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sur un fait identique. Selon la critique intelligente de ces messieurs, nous avons ici un morceau sans connexion avec ce qui précède et que même il contredit sur un point important. Ces allégations sont tellement absurdes qu'on en reste comme interdit. Cependant la réfutation en est facile.

La preuve flagrante que le dénombrement rapporté dans ce ch. xxvi est un autre dénombrement que celui qui est rapporté au ch. 1, c'est qu'il en diffère tel qu'on peut l'attendre de deux recensements qui s'accomplissent dans des temps. différents. Le dénombrement de chaque tribu, au ch. XXVI, accuse un tout autre chiffre que dans le ch. 1. Ainsi Ruben qui, dans la 2o année de la sortie d'Égypte, compte 46,500 hommes, compte dans la 40° année 43,730 h.; Siméon, qui avait 59,300, n'en a plus que 22,200 : la différence en moins est donc de 37,100 hommes! Manassé, au contraire, qui n'avait que 32,200 h. s'est augmenté de 20,500 h., car le dénombrement de sa tribu accuse ici 52,700 h. On peut ainsi comparer les différences pour chaque tribu, et la conviction qui en résultera sera indubitablement que ces deux dénombrements sont deux dénombrements différents accomplis dans des temps à long intervalle.

Le résultat général de ces deux recensements diffère peu, il est vrai; il accuse pour le 2e recensement une différence en moins de 820 hommes. Mais est-ce là un motif suffisant pour identifier les deux opérations, ou pour autoriser cette remarque ingénieuse de M. Cahen: « De tels résultats ne » sont pas dans le domaine des choses naturelles, et par con>>séquent n'ont rien d'historique1. » Coniment! mais nous demandons vos raisons. Vous suspectez le caractère distinct et authentique de deux documents qui notent pour chaque tribu une différence qui est presque toujours énorme, ainsi que le montre la comparaison des deux rôles pour Siméon, Issachar, Ephraïm, Manassé, Benjamin, Aser et Nephtali: donnez-nous une raison qui soit acceptable. Comment ces différences, vu les événements qui se sont passés dans l'espace de 38 ans, ne sont-elles pas naturelles? Et comment n'étant pas naturelles, je suppose, n'ont-elles rien d'histo1 La Bible, IV, 133.

rique? La comparaison des deux documents de dénombrement rend absurde la prétention de vouloir les confondre et de n'y voir que des variantes d'un seul et même fait.

L'impossibilité de soutenir une thèse pareille frappera d'ailleurs les yeux les plus faibles, si on fait attention aux circonstances que voici. Dès la première ligne le ch. xxvi place le dénombrement, dont il parle, après la peste qui est racontée au ch. xxv et qui se rattache à l'histoire de Balaam. Puis, dans le v. 4, il se réfère au document du ch. 1er (v. 3), en disant pourquoi et comment va se faire ce nouveau dénombrement. Ensuite, après avoir donné le résultat du recensement de Ruben, il rappelle l'histoire du soulèvement de Coré (ch. XVI), parce que deux autres chefs de cette rébellion, Dathan et Abiram, étaient de la tribu de Ruben et qu'ils furent engloutis avec toute leur famille. C'était un fait important à rappeler dans le dénombrement des familles de la tribu, et puisqu'il est rappelé, il va de soi que ce dénombrement eut lieu après la catastrophe de Coré et non avant, comme le dénombrement du ch. rer. Enfin, et comme si notre texte tenait à bien faire savoir que ce dénombrement est un fait différent de celui du ch. 1, il dit nettement que parmi les personnes qui furent dénombrées, il n'y eut aucun de ceux qui furent dénombrés dans le désert de Sinaï, ch. 1er, v. 1, excepté Caleb, fils de Jephounné, et Josué, fils de Noun (v. 63). Peut-on être plus explicite? Ce qu'on se demande avec étonnement, c'est comment il a été possible à nos adversaires d'ignorer tout cela.

Et ce n'est pas tout. Notre chapitre est si peu une autre version du ch. 1er, qu'en le retranchant on ferait du coup une lacune essentielle dans le Pentateuque. Il résulte, en effet, des v. 52-56, que ce nouveau dénombrement avait pour but de connaître le nombre des parts qui seraient faites de la terre promise, but assurément très-prochain et qui montre toute la nécessité de ce recensement. C'est aussi pourquoi on nomme ici les familles, rip, des tribus; au ch. 1o il avait suffi de nommer seulement les tribus, . Ainsi, disonsle avec Ranke1, quand même toutes les autres preuves de la 1 Untersuch, etc., 11, 242.

non-identité de ce dénombrement avec celui du ch. 1er seraient absents, le but que lui assigne le texte démontrerait cette non-identité et la démontrerait d'une façon irrécusable. Maintenant que dire de l'assertion de la critique qui, nonobstant toutes les preuves du parfait rapport de notre chapitre avec le milieu où il est placé, le pose en contradiction avec le ch. xvi1, et prétend discréditer sa véracité historique parce qu'il affirme que « les enfants de Coré ne mou>> rurent pas» (v. 11), tandis qu'au ch. xvi, v. 32 il est dit que Coré fut englouti « et tous les hommes à Coré. » Qui ne voit << que « tous les hommes à Coré» sont ceux qui firent cause commune avec lui et le suivirent dans sa révolte contre l'ordre du sacerdoce? Est-ce que les enfants de Coré devaient nécessairement être compris dans cette catégorie d'hommes? Qui osera le prétendre? Et s'ils n'y étaient pas nécessairement compris et que d'ailleurs rien dans le ch. xxvi ne fasse entendre qu'ils y étaient compris, que devient l'attaque de la critique? Elle tourne contre ses auteurs et les convainc, tout savants qu'ils soient, de légèreté et d'étourderie.

