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paient beaucoup plus du haut prix qu'ils recevaient en échange de leurs voix que des intérêts et de la dignité de l'Église. Ce n'est pas que le roi élu à l'unanimité n'entrât immédiatement dans le plein exercice de son pouvoir gouvernemental, mais il devait être bien entendu pour lui que, si des raisons décisives d'infirmer son élection venaient à se révéler, il ne pouvait compter sur la reconnaissance du saint-siége qu'après avoir levé l'empêchement, comme l'avait fait Henri VII, soupçonné de haute trahison contre Albert, par une justification écrite.

Louis excommunié, le pape aurait pu, d'après l'usage d'alors, reconnaître Frédéric le Beau comme roi de Rome, en lui promettant la collation ultérieure de la couronne impériale; mais Frédéric, homme faible, et qui, sous bien des rapports, était loin de répondre aux espérances qu'on avait conçues de lui, avait conclu avec Louis cet étrange traité par lequel il convenait de gouverner conjointement avec lui le royaume d'Allemagne (1). Cet acte n'était pas de nature à encourager les dispositions bienveillantes de Jean XXII. Toutefois le véritable motif des prétextes de toutes sortes au moyen desquels ce pontife ajournait indéfiniment la reconnaissance du nouveau roi, c'était l'influence française, ou plutôt son propre orgueil national, qui se complaisait dans la pensée de voir la couronne impériale sur la tête du roi de France. C'est sous l'empire de cette pensée qu'il invita les princes allemands à procéder à une nouvelle élection, sans proHoncer même le nom de Frédéric.

Quant à l'intention du pape d'écarter du trône Louis de Bavière, la conduite de ce prince ne permettait aucun doute à cet égard. Non-seulement il n'avait absolument rien fait pour se réconcilier avec le chef de l'Église, mais il avait mis au contraire

(1) Baumann, Voluntarium imperii consortium inter Frider. Austr. et Ludov. Bavar. (Fracf. et Lips. 1735, in-fol.), p. 92. Le traité fut conclu le 7 septembre. Dès avant, des lettres d'Allemagne avaient donné au pape avis d'un projet d'après lequel Frédéric devait gouverner le royaume, et Louis, l'empire (Bohmer, S. 217, n. 41). Il est encore question d'un autre traité qui stipulait, de la part de Frédéric, cession du royaume en faveur de son oncle; mais ce point n'est pas encore suffisamment éclairci (Id., S. 50). Eichhorn, Deutsche Staats und Rechtsgeschichte, Bd. III, § 391, note d.

III.

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tout en œuvre pour rendre tout rapprochement impossible. Non content d'être entré en conquérant (1) dans l'Italie, qui depuis longtemps appelait en vain de ses vœux un empereur; non content de s'être fait sacrer à Rome par des évêques schismatiques et couronner du diadème impérial des mains de Sciarra Colonna, le premier des quatre syndics de la cité (2), il poussa l'audace jusqu'à déclarer le pape hérétiqué, à le condamner lui et son vicaire au supplice du feu, et à lui opposer un autre pape, Pierre Rainalluci de Corbario, de l'ordre des Frères prêcheurs.

Outré de ces procédés, Jean XXII renouvela l'anathème lancé contre Louis et contre tous ceux qui le soutenaient de leurs actes et de leurs écrits (3). Toute voie à une réconciliation semble désormais fermée; la mort même de Frédéric, arrivée sur ces entrefaites (1330), paraît ne devoir rien changer à la situation, lorsque tout à coup Louis, changeant d'attitude et de langage, se déclare disposé à renoncer à la royauté et à l'empire, et Jean, de son côté, semble vouloir aussi se rapprocher de son adversaire (4). Peu après ce revirement inattendu, le pape meurt, et le soin de mettre le dernier sceau à cette solution pacifique passe à son successeur, Benoît XII, qui accepte la tâche avec empressement. Mais malheureusement les bonnes intentions du nouveau pape ne furent pas secondées par un caractère assez énergique, une assez grande force de volonté, et l'on vit se révéler dans cette occasion tous les effets désastreux pour l'Eglise et pour l'ordre général de la 80ciété chrétienne, du séjour des papes en France. Philippe VI ne voulait pas plus que ses prédécesseurs de cette réconciliation du saint-siége avec le prince allemand; il fit tant, qu'il réussit à la rendre impossible (5), et, à la mort de Benoît XII (1342), ́auquel succéda Clément VI, l'acquéreur d'Avignon (6), Louis était retombé de nouveau dans ses premiers errements.

