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voie publique les enfants qui viennent de naître. Et que deviennent ces infortunés? N'importe le sexe, ils sont presque tous livrés à la prostitution. Autrefois on nourrissait d'immenses troupeaux de boucs, de chèvres, de brebis, de chevaux; aujourd'hui ce sont, si je puis ainsi parler, des troupeaux d'enfants qu'on nourrit pour les faire servir à d'infâmes usages. Vous trouvez encore chez tous les peuples une multitude d'hommes et de femmes d'un sexe équivoque et de la plus dégoûtante immoralité. Vous trafiquez de leurs crimes, vous établissez sur eux des impôts, des revenus, quand il faudrait les chasser du monde entier. Sans parler de tout ce qu'il y a d'infâme, de dégradant dans ces monstrueuses voluptés qui font frémir la nature, ne s'expose-t-on pas, pour comble d'horreur, à s'y abandonner avec un parent, un frère, un fils? Il y en a même qui prostituent leurs femmes et leurs enfants? Quelques-uns, et cela ouvertement en public, vont jusqu'à se mutiler pour les turpitudes d'un cynisme inouï. Voilà vos mystères en l'honneur de Cybèle, la digne mère de vos dieux; et c'est aussi ce qui explique pourquoi vous placez un serpent symbolique et mystérieux près de chacune de ces divinités que vous avez imaginées.

Et bien ! ces infamies que vous commettez publiquement, en plein jour, vous ne rougissez pas de nous les attribuer. Vous supposez qu'après avoir renversé un flambeau, éteint en nous la raison, cette lumière divine, nous nous livrons sans frein à ces mêmes turpitudes. Ici la calomnie ne peut nuire à des hommes incapables de pareils crimes, mais à ceux qui les commettent et en accusent les autres.

XXVIII. Le chef des mauvais génies, nons l'appelons serpent, Satan ou diable, comme vous pouvez le voir d'après nos saintes Ecritures. Le Christ nous a annoncé d'avance qu'avec lui et son armée tous ceux qui l'auront adoré ici-bas seront précipités dans des étangs de feu pour y souffrir des supplices inouïs pendant des siècles sans fin. S'il diffère, s'il

suspend l'arrêt prononcé, c'est à cause de l'homme. It prévoit que plusieurs peuvent se repentir, qu'un grand nombre sont encore à naître. Il a créé l'homme raisonnable, libre et dès-lors capable de se déclarer pour la vérité et d'embrasser la vertu, de sorte qu'aucun de nous ne peut s'en prendre à Dieu, s'il vient à se perdre. Nous sommes tous doués de raison et d'intelligence. Oser avancer que Dieu ne s'occupe pas de nous, c'est dire astucieusement qu'il n'existe pas, ou que, s'il existe, il n'est que le protecteur du crime, qu'il ressemble à la pierre, que le vice et la vertu ne sont que de vains noms, le bien et le mal une affaire d'opinion. N'est-ce pas là le comble de l'impiété, de la dépravation?

XXIX. Je reviens à l'exposition des enfants: si nous l'avons en horreur, c'est que nous ne craignons pas seulement pour leur vie. Ne peuvent-ils pas périr avant d'avoir été recueillis, et dès-lors ne serions-nous pas des homicides? Chez nous, on ne se marie qué pour élever ses enfants. Si on renonce au mariage, c'est pour passer toute sa vie dans la continence.

Non, nos mystères ne se célèbrent point par des unions monstrueuses. Rappelez-vous ce que fit l'un des nôtres pour vous détromper sur ce point. Il présenta une requête à Félix, préfet d'Alexandrie, pour lui demander la permission de se faire mutiler par un médecin; car tous les médecins de la ville avaient déclaré qu'ils ne le pouvaient sans l'autorisation du préfet. Sur le refus de celui-ci, le jeune homme continua de vivre dans la continence et la chasteté, content du témoignage de sa conscience et de l'approbation de ceux qui partageaient ses sentiments. Il n'est peut-être pas hors de propos de rappeler en passant le souvenir de cet Antinous, mort il y a peu d'années, et après sa mort imposé à tous comme un dieu qu'ils redoutaient et adoraient tout à la fois; vous savez ce qu'était le personnage et d'où il venait.

XXX. Mais on nous dira peut-être : « Celui que vous appelez le Christ, n'est-ce pas un simple mortel, né d'entre les hommes, qui aurait fait des miracles à l'aide de la magie et qui par ses prestiges se serait fait passer pour le fils de Dieu ? » Nous allons montrer qu'il est véritablement le fils de Dieu incarné, et nos raisonnements seront ceux non de la crédulité qui se rend à de vaines paroles, mais d'une forte conviction qui n'a pu refuser son assentiment à des prophéties dont nous avons tous les jours l'accomplissement sous les yeux; et si je ne me trompe, ce genre de démonstration sera pour vous le plus convaincant et le plus décisif.

XXXI. Chez les Juifs parurent des hommes appelés prophètes, dont l'Esprit saint se servait comme d'organes pour annoncer l'avenir. Les différents chefs qui se succédèrent dans le gouvernement de la Judée conservèrent soigneusement leurs divins oracles, tels qu'ils étaient sortis de leurs bouches; car ils étaient consignés dans des livres écrits en hébreu de la main même des prophètes.

