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mière, de la vérité, de la vie. Transgresser le commandement sur lequel est fondée la société de Dieu et de l'homme c'est rompre cette société, c'est dire au Pouvoir suprême: Nous ne sommes plus tes sujets, nous ne voulons plus l'être; nous avons élu un autre roi. Transporter à la créature la gloire du Créateur, c'est adorer le néant1, c'est tenter de lui rendre la souveraineté de l'univers, qu'une parole du Tout-Puissant lui ôta; c'est dégrader l'auteur de l'homme, et l'homme même, l'homme si grand par sa nature qu'il ne doit se prosterner que devant Dieu. Que de crimes dans un seul crime! et qui oseroit s'étonner des châtiments dont l'Écriture menace les idolâtres, et de l'anathème que prononce contre eux le Dieu trois fois saint!

Nous pourrions encore faire observer comment l'idolâtrie, en assujettissant l'homme aux sens, en fixant son esprit sur des objets matériels, arrête le développement de l'intelligence, et forme un obstacle invincible au perfectionnement de la société mais ces considérations nous entraîneroient trop loin. Il suffit d'avoir montré que tout ce qu'il y a d'universel dans l'idolâtrie est vrai, et fondė sur une tradition qui remonte à l'origine du genre humain ; que dans ce qu'elle a de faux, elle manque et a toujours manqué des caractères essentiels de la véritable Religion, d'unité, d'universalité, de perpétuité, de sainteté. Nous prouverons maintenant que ces caractères appartiennent tous au christianisme, et n'ont jamais un seul moment cessé de lui appartenir.

O Dieu, qui êtes un, infini, éternel, saint! du fond de votre être incompréhensible, daignez abaisser vos regards sur un faible mortel qui essaye en tremblant de défendre votre immuable vérité, contre l'erreur qui la combat et

1 Confidunt in nihilo; et sequuntur vanitates. Isa., L., 18, 4.

386 ESSAI SUR L'INDIFFÉRENCE EN MATIÈRE DE RELIGION. l'impiété qui la blasphème. De moi-même je ne sais rien, je ne peux rien faites descendre jusqu'à moi un rayon de votre lumière; pénétrez-moi de cette force qui subjugue les âmes rebelles, de cette ardente charité qui les persuade et les attendrit. Ce n'est pas pour moi que je demande à connoître davantage, à voir plus clairement ce que, par votre grâce, je crois déjà d'une foi inébranlable; mais puisque, choisissant ce qu'il y a d'insensé selon le monde pour confondre les sages, et ce qu'il y a de foible selon le monde pour confondre les forts, vous m'avez donné let désir de ranimer cette foi languissante dans les uns, presque éteinte dans les autres, donnez aussi à ma raison, si débile et si incertaine, l'appui qu'elle implore de vous, et à mes paroles la vertu qui les rendra puissantes sur les cœurs, et fécondes pour le ciel.

1

Quæ stulta sunt mundi elegit Deus, ut nonfundat sapientes; et infirma mundi elegit Deus, ut confundat fortia. Ep. 1, ad Corinth., 1, 27.

CHAPITRE VIII

L'UNITÉ EST UN CARACTÈRE DANS LE CHRISTIANISME.

L'unité qui, selon la pensée profonde de saint Augustin, est la forme de tout ce qui est beau1, est aussi le caractère de tout ce qui est vrai, parce que la vérité est la beauté par excellence. Et c'est pourquoi, dans l'unité souveraine et la vérité infinie, dans celui qui est, tout est immuable, rien ne varie; et dans l'ensemble de ses œuvres, rien ne varie non plus, rien ne change, mais tout se développe suivant des lois constantes, ou par l'efficace de la volonté perpétuellement une du Tout-Puissant. Ce développement, que nulle force ne sauroit arrêter ni suspendre, donne à la création quelque chose d'infini, et la rend digne de Dieu, dont l'action n'a pas plus de limites que sa pensée n'a de bornes. Et comme tout se développe simultanément, l'unité demeure inaltérable; ce sont les mêmes êtres, mais

1 Cùm autem omne quod esse dicimus, in quantùm manet dicamus, et in quantùm unum est, omnis porrò pulchritudinis forma unitas. S. Aug., Ep. XVIII ad Cœlestin., t. II, col. 23. Ed. Benedict.

plus parfaits. Ainsi le germe devient arbre; ainsi l'homme passe de l'enfance à l'âge de raison; et, s'il ne dérange pås l'ordre en violant les lois de sa nature, il continue éternellement de croitre en intelligence, en bonheur, en perfections de toute espèce, sans cesser d'être homme et le même homme.

