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changer leur nature, il faut qu'ils meurent, ou qu'ils se conforment aux lois qui en dérivent; et le désordre dont toutes les langues ont fait le synonyme de maladie, et que tous les peuples, avertis par la raison et par l'expé

de la grande famille (je prends ces mots selon toute l'étendue de leur acception et des conséquences qui en découlent), la société est déjà profondément malade ou dégradée.

L'essence de la royauté et de la paternité consiste en ce que la volonté du Roi et du père est obligatoire pour les sujets ou pour les enfants.

La mesure de l'obéissance due au Roi et au père, est la mesure de leur droit.

Hors de la foi divine, il n'y a de loi dans l'état que la volonté du Roi. llors de la loi divine, politique et civile, il n'y a de loi dans la famille que la volonté du père.

La loi politique regarde les personnes; la loi civile regarde les choses.

Le droit de propriété est la faculté de disposer des choses, ou de certaines choses selon sa volonté. Les propriétés en elles-mêmes sont les choses soumises à notre volonté.

L'homme soumis comme personne à la volonté légitime d'un autre homme, voilà le sujet. L'homme soumis comme chose à la volonté même légitime d'un autre homme, voilà l'esclavage.

Dans cet état il n'est homme encore que par la loi divine. Par la loi politique il est exclu de tout pouvoir, même paternel, de toute propriété, de tout droit, parce qu'en le considérant comme chose, on le suppose privé de raison et de volonté.

Sans droit, sans pouvoir, sans loi, nulle société ne seroit possible, ct la perfection de la société n'est autre chose que la perfection du droit, du pouvoir et de la loi.

Plus le droit, le pouvoir et la loi sont parfaits, c'est-à-dire plus l'ordre est complet, plus la liberté est grande; car la liberté consiste dans l'exclusion des bornes arbitraires mises à la volonté; et quand elle n'est bornéc que par des volontés obligatoires ou légitimes, l'homme alors jouit du plus haut degré de liberté possible.

Le droit primitif, essentiel ou divin, qui est la source de tous les au tres droits, s'appelle religion. C'est le lien universel des êtres. Donc sans religion, point de droit, point de pouvoir, point de loi, point de société, point de liberté, nul ordre enfin, et par conséquent nulle vie.

rience, regardent comme un symptôme de mort, n'est que la violation des lois naturelles.

De là cette inquiétude secrète, cette terreur, que l'on voit quelquefois se manifester dans les nations, soit par d'impétueux et soudains mouvements, soit par un silence morne et un repos sinistre, lorsque de longs abus, de nombreuses injustices, ou une grande foiblesse, ont troublé l'ordre, et qu'elles sentent ainsi leur existence menacée.

De là encore cet effroi qui s'empare des hommes, quand ils croient apercevoir un dérangement dans les lois du monde matériel. L'univers leur semble toucher à sa fin. L'esprit un moment a douté de l'ordre, et l'épouvante consterne les cœurs.

Rien d'indépendant, rien d'isolé dans la création : expression, si je l'ose dire, d'une magnifique pensée de Dieu, les êtres s'y lient aux êtres, et les mondes aux mondes, comme les mots s'enchaînent dans le discours; mais la liaison la plus intime, la plus nécessaire, est sans doute celle de cette pensée même avec la puissante raison qui l'a produite. Et nous savons qu'en s'élevant encore plus haut, et, comme parle Leibnitz, jusque dans la région infinie des essences, on découvre, à travers un voile de lumière, trois personnes liées par des rapports à jamais immuables; en sorte que, dans le fond le plus secret de son être, Dieu lui-même est une grande et éternelle société.

Mais, pour considérer l'homme en particulier, le corps n'a-t-il pas les lois de sa vie, expression de ses rapports avec les autres corps, et de ses différentes parties entre elles? Que ces lois soient troublées, le corps souffre; qu'elles soient totalement interverties, il périt. En qualité d'êtres physiques, la plupart des substances matérielles, brutes ou organisées, l'air, la lumière, l'eau, les plantes,

nous sont immédiatement nécessaires pour nous conserver; nous vivons dans une dépendance absolue de tout ce qui nous environne, et pour nous assurer un seul moment d'existence; des millions de rapports, dont la chaîne s'étend du grain de sable imperceptible jusqu'au soleil le plus éloigné de notre système doivent se maintenir invariables.

