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révocation et les cruautés inexcusables déployées à ce sujet contre les huguenots, à la grande désapprobation du pape Innocent X1, forcèrent un grand nombre de réformés français à s'expatrier, et, l'émigration leur étant interdite, ils cherchèrent leur salut dans la fuite. Plusieurs pays d'Allemagne, et notamment le Hanovre, Brunswick et Brandebourg, leur ouvrirent un asile hospitalier (1). Ainsi que les réformés fugitifs de l'Angleterre sous Marie Ier, et ceux des Pays-Bas qui s'étaient réfugiés dans le BasRhin (2), ils transportèrent dans leur exil, avec le calvinisme (3), la constitution synodale et presbytérale, particulière à leur confession (4). Cette constitution, en vertu de laquelle chaque église se gouvernait elle-même par des ministres de son choix et des synodes composés de ces ministres, était en opposition directe. avec le système allemand, où tout était soumis au pouvoir spirituel des souverains. Aussi ne put-elle se maintenir longtemps dans cette forme démocratique (5), et elle subit une entière transformation, en ce qu'il ne fut plus laissé aux églises des réfugiés qu'une certaine participation, très-restreinte, dans le gouvernement et à la législature, par l'organe de leurs synodes.

De tous les souverains allemands, celui qui s'intéressa le plus vivement aux huguenots, ce fut le grand-électeur de Brande

(1) Rühs, loc. cit., p. 203, met cette immigration au nombre des causes qui ont contribué à donner au caractère national allemand l'empreinte du caractère français.

(2) Bickell, die Presbyterial- und Synodalverfassung der evangelischen Kirche in ihrem Ursprunge und ihrem Einflusse auf Hessen, Bd. I, S. 57. Hospiniani, Historia sacramentaria, tom. II, p. 142, b.- Menzel, loc. cit, vol. IV, p. 119 sqq.

(5) Confess. Gallic., art. 29-32 (August., Corpus librorum symbolicorum, qui in ecclesia reformatorum auctoritatem publicam obtinuerunt, p. 121 sq.).

A. Sou

(4) Discipline des églises réformées de France (Heidelb. 1711). lier, Statistique des églises réformées de France (Par. 1828), p. 191 et suiv. Bickell, loc. cit., 60. Walter, loc. cit., §§ 32, 37. - Richter, loc. cit., note 4.

P.

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(5) Kamptz, Ueber das bischöfliche Recht in der evangel. Kirche in Deutschland, p. 155 sqq. Jakobson, Gesch. d. Quellen des evang. Kirchenrechts der Prov. Rheinland und Westphalen, p. 259 sqq.-V. Mühler, Geschichte der evang. Kirchenverf. in der Mark Brandenburg (Weimar,

bourg (1). Plus tard, son petit-fils Guillaume I, roi de Prusse, accordait pareiliement sa protection aux Salzbourgeois, contraints d'émigrer de leur pays (2). La Prusse semblait regarder comme sa vocation de prendre les intérêts des sujets protestants contre leurs souverains catholiques. L'électeur de Saxe, bien quela famille régnante se fût convertie au catholicisme, conserva dans la diète la direction du Corpus Evangelicorum; mais cette même circonstance et cet autre fait, que les voix des souverains redevenus catholiques (3) devaient désormais compter comme protestantes, révélaient, d'un côté, combien la diète s'était écartée de son caractère originel, de l'autre, quelle énorme prépondérance le protestantisme avait prise en Allemagne. Ce qui avait le plus contribué à produire cette situation, c'était le Corpus Evangelicorum, ou, comme on l'appelait encore, Corpus sociorum Confessionis Augustanæ, qui s'était développé, quoique non sans résistance depuis 1653, comme continuation des coalitions entre protestants (4), à la faveur de la permanence de la diète sur la base du jus eundi in partes accordé par la paix de Westphalie, et qui, en peu de temps, avait pris une grande extension (5). Dès le principe cette corporation avait manifesté sa prédilection pour les sujets protestants en lutte contre leurs souverains catholiques; toujours prête à appuyer leurs griefs, le plus souvent imaginaires, elle les exploitait jusque dans leurs conséquences extrêmes, avec une persistance infatigable (6).

