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ries, la puissance spirituelle aurait appartenu originairement à la société des fidèles, dont l'empereur est le représentant suprême; de la société elle avait passé au clergé, dont la gradation hiérarchique repose uniquement sur la concession de l'empereur,Į et non sur le droit divin. Conséquemment, c'était à l'empereur qu'appartenait le droit d'instituer et de déposer les papes; et l'É! glise ne pouvait poursuivre, juger et punir personne sans sa per mission. De plus, comme le Christ avait payé le tribut, non point spontanément et de son plein gré, mais par force (1), l'empereur pouvait disposer aussi de tous les biens de d'Eglise.Jnsieve ut p

De tels hommes appelaient inévitablement sur leur tète les foudres pontificales; elles ne se firent pas attendre,vet le pape frappa d'excommunication par la bulle Sicutjubta doctrinam les auteurs de ce libelle (2). Comme cela ne pouvait manquer Louis les prit alors sous sa protection et se servait d'eux comme d'instruments parfaitement appropriés à l'exécution de ses ambitieux projets sur l'Italie. Marsilius, dont l'âme orgueilleuse n'aspi rait à rien moins qu'à l'honneur de la tiare pontificale (5); furt nommé vicaire de l'Église romaine (4), et eut ainsi la plus grandė part à la déposition du papė, si brusquement prononcée par le roi d'Allemagne. D'un autre côté, le peuple romain, aux yeux duquel on faisait incessamment briller, comme un leurre, la gloire depuis longtemps éteinte de sa dominations universelle! voyant ses gouvernants couronner Louis empereury devait nature rellement se persuader que la dignité impériale prenait sa source dans la volonté nationale. niso ni 1 minimmob al 15 **ET SP

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Le système qui replaçait absolument cette dignité sur l'antique fondement païen comptait aussi parmi ses champions Occam (5),, disciple de Dom Scott, le chef des Nominalistes, qui avait obtenu le surnom de docteur invincible. C'est ce même Occam P*mell at a

(1) Supra, § 113.

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(2) Raynald., ann. 1327, n. 27, p. 326. — Bianchi, Della potestà e della

politia della Chiesa, tom. II, p. 564.

(3) Raynald., ann 1328, n. 63, p. 356. (4) Idem, ann. 1328, n. 9, p. 338...

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(5) Dællinger, Lehrbuch der Kirchengeschi., Bdi II, S. 289. klupait ni4 (

qui tomba dans une erreur beaucoup plus grave encore, en refusant le droit de décision définitive en matière de foi, non-seulement au pape mais même au concile général, et en plaçant l'infaillibilité dans l'universalité des chrétiens (1). Dans un traité ex professo sur la grande question, si importante alors pour Allemagne, du rapport de la royauté avec l'empire, il déclare ces deux pouvoirs à peu près identiques (2) et tend à restreindre autant que possible la puissance pontificale, tant pour le spirituel que pour le temporel. Ce traité était une réponse à huit questions qui lui avaient été proposées. Les mêmes questions et plusieurs autres de droit public furent résolues dans le même sens, quoique dans un style moins violent, par Léopold de Babenbourg, qui devint plus tard évêque de Bamberg (3). Il reconnaissait au pape le droit de décider de l'empire, non comme un droit régulier, mais seulement dans le cas d'un concours de circonstances qui rendissent cette intervention nécessaire. Quant au royaume d'Allemagne, il posait en principe que le prince élu soit à l'unanimité, soit à une simple majorité des suffrages, entrait de plein droit dans l'administration de l'État.

Nous avons montré ailleurs ce qu'il y avait de vrai et de faux dans ce sentiment; nous dirons seulement ici qu'à la même époque de nombreux écrivains se rencontrèrent aussi pour défendre avec autant de talent que de courage les droits de l'Église et ceux de la papauté (4). Sans compter Alexandre de Saint-Elpidio (5), général des Augustins et plus tard archevêque de Ravenne, et le dominicain Pierre de Palude (6), l'on voit figurer

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tom. Dialogus, p. I, lib. V, c. 29 (Goldust, Monarchia,

,cap. p. 505.

(2) Guilelm. de Occam, Octo quæstiones, quæst. 4, cap. 1 (Goldast, tom. II, P4356)-Du reste, cet écrivain a rétracté lui-même ses erreurs. Raynald., ann. 1349, n. 16 (tom. XVI, p. 290).

(3) De jure regni et imperii 'Schard, loc. cit., p. 328 sqq.). — Ludewiy, Script. rer. Bamberg., tom. I, p. 203.

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(4), Bianchi, loc. cit., tom. I, p. 105. — Dællinger, loc. cit., p. 290.

(5) Ses écrits De auctoritate summi pontificis et De potestate ecclesiastica

libri duo sont dans Rocaberti, Bibliotheca pontif. maxima.

(6) Entre autres ouvrages, il en a été intitulé: De potestate ecclesiastica. Vide Raynald. atm., 1321, n. 33, p. 222.

parmi les plus illustres vengeurs des prérogatives papales Alvarus Pelage, évêque de Silva, en Portugal, auteur d'un livre célèbre qui porte pour titre De planctu Ecclesiæ (1), et Augustin Triomphi, de l'ordre des Augustins, qui écrivit dans sa Summa de potestate ecclesiastica une magnifique réponse aux déclamamations hérétiques des Fratricelles (2). Ce dernier va jusqu'à reconnaître au pape le droit d'instituer seul un empereur et de dissoudre et recomposer à son gré le collége des princes élec teurs. C'est là évidemment une exagération; mais à cela près, le savant augustin est entièrement dans le vrai (3) en prétendant que, si le choix unanime des électeurs suffit pour décerner la couronne d'Allemagne, l'approbation du pape et le couronnement reçu de ses mains peuvent seuls conférer la dignité impériale.

