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nous soit pas permis d'adresser aussi quelques observations à l'auteur. Son livre doit avoir et aura d'autres éditions. Nous luj recommandons en ce cas :

1° De faire plus d'attention à indiquer la source de ses cita-tions. Il faut que chaque lecteur puisse consulter le plus commodément possible les sources où l'auteur a puisé. Car il peut avoir besoin d'étendre et d'amplifier ces citations. Ainsi, par exemple, M. Gainet dit : « La cosmogonie chinoise parle >> comme il suit de la création de l'homme: Dieu pétrit de la » terre jaune, et il en fit l'homme en deux sexes. » Voilà la vraie >> origine du genre humain (p. 74). ».

Eh bien! on aimerait à connaître d'où ce texte est tiré. Nous-même, qui cependant avons assez étudié les traditions chinoises, qui peut-être avons cité ce texte dans les Annales, nous serions bien en peine de dire où il se trouve. Ainși nous n'aimons pas non plus qu'on cite purement le Timée de Platon ou les Oiseaux d'Aristophane, ou la Théogonie, les Lois de Manou, Bhagavata, Eschyle, Hesiode, etc., etc.; toutes ces citations sont insuffisantes: quand M. Gainet composait son ouvrage, il avait le livre, le chapitre, le vers qu'il citait devant les yeux, combien peu de peine lui aurait coûté de compléter sa citation?

2° Nous voudrions en outre que toutes ces citations fussent placées au bas des pages, c'est plus distinct et plus commode, placées au milieu de la phrase elles en interrompent la lecture.

30 Nous avertissons M. l'abbé Gainet qu'il peut dès ce moment parfaitement remplir une lacune qu'il signale dans son Introduction: « Nous avertissons, dit-il, que les monuments >> profanes nous ont complétement fait défaut, sur 4 récits de » la Bible: Ruth, Tobie, Esther et Judith (p. x). » Deux de ces lacunes peuvent se remplir. L'identité de l'Assuérus d'Esther, et du Xerxès des Grecs a été on peut dire démontrée par M. Oppert dans une dissertation insérée dans les Annales1; des analogies très-frappantes entre les usages relatés dans les livres d'Esther et ceux retrouvés en Chine avaient été aussi signalées par le P. Cibot dans le t. xv des Mémoires concernant les Chinois. Quant au livre de Judith, si l'on n'a pas Voir Annales, t. 1x, p. 7 (5° série).

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encore trouvé dans les monuments assyriens des récits concordants avec ceux qui sont relatés dans ce livre, on peut déjà voir dans l'Histoire de l'Eglise de M. l'abbé Darras des concordances, des assimilations, des points de vue qui affaiblissent singulièrement les objections que l'on peut élever contre ce livre. Or que l'on sache que l'on n'a pas encore traduit la centième partie des monuments que nous ont révélés les archives assyriennes conservées au Muséum de Londres, et ailleurs.

Tel est l'ouvrage dont M. l'abbé Gainet a enrichi l'érudition chrétienne; c'est un puissant secours apporté à propos à la défense de la Bible, et à celle de l'Eglise qui nous la conserve, et qui est fondée sur les solides fondements historiques. Dans un autre article nous ferons connaître les autres volumes de M. l'abbé Gainet.

A. BONNETTY.

V SÉRIE. TOME XVIII.-N° 106; 1868. (77° vol. de la coll.) 18

Histoire catholique.

NOTICE BIOGRAPHIQUE ET CRITIQUE SUR JOSÈPHE ET SON AUTORITÉ HISTORIQUE.

Josèphe est un des auteurs les plus importants qui nous restent pour l'histoire Juive et par conséquent pour l'histoire de l'Eglise catholique. Sans son Histoire des antiquités judaïques nous ne connaîtrions pas bien des faits qui suppléent au silence de la Bible et la complètent. Sans son Livre contre Appion, plusieurs des témoignages d'auteurs païens sur les faits bibliques et pré-évangéliques nous seraient inconnus. Sans son Histoire de la guerre des Juifs et des Romains, nous manquerions de preuves décisives de l'accomplissement des paroles prophétiques du Christ, notre Dieu, contre Jérusalem.

De plus nous invoquons si souvent son autorité dans notre Histoire des rapports des Juifs et des Romains, que nos lecteurs doivent désirer de connaître quelle créance méritent les faits qu'il raconte, et les témoignages qu'il invoque, et cela est d'autant plus nécessaire que toute une école de catholiques, celle en particulier qui est fondée à Paris sous le nom de Hautes études des Carmes, a traité cet historien avec une rigueur et nous osons dire avec une témérité, qui outrepasse de beaucoup les hypercritiques du 17° et du 18° siècle et tous les positivistes allemands et français.

Voilà pourquoi nous croyons devoir citer le jugement sage, modéré, d'une critique saine et véridique qu'en porte M. l'abbé Gainet dans l'introduction de son Histoire de l'Ancien et du Nouveau Testament. Nos lecteurs y trouveront une appréciation saine et utile sur cet historien.