(1) Barthold, der Romerzug Kaiser Heinrich VII, Bd. H, S. 510.

(2) Raynald., ann, 1328, n. 3, p. 336...

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(3) Olenschlager, loc cit., N. 43, 54, 55 sqqpt 56

(4) Raynaldi, ann. 1354, n. 20, p. 472.

(5) Idem, ann. 1535, n, 7, p. 4; ann. 1357, n. 2, p. 46. →→→ Bæhmer, loc.

cit., P

226 sqq

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(6) Il acheta, en 1548, Avignon de Jeanne de Naples, d

-La situation de BAllemagne, sur laquelle la France semblait spéculer pour accroître sa grandeur et son influence, était vraiment lamentable; depuis un quart de siècle, aucun de ses rois n'avait été reconnu par l'Eglise, et toute sa vie spirituelle était en quelque sorteren suspens sous un interdit général. Louis, il est vrai, avait depuis longtemps déjà renoncé à son antipape, mais c'était pour s'attribuer à lui-même le droit de trancher souverainement toutes les questions de doctrine ou de discipline. De sa pleine autorité impériale, il prononça la dissolution du mariage de Jean de Moravie, de la maison de Luxembourg, avec l'hériritière du Tyrol, Marguerite Maultach, et donna celle-ci pour épouse à son fils Louis de Brandebourg, parent au troisième degré de cette princesse (1). Cet acte audacieux précipita la ruiné du roi d'Allemagne, car, outre qu'il offensait toute la maison de Luxembourg, à laquelle il devait principalement son élection, il s'attira par là une nouvelle sentence d'excommunication. Le pape, n'ayant plus à garders aucune ménagement, convoqua le collége électoral, et Charles, fils de Jean de Bohême, fut élu par une majorité de cinq voixis 30 repas, fo

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Ala mort de Louis (11) octobre 1347), le parti bavarois, mécontent de cette éléction,offrit la couronne à Gunther de Schwarzbourg; mais, ce prince étant mort lui-même peu de temps après, Charles, pour éviter toute scission, se soumit à une seconde épreuve et fut renommé à l'unanimité des voix du collége électoral. L'ayénement de ce prince au trône impérial, vacant depuis le règne de son aïeul Henri VII, rétablissait l'unité tant de fois rompue de l'empire romain d'Occident; mais elle devait être de nouveau brisée presque aussitôt par le schisme célèbre qui divisa l'Église en deux campsz Jenol, a 1

Le tableau que nous venons de tracer sommairement ne reproduit les faits que sous leur face extérieure; pour les bien comprendre, il faut, pour ainsi dire, pénétrer dans leurs entrailles et en rechercher le sens intérieur. La lutte soutenue par Louis de Bavière contre le saint-siége n'était pas seulement un combat

(1) Raynald., ann. 1341, n. 14, n. 15 (tom. XVI, p. 138). loc. cit., N. 84, S. 224.

Olenschlager,

par l'épée et par les censures, c'était en réalité une guerre de principes. En effet, tandis que l'autorité papale était ébranlée par le pouvoir temporel, devenu son ennemi, à cette même époque, en Italie et en Allemagne surgissait une doctrine qui sapait cette autorité dans ses bases, en choisissant des points d'attaque tout différents, et qui se faisait ainsi l'alliée naturelle de Louis. Il s'agit ici de la théorie relative au caractère et à l'origine de la dignité impériale, qui s'était produite sous le règne de Frédéric I et avait fait depuis de très-grands progrès, surtout après la vulgarisation du droit romain, à dater d'Henri VII, et plus spécialement de la doctrine des Fratricelles ou pseudo-frères mineurs.

