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que Dieu nous promet? Croyez-vous que les lois toutes seules avec les peines qu'elles infligent imposent assez au méchant pour l'arrêter et le contenir? Il sait bien qu'il peut vous échapper, parce que vous n'êtes que des hommes. S'il ne redoute point d'autre regard, il enfantera le crime qu'il médite.

Ah! s'il avait appris, s'il était convaincu comme nous que l'œil de Dieu est toujours ouvert sur lui, qu'il n'est pas seulement témoin de l'acte, mais encore de la pensée, il ferait le bien au lieu du mal, n'eût-il d'autre motif que la crainte du glaive qu'il verrait suspendu sur sa tête. Vous conviendrez de cette vérité avec moi; mais examinez votre conduite. A voir vos persécutions, ne dirait-on pas que vous craignez que tout le monde ne se range du côté de la vertu, et que vos rigueurs n'aient plus personne à punir? ce serait une crainte digne du bourreau et non de princes vertueux. Mais nous sommes persuadés que cet acharnement contre nous est moins votre ouvrage que celui du démon, qui égare la raison de l'homme pour en obtenir plus sûrement des autels et des victimes. Princes, vous êtes trop amis de la piété, de la sagesse, pour imiter ceux qui abjurent ainsi la raison. Si toutefois vous voulez, à l'exemple de l'insensé, sacrifier la vérité à d'indignes préjugés, sacrifiezla, vous en avez le pouvoir; mais songez-y, ce pouvoir oppresseur ne serait, après tout, que celui du brigand qui tue sa victime sans défense.

Mais c'est en vain que vous immolerez vos victimes: le Verbe vous le déclare, ce prince de la paix, le plus saint et le plus puissant, selon le témoignage même de Dieu, son père.

Personne ne voudrait recevoir en héritage la misère, la maladie, l'opprobre. Et voilà ce que ne peut manquer de recueillir l'homme assez insensé pour lutter contre la force du Verbe et rechercher ce qu'il lui commande de fuir.

Voilà l'avenir que lui annonce ce divin maître, le fils et l'envoyé de Dieu le père et souverain arbitre de tout ce qui existe, Jésus-Christ, dont nous avons pris le nom, puisque nous nous appelons Chrétiens. Ce qui nous affermit dans la foi de tout ce qu'il nous a enseigné, c'est que nous voyons tous les jours se réaliser ce qu'il a prédit. Il est Dieu, car il n'appartient qu'à un Dieu d'annoncer les événements avant qu'ils arrivent, et de les accomplir comme il les a annoncés.

Nous pourrions nous arrêter ici et ne pas sortir des bornes d'une juste et légitime défense; mais comme l'ignorance où vous êtes de ce qui nous concerne n'a pu se dissiper en un instant, nous avons cru devoir donner plus d'étendue à ee discours, persuadés qu'il suffira d'offrir la vérité, telle qu'elle est, à ceux qui l'aiment, pour les porter à l'embrasser et pour détruire toutes les préventions de l'ignorance. XIII. Peut-on, sans renoncer à la raison, accuser d'athéisme des hommes qui adorent l'auteur de l'univers, qui ont appris et qui enseignent que ce Dieu n'a besoin ni de victimes, ni de libations, ni de parfums, qu'il ne demande que l'offrande du cœur ; des hommes qui élèvent sans cesse vers lui leurs prières et leurs actions de grâces, le remerciant du bienfait de la vie, des secours par lesquels il nous la conserve, de la vertu qu'il a attachée à chaque plante, de la succession des saisons; mais surtout du don de la foi qui nous fait croire en lui et nous apprend à le connaître et à nous conserver purs et sans tache à ses yeux ? Le culte le plus digne de lui consiste non à détruire par le feu ce qu'il a fait et destiné à nous nourrir, mais à nous en servir pour nous-mêmes et le partager avec nos frères dans l'indigence, et à chanter tous ensemble, en son honneur, dans de pieuses cérémonies, des hymnes de reconnaissance. Avec de telles idées de la Divinité, ces hommes seraient-ils des athées

Bien convaincus que Jésus-Christ, qui nous a enseigné cette doctrine, qui s'est fait homme pour remplir ce ministère, qui a été mis en croix sous Ponce-Pilate, gouverneur de la Judée au temps de Tibère, est le fils même du vrai Dieu, nous l'adorons après le Père, et ensuite l'Esprit saint qui inspirait les prophètes; et vous verrez combien est raisonnable ce culte d'adoration. Je sais que vous répétez que nous sommes des insensés; que celui que nous adorons après le Dieu éternel, immuable, père de toutes choses, n'est qu'un homme, un crucifié.

C'est que vous ignorez ce grand mystère; je vais vous en instruire : je ne vous demande que de l'attention.

