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et alors, en tant que rois, ils seraient entièrement hors de l'Eglise (1).

Cette bulle, considérée universellement comme dogmatique, fut pour Philippe un nouveau moyen de soulever encore une fois tout son royaume contre Bonifice. Ses conseillers et ses partisans se déchaînèrent contre elle avec une grande violence, comme si elle avait réellement constitué, au profit du pape, un pouvoir direct dans l'ordre temporel. Quant à Philippe, comme s'il avait voulu pousser aussi loin que possible sa révolte contre l'Église, dont il était cependant le sujet, quoique roi, aussi bien que le plus humble des chrétiens, il convoqua à Paris une assemblée générale des états du royaume, y fit accuser Boniface d'une foule de crimes, entre autres d'hérésie, et en appela au futur concile et au futur pape légitime. Cet acte insensé fut bientôt suivi d'un audacieux attentat: Guillaume de Nogaret osa s'attaquer à la personne même du pontife. Arrêté et constitué prisonnier à Anagni, puis délivré de sa captivité, Boniface ne survécut que peu de temps à cette profanation de son caractère sacré; il mourut le 11 octobre 1303, avant d'avoir pu publier la bulle d'excommunication qu'il avait dressée contre Philippe.

(1) Ce rapprochement entre l'erreur des Manichéens et celle que condamnait Boniface VIII est plus sérieux que des esprits superficiels ne sauraient se le persuader. Il est curieux de trouver un langage analogue dans les partisans les plus outrés de l'indépendance du pouvoir civil Ils ont bien compris que, dans les choses mixtes, il était de toute nécessité, pour prévenir des conflits interminables, que l'un des deux pouvoirs cédât à l'autre et lui fut subordonné, sans quoi on introduirait une sorte de manichéisme politique et un désordre irremédiable dans la société. Voy. Dupin, Manuel du droit ecclés. La seule différence entre eux et Boniface VIII, c'est que, dans la nécessité de subordonner un pouvoir à l'autre, ils mettent au premier rang le glaive matériel comme représentant de la force, au lieu que Boniface y place le glaive spirituel, expression du droit et de la justice, sans laquelle la force n'est que violence. (Note du Traduct.)

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10. Clémentine Quonium et les Extravagantes Quod olim et Meruit: fix

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Dans les grandes complications qui ont agité, à, différentes épor ques, l'ordre ecclésiastique et l'ordre politique, l'on a yu souvent la mort venir trancher le débat, et rétablir la paix entre le sacer doce et 94110) 2 difficultés que n'avait pu vaincre tel souver rain, combattant énergiquement pour le triomphe du droit, se dénouent comme d'elles-mêmes à l'avènement de son successeur. C'est l'idée que le doux Benoît XI semblait se faire de sa position et de sa tache, en montant, après la mort de Boniface VIII, dans la chaire pontificale. Mais tels n'étaient pas les sentiments du roi de France, qui poursuivit son adversaire jusque dans le tombeau pendant sa vie, il s'était efforcé de fausser le sens de ses paroles; après sa mort, il mit tout en œuvre pour faire croire à la posto, rité qu'il avait eu ple eu pleinement raison, contre Juin (4) enoil Le premier acte de Benoit XI fut de lever, toutes les cousures qui avaient pu être encourues par Philippe et, ses adhérents (1), et de restreindre à quelques points seulement les dispositions de Ja décrétale Clericis laicos par sa constitution Quod olim, qui figure parmi les Extravagantes communes sous le titre De immunitate ecclesiarum (2). Dans cette constitution, les peines portées dans la bulle de Boniface n'atteignent plus que ceux q qui du frapperont l'Église de taxes indnes ou qui favoriseront ces COLT cussions, mais non ceux qui acquitteront de semblables charges ou qui recevront des contributions librement offertes. Toutefois le pape renouvelle les dispositions des deux conciles dé Latran ($150) et insiste tout spécialement sur l'obligation imposée aux clercs, dans les cessions des biens ecclésiastiques, de n'avoir jamais égard qu'à la nécessité, et de se garder, même dans ce cas, de rien conclure sans prendre, phetri anoite cups col Jasnoldstobi no9 19urple bampu uspom au prealable, l'avis du saint1977 b siége. esp. q.299 Juod eqs 60 seilgft sh 3m hub sugib lisvet) smeid same shenumeroɔɔue asmdiyòl sh trintò,,stiubaos 1891 313 tis'op (1) Du Puy, Histoire du différend, Preuves, p. 207, pu208ịch (2) Cap. un. Extrav. comm. (III, 13).