Depuis sa confirmation par Honorius III (1), dans l'année 1223, l'ordre de Saint-François avait eu les plus grands protecteurs parmi les papes; on peut citer en particulier Nicolas III et Nicolas IV. Ce dernier avait même été général de l'ordre et, après sa promotion au cardinalat, son patron officiel (2). C'est pourquoi Jean XXII le nomme, dans plusieurs de ses constitutions relatives à l'ordre des Frères mineurs (3), comme l'auteur de la décrétale Exiit qui seminat; mais ce document, inséré par Boniface VIII dans sa collection authentique (4), y est attribué avec plus de raison, incontestablement, à Nicolas III (5). Ce qui avait provoqué la publication de cette bulle, qui, ainsi que plusieurs autres émanées de papes antérieurs, avait pour objet l'explication de la règle des Franciscains, c'étaient en grande partie les disputes soulevées par Pierre-Jean Olivi, religieux de cet ordre et Français d'origine (6). Olivi et ses adhérents, qui prétendaient être les seuls qui eussent parfaitement saisi le véritable

(I) Honor. III, P., Const. Solet annuere, 67 (Bullar. Roman., tom. III, p. 229).

(2) Raynald., ann. 1288, n. 3, tom. XVI, p. 396.

(3) Cap. Quorumdam, 1, d. V. S. Extrav. Joann., tit. 14. (4) Cap. 3, d. V. S. in 6to (V, 12).

(5) Raynald, ann. 1280, n. 27, p. 323,

tom. IV, p. 32.

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Guerra, Pontif. constit. epit..

Clément V, dans sa Constitution Exivi de paradiso, 1, d.

V. S. in Clem. (V, 11), nomme Nicolas III.

(6) Raynald., ann, 1325, n. 20, p. 304.- Baluze, Miscell., tom. II. p. 213.

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esprit de cette règle, en ce qu'ils rejetaient toute propriété, même commune, sur les choses consomptibles, furent, par cette raison, désignés sous le nom de spiritualistes. Par sa décrétale Exiit, Nicolas, invoquant un précédent d'Innocent IV, attribuait à l'Église romaine la propriété de tous les dons faits aux francis cains, ne laissant à l'ordre que le simple fait de l'usage (1). Cette décision avait pour but de couper court à toutes les discussions; mais elle n'aboutit, ainsi que toute la déclaration de Nicolas, qui défendait, sous peine d'excommunication, d'en faire l'objet d'au cun commentaire ni d'aucune dissertation scientifique (2), qu'à donner une plus grande impulsion aux tendances spiritualistes et il en résulta, ce qui sans doute ne pouvait être prévu, des conséquences.extrêmement fâcheuses. Les controverses recom mencèrent plus vives, plus passionnées que jamais, notamment sur la question de savoir si la stricte observation de tous les conf seils évangéliques faisait essentiellement partie de la règle. Clés ment V se vit obligé, dans le cours du concile de Vienne, de dé clarer, par la constitution Exivi de paradiso (n. 5, p. 168), que la règle est observée par cela même que l'on garde les vœux monastiques et que l'on suit exactement ceux des conseils évangéliques formellement désignés par le saint fondateur de l'ordre comme faisant partie intégrante de la règle et obligatoires. Mais son successeur, Jean XXII, peu après son avénement au trône pontifical, se trouva forcé, par l'ardeur toujours croissante des dis putes, non-seulement de modifier les déclarations précédentes par de nouvelles dispositions, mais encore de conjurer par une décision dogmatique le grave danger qui menaçait la paix de l'Égliset Quelques esprits rebelles prétendirent que les deux constitutions Exiit et Exivi avaient été sanctionnées par le concile de Vienne; c'était une erreur; mais, le fait eût-il été vrai, Jean XXII n'en aurait pas moins été dans son droit, et il aurait pu passer outre (3). Ce qui fit de ces disputes entre les frères mineurs un péril pour l'Eglise, ce fut surtout l'alliance de divers membres de

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