Obrázky na stránke
PDF
ePub

la dernière impudence ce qu'ils ont fait de mal autrefois : par exemple, les assauts de force qu'ils ont livrés jadis comme des gladiateurs; les combats de littérature ou de subtilité qu'ils ont soutenus, ou enfin quelques-uns de ces traits qui, favorables selon la vanité du monde, n'en sont pas moins nuisibles, funestes et condamnables quant au salut de l'âme. Cette preuve décèle un esprit encore tout mondain, et l'habit religieux, pour ceux qui en agissent ainsi, est moins la robe de leur renouvellement que le manteau de leur vieille conduite. Quelques-uns, il est vrai, lorsqu'ils font de semblables récits, ont l'air du repentir et de la douleur; mais au fond d'eux-mêmes c'est la vaine gloire qu'ils recherchent, et, loin d'effacer par-là les fautes qu'ils ont commises, ils ne font que s'abuser eux-mêmes; car « l'on ne se >> joue point de Dieu 1. » Non, ils n'ont point dépouillé le vieil homme, ils le pallient seulement par le nouveau; et cette confession, loin de découvrir ou de dégager l'abcès du vieux levain, ne fait que le consolider et le durcir, selon ce qui est écrit: « Mes os >> ont vieilli et perdu leur force, tandis que je criais tout le jour3. » Et quelle confusion pour nous, lorsque nous nous rappelons la honteuse hardiesse de quelques religieux, qui ne rougissent pas de prendre plaisir à publier, à vanter ce qu'ils devraient pleurer, comme d'avoir, après avoir reçu le saint habit, supplanté avec finesse ou trompé quelques frères en matière sérieuse, rendu, par un coupable talion et avec une impudente audace, l'injure pour la malédiction, c'est-à-dire le mal pour le mal, ou, bien plus encore, la malédiction elle-mème pour la malédiction!

Mais la confession est d'autant plus dangereuse et funeste qu'elle est plus subtilement superbe lorsque nous ne craignons pas de découvrir sur notre propre compte ce qui est même honteux et déshonorant, et que ce n'est pas parce que nous sommes humbles, mais parce que nous voulons le paraître; car vouloir retirer la louange de l'humilité n'est pas la vertu, mais le renversement de l'humilité. L'homme véritablement humble veut être réputé vil, et non célèbre comme humble; il se réjouit du mépris qu'on fait de lui-même, et, s'il est superbe par quelque endroit, ce n'est que par le mépris même qu'il fait des louanges. Eh! quoi de plus pervers, quoi de plus indigne que de faire servir à l'orgueil la confession, qui est la gardienne de l'humilité, et de vouloir paraitre meilleur par cela même qui fait paraître plus méchant?

1 Galat., 6. -- 2 Ps. 31.

[ocr errors]

Nouveau genre, admirable forme de vanité! Ne pouvoir passer pour saint qu'en se faisant regarder comme un scélérat! Aussi, une pareille confession, qui n'a que le masque et non la vertu d'humilité, loin de mériter le pardon, provoque-t-elle bien plutôt la colère. Et de quoi a servi à Saül de reconnaître, sur le reproche que lui en faisait Samuel, qu'il avait péché? Sa confession fut certainement criminelle, puisqu'elle n'effaça point la faute; car le maître de l'humilité eût-il pu mépriser une confession qui eût été humble, lui auquel il est inné de donner la grâce aux humbles? Non, il n'eût pu ne pas s'apaiser, si la même humilité qui paraissait sur les lèvres eût brillé dans le cœur; et c'est ainsi que j'ai dit que la confession devait être humble.

