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l'ordre avec les Bizoches, Béguards ou Fratricelles. Ce sont les noms donnés à différentes sectes hérétiques (1) qui, sous le prétexte d'une pauvreté et d'un renoncement absolus, qu'ils déclaraient être la vraie pauvreté de l'Évangile, enseignaient une foule de principes des plus faux et des plus pernicieux. Le nom de Fratricelles désignait plus particulièrement les sectateurs d'un frère mineur schismatique, nommé Henri de Ceva (2). Ils préten daient observer à la lettre la règle de Saint-François et s'ap puyaient sur un privilége obtenu du pape Célestin V, mais qui avait été révoqué depuis par Boniface VIII. Du schisme ils tombèrent dans l'hérésie, et Jean XXII dut condamner, par la bulle Gloriosam Ecclesiam (3), plusieurs propositions qui servaient de base à la doctrine. Entre autres erreurs, ils professaient celle de l'existence de deux Églises l'une charnelle, vivant dans le faste et souillée de vices; l'autre spirituelle, pauvre de biens, mais riche de vertus : c'étaient les Fratricelles qui formaient celle-ci; eux seuls accomplissaient l'Evangile, eux seuls aussi étaient dignes et capables d'administrer les sacrements (4)!"

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Nous avons dit comment les pseudo-frères mineurs s'étaient soustraits à l'autorité du saint-siége, ou plutôt comment ils l'avaient transportée à leur corps (5). Mais bientôt il éclata parmi les franciscains une nouvelle scission, d'autant plus grave qu'elle était l'œuvre du général de cet ordre (6). Au sujet d'un procès fait à un bizoche, Bérenger Tolom se déclara solidaire de l'erreur poursuivie, et soutint qu'il n'était pas hérétique de dire que Jésus-Christ, et ses apôtres ne possédaient rien, ni individuellement ni en commun (7). Jean XXII, persuadé que, vu qu'il n'était pas intervenú de définition dogmatique sur la pauvreté évan1997 sh adano, of 10

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_b(1) Rayhald, annĺ 1317, n. 56, tom. XV, p. 166. 112) CAP, Sancta Romana (un.) de Relig. domib. Extrav. Joannn. XXII,

tit. 7.

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I, p. 160).

(5) Joann. XXII, P., Const. 13, ann. 1317 (Bullar., tom. IV, p.
Rayuald, ann. 1318, n. 45, p. 182. Cap. Sancta Romana, cit.
(4) Const. Gloriosam, cit. §§ 14, 16, 21, p. 162, p. 165.
(5) Raynald., ann. 1325, n. 25, p. 305.
(6) Histoire des souverains pontifes, p. 57.
(7) Raynald., ann. 1322,

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gélique, il pouvait être utile de discuter scientifiquement cette question, suispendit, par la constitution Quia nonnunquam (1),' la disposition contraire de Nicolas III, dans la décrétale Exiit. Mais, au heu d'attendre la définition dogmatique du chef de l'Église, Michel de Césène, général de l'ordre, se crut autorisé à la prononcer lui-même dans un chapitre tenu à Pérouse, auquel assistait aussi l'Anglais Guillaume d'Occam. Cette décision, dont l'idée seule aurait du être repoussée en présence de la disposition de Nicolas III, portant que toutes les questions douteuses de ce genre devaient être réservées au saint-siége (2), entraît pleinement dans les opinions de Bérenger de Tolom. Elle fut suivie des deux bulles pontificales Ad conditorem et Cum inter nonnullos, insérées l'une et l'autre dans la collection des Extravagantes de Jean, sous le titre De verborum significatione (3). Dans la première, le pape restituait aux frères mineurs la propriété des biens mobiliers ou immobiliers, transportée par Nicolas III à l'Église romaine (4); dans la dernière, pour mettre fin à la dispute, if rendait une décision dogmatique portant qu'il fallait considérer comme erronée et hérétique l'opinion d'après laquelle JésusChrist et ses apôtres n'auraient rien possédé en propre, soit en particulier, soit en commun (5). Le pape réitérait la même déclaration touchant cette autre proposition, que Jésus-Christ n'avait eu aucun droit de propriété ni d'usage sur les choses qu'il avait possédées es en commun avec ses disciples. La hulle Ad conditorem avait vu, dès son apparition, s'élever un contradicteur: Bonagratia, frère mineur de Bergame, avait avancé que le pape n'était pas en droit de rejeter le chapitre Exit, sanctionné par le concile de Vienne; à son exemple, Jean et Michel de Césène (6), suivis de Guillaume d'Occam (7), pro

