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Et remarquez comme tout s'enchaîne dans l'ordre établi par le Créateur.

L'intelligence ne se développe que par la parole ou le témoignage; le témoignage n'existe que dans la société :

Donc l'homme ne peut vivre que dans la société ; donc il y a eu nécessairement société entre Dieu et le premier homme; donc Dieu lui a parlé, ou lui a rendu témoignage de son être.

La nécessité du témoignage implique la nécessité de la foi, sans laquelle le témoignage demeureroit sans effet:

Donc la foi est dans la nature de l'homme, et la première condition de la vie.

La certitude de la foi dépend de sa conformité avec la raison, ou de la grandeur de l'autorité qui rend témoignage:

Donc le témoignage de Dieu est infiniment certain, puisqu'il n'est que la manifestation de la raison infinie, ou de la plus grande autorité.

Il n'y a de témoignage possible que dans la société : Donc il n'y a d'autorité et de certitude que dans la société.

Nulle société humaine ne peut exister qu'en vertu de la société établie originairement entre Dieu et l'homme, ou par les vérités, les lois que sa parole a manifestées primitivement:

Donc ces vérités ne peuvent se perdre dans aucune société sans qu'elle se détruise; donc on doit les retrouver dans toutes les sociétés.

Ces vérités nécessaires à la société ne se conservent que par le témoignage, qui n'a de force et d'effet que par l'autorité; puisque la raison de croire au témoignage dépend de sa certitude, qui dépend elle-même de la grandeur de l'autorité qui atteste :

Donc, ainsi qu'il n'existe d'autorité que dans la société, la société n'existe que par l'autorité; donc partout où il n'y a point d'autorité, il n'y a point de société.

L'homme a des rapports relatifs au temps avec ses semblables; il a des rapports éternels avec Dieu et les autres intelligences:

Donc il y a deux sociétés, la société politique ou civile relative au temps, et la société spirituelle relative à l'éternitė; donc il y a deux autorités, et ces deux autorités sont infaillibles chacune dans son ordre.

La société politique atteste les vérités contingentes du les faits sur lesquels elle repose, ses institutions, ses lois, etc.; et son témoignage, expression de la raison générale, est certain.

La société spirituelle atteste les vérités immuables sur lesquelles elle repose, ses dogmes, ses préceptes, etc.; et son témoignage, expression de la raison générale, est certain.

Cette société embrassant tous les hommes et tous les temps, les vérités qui la constituent, ou les vérités nécessaires à l'homme pour se conserver comme être moral et intelligent, doivent être attestées par le genre humain, ou reposer sur la plus grande autorité visible.

Mais l'homme devant, comme tous les êtres, atteindre sa perfection, et ne pouvant se perfectionner qu'à l'aide de la vérité, il est dans l'ordre, c'est-à-dire qu'il est naturel ou nécessaire que les vérités primitives se développent; et elles ne sauroient se développer sans que la société spirituelle elle-même se développe ou se perfectionne.

Si les vérités primitives se sont réellement développées, on doit les retrouver toutes dans la société spirituelle perfectionnée, qui doit elle-même se faire reconnoître par caractère de la plus grande autorité, puisqu'elle imposeroit

le

à l'esprit de l'homme, à son cœur et à ses sens de nouveaux devoirs, et que l'homme ne doit une plus grande obéissance qu'à une autorité plus grande. Il n'existeroit donc point d'autorité visible égale à celle de cette société ; et, en effet, d'après ce qu'on vient de dire, elle se composeroit de l'autorité du genre humain attestant les vérités primitives, et de l'autorité postérieure, qui attesteroit à la fois ces vérités et celles qui en sont le développement. Et de même que, de ce développement connu avec certitude, on pourroit conclure rigoureusement l'existence de la société spirituelle perfectionnée, ainsi de l'existence certaine de cette société, l'on doit conclure le développement de la vérité, seule cause possible de perfectionnement.

Tout, dans le choix d'une Religion, se réduit donc à savoir s'il existe quelque part une autorité telle que nous l'avons définie ; ou, en d'autres termes, s'il existe une société spirituelle et visible qui déclare qu'elle possède cette autorité. Nous disons, premièrement, une société visible, parce que tout témoignage est extérieur; nous disons, en second lieu, que ce témoignage prouveroit avec certitude l'autorité dont il s'agit, parce qu'il seroit l'expression de la raison la plus générale *.