§ CXXXIV.

13. Époque de la décadence et de la réforme de la discipline ecclésiastique.

Quand on considère avec quelle facilité la doctrine de Marsilius de Padoue et de Guillaume Occam, à la faveur de la protection d'un prince dont le long règne vit s'élever et grandir toute une génération d'hommes, avait pu se propager en Allemagne et en Italie, on s'étonne justement que la grande hérésie n'ait pas éclaté dès ce moment et ne se soit consommée que dans le quinzième siècle. Néanmoins, par un examen plus approfondi, on reconnaît que le fruit de la longue guerre de l'Église et de l'État n'était pas encore entièrement mûr à cette époque: il fallait auparavant, d'une part, que le schisme, la complète décadence de la discipline, de l'autre, que le principe de nationalité, qui déployait les plus grands efforts pour se dégager et se faire admettre comme un droit positif dans l'ordre spirituel, et la lutte, enfin victo

(1) Edit. Venet. 1570, in-fol.

(2) Edit. Rom. 1684, in-fol.

(3) Quæst. 59, art. 3, p. 229. Quæst. 55, art. 1, p 205, art. p. 207.

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rieuse, des souverains feudataires contre la suprématie impériale, eussent tout préparé pour cette explosion fatale; alors seulement pouvait se réaliser cette funeste rupture de plusieurs peuples avec le chef spirituel de la famille chrétienne, avec la communion de l'Église.

Le titre de l'ouvrage d'Alvarus Pélage: De planctu Ecclesiæ, répond expressivement à son objet principal. Après avoir développé dans le premier livre sa théorie sur l'origine et les rapports des deux puissances, l'évêque de Silva commence le second par les lamentations de Jérémie, et il les commente éloquemment par le tableau saisissant de la déplorable situation de la chrétienté dans ce temps de dissolution morale et religieuse. Il dépeint sous les couleurs les plus vives la dépravation qui a envahi tous les rangs, toutes les conditions, et surtout le clergé (1). Mais quels accents encore plus lamentables n'aurait-il pas pu faire entendre si sa vie se fût prolongée de quelques années et qu'il eût écrit sous le règne d'Urbain VI? Hélas! de son temps la discipline de l'Église était encore bien loin d'avoir atteint le degré de décadence où elle tomba plus tard, alors que le schisme de 1378 fut venu briser pour de longues années l'admirable unité de la monarchie chrétienne (2).

L'on avait vu, il est vrai, à d'autres époques de faux papes usurper la chaire apostolique, mais ils n'avaient jamais fait que passer comme des apparitions éphémères, et la conscience publique ne s'était point méprise sur l'illégitimité d'un pontife institué au mépris de toutes les lois canoniques. Les choses avaient bien changé depuis que le monde catholique s'était accoutumé à entendre la voix du successeur de Pierre lui parler, non plus de Rome, mais d'Avignon. Lorsque, après la mort de Grégoire IV, Urbain VI eut été élu dans l'Église romaine, et qu'un autre pape prenant aussi possession du siége avignonais, deux pontifes se trouvèrent régner simultanément sur la catholicité, alors commença une ère de confusion, de trouble, d'incertitude sur le

(1) Lib. I, cap. 69, fol. 94, a. c. 70, fol. 99.

(2) Dællinger, Lehrbuch der Kirchengeschichte, vol. II, p.

308 sqq.

droit du véritable pasteur de l'Église, incertitude que la défection criminelle des cardinaux qui désertèrent la cause d'Urbain ne rendit que trop féconde en conséquences désastreuses (1).

La papauté marchait inévitablement à une déconsidération que le caractère opiniâtre d'Urbain VI ne contribua pas peu à rendre complète et universelle. Princes et peuples, États et individus n'obéissaient plus qu'à la loi de leur intérêt; la conviction ne les dirigeait plus dans les grands actes de la vie sociale et politique. Charles reconnut Urbain et mourut presque aussitôt; son fils, qui lui succéda sur le trône d'Allemagne et de Bohême, imita son exemple. Les rois d'Angleterre se rangèrent aussi du côté du pape régulièrement élu à Rome. En Italie, les princes hésitaient à se prononcer; mais après l'avénement au trône de Naples de la nouvelle branche hongroise de la maison d'Anjou, ce royaume se rallia franchement au pontife romain. Quant à la France, elle avait pris chaudement parti pour l'antipape d'Avignon, Robert de Genève, qui s'était donné le nom de Clément VII, et parvint à entraîner toute l'Espagne dans le schisme, auquel adhéra aussi l'Église d'Écosse. Aussi le véritable auteur de ce fléau, l'Espagnol de Lune, lorsqu'il eut été élu à Avignon en remplacement de Robert, put-il se tenir assuré d'être renommé dans tous ces pays. Du reste, la conséquence immédiate de cette scission fut que l'épiscopat et le clergé d'aucune nation n'eurent autant à souffrir de leur révolte que les évêques et les prêtres de l'Église de France, parce que c'était sur eux que pesaient le plus lourdement l'arbitraire et les vexations de l'antipape (2).

Il n'y eut que l'Université de Paris, bien qu'elle ne fût pas ellemême parfaitement fixée sur la légitimité d'Urbain VI et de ses successeurs, qui, par ses constants efforts pour opérer la récottciliation des deux partis, gardât une attitude noble et digne qui l'honorera éternellement. Cependant l'irritation d'une lutte incessante, et qui; avec un homme du caractère de Pierre de Lune; ne laissait presque pas entrevoir d'issue possible, devait nécessai

(1) Ragnald., ann. 1378, n. 102, tom. XVII, (2) Dællinger, loc. cit., p. 315, p. 316.

p. 40.

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