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(7) Son ouvrage : Contra errores Johannis XXII super utili dominio, se trouve dans Goldast, Monarchia S. Rom. Imp., p.

1236 sqq.

testèrent aussi contre la décrétale de Jean XXII. En présence de cette opposition, le pape publia la deuxième bulle Quia quorumdam (1), qui mettait au ban de l'Église tous ceux qui hésitaient encore à se soumettre aux décisions apostoliques; mais, au lieu d'imiter la sage conduite de Jean de Poilly, docteur de l'Université de Paris, qui, par la rétractation de ses erreurs, a immortalisé son nom dans le Corpus juris canonici (2), ces religieux franciscains, condamnés également par le chapitre tenu, en 1331, à Perpignan, sous la présidence de Gérald, général de l'ordre, par leur orgueil intraitable portèrent le trouble dans l'Église et rompirent les liens de l'unité (3).

C'est ainsi que les pseudo-frères mineurs, dont faisait encore partie l'antipape de la création de Louis de Bavière, Pierre de Corbario (4), jouèrent le principal rôle dans cet acte du grand drame de la lutte du pouvoir temporel contre la puissance ecclésiastique. Ce n'est qu'en le rapprochant de l'alliance de Louis avec ces sectaires et de l'acceptation faite par ce prince de leurs principes à l'endroit du pouvoir papal, que l'on peut mettre cet incident sous son véritable jour. A cet égard, l'appel à un concile universel, formé par Louis contre la sentence du pape, présente une importance toute particulière (28 octobre 1324).

On lit dans cette pièce« Ce n'était pas assez pour le pape « de s'arroger les droits de la souveraineté impériale, il fallait « encore qu'il s'élevât contre Notre-Seigneur Jésus-Christ lui« même et sa Très-Sainte Mère, qui vécut dans la pratique de la « pauvreté, en communauté de cœur et d'état avec son divin «Fils, partageant son humble condition et ses sentiments plus «humbles encore; contre le sacré collége des apôtres, en déni« grant leur manière de vivre et leur conduite (5); contre la

(1) Guil. de Occam, Compendium error. Joann. XXII (dans Goldast, tom. II, p. 957). — Opus nonag. dierum, p. 995.

(2) Cap. Vas electionis. 2, de Hæret. in Extrav. commun. (V, 5). (3) Raynald, ann. 1331, n. 15, p. 422.

(4) Idem, ann. 1325, n. 20, p. 304. — Baluze, Vit. Pap. Aven,, tom. II, n. 75, p. 494.

(5) Nisi- in Jesum Christum insurgeret; d'après Baluze, Olenschla

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<< doctrine évangélique, en jetant l'outrage de la parole et de « l'exemple sur ce dépouillement absolu, sublime, sur lequel « est basée, comme sur un fondement immuable, la perfection « de la vie extérieure des premiers disciples du Christ, cette vie << passée tout entière dans un mépris suprême du monde! Et ce « fondement, non-seulement le pape s'efforce de le renverser par «sa conduite perverse, mais il a osé encore, par une proposition «< hérétique et par une doctrine empoisonnée, proclamer solen<< nellement que Jésus-Christ et ses apôtres avaient, comme toutes « autres communautés, possédé en propre des biens temporels, << assertion entièrement hérétique et profane, formellement op« posée au texte du saint Évangile. » i sutini to! ̧3g

Qui ne reconnaît dans ces paroles le langage d'un Michel de Césène, d'un Guillaume Occam et d'un Bohagratia? Louis les avait gagnés à sa cause, et leur plume le servit plus puissamment qu'une armée entière qui eût combattu pour luist babni

A cette ligue s'associèrent encore plusieurs autres hommes qui s'enrôlèrent également sous la bannière du prince havarois avec les armes de la science. De ce nombre furent deux docteurs de l'Université de Paris, Marsilius de Menandrino de Padoueret Jean de Jando (1). Ils se réunirent à Ubertin de Cazalès (25 pseudo-franciscain réfugié auprès de Louis, pour composer en commun un ouvrage qui, sous le titre de Defensor pacis (5), visait à fonder la paix dans la société chrétienne, sur la subordi ger, et d'après Raynald.fringeret...

