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le fébronianisme, par les promesses flatteuses qu'il faisait reluire aux yeux des évêques et des princes, exerçait sur leur esprit une trop grande séduction, pour que ses fausses doctrines, propagées par une foule de pamphlets et d'autres écrits plus imporstants, ne fussent pas accueillies plus favorablement que ces réfutations.

Mais nulle part cet accueil ne fut plus empressé qu'à la cour d'Autriche, où la théorie de Fébronius eut pour protecteurs et premiers disciples le prince de Kaunitz (1) et le janséniste Van Swieten, directeur des études. Aussi grand nombre de canonistes autrichiens s'enrôlèrent-ils avec ardeur sous le drapeau de cette pernicieuse doctrine. Les plus remarquables furent Cybel et Rantenstrauch; le premier, qui avait déjà publié un traité ex professo sur le droit ecclésiastique (2), composa sous ce titre : « Qu'est-ce que le pape? » un libelle qui lui valut d'être condamné dans la bulle Super soliditate (3) (1786), et réfuté, à sa honte, par un écrivain distingué du protestantisme (4).

Disinganno sopra l'ogetto scritto in fronte del libro intitolato De statu Ecclesiæ, etc. Ferr. 1767. - Italus (Viator. de Coccaglia) ad Febronium. Luc. 1768. — P. Ballerini, de Potestate eccelesiastica summorum Pontificum et Conciliorum generalium liber, una cum vindiciis auctoritatis pontificia contra opus Just. Febronii. Veron 1768. Zaccaria, Antifebronius vindicatus. Cæsen. 4 vol. in-8°, 1771. - Carrich, de Ecclesia, Rom. Pont. et Episc. leg. pot. Colon. 1773. — (J. A. Sangalli), Romani Pontificis summa auctoritas, jus et præstantia œcumenicorum conciliorum. Favent. 1779. Mamachi, Origenes (§ 6, N. 6). — Zaccaria, Antifehr. vind., tom. I, p. 8 sqq.

(1) Wyttenbach, loc. cit., N. 3. p. 55.

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(2) J. V. Cybel, Introductio in jus ecclesiasticum cathol. Viennæ, 1778, 4 tom. - Steph. Rantenstrauch, Institutiones juris eccles. Germaniæ accommodatæ, tom. I, Prag. 1772. Synopsis juris ecclesiastici publici et privati, quod per terras hæreditarias Augustissimæ Imperatricis Maria Theresia obtinet. Vindob. 1776, in-8°. — J. P. a Riegger, Institutiones jurisprudentiæ ecclesiasticae, IV Part. Viennæ, 1768; ed. nov. 1774.

Mamachi, Epistolæ

(3) Bullar. Roman. contin., tom. VII, p. 671 sqq. ad auctorem anonymum opusculi inscripti: Quid est Papa? Rom. 1787.Gerdil, Confutazione di due libelli diretti contra il breve Super soliditate. Rom. 1789 (Oper., tom. XII, p. 15). — Apologia compendiaria del breve di S. Padre Pio VI Super soliditate. Rom. 1791 et 92 (Oper., tom. XIII, p. 111 sqq.).

(4) Qu'est-ce que le pape? A cette question Jean Müller répond: «On

Mais personne n'embrassa avec plus de zèle les principes du fébronianisme que l'empereur Joseph II (1), qui, du jour où il prit lui-même les rênes du gouvernement (1780), s'appliqua de toutes ses forces à les mettre en pratique. Élevé par deux jésuites, l'empereur était parfaitement convaincu de la vérité du catholicisme; il n'était pas moins pénétré de l'idée que le premier devoir de tout souverain est de se dévouer tout entier au bien général de son peuple. Malheureusement il ne voyait l'Église qu'à travers le prisme mensonger du gallicanisme et du fébronianisme; et, à ses yeux, la grandeur et la prospérité d'un peuple consistaient exclusivement dans l'accroissement de sa puissance financière et militaire, et il faisait de cette œuvre le but suprême de tous ses efforts. De ce point de vue, qui est celui de l'absolutisme moderne, il devait voir nécessairement dans l'autorité du saint