Ptolémée, roi d'Egypte, qui s'occupait de former une bibliothèque et de réunir tous les livres connus, entendit parler de ces prophéties et les fit demander par une ambassade au chef qui gouvernait alors la Judée. Celui-ci s'empressa de lui en adresser une copie écrite en hébreu. Mais ce qu'elle contenait restait inconnu aux Egyptiens, qui n'entendaient pas cette langue. Ptolémée envoya donc une nouvelle ambassade à Jérusalem, pour demander des hommes habiles qui pussent traduire ces livres en grec.

Ils sont depuis restés en Egypte, en même temps qu'ils n'ont cessé d'être entre les mains des Juifs. Mais ceux-ci les lisent tous les jours sans les comprendre, et se montrent, comme vous, nos ennemis, nos persécuteurs, ne manquant jamais l'occasion de nous livrer aux supplices et de nous faire mourir quand ils en ont le pouvoir: témoin ce qu'ils

ont fait récemment. Dans la dernière guerre contre les juifs, on a vu le chef des révoltés, Barcochébas, tourner toute sa fureur contre les seuls Chrétiens et livrer aux plus cruels tourments ceux qui refusaient de nier le Christ et de blasphémer contre lui.

Mais revenons aux prophéties: qu'y voyons-nous ? JésusChrist annoncé tel qu'il a paru, né d'une Vierge; arrivant à l'âge viril, guérissant les malades et les infirmes, ressuscitant les morts, haï, méconnu, mourant sur une croix, reprenant une nouvelle vie, remontant aux cieux; nous y voyons qu'il est appelé le fils de Dieu et qu'il l'est réellement; qu'il envoie des hommes par tout le monde publier ce qu'il est; que les gentils surtout croient à sa parole et se convertissent à lui. Il n'a cessé d'être annoncé à la terre. Des prophètes parurent d'abord cinq mille ans, ensuite trois mille, puis deux mille, d'autres mille ans, quelques-uns huit cents ans avant qu'il vînt au monde; car ils se sont succédé avec les générations.

XXXII. Voici la prophétie littérale de Moïse, le plus aneien d'entre eux: « Le sceptre ne sortira pas de Juda, ni les princes de sa postérité, jusqu'à ce que vienne celui à qui appartient le sceptre et qui est l'attente des nations; il liera son ânon à la vigne et lavera sa robe dans le sang du raisin. »

C'est à vous maintenant d'examiner à quelle époque les Juifs ont cessé d'avoir des princes et des chefs de leur nation. N'est-ce pas au moment où a paru Jésus-Christ, notre Seigneur et l'interprète de ces mystérieux oracles, selon cette parole de Moïse ou plutôt de l'Esprit saint: « La principauté ne sortira pas de Juda, jusqu'à la venue de celui à qui appartient le sceptre. » Car Juda est le père de la nation juive; c'est même de lui qu'elle tire son nom. Après la venue de Jésus-Christ, n'avez-vous pas régné sur les Juifs, ajouté leur pays à votre empire? Et ces mots : » Il est l'at

tente des nations, » ne signifient-ils pas que tous les peuples soupiraient après lui?

En effet, l'histoire à la main, vous pouvez voir que partout on espérait en celui qui fut crucifié dans la Judée, et dont la mort fut suivie de si près par l'envahissement de co pays, qui vous fut livré.

Ces autres paroles: « Il attachera son ânon à la vigne et lavera sa robe dans le sang du raisin,» désignent d'une manière symbolique ce qu'il devait faire et ce qui devait lui arriver. Ne sait-on pas qu'il dit à ses disciples 'd'aller lui chercher un ânon attaché au sarment d'une vigne à peu de distance d'un bourg; qu'il monta sur cet ânon lorsqu'il lui fut amené, et qu'il fit ainsi son entrée dans Jérusalem, où était le superbe temple des Juifs, que depuis vous avez renversé? Après être entré dans cette ville, le Christ fut mis en croix pour accomplir le reste de la prophétie. Mais remarquez ces mots : « Il lavera sa robe dans le sang du raisin. » Ici le prophète annonce que le Christ doit souffrir, et par son sang purifier ceux qui croiront en lui. Sa robe désigne ses fidèles disciples en qui réside le Verbe, cette semence divine. Mais que veulent dire ces paroles, le sang du raisin, sinon que le sang du Christ, dans son incarnation, ne viendrait pas de l'homme, mais de la vertu de Dieu ?

Ainsi devait naître en effet le fils de Dieu, le Verbe divin, la première puissance après Dieu le père. Mais comment s'est-il incarné et fait homme, nous le dirons plus tard. Remarquons seulement que, de même que ce n'est point l'homme, mais Dieu, qui fait le sang de la vigne, de même le sang de Jésus-Christ ne devait pas venir de l'homme, mais de la vertu même de Dieu. Tel est le véritable sens de ces paroles mystérieuses, ainsi que nous l'avons déjà dit; et voilà ce qu'annonçait aussi Isaïe, mais en d'autres termes, quand il dit : « Une étoile sortira de Ja

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