<< L'historien Josèphe nous a si souvent prêté le concours de sa vaste érudition, nous lui devons tant de renseignements non-seulement dans ses Antiquités, mais surtout dans son nappréciable livre contre Appion, que nous lui accorderons

mention toute spéciale. Il a toujours été notre compagnon

fidèle, il nous a éclairé dans notre marche, et nous avons confronté chacune de ses phrases soit avec l'Écriture Sainte, soit avec les témoignages extérieurs, et lui-même nous en a beaucoup fourni soit dans le cours de son histoire, soit dans sa docte et lucide discussion contre Appion. On lui a souvent reproché de s'être éloigné du texte de l'Écriture, et nous ne lui ménagerons pas notre critique sur ce point. Quant à nous, c'est précisément parce qu'il nous a procuré des renseignements puisés à bonne source, et en dehors de la Bible, qu'il nous est devenu particulièrement précieux.

» Josèphe naquit à Jérusalem, la 1re année de Caligula, environ 2 ans après la mort de Notre-Seigneur. Il était de la race sacerdotale, fils de Matthias, et descendait par sa mère de la famille royale de Jonathas Machabée, le premier Grand-Pontife de la maison des Asmonéens. Dès son enfance il fut élevé dans l'étude des lettres avec un de ses frères, qui portait comme son père le nom de Matthias. Ses parents étaient des juifs non convertis au Christianisme. Dieu lui ayant donné beaucoup de mémoire avec un excellent jugement, il fit de si grands progrès dans les sciences, qu'à l'âge de 14 ans, les pontifes le consultaient au sujet de la loi. Il s'appliqua à connaître les diverses opinions des trois sectes qui partageaient les Juifs, c'est-à-dire des Pharisiens, des Saducéens et des Esséniens, afin qu'initié à toutes, il pût s'attacher à celle qui lui paraîtrait la meilleure. Pour se perfectionner dans ce genre d'étude, il se retira dans le désert, et s'y livra à des exercices très-laborieux. Là, il eut pour maître un nommé Bane, vivant si austèrement qu'il n'avait pour vêtement que des écorces d'arbre, pour nourriture que ce que la terre produit d'elle-même, et qui, pour se conserver chaste, se baignait plusieurs fois le jour et la nuit dans l'eau froide. En le quittant au bout de trois ans, Josèphe résolut de l'imiter. Il se fixa à Jérusalem, où il s'attacha à la secte des Pharisiens, qui avait quelque ressemblance avec celle des Stoïciens.

» L'an 63 de Jésus-Christ, ayant à peu près 20 ans, il alla à Rome pour assister des prètres de la loi de Moïse persécutés par Félix, gouverneur de la Judée, et tenus dans les chaînes. De retour à Jérusalem, il trouva les esprits agités; on com

mençait à sentir les premiers mouvements d'une révolte contre les Romains. Il comprit tout d'abord le danger d'une entreprise qui ne pouvait avoir que des suites lamentables, et il employa tous les moyens qu'une prudence prévoyante peut imaginer pour épargner les derniers malheurs à ses compatriotes. Vespasien fut envoyé pour comprimer le soulèvement, et la défense des deux Galilées fut confiée à Josèphe. Sa mission était périlleuse et avait peu de chance de succès. Aussi, malgré les précautions dictées par une sagesse et une habileté dignes d'un meilleur sort, il fut fait prisonnier au siége de Jotapat, après une brillante résistance. Il mérita, même dans sa défaite, l'admiration non-seulement de ses concitoyens mais encore de ses vainqueurs. Il devint l'ami de Vespasien et de Titus. Celui-ci, avant le siége de Jérusalem, l'envoya aux habitants de cette ville infortunée, pour les faire renoncer à une lutte qui devait leur être fatale, ou du moins pour sauvegarder la cité et le Temple. On le sait, tous les moyens humains ne purent empêcher les désastres prédits par une voix divine, quarante ans auparavant.

» Après la prise de Jérusalem, Titus offrit à Josèphe de choisir ce qu'il voudrait parmi les ruines de sa patrie : mais rien n'était capable de le consoler d'une telle désolation; il se contenta de demander les Livres sacrés, et la liberté de son frère et de plusieurs amis captifs, qu'il obtint sans peine. Revenu à Rome avec Titus, il fut fait citoyen romain, logé dans la maison même que Vespasien occupait avant d'être empereur, et doté d'une pension. Nous donnons cette notice biographique afin qu'on apprécie plus facilement le caractère moral de l'écrivain.

» En prenant part à la lutte contre les Romains, Josèphe avait fait un journal et des mémoires, et il rédigea ensuite son histoire de la dernière guerre de son pays. La Providence a sans doute inspiré ce travail à ce juif non converti, et nous l'a conservée comme un monument inattaquable de l'accomplissement de la prophétie de Jésus-Christ sur la coupable Jérusalem. Ce monument d'ailleurs est un chef-d'œuvre.

» Puis Josèphe composa un ouvrage considérable, les Antiquités judaïques, dont nous allons nous occuper spécialement.

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