Nicol. Minor. Nisi-Jesum Christum

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(1) Raynald., ann. 1327, n. 1, p. 319, dit de ces deux docteurs: Marsi lius Patavinus theologica scientiæ improbus interpres, et Jandunus philosophicarum argutiarum nugarumque artifex, qui novis bæresibus ex excitatis, id unum moliebantur, ut Ecclesiam Dei exscinderent, vel fœdi simæ subjicerent servituti.

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(2) kaynald., ann. 1325, n. 20, p. 304.- Baluze, Miscell,tomJI, p. 293, p. 257.

(3) Goldast, Monarchia S. Romani Imper., tom. II p. 154.

Marsilius

a écrit en outre un livre intitulé: De translatione Imperii (Goldast.loc cit., p. 147; Schard, de Jurisd. auctoritate et præeminentia imperiali a'é potestate ecclesiastica, p. 224), Jean de Jandon., Informatio de nullitate processuum papæ Johannis XXII, contra Ludov. Bavar. (Goldast., loc. cit., tom. I, p. 18 sqq.)

nation du pouvoir spirituel à la puissance temporelle. En écrivant ce livre, les alliés de Louis avaient certainement sous les yeux le traité de Monarchia (1), que l'on place à tort à cette époque; il est évident que la pensée de la nécessité de la paix, par laquelle ils entrent en matière, est un emprunt fait au Dante. L'œuvre de l'illustre poëte, éclose des aspirations d'un cœur généreux vers un principe d'unité nationale, est divisée en trois livres et traite de ces trois questions principales:b

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48. La nécessité de la monarchie en général;

2La destination et la vocation du peuple romain à la monarchie universellest,anberg 19 era)

3° Enfin, l'origine immédiatement divine de la puissance impériale mah senant of andercq on auch dierovog og inte 17 ma ́b

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Le Dante subordonnait le pape à l'empereur dans toutes les choses de l'ordre temporel; placé à ce point de vue, le pouvoir indirect revendiqué par les pontifes romains sur le domaine temporel dos empereurs et des rois ne lui apparaissait plus que comme une perturbation permanente de la paix et de l'harmonie sociale (2). Mais, bien qu'il fut dans l'erreur sous ce rapport, comme aussi en professant la doctrine de l'égalité des deux pouyoirs (§413), il était loin de sa pensée de s'insurger contre l'aul torité du saint-siége et de vouloir déserter le terrain de l'ortho doxie Bien différents de lui, les auteurs du Defensor pacis, véritable libelle, plein d'invectives contre le chef de l'Eglise (3), et qu'ils dédièrent à Louis, dépassèrent à tel point la ligne si nettement tracée par Alighieri, qu'ils émirent sur l'origine du pouvoir spirituel des principes qu'on pourrait croire, à ne tenir aucun compte de Fordre chronologique, empruntés aux écrivains anticatholiques du seizième siècle (4). D'après ces étranges théo

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(1) Edit Zaria (Venez. 1758), tom. IV, p. II. Schard, loc. cit.,

p. 237.

(2) Monarchia, lib. III, p. 57 (edit. Zatta); dans tout cela, du reste, le Dante ne voyait que le zèle du dépositaire des clefs, zeło clavium, et non l'orgueil de l'homme, non superbia, langage bien différent de celui du Defensor pacis, Diet. I, c.19, p. 188.

(5) Dict. I, 0.19, p. 187 sqq.; II, 25, 24 et 25; III, 1. (4) Raynald., ann. 1327, n. 23, p. 324.

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