Il faut aussi qu'elle soit simple, qu'elle ne prenne point plaisir 1° à excuser l'intention, toute cachée qu'elle peut être aux yeux des hommes, lorsqu'elle est coupable; 2° à alléger, à diminuer une faute qui est grave; 3° à s'excuser sur le conseil d'autrui, lorsque soi-même on n'a été, contre son gré, forcé par personne. Le premier de ces vices est plutôt une défense qu'une confession, et aigrit plutôt que d'apaiser. Le deuxième montre l'ingratitude, puisqu'en diminuant la faute on diminue d'autant la gloire du bienfaiteur qui la remet; car un bienfait est d'autant moins libéral qu'il paraît émaner d'une source moins gratuite et moins nécessaire. Celui donc qui atténue ainsi le don du bienfaiteur s'adjuge le pardon à lui-même ; et c'est là ce que font tous ceux qui s'efforcent d'alléger leurs péchés par des paroles. Quant au troisième, l'exemple du premier homme suffit pour en détourner. Pourquoi n'obtient-il pas en effet le pardon de sa faute, malgré l'aveu qu'il en fait, si ce n'est sans doute parce qu'il mèle à cet aveu la faute de la femme? C'est une espèce d'excuse que d'en charger un autre, tandis que vous êtes accusé vous-même. Or, demandez au saint homme David combien il est non-seulement inutile, mais même dangereux, de vouloir vous excuser ainsi quand vous êtes repris. Il appelle des paroles de malice ces excuses qu'on cherche pour excuser ses péchés; il demande, il conjure que son cœur ne s'y laisse point aller, et avec raison sans doute; car c'est contre sa propre âme que pèche celui qui s'excuse, puisqu'il repousse ainsi le remède de l'indulgence, et qu'il se ravit de sa propre bouche le souffle de la vie. Or, quelle plus grande malice que de vous armer vous-mêmes contre votre propre salut, que de vous percer vous-mêmes du poignard

de votre langue? « Eh! pour qui sera bon celui qui est méchant » pour lui-même1? »

Enfin que la confession soit fidèle, de manière que vous confessiez avec espérance et sans aucun doute d'obtenir le pardon, de peur que vous ne vous condamniez vous-même de votre propre bouche plutôt que de vous justifier. Le traître Judas et le fratricide Caïn ont confessé l'un et l'autre. « J'ai péché, a dit l'un, en livrant le » sang innocent. Mon iniquité est trop grande, a dit l'autre, pour » que je puisse espérer le pardon. »> Confession sincère, mais confession inutile à tous les deux, puisqu'elle a manqué de foi. Telles sont les trois qualités à observer pour la confession; joignez-les aux quatre précédentes de la componction, et vous aurez d'une manière complète les sept marques dont il s'agit.

Ainsi contrit et vous étant confessé comme nous venons de le dire, vous êtes sur désormais que vous avez recouvré la vie, et vous n'êtes pas moins sûr, j'imagine, que le nom que porte Jésus, ce Jésus qui a voulu et qui a pu opérer en vous de si grandes choses, n'est pas un nom vide, et que ce n'est pas d'une manière vide qu'il est venu lui-même après le bâton qu'il avait d'abord envoyé. Non, il n'est pas venu d'une manière vide, parce que lui-même n'est pas venu vide. Eh! comment serait-il vide, celui dans lequel habite la plénitude? car à lui l'esprit ne lui est pas donné par mesure. Aussi est-il venu dans « la plénitude du temps,» montrant par-là qu'il est venu plein et bien plein, lui que le Père « aoint d'une huile » de joie plus que tous ceux qui y avaient part avec lui 3 ; » qu'il a oint et envoyé « plein de grâces et de vérité ; » qu'il a oint, afin qu'il oignit lui-même. Et tous ceux qui ont mérité de recevoir de sa plénitude ont été oints par lui, ce qui lui fait dire *: « L'esprit du >> Seigneur s'est reposé sur moi, parce que le Seigneur m'a rempli » de son onction; il m'a envoyé annoncer sa parole à ceux qui sont >> doux, pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour prêcher la grâce >> aux captifs et la liberté à ceux qui sont dans les chaines, pour pu»blier l'année de la réconciliation du Seigneur 3. » Il venait, comme vous l'entendez, oindre nos plaies; il venait adoucir nos douleurs ; c'est pour cela qu'il est venu oint lui-même, 'qu'il est yenu plein de douceur et de mansuétude, et d'une grande miséricorde pour tous ceux qui l'invoquent. Il savait que c'était vers des infirmes qu'il descendait; il s'est donc montré tel qu'il le fallait à ces infirmes, et comme les infirmités étaient innombrables,

4 Eccl., 14. -2 Galat., 4. - 3 Ps. 44. Jean, 4.

[blocks in formation]

ce prévenant médecin a eu soin d'apporter avec lui grand nombre de médicaments. Il a apporté l'esprit de sagesse et d'intelligence, l'esprit de conseil et de force, l'esprit de science et de piété, l'esprit de la crainte de Dieu.