La remarque que les enfants de Coré ne moururent pas se justifie ici par les explications sur les familles rubénites de Dathan et d'Abiram qui périrent avec Coré, et aussi par l'énumération des familles de Lévi, dont la famille de Coré faisait partic2. Ces motifs n'existant pas au ch. xvi, rien n'obligeait l'auteur d'y parler des enfants de Coré.

De Wette, Beiträge etc., 11, 371.

2 V. 58 Cf. Ex. vi, 24.

C. SCHOEBEL.

Littérature catholique.

DES FORMES PRIMITIVES DE LA POÉSIE

CHEZ LES PEUPLES ANCIENS.

Conclusion '.

Le moment est venu de résumer et de comparer les idées que nous avons recueillies dans le cours de cette longue étude, et de poser des conclusions.

Le point de départ a été la découverte, réellement très-importante, du cardinal Pitra. Depuis que j'ai commencé cette publication, j'ai reçu à ce sujet bien des lettres qui reconnaissent de la manière la plus formelle l'évidence de la doctrine littéraire enseignée par le cardinal. Son Éminence a voulu elle-même encore m'écrire pour me féliciter de ce travail, et elle m'apprend que le très-savant et très-regretté M. Le Hir, de Saint-Sulpice, et le vénérable patriarche de la science liturgique, l'abbé de Solesmes, dom Guéranger, ont été convaincus dès la première lecture de son Hymnologie de l'Église grecque.

Le cardinal Pitra me dit en outre, qu'aux éditions importantes de la Liturgie grecque de Saint-Vaast d'Arras, je puis encore ajouter l'unique édition romaine de 1738, « qui a >> maintenu tous les points diacritiques, sans que l'éditeur ait » pu soupçonner leur importance. » Je citerai à mon tour au savant prince de l'Église toute une série de points diacritiques qui viendront encore corroborer sa thèse, et montrer comment toute l'Église, en Orient et en Occident, avait, jusques dans ces détails, la même manière de voir les choses et la même façon d'agir, très-simple et toute patriarcale.

En effet, ouvrez des manuscrits liturgiques latins un peu anciens, missels, livres d'heures, antiphonaires, etc., qu'y trouverez-vous lorsque vous aurez sous les yeux une pièce poétique quelconque, hymne ou séquence ou antienne rhyth1 Voir le 8° article au N° précédent ci-dessus, p. 258.

mée? Très-ordinairement vous verrez des points à la fin de chaque vers. Sans doute on voulait ménager la matière précieuse sur laquelle on écrivait: on ne pouvait pas, comme aujourd'hui avec le papier, mettre les vers les uns sous les autres et laisser une quantité de blancs qui auraient représenté une valeur pécuniaire considérable, et on prenait un moyen très-sûr et fort clair pour bien montrer à l'œil les divisions rhythmiques. Il y a plus, les livres imprimés ont quelquefois suivi le même système. Ainsi, j'ai dans ma bibliothèque un précieux volume, le Breviarium ad usum insignis Ecclesiæ Morinensis, nuper impressum Parisius anno millesimo quingentesimo septimo, rarissime volume de liturgie locale, celle de l'antique Eglise de Térouanne, vrai trésor de poésie liturgique dont j'ai déjà publié plusieurs extraits. Eh bien! fort souvent on voit, dans ce volume, la fin des vers indiqués par une petite barre légèrement inclinée, puis par deux points, et le dernier vers de chaque strophe est marqué par un point. Souvent aussi il n'y a absolument aucune marque spéciale, et c'est à l'oreille du lecteur qu'on laisse le soin de distinguer les diverses parties de cette poésie. On a donc ici un système mixte, qui annonce une transition, une coutume qui va se perdant, mais qui peut encore ainsi se constater en plein 16° siècle, puisque ce volume est de 1507.

Il y a plus encore, et voici une Eglise apostolique, une Eglise fondée par l'évangéliste saint Marc, l'Eglise d'Alexandrie, qui vient nous donner la preuve qu'un système semblable était employé chez elle depuis longtemps.

En effet, dans l'Ordo Baptismi Ecclesiæ Alexandrinæ coptitarum et Æthiopum, au chapitre 3 du volume II du Codex liturgicus Ecclesiæ universa, publié à Rome, en 1749, par Joseph Assemani, voici ce que nous trouvons.

A un certain endroit de cette solennelle fonction du baptême, la rubrique nous dit qu'ici on chante une modulation joyeuse en l'honneur de la Sainte-Vierge, et en effet on a tout de suite sous les yeux le texte de cette modulation. Or tout ce texte est très-catégoriquement et très-régulièrement divisé par deux signes diacritiques et qui se placent indifféremment l'un pour l'autre, et l'on découvre alors une

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