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cation, est en progrès sur les lois antérieures qu'il suppose 2.

Il est même déjà annoncé implicitement dans le v. 18, ch. xxi du Lévitique, où il est parlé des oblations et des libations qui accompagneront dans la terre promisé les sacrifices sanglants de la fête des semaines (Pentecôte). C'est une prescription sommaire qu'on s'attend à voir spécifiée. Eh bien, cela a lieu ici, au ch. xv des Nombres, et c'est une preuve de plus que tout, dans le Pentateuque, est prévu, coordonné, enchaîné d'après un plan arrêté d'avance et exécuté par la main d'un seul auteur.

Le rapport d'unité de la 1re partie de notre chapitre étant démontré, la critique n'a guère plus de chance à faire prévaloir sa seconde proposition, suivant laquelle la 2o partie de ce chapitre ne serait qu'une variante d'une loi traitée déjà dans le Lévitique et appartenant à une autre époque.

La loi qui traite de la minchah et du nesech (v. 1-16) est suivie d'un discours de Jehovah qui va du v. 17 au v. 31, et dont il est tout d'abord évident qu'il se rattache à la 1" partie, en ce qu'il a en vue, comme elle, une oblation, l'offrande du prélèvement des prémices de la pâte, qui n'aura lieu, elle aussi, que lorsque Israel viendra au pays où Jehovah le fera entrer, et lorsqu'il mangera le pain de ce pays (v. 18, 19). Outre ce rapport avec la loi qui précède, le texte en indique un autre qui met la prescription du prélèvement de la pâte en connexion avec une loi antérieure, concernant le prélèvement de l'aire. Ce prélèvement de l'aire est implicitement énoncé dans la loi de l'Exode (xxii, 19) que voici : « Tu por» teras en la maison de Jéhovah ton Dieu, les prémices des » premiers fruits de ton pays. »

Quant au rapport du discours, depuis le v. 22 jusqu'au v. 31, avec ce qui précède, il est tout aussi visible avec l'offrande extérieure, Dieu demande ce qui donne une valeur

Lév. vII, 12 sq. xiv. 10.

2 L'oblation, déterminée au ch. xxix, 40, de l'Exode, se rapporte aux solennités du culte public et regarde le prêtre célébrant, et ailleurs (Lév. II; V, 11-13), l'oblation se présente comme offrande indépendante de tout sacrifice.

réelle à cette offrande, la crainte du péché. Si Dieu veut un peuple reconnaissant de la possession de la terre promise, il veut en même temps qu'il s'y conduise saintement, et c'est là le sens de notre morceau 1. Et, d'un autre côté, on ne peut pas dire, comme de Wette, qu'il n'offre qu'une variante du sujet traité au Lévitique Iv, 13-21, l'expiation du péché. Il traite le même sujet, d'accord; mais il le développe et en tire des conséquences ultérieures. Ce n'est pas là le caractère d'une variante. Au Lévitique, il s'agit de l'expiation du délit qu'a commis toute la commune (v. 13, 14); ici, la commune doit expier même le délit commis par un individu qui reste inconnu. On voit la progression. Puis l'expiation se modifie à raison de la gravité du cas. Toute la commune a-t-elle péché, comme au Lévitique, le sacrifice de péché sera des plus importants,, accompagné de cérémonies très-solennelles 2; si, au contraire, la commune expie l'action coupable d'un inconnu, le sacrifice du péché sera d'une importance beaucoup moindre,, le sang ne sera pas porté dans le sanctuaire, il n'y aura pas d'aspersion du voile du Saint des saints, etc., et il y aura en outre un sacrifice par le feu,, une offrande de combustion, de sorte que ce sacrifice expiatoire sera presque identique à ceux offerts aux jours de fêtes3. On voit donc combien nous sommes loin ici de toute variante d'un senl et même thème. Un thème donné est développé, voilà le fait, et ce développement continue dans les v. 27 et suivants, où il est parlé du péché d'une seule personne. On traite brièvement le cas où elle aura péché involontairement, parce qu'il en avait été question déjà, et fort longuement aux ch. iv, 27, - v, 19. Mais le discours insiste davantage sur le cas de la personne qui aura agi « à main » levée, » et il semble que l'histoire qui suit, jusqu'au v. 36, soit placée là pour donner un exemple du péché à main levée, c'est-à-dire commis effrontément. Cette loi contre les pécheurs effrontés clot on ne peut mieux toute la série des

1 V. Ranke, Untersuch. etc., II, 212.

2 Lév., iv, 15 sqq.

3 Cf. Num., xxvIII, xxix.

dispositions légales contre les péchés mortels, qui se trouvent dispersés dans les textes antérieurs, chacun à sa place.

Remarquons encore, comme une nouvelle preuve de l'harmonie de la législation du Pentateuque, que l'étranger en Israël est ici soumis aux mêmes devoirs et aux mêmes châtiments que l'Israélite. Cette disposition n'est-elle pas le juste corollaire de celle qui ordonne à Israël d'aimer comme soimême l'étranger qui séjourne avec lui 1?