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« dit: Ce n'est qu'un évêque; oui, comme Marie-Thérèse n'est qu'une << comtesse de Ilabsbourg, Louis XIV qu'un comte de Paris, le héros de «Rosbach et de Leuthen, un de Zollern. On sait quel pape a couronné Charlemagne premier empereur, mais qui a institué le premier pape? Le «< pape, c'était un évêque; oui, mais c'était aussi le saint-père, le pontife « suprême, le grand khalife (c'est ainsi que le nomme Abulféda, prince d'A<<math) de tous les royaumes et principautés, de toutes les souverainetés «<et cités de l'Occident, qui a civilisé les jeunes générations barbares de <«< nos contrées par la crainte de Dieu. Sans autre arme que la prière pour << conserver à un nombre infini d'hommes le trésor que leur ont trans<< mis les âges antiques; à l'Église, son pasteur suprême, et à la famille <«< chrétienne, son chef spirituel; n'ayant à faire entendre, au milieu du << fracas des armes dont retentit notre siècle, que les accents plaintifs d'une « voix suppliante, qui semble vouloir apprendre au monde si elle est en« core écoutée par les chefs des peuples, ou si elle ne l'est plus que de « Dieu seul; dépouillé de tous ces appareils du pouvoir et de la force, qui << portent dans l'âme la crainte et l'effroi; puissant seulement par les grâces célestes de la bénédiction, il est encore saint dans des milliers de <«< cœurs, grand auprès des potentats entourés du respect des peuples, dé<< positaire d'une autorité devant laquelle ont passé, depuis la race des Cé<< sars jusqu'à la famille des Habsbourg, une foule de nations célèbres et « tous les héros qu'elles ont produits. (Müller, Sæmtl. Werke, Bd. S, 5, 58).

(1) Hist. pol. Blætter, vol. III, p. 129 sqq., vol. VIII, p. 641 sqq. - Menzel, loc. cit., Bd. XII, Abth. 1, S. 28. - Memorie storiche di Monsignor Bartolomeo Pacca, ora Cardinale di S. Chiesa, sul di lui soggiorno in Germania dell' anno 1786, 1794. Rom. ed. 2a, 1831. — Aug Theiner, Geschichte der deutschen Bildungsanstalten. Mainz, 1845.

siége le plus grand obstacle à la réalisation de ses projets ambitieux. Par là s'explique également son antipathie invincible pour tous les ordres religieux qui ne se rattachaient pas à la société séculière par quelque fonction de la vie pratique. Toutes les mesures, tous les actes du règne de Joseph II furent inspirés de cet esprit de gouvernementalisme et dirigés dans le sens de la prédominance exclusive du pouvoir temporel (1). Le placet fut rigoureusement exigé pour toutes les bulles papales, ainsi que pour les mandements et lettres pastorales des premiers pasteurs. Les évêques durent désormais prêter à l'empereur le serment de fidélité avant leur confirmation et ne demander à Rome aucun pouvoir pour les dispenses, mais les accorder de leur propre chef, en vertu de l'autorisation du souverain. Aucune espèce de titre ne devait non plus être sollicité de la faveur pontificale.

Pour se créer un clergé plus docile à ces principes, l'empereur supprima les séminaires épiscopaux et les remplaça, pour chaque province (2), par un séminaire général dont tous les autres n'étaient plus que les succursales. Quant aux ordres monastiques, Joseph leur interdit d'abord toute relation avec les généraux qui ne résidaient pas sur le territoire de l'empire; puis il leur défendit de recevoir des étrangers, et même, provisoirement, aucun novice; en même temps, tous les ordres contemplatifs furent abolis. En quelques mois, sept cents monastères de tout genre avaient disparu. A ces mesures d'intolérance vint se joindre ensuite un édit qui inaugurait légalement la tolérance universelle de toutes les confessions chrétiennes.

Un tel égarement, de la part d'un prince d'ailleurs profondément attaché à la foi catholique, est difficile à comprendre. Il fallait que sa conscience eût été faussée par de bien funestes doctrines, tant religieuses que politiques, pour que non-seulement il se mît dans une opposition violente et systématique à l'égard

(1) Codex juris ecclesiastici Josephini, Presb. 1788, 2 Bde.

(2) « Ces établissements, dit Theiner (p. 304), étaient une dérision de la religion et l'opprobre de l'humanité. » En effet, nulle part, n'avaient été enseignés d'aussi abominables principes. Aussi les appelait-on le séminaire général de la moderne Babylone.

de Rome, et fermât son cœur, capable pourtant de nobles et généreux sentiments, aux prières personelles du pape, mais en vìnt à rompre complétement avec le chef de l'Église, en même temps qu'il attentait avec un déploiement inouï d'illégalité et d'arbitraire à la conscience même de ses peuples, en violentant leur foi religieuse, et exécutait une série de mesures politiques dignes des Tibère et des Néron, et qui, par les haines qu'elles allumèrent dans le cœur du peuple allemand, faillirent le précipiter de son trône déjà chancelant.