XIV. Car je dois vous prévenir que vous avez à vous tenir en garde contre un terrible adversaire, l'esprit de ténèbres, que nous avons vaincu, et qui ne cherche qu'à vous séduire, qu'à vous détourner de l'étude et de l'intelligence des vérités dont nous voulons vous instruire. Il ne néglige rien pour vous retenir sous son joug, dans un honteux esclavage, et vous faire servir d'instruments à ses desseins. Pres tiges, songes, fantômes, il met tout en œuvre : c'est par-là qu'il prend dans ses pièges ceux qui s'inquiètent peu de l'avenir. Il ne veut pas que vous lui échappiez comme nous lui avons échappé nous-mêmes: car nous étions aussi ses esclaves. Mais nous avons su rompre nos liens, dès que nous avons connu le Verbe; nous n'avons plus voulu adorer que le Dieu incréé, le seul Dieu véritable, une fois que nous avons été éclairés par son fils. Quel changement se fit alors en nous! Nous placions le bonheur dans la débauche; maintenant, la chasteté fait nos délices. Nous avions recours à la magie; nous ne mettons plus notre espoir que dans l'infinie bonté du Dieu éternel. L'or, l'argent, de grands domaines nous paraissaient les seuls biens dignes d'envie; aujourd'hui nous nous faisons un bonheur de les mettre en commun et de les partager avec l'indigent. La haine nous armait les

H uns contre les autres et faisait couler le sang; nous repoussions l'étranger, celui qui n'avait ni nos lois, ni nos habitudes, et depuis que le Christ nous a apparu, nous voyons dans chaque homme un frère: nous prions même pour nos ennemis; nous cherchons à désarmer la haine par la douceur, à vaincre la résistance par la persuasion. C'est ainsi que nous tâchons d'amener ceux qui nous persécutent sous le joug de Jésus-Christ, afin qu'ils vivent aussi selon ses préceptes, qu'ils partagent nos espérances et qu'ils jouissent du bonheur qui nous est réservé. Nous ne voulons pas ici vous tromper pour dissiper à cet égard toutes vos craintes, j'ai jugé à propos de vous exposer quelques préceptes de la doctrine de Jésus-Christ, avant de vous prouver qu'il est Dieu, ainsi que je vous l'ai promis. Sa manière d'enseigner était courte et précise; elle n'avait rien d'un sophiste; sa parole était la force de Dieu même.

XV. Voici ce qu'il dit de la chasteté : celui qui regarde une femme pour la convoiter a déjà commis l'adultère dans son cœur. Si votre œil droit vous scandalise, arrachez-le, jetez-le loin de vous: il vaut mieux pour vous qu'un des membres de votre corps périsse que si votre corps était jeté en enfer; et ailleurs : « Epouser la femme qu'un autre a répudiée, c'est devenir adultère. Il en est que les hommes ont faits eunuques, mais il en est aussi qui se sont faits eunuques eux-mêmes, à cause du royaume des cieux : tous ne comprennent pas le sens de ces mots. »

D'après vos lois, on est coupable de prendre deux femmes à la fois; aux yeux de notre maître, on est criminel quand on regarde une femme avec un mauvais désir. Le Dieu que nous servons rejette loin de lui, non pas seulement celui qui fait le mal, mais encore celui qui nourrit l'intention de le faire; la pensée lui est connue aussi bien que l'action; le fond des cœurs est à découvert à ses yeux. Combien de personnes, de l'un et de l'autre sexe, élevées dès leur tendre

jeunesse à l'école de Jésus-Christ, ont conservé jusqu'à soi— xante et soixante-dix ans l'innocence du premier âge! je pourrais vous en montrer dans toutes les classes. J'aurais peine à compter tous ceux qui, du sein des voluptés, ont passé sous les lois sévères de l'Evangile car Jésus-Christ n'est pas venu appeler ceux qui sont justes et purs, mais les hommes iniques, impies, voluptueux. Il nous le dit lui-même: « Je ne suis pas venu appeler les justes à la pénitence, mais les pécheurs. » Le Père que nous avons dans le ciel aime à pardonner et non à punir. Il veut que notre amour embrasse les hommes: « car, nous dit-il, si vous n'aimez que ceux qui vous aiment : c'est ainsi qu'agissent les pécheurs; quel serait donc votre mérite? Et moi je vous dis: Aimez vos ennemis; faites du bien à ceux qui vous haïssent; priez pour ceux qui vous persécutent ou qui vous calomnient. »

Il veut qu'on partage ses biens avec le pauvre et qu'on ne se propose point les applaudissements des hommes. >> Donnez à ceux qui vous demandent ; ne réclamez point ce qu'on vous dérobe. Si vous prêtez à ceux de qui vous espérez recevoir, quel mérite avez-vous encore? Les pécheurs font-ils autremert? N'amassez point de trésors sur la terre, où la rouille et les vers dévorent, où les voleurs fouillent et dérobent; mais amassez plutôt des richesses pour le ciel, où la rouille ni les vers ne peuvent s'y attacher. Et que sert à l'homme de gagner l'univers, s'il vient à perdre son âme? Que donnera-t-il en échange de cette âme? Amassez donc pour le ciel ; soyez bous et miséricordieux à l'exemple de votre père, qui est bon et miséricordieux, et qui fait luire son soleil sur les méchants comme sur les bons. Ne vous inquiétez ni du vêtement, ni de la nourriture. Voyez les oiseaux du ciel : votre père céleste les nourrit. N'êtes-vous pas plus grands à ses yeux? Ne vous tourmentez donc point; ne dites pas : Que mangerons-nous, où trouverons-nous de quoi nous vêtir?

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