Reste enfin le discours de Jehovah qui clot le ch. v, 37-41, et dont le récit est on ne peut mieux placé : Israël avait été infidèle, Dieu lui a pardonné, en tant que peuple. Alors, pour que cet acte, qui implique toutes les grâces antérieures et qui en découle (XIV, 19, 20), soit toujours sous les yeux d'Israël et contribue ainsi à le préserver d'une rechute, le peuple élu doit porter désormais certains signes tout à fait particuliers à ses vêtements. Et voilà comment « le contenu de ce cha>> pitre n'a aucune relation, ni avec le précédent, ni avec le >> suivant 2. » Ni avec le suivant; c'est ce qu'il faut voir.

CHARLES SCHOEBEL.

1 Lévitique, XIX, 34.

2 C'est M. Cahen, un des échos les plus fidèles de la critique sceptique allemande, qui fait cette belle remarque (la Bible, iv, ad xvij.

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Littérature catholique.

DES FORMES PRIMITIVES DE LA POÉSIE

CHEZ LES PEUPLES ANCIENS.

9.

SEPTIÈME ARTICLE '.

Des formes de la poésie chez les Chinois.

Nous avons annoncé une étude sur les formes primitives de la poésie chez les peuples anciens : il est bien évident dès lors que nous ne pouvons pas nous borner aux Romains, aux Grecs et aux Hébreux; mais que nous devons aussi parler, au moins brièvement, de la poésie des Chinois, des Indiens et de nos ancêtres les Celtes. La littérature des autres peuples étant relativement moderne se trouve, par cela même, en dehors de notre cadre.

Pour la Chine, voici d'abord ce qu'en a dit Fréret, en 1714, dans un Mémoire analysé au tome ine des Recueils de l'Académie des inscriptions et belles-lettres.

« ..... Les Chinois n'ont jamais connu la versification cadencée par l'arrangement de ces tons musicaux (dont il vient de parler); leur poésie a seulement été consacrée par le nombre des syllabes, et, dans la suite, on y a ajouté la riine.

» Ces premiers vers mesurés étaient toujours composés, ajoute-t-il, des 4 mots ou syllabes: car les mots chinois se prononcent en un seul temps. Puis il en donne un exemple tiré du Chi-king :

Voene kheou chene miene

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C'est-à-dire « Pendant que le dragon et le serpent se taisent, on n'y voit point de différence; mais au premier sifflement qu'ils poussent, on commence à les distinguer.

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>> Les vers, continue Fréret, sont aujourd'hui d'un nombre

1 Voir le 6 article au N° de juillet, ci-dessus p. 20.

impair de syllabes, de 5, de 7 ou de 9, et les anciens vers de 4 syllabes sont absolument méprisés. Ils sont rimés, et quoique les Chinois ne distinguent point, comme nous, les rimes masculines et féminines, il n'y a pas moins d'artifice dans la façon de les entremêler dans les pièces de vers en rimes variées car les Chinois ont d'assez longs morceaux de poésie sur une même rime, et ce genre de versification est fort estimé.

:

>> Les stances sont toujours composées d'un nombre pair, de 4, de 6, de 8, de 10 ou de 12 vers; mais dont les rimes se disposent et s'entremêlent différemment. En général, on fait toujours rimer ensemble le premier et le dernier vers; dans les quatrains, le 1 et le 4, le 2 et le 3 riment l'un avec l'autre ; dans les sixains, le 1, le 4 et le 6 riment ensemble, le 2 rime avec le 3, et le 5 ne rime point; car c'est encore une règle générale que le pénultième vers est libre, lorsque celui qui le précède rime avec le dernier.

» Dans le huitain, le 1, le 4, le 5 et le 8 riment ensemble; le 2 rime avec le 3, et le 6 avec le 7. Ainsi le huitain suit la règle des quatrains. Dans le dixain, le 1, le 4 et le 10 riment ensemble; le 2 rime avec le 3, le 5 avec le 8 et le 6 avec le 7; le 9 est libre. Pour les douzains, le 1, le 2, le 9 et le 12 riment ensemble; le 2 rime avec le 3, le 5 avec le 8; le 6 avec le 7 et le 1 avec le 11. »

Cette analyse du Mémoire de Fréret se termine par un exemple, l'éloge du saule, que nous reproduisons:

Lon li hhoang y te ku chii

lao ine siou cha iao thao hhoa

I tiene chine hhene iou hiene hhoa
Ki toane giou hhoene pou soane ki

Neune sse pe theon ine iou ki

Hhoa moe tchouang hiaa khi von szeu

Iu ho pou tai tchune tsane szeu

Je ie tchi tchî tzeu thon chii.

A peine la saison du printemps est venue, que le saule couvre d'une robe verte la couleur jaune de son bois. Sa beauté fait honte au pêcher, qui, de dépit, arrache les fleurs qui le parent et les répand sur la terre. L'éclat des plus vives couleurs ne peut se comparer aux grâces simples et touchantes de cet arbre. Il prévient le printemps, et. sans avoir besoin des vers à soie, il revêt ses feuilles et ses branches d'un duvet velouté que cet ïnsecte n'a point filé.

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