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» mes: Tous les hommes parlant une même langue, quel» ques-uns construisirent une Tour très-élevée, comme pour >> atteindre le ciel par ce moyen; mais les Dieux firent souffler » les vents, renversèrent la Tour et donnèrent à chacun un >> langage particulier, et c'est pour cela que la ville fut appe»lée Babylone 1. »

» Il est évident que ceci est pris du commencement de la 2e partie 2.

» Mais il paraît que ce passage sibyllin est beaucoup plus ancien, d'après un fragment d'Abydène, dans Eusèbe:

« Il y en a qui disent que les premiers (hommes) sortis de >> la terre, se glorifiant de leur force et de leur haute stature et » se croyant sans doute, dans leur fol orgueil, supérieurs aux » Dieux, élevèrent une Tour très-haute là où est maintenant » Babylone; qu'ils étaient déjà près du ciel, et que les vents, » venant au secours des Dieux, renversèrent autour d'eux » l'édifice; c'est sans doute à cause de cela que ces restes furent » appelés Babylone; que, jusque-là, parlant une même langue, » ils étaient soumis à la voix toute-puissante des Dieux; mais » qu'ensuite une guerre s'était allumée entre Saturne et >> Titan 3. >>>

» Eupolème, cité par Eusèbe, sur la foi d'Alexandre Polyhistor, tient le même langage:

« D'abord la ville de Babylone fut fondée par ceux qui fu>> rent sauvés du cataclysme; ceux-là étaient les Géants » (ainsi parle plus haut Abydène: les premiers (hommes) » sortis de la terre, c'est-à-dire engendrés de la terre ou » Géants; comparez Sibyll. I, v. 120 et suiv.); ils bâtirent » la Tour dont parle l'histoire; celle-ci ayant été renversée » par la puissante volonté des Dieux, les Géants furent dis» persés dans tout l'univers. Mais à la 10° génération, dit>> il, etc. 4. >>>

» Ici, nous voyons cités, par les deux historiens, les mêmes passages Sibyllins que cite Josèphe; quelques-uns cependant 1 Josèphe, Ant. Jud., 1. 1, c. 5.

2 Voir le texte et la traduction des vers 98-104; dans le 2e article, numéro d'avril, t. xvII, p. 293.

3 Voir Eusèbe, Prép. Evang., 1. ix, c. 14; dans Patr. Grec., t. xx1, p. 703. Eusèbe, Prép. Evang., Ix, c. 17; dans Patr. Grec., t. xxi, p. 708.

plus étendus, comme ceux qui parlent de la 10° génération et de la guerre de Saturne avec Titan, qu'on lit dans notre livre au v. 108 et suiv.

Or, il ne faut pas confondre Abydène, qui avait écrit l'Histoire d'Assyrie, souvent cité par Eusèbe, avec Paléphate Abydène, disciple d'Aristote; on croit qu'il a vécu au 1er ou au 2° siècle avant J.-C., comme Eupolème, et, du reste inconnu, cependant plus ancien qu'Alexandre Polyhistor, contemporain de Sylla. Déjà ou ces deux auteurs, ou du moins l'un ou l'autre, connaissaient donc alors notre 3o livre Sibyllin, ou au moins cette partie où il est question de la Tour de Babel. Mais ce qui porte à croire que Josèphe n'a pas tiré ses citations des Sibyllistes eux-mêmes, - Abydène ou Eupolème, c'est qu'il cite lui-même la Sibylle comme auteur, passant les autres sous silence.

