenir, il m'a suffi d'exposer purement et simplement la vérité. Nous avons recherché quel était le premier besoin de notre siècle; nous avons recherché ce qu'exigeaient impérieusement l'intérêt de la civilisation et le progrès des véritables lumières. Nous avons reconnu que l'esprit de dévouement, d'amour et de sacrifice, peut seul sauver la société, sapée jusque dans ses fondements par l'esprit d'égoïsme et d'ambition, par l'esprit de haine et de révolte. Nous avons vu que l'esprit de sacrifice, apporté sur la terre par le Sauveur du monde, est le caractère propre et spécial des ordres religieux. Nous avons vu que l'Eglise catholique a établi ces ordres précisément afin de maintenir et de perpétuer parmi les hommes cet esprit de sacrifice, dont la plénitude est la perfection évangélique; afin de le propager par bare; que l'expulsion de plusieurs milliers de sujets hors de leurs maisons et de leur patrie pour des métaphores communes à tous les ordres religieux,.. était l'acte le plus tyrannique et le plus arbitraire qu'on pût exercer; qu'il en résulta généralement le désordre qu'entraîne une grande iniquité, et qu'en particulier une plaie jusqu'ici incurable fut faite à l'éducation publique. l'exemple du désintéressement le plus complet et de la plus ardente charité. Ayant ainsi reconnu que les ordres religieux répondent au besoin le plus impérieux de notre siècle, nous avons déduit de l'expérience une nouvelle preuve de cette assertion, à laquelle le raisonnement nous avait condui's; et nous avous constaté la grandeur, l'opportunité des services que les ordres religieux ont rendus ou peuvent rendre encore à la société. Cette conclusion est d'autant plus incontestable, qu'elle ressort de tous les faits. Ici, la véracité est facile à saisir; il suffit qu'on veuille prendre la peine de la chercher de bonne foi. Il y a plus; la vérité que je viens d'énoncer est en quelque sorte populaire. Son évidence produit une conviction qui, jusqu'à un certain degré, se trouve au fond de toutes les âmes. Tout le monde admire les soins que la Srur de Charité prodigue aux malades; tout le monde est d'accord sur l'excellence de l'éducation que donne à l'enfant du pauvre le Frère des Ecoles chrétiennes. On est heureux de voir ces bons Frères inspirer en même temps à leurs élèves l'amour du travail et l'amour de la vertu. Partout le pauvre artisan sollicite pour son fils une petite place dans l'Ecole des Frères. Partout aussi les villes appellent à grands cris ces modestes instituteurs. Pouvait-il en être autrement? Personne n'a intérêt à être volé, à être assassiné; et l'on sait bien que la classe pauvre, quand elle n'est plus dirigée par les préceptes de la religion, fournit en grand nombre des voleurs et des assassins. Toutefois, l'artisan et le laboureur ne sont pas les seuls qui désirent assurer à leurs fils une bonne éducation. Pourquoi serait-il défendu au riche de concevoir ou d'exprimer un semblable désir? Une bonne éducation donnée à l'enfant du riche n'est-elle pas un besoin pressant de la famille, de la société elle-même? Laissez donc les familles libres de choisir, pour l'éducation de la jeunesse, les instituteurs qui leur paraitront les plus dignes de confiance. Si elles sont convaincues que la meilleure éducation celle qui inspire le mieux aux élèves l'amour et le respect des parents, celle qui développe le mieux la science dans les esprits, la vertu dans les cœurs, est l'éducation donnée par d'humbles religieux; u'allez pas faire violence à des convictions que justifient à la fois le raisonnement et l'expérience de tous les peuples. Si des pères et mères se regardent comme chargés par Dieu lui-même de veiller aux intérêts éternels de leurs enfants; si, préoccupés de cette pensée, ils attachent un prix immense à ce que ces enfants reçoivent une éducation chrétienne; de quel droit vous opposeriez-vous à l'accomplissement d'un devoir sacré pour eux ? de quel droit oseriez-vous les violenter dans le choix d'un instituteur? de quel droit oseriez-vous proscrire, comme n'offrant pas Je garantics suffisantes, comme incapables, comme inhabiles à l'éducation de la jeunesse, les maîtres le plus profondément pénétrés de cet esprit de sacrifice qui, aux yeux d'un grand nombre de parents, est la première de toutes les garanties, la première de toutes les capacités ? Mais, dira-t-on, si les familles restent libres dans leur choix, beaucoup de pères et de mères confieront l'éducation de leurs enfants à des prêtres, à des religieux, uu même à des Jésuites. Eh! qu'importe? si d'ailleurs ces enfants sont bien élevés, s'ils deviennent des magis. trats intègres et vertueux, des savants distingués, de bons citoyens, de grands capitaines. Serait-ce donc un si grand malheur de voir s'ouvrir dans notre France, comme en Belgique, comme en Angleterre, comme en Amérique, quelques colléges dirigés par les Pères de la Compagnie de Jésus? Devrions-nous être inconsolables, si les heures de leçons de quelque nouveau Porée étaient encore, suivant l'expression de Voltaire, des heures délicieuses, des heures où l'on apprit à connaître tous les charmes de l'étude et de la vertu? Devrions-nous être inconsolables, si, aujourd'hui comme autrefois, des Jésuiles parvenaient encore à former, pour la gloire et pour la patrie, un Condé va un Corneille, un Molé ou un Cassini, quelque nouveau Descartes ou quelque nouveau Bossuet? Mais, dira-l-on encore, on laisserait donc sans exécution l'arrêt de 1762 et les lois de 1793? Eh! qu'importe? La France n'a aucune prédilection pour les décrets qui ont préludé aux actes du Comité de salut public. Elle ne veut pas se constituer l'exécutrice festamentaire des arrêts prononcés par les adorateurs ou les complices de Jeanne de Pompadour. Mais, de nos jours encore, quelques personnes pensent, écrivent même, que l'esprit des ordres religieux ne saurait s'accorder avec l'esprit du siècle. J'aime à croire que vous n'étiez pas de ces personnes; ou que, si vous en étiez, vous rendez maintenaut justice à la cause que je défends. Si, pourtant, après les détails dans lesquels je suis entré, il restait dans votre esprit quelques doutes à éclaircir, quelques préventions à dissiper, deux moyens se présenteraient de les faire entièrement disparaître, de les extirper jusqu'à la racine. Voyez-vous cette immense basilique, trop étroite encore pour contenir cette multitude innombrable d'hommes distingués par le rang ou le savoir, cette jeunesse active et studieuse, qui s'y précipite, à flots pressés, à deux époques différentes de l'année ? Voyez quel religieux silence, quelle attention, quels témoignages de respect, quels élans de reconnaissance et d'amour accueillent ici la parole de vérité, qui, comme une céleste rosée, descend du haut de la chaire chrétienne, pour rafraîchir les âmes, pour feconder les intelligences, pour vivifier les cœurs. Venez, joignez-vous à l'élite de la société ; Voulez-vous faire mieux encore? Vous Seriez-vous, par malheur, du nombre de · ner des concitoyens sans les entendre, de les Ainsi vainqueur de ces préjugés, et dé- (1) Nous donnerons, à la fin du quatrième et dernier volume de l'ouvrage, une table méthodique qui indiquera à |