Ainsi le Corpus Evangelicorum occupait dans l'Empire la position d'un puissant parti politique, dirigé, nominalement par la Hesse-Électorale, mais en réalité par le roi de Prusse (7).

1846), p. 208 sqq. — Laspeyres, loc. cit., p. 486. — Richter, loc. cit.,

p. 69.

(1) Menzel, loc. cit., vol. IX, p. 154 sqq. (2) Id. ibid., vol. X, p. 198.

§ 32,

(3) Pütter, loc. cit., p. 349.-J. W. de Bülow, Geschichte und Verfassung des Corporis Evangelicorum, p. 28.

(4) V. Bülow, loc. cit., p. 78 sqq. - J. J. Moser, Teutsche Religionsverfassung (Frankf.), 1774 p. 338 sqq.

(5) V. Bülow, loc. cit., p. 84.

(6) Menzel, loc. cit., vol. X,

μ.

Menzel, loc. cit., vol. VIII, p. 276. 92 sq

(7) Id., ibid., vol. XI. p. 16, 17; vol. XII, sect. 1, p. 20.

A cette redoutable association, qui poursuivait avez zèle et persévérance le triomphe de ses prétentions et le maintien de ses prérogatives, et ne voulait pas même permettre à l'empereur de soutenir les ecclésiastiques protestants contre leurs souverains de la même confession (1), il aurait été bien naturel d'opposer un Corpus Catholicorum ayant pour objet de protéger les catholiques contre les souverains protestants; car certes, de ce côté aussi, les motifs ne manquaient pas. Mais le Corpus Catholicorum (2) n'a guère eu de réel que sa dénomination, et il n'a jamais existé à l'état de corps proprement dit et complétement organisé.

Si à cette époque, dans les rapports des catholiques et des protestants, on ne voit pas régner une tolérance réciproque, là même où les lois prescrivaient l'égalité des cultes, cela se comprend plus facilement que l'hostilité où étaient presque toujours vis-à-vis les uns des autres les luthériens et les réformés. Un exemple remarquable de ce fait se montre à Berlin, en 1662, dans la nouvelle rupture survenue entre les partisans de ces deux confessions (3), par suite de laquelle la faculté de théologie de Wittemberg proclama cette opinion, que les réformés devaient tolérer les luthériens, parce qu'on ne pouvait les convaincre d'aucune erreur fondamentale, tandis qu'ils n'avaient pas le droit d'exiger la même tolérance de la part des luthériens. Les calvinistes, de leur côté, appliquaient aux luthériens les mêmes principes d'exclusion (4), de sorte qu'avoir affaire à un souverain catholique était pour la confession opprimée une bonne fortune. Ce fut le cas, notamment, des réformés de Brunswick, à la conversion du comte Antoine Ulrich (5), et de ceux de Saxe, à celle du prince-électeur Frédéric-Auguste II (6). L'avénement de la

(1) Menzel, loc. cit., vol. XI, p. 82.

(2) Laspeyres, loc. cit., p. 93 sqq.

(3) Menzel, loc. cit., vol. VIII, p. 425 sqq.

(4) Id., ibid., vol. IX, p. 202.

(5) Aug. Theiner, Geschichte der Zurückkehr der regierenden Hæuser von Braunschweig und Sachsen in den Schooss der katolischen Kirche im achtzehnten Jahrhundert (Einsiedeln, 1843), p. 7 sqq.

vol. IX,
p. 557.

Menzel, loc. cit.,

(6) Theiner, loc. cit., p. 103 sqq. - Menzel, loc. cit., vol. IX, p. 252. Histor. polit. Blætter, vol. III, p. 360.

maison de Neubourg dans le Palatinat fut encore plus favorable aux luthériens. Charles-Louis, électeur protestant, avait déjà, dans l'érection qu'il avait faite de l'église de la concorde pour les trois confessions, à la mémoire et selon la pensée de sa maîtresse (1), donné le premier exemple de tolérance dans le sens moderne du mot; ses successeurs catholiques se placèrent plus complétement encore, à l'égard des protestants, en lutte les uns contre les autres, sur le terrain d'une véritable parité (2). Mais tous ces efforts finirent par échouer; les réformés ne pouvaient se résigner à voir les luthériens jouir du libre exercice de leur culte, qui leur était accordé par les gouvernements, et il fallut que les choses revinssent à peu près où elles étaient antérieurement, ce qui eut lieu par le concordat de Dusseldorf (1705) (5).