» L'antique célébrité de ces vers donna naissance, très-certainement, aux témoignages de Pausanias, de Suidas et d'autres, touchant la Sibylle hébraïque, ou juive, ou chaldaïque, d'où a été donné, quelquefois mal à propos, le nom de la même prophétesse aux auteurs des autres livres Sibyllins. Or, pour ajouter ici les suffrages des Sibyllistes eux-mêmes, il paraît que la plupart ont disposé et accommodé leur poésie d'après ces parties du 3o livre. Il est hors de doute que c'est là qu'a été pris tout ce qui est raconté ou insinué touchant la Tour de Babel et la dispersion des langues chez nos auteurs 1. vIII, 4 et suiv.; XI, 49, 116 et s.; item pour ce qui regarde la succession des premiers empires, 1. iv, 49 et suiv., VIII, 6 et suiv., v, 4 et suiv., x1, 20 et suiv. Item pour les louanges des Juifs ou des chrétiens, I. Iv, 24 et suiv. v, 402. Le ve livre luimême nous renvoie au livre no, puisqu'il fait mention des Juifs qu'il a déjà loués v. 150 : Ὅσους ὕμνησα δικαίως.

» Toutes ces choses ont été comprises, ou du moins la plupart d'entre elles ont été signalées par des hommes trèsgraves et très-érudits, qui, avant nous, ont traité cette matière Bleekius, Gfrorerus, Klausenius 2. Mais, en mettant de

1 Cités par nous dans notre Excursus I, c, 15, t. п, p. 82. 2 Theol. Zeitschr., Berol., 1819-20. · Kritisch. Geschicht., Stuttg., Eh. und die Penat., Hamb. et Goth., 1839.

1831.

côté le jugement de ces hommes instruits, les témoignages nombreux des anciens, appuyés de tant de preuves, ne permettent pas le moindre doute à ce sujet, de sorte qu'il nous paraît superflu d'insister et d'entrer dans de minutieux arguments, tirés du style et de la syntaxe qui, appartenant à l'art grammatical, trouveront mieux leur place dans notre excursus VII.

» Nous n'ajouterons qu'une chose: la tradition touchant l'antiquité du ur livre, ou plutôt des parties dont nous parlons, a été si vivace, que personne n'a jamais balancé à attribuer ce poëme à la Sibylle Erythrée, comme à la plus ancienne de toutes. Nous ne nions pas que, pour ce motif, quelques saints Pères ont parfois transporté aussi le nom d'Erythrée aux auteurs des autres livres. Mais Lactance, très-versé dans la lecture des livres Sibyllins, et qui s'était efforcé de restituer à chaque Sibylle le livre qui lui appartenait, (car il avoue qu'il l'a vainement tenté, en niant ouvertement que cela puisse avoir lieu 1); après avoir fait la différence entre les choses certaines et les incertaines, rapporte toutes celles qui sont tirées de ces parties du me livre, et elles sont considérables, et il les attribue constamment à la Sibylle Erythrée, et il leur rend le même honneur qu'au seul prologue, qu'il lisait en tête de son exemplaire 2. Mais il donne lui-même la raison de son sentiment: « Ils (les livres) sont mêlés et sans » ordre, excepté celui d'Erythrée, qui a inséré dans son poëme » son véritable nom et dit d'avance qu'elle serait nommée » Erythrée, tandis qu'elle était née à Babylone; » ce qui est >> pris évidemment de l'épilogue de ce livre :

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Ταῦτά σοι Ἀσσυρίης Βαβυλῶνος τείχεα μακρὰ
Οιστρομανής προλιποῦσα.......

Καὶ καλέουσι βροτοί με καθ ̓ Ἑλλάδα πατρίδος ἄλλης

Ἐξ Ἐρυθρῆς γεγαυΐαν.......

« Transportée par la fureur prophétique, j'abandonnai les » larges murs de Babylone d'Assyrie... Et les mortels, dans

1 Suntque confusi, nec discerni ac suum cuique assignari potest (Lactance, Divin. inst., 1. 1, c. 6; Patr. Lat., t. vi, p. 145).