Toujours la même aussi, toujours une, la vraie Religion devoit également, selon les desseins de Dieu, se développer dans le progrès des temps *. Et qui pourroit assigner un terme à ce magnifique développement, à cette sublime manifestation de l'Être infini, de sa vérité et de son amour, puisque le culte ineffable que les justes rendront à jamais au Très-Haut dans la vie future n'est que la consommation du culte que ces mêmes justes lui rendent dans la vie présente1? L'adoration commence sur la terre, et, se prolongeant dans les cieux, s'élève, s'étend, se dilate, pour ainsi dire, comme la félicité des élus, pour remplir l'éternité.

Les païens mêmes ont reconnu l'unité nécessaire de la loi divine; et Cicéron, dans un passage qu'on ne lit point sans étonnement, annonce d'une manière si formelle le développement qu'elle devoit recevoir un jour, que Lactance, qui nous a conservé ce merveilleux passage, semble y voir une sorte d'inspiration céleste et de prévision prophétique.

« La loi véritable est la droite raison conforme à la na«<ture, loi répandue dans tout le genre humain, loi con« stante, éternelle, qui rappelle au devoir par ses com

*

La loi est un Évangile caché, et l'Évangile est une loi expliquée. Bossuet, Sermons, t. I, p. 599. Édit. de Versailles.

1 Scit utique esse æternas leges, et eas omnes se in illo sæculi sæculo custoditurum esse confidit: quia ea quæ per umbram sunt constituta in hoc nunc sæculo, semper observet. S. Hilar., Tract. in CVIII Psal., littera VI, n. 8. Oper., col. 281. Ed. Benedict.

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« mandements, qui détourne du mal par ses défenses, et « qui, soit qu'elle défende, soit qu'elle commande, est « toujours écoutée des gens de bien, et méprisée des mé«< chants. Substituer à cette loi une autre loi, est une im« piété; il n'est permis d'y déroger en rien, et l'on ne << peut l'abroger entièrement. Nous ne pouvons être déliés « de cette loi ni par le sénat, ni par le peuple. Elle n'a << pas besoin d'un autre interprète qui l'explique; il n'y «< aura point une autre loi à Rome, une autre à Athènes, « une autre maintenant, une autre après ; mais une même «<loi, éternelle et immuable, régira tous les peuples, dans « tous les temps et celui qui a porté, manifestė, pro«< mulgué cette loi, Dieu sera le seul maître commun et « le souverain monarque de tous; quiconque refusera de <«<lui obéir se fuira lui-même, et renonçant à la nature << humaine, par cela même il subira de très-grandes pei«nes, quand il échapperoit à ce qu'on appelle ici-bas des << supplices 1. >>

1 Suscipienda igitur Dei lex est, quæ nos ad hoc iter dirigat, illa sancta, illa cœlestis, quam M. Tullius, in libro de Republicâ tertio, penè divinâ voce depinxit, cujus ego, ne plura dicerem, verba subjeci. « Est << quidem vera lex recta ratio naturæ congruens, diffusa in omnes, con«stans, sempiterna, que vocet ad officium jubendo, vetando à fraude « deterreat: quæ tamen neque probos frustrà jubet, aut vetat, nec im« probos jubendo, aut vetendo movet. Huic legi nec obrogari fas est, << neque derogari ex hâc aliquid licet, neque tota abrogari potest. Nec << vero aut per senatum, aut per populum solvi hâc lege possumus. « Neque est quærendus explanator, aut interpres ejus alius. Nec erit «alia lex Romæ, alia Athenis, alia nunc, alia posthâc, sed et omnes << gentes, et omni tempore una lex, et sempiterna, et immutabilis << continebit; unusque erit communis quasi magister, et imperator om<«< nium Deus; ille hujus legis inventor, disceptator, lator, cui qui non « parebit ipse se fugiet, ac naturam hominis aspernatus, hoc ipse luet «< maximas pœnas, etiam si cætera supplicia, quæ putantur, effugerit. » Quis sacramentum Dei sciens tam significanter enarrare legem Dei possit, quàm illam homo longè à veritatis notitiâ remotus expressit? Ego

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