Dans de telles conditions, aucune des sectes séparatistes ne pouvait arriver à une existence légale; la chose était d'autant plus difficile, que la reconnaissance en était formellement interdite par le dispositif du traité de Westphalie (4). Et toutefois, chose étrange! le despotisme du système territorial, armé contre ces sectes du droit formidable de réforme, droit qui les menaçait, ce semble, d'une destruction certaine, ce système, disons-nous, fut précisément ce qui contribua au développement du séparatisme piétiste (5). Ce résultat n'était, du reste, que la conséquence forcée de son indifférence à l'endroit de la doctrine, laquelle devait naturellement fractionner toujours de plus en plus le symbole protestant, mais, par la même raison, devait le conduire au chaos. Et en effet, tels étaient la confusion des doctrines et le pêle-mêle dogmatique, que Spener ne voyait déjà plus qu'un conseil à donner à ses coreligionnaires: Ne plus attendre de solution que du Saint-Esprit (6).

(1) Menzel, loc. cit., vol. VIII, p. 410.

(2) Menzel, loc. cit., vol. IX, p. 202, 206, 210.

(5) Id., ibid., p. 525.

(4) Muhler, loc. cit., p.184 sqq., p. 265.- Richter, Kirchenrecht, §5, (54). (5) Stahl, die Kirchenverfassung nach Lehre und Recht der Protestanten, p. 32.

(6) Histor. polit. Blætter, vol. XIII, p. 70. - Menzel, loc. cit., vol. VIII, p. 481 sqq.

§ CXLIII.

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3. Position de l'Église vis-à-vis de l'État indifférent. — L'Allemagne depuis Frédéric le Grand jusqu'à la Confédération.

La servitude dans laquelle était tombé le protestantisme d'Allemagne au dix-huitième siècle, par son état de minorité sous le sceptre des souverains, montre, encore plus clairement que dans le passé, son impuissance à fonder une société religieuse viable (1). Il avait, le lutheranisme surtout, essentiellement contribué à l'extension et à l'affermissement de la puissance des souverains, et les princes catholiques eux-mêmes n'avaient pas négligé non plus d'en faire leur profit. Le mot de Guillaume Ier, roi de Prusse: « J'établis la souveraineté sur un rocher de bronze (2), » peut être considéré, avec raison, comme l'expression fidèle de ce grave résultat du schisme dans toute l'Allemagne. Il est facile de comprendre que la liberté politique n'eut pas elle-même à gagner beaucoup dans cette révolution (3); un souverain pouvait se rendre coupable envers ses sujets des actes les plus arbitraires, sans qu'il eût à craindre d'encourir le blâme des autres princes, ses muets complices, et c'était seulement quand un grief religieux était dénoncé à la diète, qu'il éveillait, souvent encore uniquement pour l'avantage politique que l'on en pouvait tirer, l'intérêt le plus vif et le zèle le plus ardent !

Ce degré de dépérissement où la liberté politique était alors arrivée en Allemagne, et la forme sous laquelle s'y produisait la caducité du protestantisme, contrastaient singulièrement avec les progrès parallèles de cette même liberté et de cette même caducité en Angleterre et dans l'Amérique du Nord. Dans la mère patrie, comme dans la colonie, la liberté politique élevait de plus en plus sa base, et, parallèlement à ce progrès, on voit autour de (1) Histor. polit. Blætter, vol. XIII, p. 50.

(2) Forster, Friedrich Wilhem I, vol. I, Urkundenb. N. 11, p. 50. Menzel, Neuere Geschichte der Deutschen von der Reformation bis zur Bundesacte, vol. X, p. 597.

(3) Perthes, Das deutsche Staatsleben vor der Revolution. Hamburg,

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