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Benoît XI ne tarda pas à se repentir de l'extrême indulgence dont il avait usé envers Philippe, et se vit forcé de suivre une autre voie en recourant à une mesure qui atteignait personnellement le roi, au moins d'une manière médiate. Par la bulle Flagitiosum scelus (1), il excommunia Guillaume de Nogaret et tous ses complices dans l'ignominieux traitement Intlige à Boniface VIII peu avant sa mort. Philippe, apparemment, se sentit frappé par la sentence, car il crut nécessaire de se faire donner par le successeur de Benoit l'assurance de sa complète réconci liation avec l'Église (2). 5oquo4129

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Avant son election à la suprême dignité du pontificat (1503), Bertrand dé Got, alors archevêque de Bordeaux, eut avec Philippe une entrevue mystérieuse dans la forêt de Saint-Jean d'Angoulême. Là, le roi lui aurait adressé cinq demandes, de l'obtention desquelles il faisait dépendre son élévation au siége apostolique, en se réservant d'en formuler encore une sixième, qui devait être également acceptée d'avance (3). Bertrand souscrivit à ces conditions (4), et le nouveau pape, Clément V, couronné à Lyon, fixa sa résidence à Poitiers, ensuite à Avignon.

A dater de ce moment, l'Eglise devenait la vassale du roi de

"

(1) Du Puy,loc) piti, p. 235 →→ Tosti, Storia di Bonifazib VIII, vol. II, docum. S. 313. Bianchi, Della potestà e della politia della Chiesa, tom. I. p. 549 >>>(2) Histoire des souverains pontifes qui ont siégé à Avignon (Avignon, 1774), P. 7-age carly trangbin't Cuilino ob 9.

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- Dollin

(3) Villani i Istoria, lib. VIII, e, 80 Tosti, loc. cit., vol. II, p. 215. → Barthold, Rœmerzug Kaiser Heinrichs VII, vol. I, P. 147 sqq. ger, Lelirbuch der Kirchengesch., bl. vbl. If, p. 278, note 1. Raynald., Annal. eccles., ann. 1305, n5(tom. XV, p2), toujours si mesuré dans il parle des papes, dit ici: Certe turpis alicujus fœ a initi suspicionem injicit illud effusum

ses

dem et

postea in Philippum studium

(4) On peut lire, dans l'Histoire de l'Église gallicane, continuée par le P. Berthier, une

le P.

ment, au moins

les écrivains d'Italie co considérant les accus atténuer il s'efforce, sinon de dissiper entière

les

intentées par papes d'Avignon. C'est là un travail digne d'un enfant de l'Église. Car, après tout, ces papes, quelle qu'ait été leur conduite, étaient de légitimes successeurs de saint Pierre, dont on ne doit point charger la mémoire d'accusations hasárdées. (Note du Traducteur.) (61 ill) unos verlza .nu .qui) (5)

il.