S'il n'existoit point de société qui eût ces caractères, la seule vraie Religion seroit la Religion traditionnelle du genre humain, c'est-à-dire l'ensemble des dogmes et des

*

Le témoignage particulier, ou la négation individuelle d'un ou de quelques hommes, n'ajoute ni n'ôte aucun degré de force au témoignage de la société. Ainsi, quand Bossuet et Newton affirmoient que Dieu existe, et quand Spinosa et Diderot le nioient, l'existence de Dieu, attestée dans tous les siècles par le genre humain, n'étoit ni plus ni moins certaine. Le témoignage de l'autorité ne peut être infirmé, ou confirmé dans le sens rigoureux du mot, que par une autorité plus grande.

préceptes consacrés par la tradition de tous les peuples, et originairement révélés de Dieu.

S'il existe une semblable société, la vraie Religion est l'ensemble des dogmes et des préceptes conservés par la tradition dans cette société, et perpétuellement manifestés par son témoignage. Ces préceptes et ces dogmes ne sont qu'un développement des dogmes et des préceptes. qui forment la croyance générale du genre humain.

Tout homme que des circonstances quelconques mettroient dans l'impossibilité de connoître la société spirituelle développée ou perfectionnée, ne seroit tenu d'obéir qu'à l'autorité connue de lui, ou à l'autorité du genre humain.

Tout homme qui pourroit connoître la société spirituelle développée ou perfectionnée, seroit tenu d'obéir à son autorité, parce qu'elle seroit la plus grande autorité visible.

En un mot, l'homme est toujours obligé d'obéir à la plus grande autorité qu'il lui soit possible de connoître, parce que la raison est sa règle, et qu'une plus grande autorité n'est et ne peut être qu'une plus haute raison.

Il existe donc, pour tous les hommes, un moyen de discerner la vraie Religion: seulement quelques-uns peuvent n'être pas à portée de la connoître dans toute sa perfection, ou d'en connoître tous les développements.

Ce moyen est universel, puisqu'il a son principe dans la nature de l'homme, qui partout croit au témoignage ou obéit à l'autorité.

Ce moyen est aisé, puisqu'à chaque instant l'homme en fait usage, que c'est par lui qu'il fixe ses jugements et règle ses actions, en tout ce qui se rapporte à son existence présente.

Enfin, comme nous l'avons démontré, ce moyen est

sûr, puisqu'il est la loi même de la certitude et de la vie.

Ici nous pouvons en appeler encore au témoignage nniversel. Fut-il jamais une Religion qui ne reposât point sur l'autorité? Tous les peuples n'ont-ils pas cru parce qu'on leur a dit: Croyez; parce qu'on leur a parlé au nom d'une raison supérieure? Il n'en est point chez qui l'on ne retrouve les traditions primitives; donc ils ont obéi à l'autorité du genre humain. Il est vrai qu'un grand nombre d'entre eux, en conservant ces traditions, les ont plus ou moins altérées par les erreurs qu'ils y ont jointes; mais ces erreurs mêmes ne se sont établies que par l'autorité, elles ne subsistent que par elle, ou par une fausse application de la règle, qui, mieux employée, les feroit reconnoître pour des inventions humaines, et ramèneroit les esprits à la vérité.

Ainsi les uns, confondant la société politique avec la société religieuse, ont reçu leurs croyances du pouvoir civil, ou ont obéi à une autorité dépourvue de droit. Les autres, impatients des devoirs que l'autorité générale de la société spirituelle imposoit à leur raison et à leur cœur, se sont révoltés contre elle, et ont obéi à l'autorité particulière d'un ou de quelques hommes mais toujours ils ont obéi ; et quiconque n'obéit à aucune autorité n'a point de Religion, même fausse.

Le moyen général de discerner la véritable étant connu de tous les hommes, quand ils s'égarent, c'est leur volonté seule qu'il en faut accuser. Distraits par les passions, dominés par l'orgueil, ou ils ne cherchent point la plus haute autorité, ou ils refusent de lui obéir. Indifférence ou rébellion, voilà leur crime; voilà, pour les êtres intelligents, les deux grandes causes de mort. Malheur à qui ferme l'oreille au témoignage! Malheur à qui se sépare de la société ! l'æ soli1! Au sortir du néant, elle nous redit

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