Avec une pareille direction d'esprit, il n'est pas étonnant que l'empereur Joseph ait embrassé avec tant de chaleur le parti des trois électeurs ecclésiastiques qui s'étaient insurgés contre l'autorité du saint-siége. Dès l'année 1769, ils lui avaient remis un écrit, dû probablement à la plume de Houtheim, dans lequel ils exposaient leurs griefs au sujet de prétendus empiétements du pape dans leur juridiction, par les pouvoirs conférés à ses nonces. Pie VI ayant, en 1785, sur la demande formelle de CharlesThéodore, électeur de Bavière, institué une nouvelle nonciature à Munich (1), les trois électeurs ecclésiastiques formèrent avec l'archevêque de Salzbourg, en 1786, à Ems, une ligue contre Rome. Ils y dressèrent en même temps le projet de la déclaration dite déclaration d'Ems (2), laquelle non-seulement contestait au pape le droit d'envoyer des nonces revêtus d'un pouvoir juridictionnel, mais était encore dans tout son ensemble la profession la plus explicite du plus pur fébronianisme. L'opposition énergique de l'électeur de Bavière, agissant dans son intérêt de souverain, celle de plusieurs évêques, mus par leur attachement pour le chef de l'Église, enfin la déclaration de l'archevêque de Mayence, qu'il abandonnait le manifeste d'Ems (3), firent heureusement avorter ce projet (4); mais la littérature ecclésiastique

(1) Menzel, loc. cit., Bd. XII, Abth. 1, S. 303. — Klüber, Fortsetzung von Pütter's Literatur des deutschen Staatsrechts, § 1488.

(2) Münch, Vollständige Sammlung aller æltern und neuern Koncordate, th. 1, S. 404. — J. X. de Feller (note 25), Coup d'œil sur le congrès d'Ems Dusseld. 1787.

(3) Menzel, loc. cit., Bd. XII, Abth. 1, S. 328.

(4) Id., ibid., vol. XII, Abth. 2, S. 13.

lui est redevable, dans la réfutation qu'en fit le pape Pie VI, d'un vrai chef-d'œuvre pour le fond comme pour la forme (1).

Pendant que tous ces mouvements religieux agitaient et troublaient l'Allemagne, les autres États catholiques en ressentaient aussi le contre-coup. Non-seulement, à cette époque, s'assemblait le fameux synode de Pistoie (§ 135), mais les sénats des républiques, comme les princes souverains, semblaient frappés du même vertige; à Venise, dans le Portugal, en Espagne, et généralement dans les cours des Bourbons plus que partout ailleurs, on se vouait aux principes que l'empereur Joseph avait mis en pratique. Aveugles en face du danger qu'ils appelaient bien plus encore sur leurs propres États que sur le trône du pape, dont le royaume a été fondé par Dieu et sur Dieu, les Bourbons, d'abord par l'expulsion des jésuites, ensuite par l'abolition de leur ordre arrachée à Clément XIV, avaient détruit le rempart le plus inexpugnable de toutes les légitimités, soit spirituelles, soit politiques (2), et accéléré ainsi la tempête qui brisa leur sceptre et leur couronne. L'archiduc Léopold, grand-duc de Toscane, frère de Joseph II, avait également appliqué dans ses États, et sur une grande échelle, les funestes maximes du fébronianisme. Appelé à succéder à Joseph, il se vit obligé de révoquer en grande partie des mesures auxquelles il avait d'abord applaudi; mais il ne céda qu'à la pression des circonstances, les Pays-Bas s'étant mis déjà en pleine insurrection. Quant aux autres États héréditaires, ils se trouvaient eux-mêmes dans une telle fermentation, qu'on ne pouvait plus assez promptement rebrousser chemin, et le mal était d'autant plus intense, que l'incendie de la Révolution française commençait à se propager en Allemagne.

(1) Pii VI, P., Responsio ad Metropolitanos Moguntinum, Trevirensem, Coloniensem et Salisburgensem super nunciaturis apostolicis, Rom. 1789 (Roskovany, Monum. cathol. pro independentia potestatis ecclesiasticæ ab imperio civili, tom. I, p. 352 sqq.). — Peller, passe pour l'auteur de cet ouvrage. Menzel, loc. cit., Bd. XII, Abth. 1, S. 391, note.

(2) Crétineau-Joly, Histoire religieuse et politique de la Compagnie de Jésus. 6 vol. Par. 1845. — Clément XIV et les Jésuites, Par. 1847. — Ganganelli. Papst Clemens XIV. -Seine Briefe und seine Zeit. Berlin, 1847. Hist. polit. Blætter, vol. XX, p. 166 sqq.

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