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l'année 861, n'était donc pas un événement subit et accidentel, mais il avait été préparé par des siècles. Si des empereurs, qui se considéraient comme les plus dévoués fils de l'Église, s'étaient néanmoins permis tant d'atteintes à l'ordre ecclésiastique (§ 118), il n'y avait pas à s'étonner qu'un homme tout imbu d'idées juives et mahométanes, et de plus, ignorant et grossier comme l'était Léon l'Isaurien (1), signalât son avénement au trône impérial par une violente persécution dirigée contre les fidèles qui refusaient de détruire, à son exemple, les images des saints (§ 119). L'époque des iconoclastes, parmi lesquels figurent, au premier rang, Léon l'Arménien (813-820) et Théophile (2) (829-842), précéda immédiatement le règne de ce voluptueux Michel III (842-867), qui, de concert avec Bardas, son oncle, éleva le laïque Photius sur le siége de Constantinople, à la place d'Ignace, envoyé en exil. Le pape Nicolas I ayant refusé de reconnaître l'intrus, l'empereur et son complice se liguèrent avec celui-ci pour s'affranchir de la juridiction de l'Église romaine, et se mirent en même temps à persécuter les évêques qui persistaient à vouloir demeurer fidèles au pape. L'avénement de Basile ["r opéra la réconciliation de Byzance avec Rome (867-888); mais le schisme couvait encore sourdement sous la cendre, et les différences, même les plus insignifiantes, entre les Églises d'Occident et d'Orient pouvaient servir de prétexte à ces tendances schismatiques.

Elles trouvèrent surtout un partisan zélé et violent dans le patriarche Michel Cérulaire (3), qui poursuivit sans relâche la réalisation de ses rêves ambitieux, et ne recula même pas devant la résistance que lui opposèrent les empereurs Constantin X (1042-1052) et Michel VI (1056-1057); il poussa l'audace jusqu'à faire déposer ce dernier et couronner à sa place Isaac Com

der Form einer permanenten Synode (Mainz, 1840), p. 343 sqq. - Dollinger, Lerhbuch der Kirchengeschichte, vol. I, p. 422 sqq.

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(2) Dès l'année 821, Théophile était associé au trône et régnait avec son père, Michel II.

(3) Leo Allatius, loc. cit., lib. II, c. 9, p. 615 sqq. — Maimbourg, loc. cit., lib. III, p. 418.

nène. Le nouvel empereur déclara ouvertement la guerre au saint-siége, et tous les efforts des papes pour le ramener à l'orthodoxie restèrent infructueux. La conquête de Constantinople par les Latins (1204), et plus encore le résultat du concile de Lyon (1274) (1), vinrent relever les espérances de l'Église; on crut un moment à l'extinction totale du schisme. En effet, la réunion fut opérée, dans cette assemblée, avec les évêques grecs et les délégués de l'empereur Michel Paléologue (1260-1282); et tant que ce prince tint les rênes du gouvernement, le schisme n'osa point se produire de nouveau; mais l'influence d'Eulogie, sœur de l'empereur, sur le faible Andronic II, fils et successeur de Paléologue, détruisit pendant le long règne de ce prince tous les fruits du rapprochement (2). La nouvelle réconciliation qui eut lieu dans le concile de Florence (3) (1439), auquel assista l'empereur Jean VII Paléologue, ne précéda que de quelques années la conquête de Constantinople par les Turcs (1453). Cette conquête, qui fut un grand malheur pour la chrétienté, eut néanmoins un heureux résultat; elle maintint dans la fidélité à l'Église Jean VIII et son fils Constantin XII, qui périt glorieusement sur le champ de bataille en défendant sa couronne et la civilisation chrétienne. Mais ces deux princes furent également impuissants à arrêter les progrès du schisme. Et c'est ainsi que l'Orient devint la proie de l'islamisme, dont les papes préservérent le monde occidendal, comme ils l'en avaient déjà préservé plusieurs siècles auparavant, et comme plus tard ils le sauvèrent encore des irruptions formidables des Turcs Ottomans. En effet, la chrétienté n'est pas seulement redevable de la victoire de Lépante à la bravoure héroïque de don Juan, mais aussi au zèle infatigable et aux prières de Pie V (4).