Mais qu'est-ce que ces rapports purement physiques, comparés à ceux qui nous unissent avec les êtres intelligents? Et combien j'ai pitié de ces esprits bassement curieux, qui, oubliant tout le reste, se réjouissent en eux-mêmes et s'admirent quand ils ont aperçu quelque relation nouvelle entre les corps ! N'apprendront-ils donc jamais à s'élever au-dessus des organes, et à connoître des lois plus nobles que celle du mouvement et de la pesanteur? Des rapports de l'homme avec ses semblables, je vois naître l'ordre moral, la raison, la société, si nécessaire que, hors d'elle, l'homme ne peut ni se perpétuer, ni se conserver *, comme elle-même ne se conserve et ne se perpétue qu'en se conformant aux lois qui résultent de la nature de l'homme. Point de salut pour elle que dans la possession de la vérité et la soumission à l'ordre; et, pour nous, point de vie que celle qu'elle nous communique. Qu'importe qu'on cite trois ou quatre animaux à face humaine trouvés dans les bois, où, sans idées, sans langage, mus par d'aveugles appétits, ils partageoient la pâture des bêtes certes, ce n'est pas là l'homme. Et

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Parmi tant de nations si différentes de nous, et si différentes entre elles, on n'a jamais trouvé d'hommes isolés, solitaires, errants à l'aventure à la manière des animaux, s'accouplant comme eux au hasard, et quittant leurs femelles pour chercher seuls leur pâture.' Il faut que la nature hnmaine ne comporte pas cet état, et que partout l'instinct de l'espèce l'entraîne à la société. Volt., Addit. à l'Hist. générale, p. 218, édit. de 1763.

encore, ces êtres imparfaits appartenoient originairement à la société, et lui devoient, avec la naissance, une première éducation; car on ne prétendra pas qu'un enfant, jeté dans les forêts en sortant du sein de sa mère, privé de force et d'expérience, ait pu subsister deux jours.

Mais, je le répète, ce n'est pas fà l'homme; manger, digérer, dormir, ce n'est pas toute sa destinée, et l'on consentira, peut-être à lui permettre d'autres fonctions: ce seroit aussi trop lui ravir que le déshériter à la fois de la pensée, de la parole, de la vertu, de l'espérance et de l'amour. Or j'ai prouvé que toutes ces choses sont des dons de la société. Pour aimer il faut connoître, pour connoître il faut avoir entendu ou vu parler; car on parle aux yeux comme à l'oreille, et l'écriture n'est qu'une parole figurée. Ainsi, hors de la société, la vie morale et intellectuelle s'éteint de même que la vie physique, et, séparé de ses semblables, l'homme meurt tout entier.

Que sera-ce donc séparé de Dieu, de la vérité suprême et du souverain bien? La violation d'une seule loi du corps, un léger désordre dans nos organes, devient pour nous une cause de souffrances et de mort; et nous violerions impunément les lois de la raison, la règle éternelle des devoirs, l'ordre conservateur des intelligences! Le tourment du remords n'annonceroit pas d'autres tourments! La conscience du coupable l'effraieroit par des menaces menteuses, et ne prophétiseroit que des chimères! Nos désirs ignorants et notre volonté pervertie prévaudroient contre la sagesse, la justice et la toute-puissance! Que ceux-là s'en flattent, qui se sentent assez forts pour vaincre Dieu.

Deux sortes de rapports nous unissent à lui, parce qu'il est tout ensemble et le principe de notre vie, et le

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pouvoir de la société à laquelle nous appartenous comme êtres intelligents. Violer ces rapports, c'est donc, premièrement, violer notre nature, et nous constituer dans un état de ruine; en second lieu, c'est violer les lois de la société dont nous sommes membres, et la loi fondamentale de toute société, qui est l'obéissance au pouvoir. Or, si dans ce monde d'épreuve, image fugitive de notre vraie patrie, celui-là est retranché de la société qui en viole les lois, qui désobéit au pouvoir, pense-t-on que, dans la société parfaite dont Dieu est le monarque, ce rapport de justice ou cette grande loi de l'ordre demeure sans exécution? Pense-t-on qu'il ne sache pas défendre son royaume et le défendre lui-même? Il n'a pas besoin pour cela de sortir de son repos; l'ordre qu'il a établi se maintient, ou se sépare de soi-même. Ici-bas la société rejette de son sein ou punit de mort ceux qui la troublent; elle les dépouille de tous les biens qu'ils tenoient d'elle; car la vie même est un bienfait de la société, et en l'ôtant à qui en abuse contre elle, elle ne fait que reprendre ce qu'elle avoit donné. De même, être retranché de la société éternelle, c'est être éternellement puni de mort, ou privé à jamais de tout bien, puisque Dieu les renferme tous *. Mais ce retranchement terrible, ce n'est pas Dieu

« Quiconque s'attache sincèrement à Dieu et l'aime de tout son << cœur, comme il veut être aimé, Dieu s'unit à lui; et l'union avec « Dieu, c'est la vie, c'est la lumière, c'est la jouissance de tous les << biens qui sont en Dieu. Pour ceux qui se séparent de lui, il les punit << en consommant la séparation qu'ils ont mise entre eux et lui. Or la << séparation d'avec Dieu, c'est la mort. La séparation d'avec la lumière, << ce sont les ténèbres; la séparation d'avec Dieu, c'est la perte de tous « les biens qui sont en Dieu. Voilà pourquoi ceux qui ont perdu par << leur apostasie tous les biens dont j'ai parlé, se trouvent par là même << accablés de tous les maux. Ce n'est pas Dieu qui les punit directe«ment; le châtiment les suit de lui-même, par la privation de tous les << biens... Comme ceux qui, dans le sein d'une lumière immense, se

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