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possédant plus de vérité, est plus étendue, plus complète que celle qui nie quelqu'un des attributs de Dieu elle est aussi plus conséquente, puisque le motif de croire ou de déférer à l'autorité a, quoi qu'elle enseigne, toujours la même force. Sortez de là, vous ne sauriez éviter le scepticisme qu'en vous déclarant infaillible, c'est-à-dire que, de manière ou d'autre, vous êtes contraint d'abjurer la raison.

Nier le témoignage général, lui préférer sa raison particulière est en effet le caractère propre de la folie; et tout homme qui ne reconnoît point d'autorité ayant droit de commander à son esprit est fou, soit involontairement si sa folie a une cause physique, soit volontairement si elle n'en a pas. Voilà l'unique différence qui existe entre les insensés qu'on enferme et ceux à qui on laisse l'usage de leur liberté; et l'erreur sur les objets que nous pouvons et devons (connoître, l'erreur sur les devoirs soit de la raison, soit du cœur, n'est qu'une folie volontaire, et c'est parce qu'elle est volontaire qu'elle est un crime.

Qu'un habitant de Charenton soutienne qu'il est roi de France, c'est un fou, l'on en convient; mais est-il fou précisément parce qu'il soutient qu'il est roi de France? Non, car il existe un autre homme qui dit aussi : Je suis roi de France, et qui seroit fou s'il ne le disoit pas. Mais tout le monde dépose en faveur de la royauté de celui-ci : il a pour lui le témoignage général; dès lors plus de doute. L'autre contredit obstinément ce témoignage, c'est un fou; cette preuve suffit, et même il n'y en a pas d'autre preuve certaine. A la place de ce malheureux, supposons un

homme qui dise: Je suis souverain. Nous aurons un exemple de la folie volontaire,

Il arrive souvent que la folie, même physique, a pour cause l'obstination avec laquelle l'esprit s'attache à certaines idées fausses. On doit donc trouver plus de fous de cette espèce dans les pays où, le principe d'autorité étant affaibli, les esprits sont moins défendus contre eux-mêmes. Effectivement, l'expérience prouve qu'il en est ainsi. Sous le règne d'Henri VIII, le nombre des fous augmenta prodigieusement en Angleterre, et depuis il a toujours été croissant. Il augmente de même chaque année en France*. Nous sommes persuadé qu'il y a trente ans,

Cela est si marqué, qu'en beaucoup de lieux les conseils de départements demandent qu'on forme de nouveaux établissements pour les recevoir. La note suivante, qu'un des plus habiles médecins de Paris a bien voulu nous communiquer, confirme, d'une manière frappante, ce que nous disons de la folie. Il est si vrai qu'elle consiste à refuser obstinément de reconnoître une autorité supérieure à notre raison individuelle, que le seul moyen de guérir le fou est de le forcer de se soumettre à cette autorité qu'il méconnoît.

<< L'insuffisance de tous les moyens tirés de l'hygiène et de la théra<«<peutique pour la guérison de la folie est depuis longtemps reconnue « des médecins. La saignée, les vomitifs, les purgatifs, les bains, les « douches, font bien quelquefois cesser des accidents purement physiaques qui accompagnent l'aliénation de l'esprit, et qui troublent la << santé corporelle de l'aliéné, ou le rendent plus difficile à contenir; << mais ces remèdes ne produisent que bien rarement une amélioration « réelle dans les fonctions de l'intelligence. Aussi les médecins qui << s'occupent avec le plus de succès du traitement de la folie n'em<< ploient-ils ces sortes de moyens que comme accessoires. Leur moyen principal est ce qu'ils appellent le traitement moral.

<< Ce traitement moral consiste à contraindre le malade, par un juste << mélange de fermeté et de persuasion, à reconnoitre l'autorité, à «<lui soumettre ses actions, sa volonté et son propre jugement. Lors«que ce dernier point est obtenu, le malade agit et raisonne comme

l'Espagne étoit le pays de l'Europe où il y en avoit le moins; ils s'y multiplieront, sans aucun doute, à mesure que la foi diminuera. Un médecin italien avoit calculé, dans le dernier siècle, qu'il existoit en Italie, proportionnellement à sa population, dix-sept fois moins de fous que dans les contrées protestantes. Ces faits, sous plus d'un rapport, méritent d'être remarqués. Nous sommes loin de nier que la folie ne soit fréquemment produite par des causes particulières, des émotions vives, de profondes douleurs; mais cela