(1) Hardouin, Concil., tom. VII, p. 672 sqq. Raynald., Annal. eccles. ann. 1274, n. 3 (t. XIV, p. 219). — Histor. polit. Blætter, vol. 5, p. 107 sqq. (2) Leo Allat., loc. cit., lib. II, c. 16, p. 782 sqq cit., livre 4, tom. II, p. 197.

(3) Hardouin, Concil., tom. IX.

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Maimbourg, loc.

Leo Allat., loc. cit., lib. III, c. 1 sqq.,

p. 875. Schmitt, loc. cit., p. 412.- Histor. polit. Blætter, loc. cit.,

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En Orient, depuis cette funeste époque, quelques diocèses particuliers se sont seuls maintenus dans la communion de l'Église catholique; le patriarcat de Constantinople et avec lui le schisme ont seuls survécu à l'empire. Les Turcs se montrèrent très-tolérants à l'égard des Grecs schismatiques, et déjà le premier sultan qui établit sa résidence à Byzance, Mahomet II, leur avait permis d'élire librement leur patriarche, se réservant le droit de l'investir. Georges Scholarius (1), qui se donna le nom de Gennadius, et fut ensuite promu au patriarcat, avait embrassé la cause de la réunion; mais la plupart de ses successeurs furent schismatiques; et comme ils ne parvenaient au siége patriarcal que par le bon plaisir du sultan et des eunuques du sérail, qui mettaient cet honneur à prix d'argent, leur église tomba nécessairement dans l'asservissement le plus honteux à l'égard des princes infidèles (2).

Comme c'était surtout de Constantinople que le christianisme s'était propagé en Russie (3), l'Église russe suivit naturellement le sort du patriarcat byzantin. Toutefois, la conversion de ces contrées ayant eu lieu dans le dixième siècle (988), époque où le patriarche de la nouvelle Rome se trouvait encore dans la communion du pape, l'Église russe ne doit point être considérée comme schismatique de naissance (4); bien loin de là, elle s'est montrée dès son origine, et pendant de longues années, sauf de tristes intermittences schismatiques, fidèlement attachée au saintsiége, honorant le successeur de Pierre comme le chef légitime de toute l'Église chrétienne (5). Le premier métropolitain dont il

(1) Il ne faut pas le confondre avec l'écrivain du même nom, ennemi de l'Église romaine. - Leo Allat., loc. cit., lib. III, c. 5 et 6, p. 959 sqq.

(2) Aug. Theiner, Die Staatskirche Russlands im Jahre 1839 (Schaffhausen, 1844), p. 31 sqq.. Schmitt, loc. cit., p. 100 sqq.

(3) La conversion de la Russie commença du temps d'Ignace. La grande duchesse Olga fit venir des missionnaires de l'Occident.

(4) Les historiens russes modernes affectent de représenter l'Église russe comme de tout temps séparée de Rome. V. contre cette supposition les Histor. polit. Blætter, vol. V et IX. — Theiner, Neueste Zustande, p. 7.

(5) Theiner, Staatskirche, Docum., n. 2, p. 354 sqq. Zustande, p. 17 sqq. Supra § 21.

Idem, Neueste

soit fait mention dans les actes de l'Église russe est l'évêque de Kiew, dont le siége fut plus tard transféré à Wladimir (1299) et de là à Moscou (1325), translation qui produisit bientôt une rivalité entre l'ancien siége et le nouveau, prenant tous deux le titre d'église métropolitaine. En effet, à dater de l'année 1332, on voit, à côté du métropolitain de Moscou et de Russie, un métropolitain de Kiew et de toutes les Russies (1).

Pendant un certain laps de temps, les métropolitains étaient institués par le patriarche de Constantinople; aussi l'épiscopat russe se composait-il en grande partie des clercs de l'Église grecque (2). Cependant les grands ducs commencèrent de bonne heure à exercer dans leurs États une grande influence sur les affaires ecclésiastiques, et leur action à cet égard s'étendait si loin et se manifestait par des actes si arbitraires, que l'Église russe dut presque trouver doux, auprès de ce despotisme barbare, le joug des princes mongols (1238-1480) (3).

