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nus, en faire également usage, n'est-ce pas un motif puissant de conclure qu'il y a là un fait primitif, universel, auquel un peuple aussi traditionnel que le peuple juif n'a pas dû faire exception?

(La suite au prochain No.)

L'abbé E. VAN DRIVAL.

Histoire catholique.

QUELQUES DOCUMENTS HISTORIQUES

SUR LA RELIGION DES ROMAINS,

ET SUR LA CONNAISSANCE

QU'ILS ONT PU AVOIR DES TRADITIONS BIBLIQUES, PAR LEURS RAPPORTS AVEC LES JUIFS;

FORMANT UN SUPPLÉMENT A TOUTES LES HISTOIRES ROMAINES 1.

7. Les flatteurs et les admirateurs de Virgile. Nous avons cité quelques-unes des critiques de Virgile; il faudrait écrire des volumes si nous voulions énumérer tous les éloges, on peut dire exagérés, qu'on lui a décernés depuis la Renaissance des lettres. Jamais les prophètes, les évangélistes, les pères grecs ou latins, les poëtes et les philosophes grecs ou romains, n'ont été exaltés à la manière de Virgile. Tous les témoignages de ses contemporains, qui parlent de ses incontinences, tous ses opuscules si effrontés, ses églogues si scandaleuses ont été cachés ou supprimés; ses vers les plus honteux ont été passés sous silence ou détournés de leur sens ordinaire, et sous ces efforts combinés, est sorti un Virgile à l'usage des enfants, qui est devenu le manuel des hommes faits.

Nous avons déjà cité quelques-unes de ces exagérations païennes à l'époque de la naissance de Virgile 2, nous allons en citer quelques autres à l'aide desquelles plusieurs chrétiens sont parvenus à lui faire une sorte d'apothéose.

M. Lemaire, d'après Heyne, annonce ainsi la 1" édition de Virgile :

« Editio Virgilii princeps est Romana, sub auspiciis Pauli II » in domo Petri de Maximo per Conradum et Arnoldum teuto»nicos (Conr. Sweinsheim et Arn. Pannartz) excusa, sub an

1 Voir le dernier article au N° précédent, t. xvii, p. 416.

2 Voir Annales, t. vi, p. 390 (5o série).

» num, qui expressus tamen non est, 1467, veriùs, 1469. — » Repetita, Romæ, 1471. >>

C'est bien certainement la 1re édition, dit M. Lemaire; quoique de Bure prétende que c'est celle de Venise, 14701; ces éditions comprenaient les Opuscules. Une édition sans nom d'imprimeur ni de ville, de 1471, fit suivre les Opuscules de ces deux vers:

Cur hec sculpantur quis obceona requiris

Da veniam, sunt hec scripta Marone tamen 2.

Les éditions se succédèrent rapidement, et avec elles les commentaires. Nous notons ici celles qui ont fait la grande réputation de Virgile. Les principales sont dues aux RR. PP. jésuites, qui ont eu une si grande influence sur l'enseignement.

Dès 1597; nous trouvons: Virgilii opera in locos communes digesta, in gratiam Turnonicæ juventutis et omnium poetices studiorum. Turnoni, in-12 de XIV-813 pp.

Ce sont des centons choisis dans les vers de Virgile et au moyen desquels on lui fait décrire toutes les vertus, tous les vices, toutes les choses, etc.-L'ouvrage, fait spécialement pour les élèves du collége de Tournon en France, est anonyme et approuvé par le P. Gentilius, provincial de la province de Lyon.

En 1599, le P. Pontanus commence la publication d'un des grands commentaires dans le volume:

Symbolorum libri XVII, quibus P. Virgilii Maronis Bucolica, Georgica, Eneis, ex probatissimis auctoribus, declarantur, comparantur, illustrantur, per Jac. Pontanum societatis Jesu. - Augustæ Viridelicorum, 1599, in-fol. - Réimprimé à Lyon, 1601, 1604, 1619.

8. Le Virgile du P. La Cerda.

Puis en 1608-1617 parut le plus abondant commentaire sur Virgile, dans l'édition du P. La Cerda, en 3 vol. in-fol., et sur laquelle il convient de donner quelques détails.

Le 1er volume contenant les Eglogues et les Géorgiques parut d'abord à Madrid en 1608; il est dédié au comte de Salina, vice-roi du Portugal sous Philippe III, approuvé par le pro1 De Bure, Bibliographie instructive; Littér., t. I, p. 278.

' Ibid., p. 283.

vincial de la compagnie, le P. Ferdinand Lucero, sur l'examen de trois théologiens, le 1er octobre 1607.