<< un autre homme, il est guéri. Les moyens que l'on emploie pour « arriver à ce but sont de séparer le malade de toutes les personnes «qu'il connoît, et particulièrement de celles auxquelles il est habitué << à commander; de ne le contrarier jamais en lui parlant le langage « de la raison, sans lui présenter en même temps l'appareil d'une «force physique à laquelle il ne puisse espérer de résister. Ainsi, « à un fou furieux qui refuse d'entrer dans sa loge, ou qui s'est armé << d'un débris de meuble pour en défendre l'entrée, on envoie dix do«^mestiques; si on ne lui en opposoit que deux ou trois, quoique plus <«< faible que chacun d'eux, il essayeroit de leur résister, et on ne pour«roit le désarmer qu'en le blessant; mais dès qu'il voit une force tout « à fait supérieure, il se rend. Il apprend ainsi peu à peu à recon<< noître la supériorité physique, et de là il est conduit à reconnoître «< la supériorité morale. Il obéit d'abord dans ses actes; il finit par sou<< mettre son jugement. C'est dans ce dernier point que consiste la « plus grande difficulté du traitement, et cette difficulté est d'autant « plus grande que le malade, par son caractère propre, ou son genre <«< de vie, est naturellement plus impérieux, ou plus indépendant. Il « est d'expérience que les hommes les plus exposés à l'aliénation men<< tale, et les plus difficiles à guérir, sont les célibataires qui vivent << dans un état d'isolement, et par conséquent dans une grande indé<< pendance de l'autorité, et même des idées d'autrui, et les hommes << habitués au commandement. Personne n'est plus difficile à guérir « qu'un officier général, et surtout qu'un capitaine de navire. On sait << que l'autorité de ce dernier est plus despotique que celle du potentat «<le plus absolu. » Voyez le Traité de la Manie de M. Pinel, et les Mémoires de M. le docteur Esquirol sur le même sujet.

n'empêche pas de reconnoître une cause générale de folie, dont l'action se manifeste uniformément chez tous les peuples, à mesure que cette cause s'y développe, c'est-à-dire à mesure que les esprits s'affranchissent davantage de l'obéissance à l'autorité.

En cherchant par quelles voies l'homme parvient à la connoissance certaine de la vérité, nous avons été conduit à examiner une question peu éclaircie jusqu'à ce jour, et qui a fait naître un grand nombre d'erreurs. On s'est imaginé qu'il existoit des vérités indépendantes de la raison, des vérités senties avant d'être conçues, et qu'à cause de cela l'on nomme vérités de sentiment. On ne pouvoit confondre plus dangereusement des facultés distinctes, et, par une suite nécessaire de leur nature, liées entre elles dans l'ordre inverse de celui qu'on supposoit. Les déistes ont étrangement abusé de ce faux principe; les athées mêmes s'en accommodent, et ils en ont tiré une espèce de Religion où tout entre, excepté Dieu.

Nous montrons que tout sentiment suppose une vérité ou une idée préexistante dans l'entendement; car il faut connoître avant d'aimer, et l'homme aime naturellement la vérité, qui est le bien des intelligences. Ainsi la foi précède l'amour, et l'amour n'est que le mouvement de l'âme, qui se porte vers l'objet de sa foi. Le bon croit à la vertu ; il la regarde comme son véritable bien, et il l'aime. Le méchant, qu'elle fatigue, la hait, parce que, dans l'erreur de son esprit offusqué par les passions, elle est à ses yeux un mal. Le bien, pour lui, c'est ce qui flatte ses pen chants corrompus; il croit au plaisir, et cette foi

aveugle et déraisonnable détermine un amour désordonné. Chaque croyance, vraie ou fausse, produit ‘ainsi un sentiment analogue; et si l'on observe chez tous les peuples des sentiments généraux inaltérables pour le fond, c'est qu'il s'y trouve aussi des croyanees générales, conditions nécessaires de l'existence du genre humain.

Considérons sur ce point de vue la plus importante des vérités et la plus universelle des croyances. Partout, dans tous les temps, les hommes ont eu l'idée de Dieu; mais, avant Jésus-Christ, ils ne le connoissoient pas selon tout ce qu'il est; il n'avoit encore pleinement manifesté que sa puissance, et cette notion du souverain Etre produisoit un sentiment de respect et de crainte, dont le culte public étoit l'expression.

La sagesse éternelle se revêt de notre nature; Dieu se manifeste comme vérité : aussitôt on voit naître un sentiment nouveau; la vérité a ses témoins, ses martyrs; et les hommes qu'elle a éclairés se dévouent à tous les travaux, à tous les opprobres, à tous les tourments, pour la défendre et la propager; et aujourd'hui encore des millions de chrétiens mourroient avec joie dans les supplices, plutôt que de renoncer à cette vérité qu'ils ont connue.

Dieu achève de se découvrir, il se manifeste comme amour, et un amour immense s'empare du cœur de l'homme; alors, et alors seulement, il commence à aimer ses frères jusqu'à se sacrifier pour eux, en vue de celui qui nous a tant aimés1. Un esprit de miséri

Joan. m. 16.

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