France, et le pape lui-même n'était plus qu'un instrument servile dans ses mains toutes-puissantes. Bientôt, en effet, le sacré collége ne compte presque plus dans son sein que des prélats français, et, preuve encore plus évidente de la domination qui pèse sur lui et dont il subit toutes les volontés, Clément V révoque, ou plutôt anéantit plusieurs bulles de Boniface VIII. La modi fication que Benoît XI avait apportée au chapitre Clericis laicos avait été encore loin de satisfaire Philippe; il fallut que Clément le déclarat abrogé avec toutes les déclarations qui s'y rappor→ taient. Le pape publia à cette fur la décrétale Quoniam, qu'il a insérée dans sa collection authentique et rangée dans le troisième livre relatif aux immunités ecclésiastiques (1). Mais les archives papales conservaient encore un très-grand nombre de bulles éma nées de Boniface, dans lesquelles la conduite du roi de France n'était que trop fidèlement retracée: ces documents ne devaient pas être livrés à la postérité, et le pape consentit à les faire disparaître entièrement pour la plupart, ou du moins à des raturer dans ce qu'elles renfermaient de plus compromettant pour Philippe (2). Néanmoins ces pièces se sont conservées, même en France, dans leur contexte primitif, et le Coffre Boniface (3), si largement exploité contre ce pape, objet de fant d'outrages et de calomnies, a aussi fourni des armes pour sa défense co Clément V fit soumettre à une révision minutieusé toutes les bulles de ses deux prédécesseurs (4), pour vérifier si elles contenaient quelque chose de blessant pour le roi. A l'exception des deux Extravagantes Unam sanctam et Rem non novam, toutes les décrétales de Boniface VIII non insérées dans le Liber sextus, et celles de Benoît XI, pour tout ce qu'elles pouvaient renfermer, à quelque degré que ce fût, de préjudiciable, soit aux intérêts et aux prérogatives de Philippe, soit aux usages, traditions et liber

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(1) Cap. un., de Immunit. eccles. In Clem. (III, 17)."" (2) Tosti, loc. cit., docum. U, p. 315, a recueilli la protestation ført remarquable d'Otto, notaire apostolique, annexée au Registr. Bonif. Vif, olique, contre ces radiations, et qui a été archives papales.

3) C'est là que Du Puy a emprunté la plupart des documents qu'il cite. Memoire des Constit., etc., dans Du Puy, loc. cit., p. 606.

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tés de l'Église gallicane et du peuple français, furent déclarées nulles et non avenues (1).

L'Extravagante Rem non novam ne présente aucun intérêt particulier dans la question qui nous occupe; mais nous devons revenir encore à la bulle Unam sanctam. Clément V n'osa pas la détruire (2); il ne pouvait non plus l'attaquer, par la raison qu'elle constituait une véritable définition dogmatique; mais, d'après le sens que Philippe y attachait, on devait y voir une atteinte à sa souveraineté et aux droits de son royaume. Le pape Clément, dès la première année de son pontificat, s'était tellement humilié devant le bon plaisir du roi, que les moindres de ses désirs semblaient être pour lui des ordres sacrés; aussi s'empressa-t-il d'émettre une nouvelle constitution par laquelle il déclarait non avenu tout ce qui, dans la bulle Unam sanctam, aurait porté préjudice aux droits du monarque. Cette constitution est connue sous le nom de bulle Meruit, qui n'a cependant pas été incorporée par Clément V dans sa collection authentique; mais elle figure parmi les Extravagantes sous le titre de Privilegiis (3).

Si on rapproche ces deux bulles, dont la plus ancienne en date doit être expliquée par la plus récente, on trouvera qu'elles sont loin d'avoir le même objet. Le chapitre Meruit porte qu'en considération des services rendus par le roi de France au pape Cle ment et à l'Église romaine (4), la bulle Unam sanctam ne doit sortir aucun effet préjudiciable, soit à ce monarque, soit à la France et au peuple français; qu'en conséquence le roi, la France et ses habitants doivent cesser d'être sous la dépendance de l'Église romaine, et que toute chose rentre dans l'ordre qui existait précédemment. Or la bulle en question, empreinte d'un bout à

(1) Clement. V, P., Const. Rex gloriæ (Du Puy, loc. cit., p. 598). (2) La note 9 du Mémoire cité dit de lui: Remanet cum moderatione

domini nostri.

(5) Cap. 2 (V, 7), Extrav. comm.

L'His

(4) La Glose dit: Merito se præponit, quia magnum fœdus contractum fuit inter Philippum et Clementem, post obitum Benedicti XI. toire des souverains pontifes porte sur Clément un jugement beaucoup trop avantageux.

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