La 2 édition de ce volume parut à Lyon, en 1619, avec l'approbation du P. Jacquinot provincial, du censeur de l'archevêché, le chan. Cl. Deville, et du vic.-général.chanoine comte La Faye. On y trouve deux pièces de vers, l'une de Gaspard Sanctius, qui assure que Virgile doit plus à La Cerda qu'à Auguste :

Ergo Virgilio longe majora dedisti

Quam quod ab Augusto Cesare munus habet;

l'autre d'André Schott, de la même compagnie. Parmi les grands éloges qu'il donne à La Cerda, il faut compter celui de nous avoir ouvert l'Elysée et de nous y montrer Virgile, assis sur un trône d'ivoire, entre Homère et Orphée: Fallor? An Elysiis, nunc Meonidem inter et Orphea

Ipse sedet campis sella sublimis eburnea.

C'est là que se trouvent les longs éloges dont nous avons déjà parlé lors de la naissance de Virgile 1, et que M. Lemaire a insérés dans son édition de Virgile.

Le 2o et le 3 vol. contenant l'Eneide pararent en même temps à Madrid et à Lyon, en 1612 et 1617, d'après les PP. de Backer, mais il est facile de voir qu'il n'y eut qu'une seule édition, celle de Lyon.

La permission d'imprimer fut donnée à Avila (Oropesa), le 24 mai 1610, par le provincial de la province de Tolède, le P. Perez de Nueros; le 28 du même mois le P. La Cerda écrivait de Madrid à Cardon, l'imprimeur de Lyon, « qu'il lui » envoyait le manuscrit des premiers 6 livres, et lui annon» çait qu'il lui enverrait les 6 derniers qu'il complétait. »

Une phrase de cette lettre nous fait croire que cette 1re édition du 1er volume à Madrid, annoncée par les PP. de Backer, pourrait bien être une erreur, c'est que dans cette lettre à Cardon, le P. La Cerda dit qu'il lui confie l'Enéide qu'il refuse aux imprimeurs Germaniques, « qui ont publié les premiers » ses travaux sur les Bucoliques et les Géorgiques 2. »

1 Voir Annales, t. vi, p. 58 et 60.

2 Ipsi enim primi labores meos in Bucolica ac Georgica evulgarunt (Préface, p. xxii).

C'était pour l'Espagne. Pour la France la permission est donnée par le censeur royal de Louis XIII, Perreau, le 18 février 1611, et par le provincial de Lyon, le P. Michaelis, le 5 octobre de la même année, et c'est l'année d'après 1612 que parut le volume.

Ce 1er volume de l'Enéide est dédié à Didacus Sylva et Mendossa, duc de Francavilla, comte de Salina et Ribade, dans laquelle dédicace le P. La Cerda cherche à lui prouver en 19 pages in-fol. et avec un immense étalage d'érudition qu'il descend de Sylla le dictateur.

Le 2o volume ne parut que 5 ans après, en 1617. Il est dédié aux trois frères Squarciaficis, nobles Génois, et daté du 25 mars 1617.

La 1 autorisation de ce volume est celle du censeur royal d'Espagne, Ant. Rossas, datée de Madrid 3 janvier 1616. Parmi les éloges donnés à Virgile, on y lit : « La sainte foi ne trou> vera dans ce livre rien que de saint, les bonnes mœurs rien » que de bon, les muses les plus polies, rien que de très-poli. » Le grand commentateur explique tout si pieusement, si » solidement, si doctement, qu'il unit les auteurs profanes >> avec les sacrés à la gloire du grand poëte. >>

Celle du provincial le P. de La Palma est de Madrid, 30 avril; celle du P. Jacquinot de Lyon est du 7 juillet 1617; 'du censeur de l'archevêque de Lyon, De Ville, du 10 juin 1617; du vic.-gén. La Faye, du 4 août; du procureur du roi Deveyne, du 4 août; du roi Louis XIII, du 19 avril 1616. Celle de Philippe III, de faire imprimer à l'étranger, est du 18 février 1616, signée Marmol.

Telle est l'œuvre du P. La Cerda, certainement la plus grande, la plus complète qu'on ait faite sur Virgile. Elle ne comprend que les Bucoliques, les Géorgiques et l'Enéide, les petits poëmes n'y sont pas même nommés. Pour ces trois poëmes, le P. La Cerda donne : 1° argument du livre; 2° citation du texte divisé en sections plus ou moins longues, en grands caractères; 3° pour chaque section un argument, une explication ou traduction en prose; 4o puis les notes dans lesquelles pour chaque phrase, on pourrait dire pour chaque mot, on cite tout ce que les auteurs anciens ont dit sur le

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