2 Voyez les ch. vin et xxi de notre Excursus v.

» la Grèce, me donnant une autre patrie, me font naître à » Erythrée. »

» Or, il ressort de là, avec la dernière évidence, que très-certainement le première partie de cet Epilogue a été lue et regardée comme authentique par Lactance; même il la loue ailleurs et en cite littéralement quatre autres vers (814-817), c'est-à-dire presque tous ceux qui sont véritablement de cette Sibylle. Car n'allez pas croire que tout, dans cet Epilogue, appartienne également au livre ancien el primitif. Il renferme 21 vers dont les 10 premiers seulement doivent être regardés comme légitimes; mais nous démontrerons plus bas, au chapitre XII, que les suivants, à partir du vers 817, sont supposés et ajoutés postérieurement. »

C. ALEXANDRE.

Traduit du grec et du latin,

par M. l'abbé Th. BLANC, curé de Domazan.

NOUVELLES ET MÉLANGES.

ITALIE-ROME. Les découvertes faites à l'Emporium du Tibre.

On sait que les fouilles de l'Emporium continuent à donner les plus merveilleux résultats. Des blocs de dimensions gigantesques s'accumulent au Belvédère, et Pie IX, toujours préoccupé des gloires de la maison divine, veut que tous ces marbres extraits des carrières de l'empire romain, en grande partie, au prix de tant de sucurs, par les chrétiens condamnés ad metalla, aient des destinations dignes de ces premiers martyrs de la foi.

Nous avons dit que plusieurs blocs découverts à l'Emporium avaient été destinés au monument érigé en mémoire du combat de Mentana. On assure aujourd'hui que le Saint-Père donne d'autres blocs à S. Paul aux-Trois-Fontaines, à Ste Marie ad Martyres (le Panthéon d'Agrippa) dont on va refaire le pavé en jaune antique, à S. Thomas de Cantorbéry, que les Anglais construisent près du palais Farnèse. Quant à la grande masse des marbres, il la partage entre les basiliques de S. Pierre et de S. Paul; puis il emploie les fragments les plus riches à orner des autels. On parle d'un autel destiné à la ville de Lima, au Pérou, et que le Saint-Père fournit d'agathes incomparables et d'un autre autel qu'il va ériger à S. Andrea Avellino dans l'église de S. André della Valle. (Corresp. de Rome.)

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Le Propriétaire-Gérant : BONNETTY.

Versailles. Imprimerie de BEAU jeune, rue de l'Orangerie, 36.

165

DE

ANNALES

PHILOSOPHIE

CHRETIENNE.

Numéro 105. Septembre 1868.

L'AUTHENTICITÉ MOSAÏQUE DES NOMBRES

DÉFENDUE CONTRE LES ATTAQUES DU RATIONALISME ALLEMAND '.

Chapitre X.

L'argument qu'on a opposé à l'authenticité du ch. xi, à savoir, l'éloge que Moïse fait de lui-même, nous l'avons déjà combattu ailleurs et avec succès, il nous est permis de le croire. Il est donc inutile d'y revenir ici, et comme l'évidence du rapport de ce chapitre, relativement à l'exposé de la marche des Israélites, ne peut être contestée et ne l'est pas, nous passons au ch. XIII, où Israël, parti du Sinaï (x, 33), est arrivé, par Thabera (x1, 3), par Kibroth Hatavah (v. 34) et par Hatseroth (v. 35), dans le désert de Paran (x11, 16, ou XIII, 1).

Le croirait on? Dom Calmet dit, au sujet de cette indication si lucide des campements: « Le récit de Moïse est un >> peu embarrassé dans la suite des campements 2, » et il fait cette remarque étrange à l'occasion du v. 12 du chap. x, où nous lisons: « Les enfants d'Israël partirent selon leurs sta>>tions du désert de Sinaï, et le nuage s'arrêta dans le désert » de Paran. » Nous n'aurions rien compris à l'assertion de D. Calmet, tellement l'exposé des marches nous paraît en règle, si l'objection de de Wette n'était venue nous expliquer la pensée du savant bénédictin. De Wette dit que le v. 1 du ch. xiii ne s'accorde pas avec le v. 12, ch. x3. Alors nous avons compris que ce qui embrouillait nos critiques était que, d'une

1 Voir le précédent article au N° précédent ci-dessus, p. 85.

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