Voyez combien de fioles pleines d'onguents aromatiques ce céleste médecin a préparées pour guérir les plaies de ce malheureux qui était tombé entre les mains des voleurs. Elles sont, ces fioles, au nombre de sept, et peut-être sont-elles disposées pour procurer les sept baillements dont nous avons parlé; car c'était dans des fioles qu'était l'esprit de vie. Il en a fait couler sur mes plaies de l'huile et même du vin, mais en moindre quantité. Car ainsi le demandaient mes infirmités. Il fallait qu'il élevât la miséricorde au-dessus du jugement, comme l'huile est élevée au-dessus du vin sur lequel elle surnage. C'est donc cinq barils d'huile qu'il a apportés et seulement deux de vin. Ces deux derniers barils sont la force et la crainte; car les cinq autres, par leur propre suavité, prouvent qu'ils sont remplis d'huile. C'est dans cet esprit de force que, a semblable à celui que le vin qui l'a enivré a rendu >> plus fort 1,» il est descendu aux enfers, « a brisé les portes d'ai>> rain, rompu les barrières de fer 2, » enchainé le fort et lui a enlevé les dépouilles qu'il avait faites sur les captifs. Il n'est pas moins descendu avec l'esprit de crainte, mais terrible aux autres et non timide lui-même.

O sagesse! sagesse fortement douce et doucement forte, forte pour moi et douce à moi, avec quel art médicinal rendez-vous par l'huile et le vin le salut à mon âme? Vous atteignez de la fin à la fin avec force; vous disposez tout avec douceur; vous repoussez l'ennemi, et vous secourez l'infirme. Guérissez-moi, guérissezmoi, Seigneur, et je serai guéri, et je chanterai, et je célèbrerai votre nom, et je dirai : « Votre nom est comme une huile de par>> fum qui est répandue. » Non, ce n'est pas du vin qui est répandu, car je ne veux pas que vous entriez en jugement avec votre serviteur; c'est de l'huile, car vous me couronnez de vos miséricordes et de vos grâces. L'huile évidemment, qui surnage sur toutes les liqueurs auxquelles elle est mêlée, désigne par-là même ce nom qui est au-dessus de tout nom. O nom plus suave, plus délicieux que tous les noms! nom plus illustre, plus choisi, plus auguste, plus élevé dans tous les siècles que tous les autres noms, vous ètes, oui, vous êtes l'huile véritable qui réjouit la face de l'homme

4 Ps. 77. - 2 Ps. 106,

et qui oint la tête de celui qui jeûne, afin qu'il ne respire point l'odeur de l'huile du pécheur. Oui, vous êtes « ce nom nouveau >> que la bouche du Seigneur a donné 1, et qui aussi a été donné >> par l'ange avant qu'il eût été conçu dans le sein.» Non-seulement le juif, mais quiconque l'invoquera, ce nom répandu si au loin et pour toujours, sera sauvé, car c'est le nom que le Père a donné au Fils, à l'époux de l'Église, Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui est Dieu béni au-dessus de tout dans les siècles. Ainsi soit-il.

XVII DISCOURS.

Du soin qu'on doit prendre d'observer les mouvements du Saint-Esprit quand il s'approche ou qu'il s'éloigne, et de la jalouse envie du démon contre le genre humain.

Pensons-nous être entrés assez avant dans le sanctuaire de Dieu, en scrutant ces sens admirables et mystérieux? Et s'il reste encore quelque chose à y scruter, oserons nous suivre l'Esprit dans une profondeur plus intérieure ? C'est cet Esprit, en effet, qui scrute non-seulement les reins et les cœurs des hommes, mais les profondeurs elles-mêmes de Dieu; et soit pour ce qu'il y a d'humain, soit pour ce qu'il y a de divin, je le suivrai avec sécurité partout où il ira, pourvu toutefois qu'il conserve nos cœurs et nos intelligences, de peur que nous ne venions à le regarder comme présent tandis qu'il est absent, et à suivre, dans un sens égaré, notre propre esprit à sa place; car « il va et >> il vient comme il le veut 3,» et personne ne sait facilement « d'où >>> il vient » et « où il va. » Or, cependant, c'est ce qu'il n'est pas permis d'ignorer sans perdre peut-être son salut, et au moins est-il extrêmement dangereux de ne pas connaître ces différences d'éloignement et de retour; car, en n'observant point avec la plus grande vigilance ces alternatives et ces dispensations du SaintEsprit à notre égard, il arrive et que nous ne le désirons point quand il est absent, et que nous ne le glorifions point quand il est présent. Néanmoins il ne s'éloigne que pour se faire recherche avec plus d'avidité; il ne daigne revenir que pour consoler. Eh! comment le recherchera-t-on si on ignore qu'il s'est en allé? ou comment le recevra-t-on d'une manière digne de sa majestė, si l'on ne s'aperçoit pas qu'il est revenu? L'âme donc qui ne sait pas reconnaître son éloignement est ouverte à la séduction et celle

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small]
« PredošláPokračovať »