Cependant une grande partie de la Russie fut conquise par les Lithuaniens, sous la conduite de Gédimin (1320). Dans cette portion du territoire se trouvait Kiew, qui, depuis qu'elle avait obtenu la réintégration de son siége épiscopal, n'en était que plus fortement unie au pontife romain (4). L'Église de la Russie septentrionale, au sein de laquelle le schisme avait éclaté à divers intervalles (5), parut aussi gagnée de nouveau à l'obéissance envers l'autorité papale. Cet heureux changement était l'œuvre d'Isidore, métropolitain tout à la fois de Kiew et de Moscou (6), qui, par l'énergie et le dévouement qu'il montra dans le concile de Florence, contribua plus qu'aucun autre à l'extinction du schisme (7). Ce courageux évêque, de retour dans son pays, eut

(1) Theiner, Staatskirche, p. 27. (2) Schmitt, loc. cit., p. 149.

(3) Theiner, loc. cit., p. 14.

pol. Blætter, vol. XI, p. 120 sqq.

Walter, loc. cit., § 25, p. 55. - Histor.

(4) Theiner, Neueste Zustande, p. 41 et 306 sqq., p. 382 sqq.

(5) Id., ibid., p. 45 sqq.

(6) Strahl, in der Tuebing. theol. Quartalschrift, Jahrg. 1823, Heft 1, p.146. (7) Concil. Florent., Sess. 25 (Hardouin, Concil., tom. IX), col. 389, c. 395.

à lutter contre de grands obstacles qui lui furent surtout suscités par le grand-duc Basilij III; menacé de captivité, il n'échappa à la prison que par la fuite, et finit ses jours à Rome (1463).

Les deux métropoles furent de nouveau séparées. La métropole du Midi resta fidèle à l'union jusqu'au commencement du seizième siècle; celle du Nord se voua tout entière au schisme, et conserva, même après la chute de Constantinople, ses anciennes relations avec le patriarche (1). Cependant, surtout depuis l'affranchissement de la Russie de la domination mongole par Iwan III, l'influence du grand-duc dans le domaine spirituel grandit de jour en jour, et bientôt elle dégénéra en une véritable usurpation. On en voit la preuve, dès l'année 1495, dans l'investiture qu'Iwan fit, avec la crosse, du métropolitain de Moscou (2). Mais l'Église fut entièrement asservie sous le règne du premier czar, Iwan IV (1534-1584), et sous celui de Boris Gudunow, qui gouverna la Russie au nom de Féodor Ier, son beaufrère, dernier rejeton de la maison de Rurik, puis en son propre nom (1598).

Pour donner au moins un relief extérieur à la métropole déchue, Gudunow profita de la détresse où se trouvait le patriarche Jérémie II, venu en Russie pour faire un appel à la charité des fidèles, et l'engagca (1588) à ériger la métropole de Moscou en patriarcat (3). Jérémie, qui, peu auparavant, avait encore remercié le pape Grégoire XIII d'avoir préservé l'Église d'Orient des tentatives des théologiens allemands (4), accorda au nouveau patriarche le premier rang en hiérarchie après celui de Jérusalem, et effaça complétement Rome du nombre des patriarcats,

(1) Schmitt, loc. cit., p. 155.

(2) Theiner, Staatskirche, p. 24..

(3) Id. ibid., p. 28 sqq., p.

46 sqq.

(4) Acta et scripta Theolgorum Wirtembergensium et Patriarchæ Constantinopolitani D. Hieremiæ: quæ utrique ab anno MDLXXVI usque ad annum MDLXXXI de Augustana confessione inter se miserunt: Græce et Latine ab iisdem Theologis edita. Witebergæ, 1584, in-fol. — E. a. schelstrate, Acta Orientalis Ecclesiæ contra Lutheri hæresim, monumentis, notis ac dissertationibus illustrata. Romæ, 1739, 2 vol. in fol. — V. la lettre de Jérémie dans Schelstrate, loc. cit., p. I, p. 249; et la réponse de Grégoire XIII dans Theiner, Staatskirche, p. 47, note.

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